jeudi 13 janvier 2011

Women are heroes : je l'ai vu pour vous




Crédit photo : Photo-film

C'est un film d'artiste : beaux cadrages, plans accélérés, couleurs saturées, courte focale, gros plans voire très gros plans sur des visages de femmes qui racontent leurs faits d'armes de la vie quotidienne dans des favelas violentes et des quartiers promis à la démolition puisque convoités par des promoteurs immobiliers. Les coups de masse des démolisseurs répondent aux coups de feu des gangs ou de la police, les friches, favelas et sentes claustrophobiques et interminables, où l'on ne peut pas se croiser sans se plaquer au mur sont omniprésentes, comme les tas d'ordures où travaillent des enfants, la cohue de villes surpeuplées... Et ces femmes parlent d'éducation, d'école, de livres, d'entrepreneuriat, de mariage, de leurs enfants, de viols aussi, et d'espoir avec une énergie incroyable ! Ce n'est jamais misérabiliste.

Land art ou street art : le film est une performance d'artiste autour de l'énergie des femmes -dans des univers hostiles. La bande son est de Massive Attack. Moi, j'ai beaucoup aimé. Pourtant, je ne cache pas qu'aller le voir ressemblait à une petite contrainte professionnelle puisque j'avais promis la critique dans mon billet précédent ! On comprend également pourquoi il a obtenu le prix de la Semaine de la Critique de
Cannes : il est visuellement beau.

Je n'ai vu aucune réelle promotion pour le film : ni à la radio, en tous cas pas celles que j'écoute, et rien à la télévision ; j'ai juste été alertée de sa sortie parce que je suis dans la mailing-liste d'Amnesty International ! Emelire en parle dans son billet de mercredi.

D'autres critiques : Les Inrocks (qui aime),  Le MondeTélérama  et
Politis ; ces trois derniers n'aiment pas le film ...sans doute plutôt l'image des hommes qui leur est tendue ! Comme je les comprends : on y voit une séquence où le réalisateur négocie l'installation de ses bâches avec les hommes : ils se font prier et demandent quand on reviendra les photographier eux aussi ! Tous mauvais joueurs.

En conclusion une citation d'une interview d'une femme de Kibera
(Kenya) : J'ai du potentiel, les femmes ont du potentiel, le monde ne voit pas le potentiel des femmes !
Je recommande d'aller voir ce beau film.

10 commentaires:

  1. J'irais bien le voir mais où ? J'espère qu'il passera en Allemagne !;)

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  2. Arte France étant productrice, il passera sur Arte un jour ou l'autre, il suffit de patienter...

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  3. j'avais rédigé un com, mais je ne pense pas qu'il te soit parvenu...
    je recommence donc...
    Je ne mets pas en doute les qualités d'artiste de JR, ni l'histoire d'un coup d'éclairage sur le pb des favelas... mais je mets en question le principe d'esthétiser la misère. Est-ce tenable au niveau éthique?
    Peut-on imaginer une esthétisation des camps de la mort, ou d'un reportage chez nos SDF...
    A part se faire de l'argent sur la bête, je ne vois pas... JR a sans doute une bonne intention au départ, mais je trouve que l'acte lui-même est un peu glauque parce qu'il joue avec le "sensationnel" et la misère.
    Il va sans doute gagner pas mal d'argent... à moins que ce soit une entreprise de charité reversant les gains aux favelas?
    Bon, bref, je ne suis pas fan du procédé... je préfèrerais que le regard soit féminin, carrément, ça aurait bien plus de sens.
    Mais bon, je suis peut-être à côté de la plaque...

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  4. @ Bettina : JR n'esthétise pas la misère, il la montre et artiste ne veut pas dire esthète ; ces femmes ne sont pas des SDF et les favelas ne sont pas les camps de la mort. Elles sont même pleines de vie, c'est ce qui frappe. Les femmes qu'il photographie travaillent, sont mariées, ont de très beaux enfants qui vont à l'école, et se défendent avec énergie ; une défend les femmes violées (et je ne pense pas qu'il y en ait plus là-bas qu'ici) et je ne vois pas comment JR pourrait gagner tant que cela d'argent avec ce film qui est mal distribué, n'a eu aucune promotion, est démoli par la critique et qui n'aura qu'une diffusion restreinte en salles art et essai. L'internationale des mecs se défend très bien ! Il faut le voir avant de juger. PS Et effectivement, c'est le seul commentaire que j'aie reçu de toi.

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  5. OK, à voir donc.. je prends note de ton avis.
    Je me méfie tellement par les temps qui courent des courses au fric justement...
    Ton argumentation est convaincante, je ne sais pas si j'aurai l'occasion de le voir car je suis à la campagne, mais si l'occasion se présente, j'irai voir.
    A bientôt.

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  6. Pressée de voir ça, la photo de l'article est superbe.
    Sur ce, bonne continuation.

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  7. @ Automne : JR fait des photos et des films superbes : j'en ai vu un à l'Art dans les Chapelles, une fête de la couleur en Inde, filmant des indous couverts de poudres de couleur, le film devient par moment une oeuvre totalement abstraite et c'est très beau.

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  8. Télérama n'a pas aimé, effectivement, comparant le film à celui de Yann Arthus-Bertrand (pour le simplisme de la démarche ?)et déplorant que certains témoignages de femmes laissent sur la faim. Mais Télérama se trompe parfois ;)

    Je ferai comme Euterpe: j'attrendrai qu'il passe sur Arte car, comme tu le pressens, ses projections risquent d'être confidentielles ... J'ai hâte quand même de le voir afin de me forger une opinion personnelle.

    Merci pour ton billet qui, sur ce coup, avait un petit parfum d'obligation !

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  9. j'en ai vu une présentation à la fin du journal de 13h sur france 2 avec l'artiste et en effet çà a l'air pas mal du tout. L'artiste en tout cas m'a semblé dans une démarche authentique. J'attendrai qu'il passe sur arte pour le voir.

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  10. @ Romane : Ah, il y a eu une promo sur France 2 tout de même ? Comme je ne l'ai pas vue, merci de l'info, on l'impression d'une telle indifférence sur ces sujets. Quand à la diffusion sur Arte, c'est moi qui spécule ! S'il passe dans votre ville, allez le voir, Héloïse et Romane, c'est tellement mieux sur grand écran dans une salle obscure ! ;)))

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