Appel des femmes du mouvement écologie-féminisme révolutionnaire
ATTENDU que le plus grand péril qui menace aujourd'hui dans un avenir très proche notre planète et l'humanité présente ce double aspect : surpopulation globale et destruction des ressources tant agricoles que minières ;
ATTENDU que si le péril de destruction des ressources affecte davantage les pays d'économie développée, ceux en voie de développement ne s'en acheminent pas moins vers le même abîme dans la course au développement industriel ;
ATTENDU que les pays d'économie développée ressentent plus profondément le mal de la concentration urbaine et les autres ceux de la surpopulation, mais que tous sont, à titre divers, sous le coup de la même catastrophe finale dont la menace est encore occultée par la répartition inégale et inique des dernières richesses ;
ATTENDU que le camp capitaliste (de monopole ou d'état) s'apprête à succomber à la pléthore et à l'asphyxie et que l'autre qui végète dans la carence n'envisage pas d'autres routes que celle qui a fait du premier ce moribond ;
ATTENDU que ces diverses observations révèlent une société malade et démentielle qui, même dans ses efforts révolutionnaires, changent DE système, mais jamais LE système, et ne remet jamais en question les structures culturelles profondes : morale du travail, appropriation, expansion, compétition meurtrière, le tout basé sur une HIERACHIE DES SEXES et division de leurs intérêts, fondant le schéma patriarcal universel et la cellule familiale ;
ATTENDU que la Chine qui a tenté d'aller plus loin dans un effort sincèrement contestataire ne l'a fait qu'au prix d'un absolu mépris des réalités sexuelles et individuelles aboutissant à castrer l'être humain, mâle ou femelle, et emprunte la même route industrielle qui reconduit l'erreur universelle de la société ;
ATTENDU que le monde du capital a dévoilé son hypocrisie en proclamant la campagne antinataliste..., au tiers-monde tout en nous contestant, rognant, légalisant et manipulant notre droit le plus essentiel : à la procréation et à son refus ;
ATTENDU que la naissance d'un seul enfant en pays d'économie développée équivaut à un déséquilibre écologique (surpollution et destruction des ressources) 20 à 25 fois supérieur à celui d'un enfant du Chili ou du Bangladesh, et que l'informatique nous prédit, si rien ne change, LA MORT PAR FAMINE DE 500 MILLIONS D'ENFANTS DE 0 à 13 ANS D'ICI L'AN 2010 (donc non encore nés), et que cette menace écologique et démographique est l'aboutissement DIRECT de ce qui, dans l'antiquité, fonda le patriarcat par ces deux appropriations :
La fertilité (agriculture devenue propriété mâle)
La fécondité (découverte de la paternité)
Entraînant donc le système mâle, dont le capitalisme n'est que le dernier stade, à surexploiter et surpeupler la terre sans considération de la terre ni des femmes ;
NOUS, FEMMES DU MOUVEMENT ECOLOGIE-FEMINISME REVOLUTIONNAIRE, nous déclarons :
a) Notre résolution de prendre en main, avec le contrôle de notre destin, celui de la démographie, en solidarité avec nos sœurs du tiers-monde, et notre volonté de traquer et combattre à tous les niveaux le système patriarcal universel qui cimente par notre oppression TOUTES LES AUTRES ;
b) Notre résolution particulière de combattre par tous les moyens l'instauration insensée de l'industrie nucléaire de fission destinée non à remplacer certaines sources d'énergie, mais à alimenter la guerre et le profit et exigeant un société policière ;
c) Notre DECISION (à titre de premier avertissement) de proclamer et organiser une grève de la maternité d'UN AN MINIMUM dans les pays d'économie développée, pour la grande majorité de nos signataires qui sont en possibilité de procréer et d'encourager les femmes des autres pays à nous imiter afin de manifester leur pouvoir, indispensable pour la continuation de l'espèce et de l'Histoire, qu'aucune loi ne peut leur retirer.
NOUS EXIGEONS :
L'arrêt du pillage des biens de la VIE dont nous sommes les détentrices, le stoppage de l'inflation démographique qui recoupe si bien le mépris de notre condition, de notre volonté, de notre dignité ; la limitation du "travail" producteur d'inutilités et de pollution ; le reboisement maximal effectué grâce aux masses de travail ainsi dégagées ; la destruction ou l'arrêt des criminelles centrales nucléaires remplacées par les "énergies douces" qui décentraliseront les sources de production et donc le pouvoir ; la fin définitive de toute industrie de guerre, et surtout l'ABOLITION TOTALE ET IRREVERSIBLE DU SEXISME ET DU PATRIARCAT.
Mouvement Ecologie-Féminisme Révolutionnaire
(Cet appel déposé au congrès de Bucarest en août 1974, a déjà reçu un millier de signatures)
(Publié par Charlie-Hebdo)
Ca n'a pas perdu une ride, malheureusement. Preuve que RIEN ne dévie de cette course vers l'abîme dan laquelle nous sommes entraîné.e.s de gré ou de force.
RépondreSupprimerCa n'a pas pris une ride, je voulais dire, évidemment ! Je suis un peu fatiguée ce soir, je crois ;)
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