jeudi 26 janvier 2017

Le piège de la "lutte contre l'islamophobie"

Déniché par Natacha Polony (mais si !) et cité cette semaine dans sa revue de presse sur Europe 1 -que j'écoute, bien m'en prend, même si elle m'agace souvent- cet article de LUTTE OUVRIÈRE m'a vraiment plu. Avec leur accord, je le partage ici. L'extrême gauche et les mouvements altermondialistes pratiquent le relativisme culturel sous couvert de lutte contre l'"islamophobie". A l'opposé, cet article de Lutte Ouvrière propose un décryptage matérialiste convaincant.

    " Une politique de construction de fronts pour « lutter contre 
 l’islamophobie » est de plus en plus défendue par une partie de l’extrême gauche. Au point de perdre tout repère de classe, et d’user de démagogie vis-à-vis de l’islam politique.
Le débat sur cette question s’est amplifié avec les différentes affaires de jeunes filles voilées à l’école, à partir de 1989, et surtout après la loi de 2004 sur l’interdiction du voile à l’école. Il s’est poursuivi avec la polémique sur l’interdiction du voile intégral dans l’espace public, adoptée en 2010.
Depuis les attentats de 2015 et 2016, cette question a pris de l’ampleur. Par exemple, le lamentable épisode de l’affaire du burkini a remis en lumière, l’été dernier, la façon dont les politiciens de droite comme de gauche sont prêts à faire feu de tout bois pour détourner l’attention de l’opinion des problèmes essentiels du moment, par démagogie électorale.
Cette récupération de la question du voile, de la burqa ou du burkini par des politiciens qui se moquent de l’oppression des femmes et ne sont laïcs que lorsqu’ils parlent de l’islam, est choquante. C’est une campagne raciste.
Pour autant, en tant que militants communistes, nous sommes aussi des adversaires résolus de toutes les religions et de toute oppression, et l’actuelle campagne ne doit pas faire perdre aux révolutionnaires toute boussole.

La galaxie de l’anti-islamophobie

Depuis plusieurs années, une galaxie de groupes se donnant pour objectif la « lutte contre l’islamophobie » se développent et prennent diverses initiatives. Certains, comme l’UOIF (Union des organisations islamiques de France) ou PSM (Participation et spiritualité musulmanes), sont ouvertement des associations de prosélytisme religieux. D’autres se défendent d’être des organisations religieuses et se cachent derrière des revendications d’égalité, de lutte contre le racisme et contre l’islamophobie. C’est le cas du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), de Mamans toutes égales, du Collectif une école pour toutes, Féministes pour l’égalité, et plus récemment d’Alcir (Association de lutte contre l’islamophobie et les racismes). Le Parti des indigènes de la République (PIR) est aussi à ranger dans cette galaxie.
Depuis l’attentat contre Charlie hebdo, en janvier 2015, les initiatives de ces groupes se sont multipliées : rassemblement anti-islamophobie le 18 janvier 2015 à Paris ; meeting contre l’islamophobie et le climat de guerre sécuritaire le 6 mars 2015 à Saint-Denis ; Marche de la dignité et contre le racisme organisée par le PIR le 31 octobre 2015 ; meeting à Saint-Denis contre l’état d’urgence le 11 décembre 2015, ou encore, le 21 septembre dernier, le meeting d’Alcir baptisé « Pour un printemps de la liberté, de l’égalité et de la fraternité », organisé dans le 20e arrondissement de Paris.
Ces différentes initiatives ne prêtent pas forcément à la critique. Le rassemblement du 18 janvier 2015 était une réponse à une manifestation d’extrême droite organisée le même jour pour « expulser tous les islamistes ». Et organiser des réunions contre l’état d’urgence ou marcher contre le racisme peut sembler juste. La question est de savoir qui organise ces initiatives, quelles idées s’y expriment, et ce que des militants qui se disent d’extrême gauche y font et y disent.
Ces rassemblements ont tous été en réalité des tribunes pour des organisations islamistes et communautaristes.

Lors du rassemblement du 18 janvier 2015, des jeunes brandissent des drapeaux algériens, turcs, marocains, des panneaux portant des sourates du Coran, et une grande banderole : « Touche pas à mon prophète ».
Le meeting du 6 mars 2015 était coorganisé par l’UOIF. Celui du 11 décembre faisait, lui aussi, la part plus que belle aux militants religieux. Certes, des laïcs (journalistes du Monde diplomatique ou représentante du Syndicat de la magistrature) s’y sont exprimés, mais en partageant la tribune avec Tariq Ramadan, Ismahane Chouder, porte-parole de PSM, ou Marwan Muhammad, porte-parole du CCIF.
On retrouve les mêmes parmi les signataires de l’appel pour le meeting d’Alcir du 21 septembre 2016. Le nom des porte-parole des associations et groupes religieux musulmans figure sur l’affiche, ornée d’une photo d’une femme voilée drapée… dans un drapeau bleu-blanc-rouge.
Parmi les signataires de cet appel on trouve le NPA, qui a appelé à ce meeting sur son site, avec cette affiche puant le patriotisme et le républicanisme.
Ces différentes initiatives se sont faites avec la participation ou le soutien de groupes ou partis de gauche (Attac, Ensemble, EELV) ou d’extrême gauche (anarchistes libertaires, antifas, NPA). Et le 18 décembre 2016 encore, a eu lieu une conférence internationale contre l’islamophobie et la xénophobie, à Saint-Denis, à laquelle appelaient conjointement le Parti des indigènes de la République et le NPA, et dont l’appel était signé par Olivier Besancenot et Tariq Ramadan.

Des organisations obscurantistes et réactionnaires

Il est vrai que le NPA reconnaît des désaccords politiques avec certaines de ces organisations. Certes ! Quand on sait qui sont ces porte-parole de l’anti-islamophobie à côté desquels une partie du NPA juge bon de s’afficher, on est même en droit de juger que le mot est faible.
L’UOIF ? Elle a participé, en toute logique, aux défilés contre le mariage homosexuel. Elle a notamment accueilli dans ses congrès Christine Boutin, Dieudonné, Alain Soral, et les deux égéries de la Manif pour tous, Frigide Barjot et Ludovine de La Rochère. Réactionnaires de toutes religions, unissez-vous !
Le CCIF est représenté par Marwan Muhammad. Cet ancien trader donne aujourd’hui des conférences en compagnie d’Abou Houdeyfa, l’imam de Brest qui explique dans ses prêches que ceux qui écoutent de la musique « seront transformés en singes ou en porcs ». Marwan Muhammad signe régulièrement des communiqués communs avec Idriss Sihamedi, responsable de l’association BarakaCity, lequel, sur un plateau télé en janvier 2016, expliquait qu’il était « un musulman normal », et qu’en conséquence il « ne serre pas la main des femmes ». Récemment Marwan Muhammad, lors d’un débat, a affirmé que la polygamie ne le regardait pas, puisqu’elle était, « comme l’homosexualité, un choix de vie 
personnel ».
Terminons ce bref tour d’horizon avec l’association PSM (Participation et spiritualité musulmanes), représentée entre autres par Ismahane Chouder, militante provoile, antiavortement et homophobe, qui se définit pourtant comme féministe et a pris la parole dans tous ces meetings. Hassan Aglagal, un militant marocain du NPA, plus lucide que nombre de ses camarades, écrit dans une tribune intitulée Assez de PSM dans nos luttes : « Participation et spiritualité musulmanes (PSM) est l’association qui représente en France le mouvement Al Adl Wal Ihsane (Justice et bienfaisance), mouvement de l’islam politique fondé en 1973 au Maroc par le mystique soufiste Abdelassame Yassine. » Ce groupe est notamment responsable, au Maroc, « de l’assassinat de deux étudiants d’extrême gauche », en 1991 et 1993...

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Le retour des « races »


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« La religion est irréconciliable avec le point de vue marxiste. Celui qui croit à un autre monde ne peut concentrer toute sa passion sur la transformation de celui-ci.» Léon Trotsky

5 commentaires:

  1. Vous avez sûrement remarqué aussi sur cette livraison de février de Lutte de classe un article sur le Végétarisme, véganisme et antispécisme. Je l'ai évidemment lu et je suis d'accord avec en gros la moitié du texte : je ne les rejoins pas sur la deuxième partie, Lutte Ouvrière étant bien sûr productiviste et croissantiste, ce que je ne suis pas :) On ne peut pas être d'accord sur tout tout le temps.
    Mon article "Justice animale et justice sociale, même combat ? y répond. On le trouve sur mon onglet "Animots".
    Hypathie

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  2. dans le texte de LO cette partie est vraiment problematique :
    "Se refusant à affirmer sans ambages le caractère oppressif du voile et de ses divers avatars vestimentaires, des membres de ce parti sont allés par exemple, en août dernier, jusqu’à organiser dans le cadre de leur université d’été une manifestation pour défendre le droit des femmes à porter le burkini, aux cris de « Trop couvertes ou pas assez, c’est aux femmes de décider ». On n’est, on le voit, pas très loin du féminisme décolonial."
    Que propose LO à la place de "c'est aux femmes de décider" ? Que Lo reglemente les vetements féminins ? Que ca soit les athés qui décide pour les femmes ? Que ca soit les féministes qui décident pour les femmes ? A part les femmes elles même je ne voie pas qui d'autre. Et je ne comprend pas ce que LO reproche à ce solgan. Si j'ai envie de porter une mini jupe raz le bonbon personne n'a à décidé et si j'ai envie le lendemain d'être bonne soeur voilée et ultra pudique c'est à moi de décider.

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    1. Les femmes portent ce qu'elles veulent, c'est entendu. Cette affaire de burkini sur une plage de Nice était toutefois montée de toutes pièces par des liberticides pour piéger tout le monde et notamment les personnes attachées à la laïcité et aux droits des femmes. Il suffisait de savoir regarder le film. D'autre part, tente d'aller porter une minijupe raz le bonbon au Qatar ou un maillot de bain deux ou une pièce en Arabie Saoudite (au bord d'une piscine évidemment!)et reviens me raconter. Les dictatures de toutes barbes ont quand même plein d'excuses auprès des tenant.es du différentialisme culturel. Je trouve. D'autre part, je n'aime pas les adjectifs qui suivent les noms "féminisme" ou "laïcité".

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  3. PS - je viens de tomber sur une réponse de NPA à ce texte de LO
    https://npa2009.org/idees/antiracisme/combat-contre-lislamophobie-quand-lutte-ouvriere-inverse-la-hierarchie-des-normes

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    1. Cet article tunnel m'est tombé du clavier, je dois dire. J'irai le lire quand j'aurais un peu de temps. Mais je sais déjà que NPA comme pas mal de l'extrême gauche est prête à vendre les droits des femmes au plus offrant. Une sale habitude : les femmes à la cuisine pendant que les mecs font la révolution. On sait. Rien de nouveau depuis la révolution bourgeoise de 1789. Secondes nous sommes, secondes devons-nous rester dans la pire tradition patriarcale. Désolée mais moi je suis avec Ayaan Irsi Ali (excisée, fuyant l''obscurantisme religieux), Chahdortt Djavann (réfugiée en fuite du régime des mollahs, Taslima Nasreen (fatwa de mort sur la tête), Whaleed al Husseini (réfugié palestinien torturé car athée), et Salman Rushdie (fatwa de mort sur la tête), des blogueuses/eurs bangladais qui sont découpés en morceaux par des islamistes fascistes. Illes sont toustes des "féministes blanches" universalistes certainement. No country for women.

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