jeudi 7 janvier 2016

Organisations criminelles

En ces tristes jours de commémorations d'attentats terroristes islamo-fascistes aux motivations géo-politico-religieuses, je vous propose des extraits d'un discours de Ty Grace Atkinson, féministe radicale, prononcé à l'Université Catholique de Washington DC, en 1971 : il semble que nous expérimentons aujourd'hui un backlash, un retour du religieux tout à fait alarmant, notamment en matière de liberté d'expression et de droits des femmes. Evidemment, l'Eglise présentée ici comme "la plus vaste organisation criminelle que le monde ait jamais connue" rappelle quelques-unes des organisations religieuses qui sévissent actuellement ; et même si les obédiences ne sont pas les mêmes, les obscurantismes profitent les uns aux autres, le succès et l'ascension de l'un peut donner des idées aux autres. Ils ont tous les mêmes intérêts, dominer les masses, contrôler les femmes, toutes deux forcément infantiles. Le retour du religieux, la connexion entre le pouvoir temporel des états et le pouvoir spirituel et religieux présente un grand danger, c'est, il me semble ce que rappelle ce texte. On peut d'ailleurs remplacer "Eglise" par pouvoir religieux, ou tout autre nom de secte qui a réussi ou est en train de réussir, le texte fonctionne aussi bien.


L'Eglise catholique est la plus grande entreprise des Etats-Unis. Elle a des succursales dans presque tous les quartiers. Ses biens mobiliers et immobiliers sont plus importants que ceux de la Standard Oil, de l'AT&T, et de US Steel réunies. Et la liste de ses membres imposables n'est inférieure qu'à celle du Gouvernement des Etats-Unis.
La "collaboration" entre l'Eglise et les gouvernements (la force de l'Eglise s'accroît en proportion directe du caractère plus ou moins fasciste des gouvernements) a été reconnue mutuellement profitable, mais elle n'a pas fait l'objet d'une analyse détaillée. Dans les régimes les plus oppressifs, l'Eglise prospère-t-elle parce qu'elle vient au secours des pauvres ? Ou bien prospère-t-elle dans des pays comme l'Espagne, sous le régime de Batista, et dans les pays sud-américains en général, parce qu'elle profite des pauvres et les exploite, en accroissant ainsi sa capacité de déterminer la politique -extérieure ou intérieure- d'un pays donné ? Le pouvoir politique de l'Eglise dépend de sa force économique, donc de la pression qu'elle exerce. Le principe et les pratiques qui en découlent -à savoir la main-mise d'une minorité sur les biens et les richesses- facilitent considérablement l'interdépendance des dictatures et de l'Eglise. L'Eglise est une sorte de vautour pour les pauvres. L'Eglise dévore la chair des pauvres, qui ne s'y opposent pas, en échange de la promesse de vengeance dans une vie ultra-terrestre. [...]


L'Eglise ne survit que par l'oppression, elle ne peut survivre sans cette condition politique. Tous les groupes, à l'exception des femmes, peuvent alternativement entrer ou sortir des classes opprimées, tant qu'ils ne défient pas l'oppression elle-même. Mais c'est sur la classe des femmes que l'Eglise a besoin de garder un contrôle absolu.
Le contrôle exercé sur les femmes est essentiel pour diriger et manipuler la population. a) le contrôle de la population est nécessaire en cas de guerre importante. b) le contrôle de la population est nécessaire pour connaître le nombre de fidèles, surtout quand le taux de conversion diminue. c) le taux de population, ou surpopulation doit être maintenu et manipulé afin de garantir le chômage, qui maintient une rigide hiérarchie des classes économiques et permet de contrôler les salaires en utilisant la peur suscitée par le chômage.
Il est évident que la planification des naissances ou l'avortement, laissés à la discrétion de l'individu, menaceraient l'un des plus puissants leviers de l'Eglise. " [...]

Nous devons rester vigilantes : les droits des femmes et les droits des peuples sont fragiles, ils subissent des attaques incessantes, dès que nous croyons avoir gagné, ces organisations délétères et leurs agents en profitent pour faire des retours mortifères et liberticides.

En contribution aux victimes des attentats du 7 janvier 2015, ci-dessous la couverture de Charlie Hebdo n° 1224, spécial "1 an après", paru ce mercredi 6 janvier et disponible quelques temps en kiosques.


Le texte de Ti-Grace Atkinson est tiré de Odyssée d'une amazone aux Editions des femmes.
Un article sur Mère Thérésa, fausse sainte, vraie fanatique, béatifiée par le Vatican.
Les sanguinaires de Daesh et les femmes.

6 commentaires:

  1. https://sanscompromisfeministeprogressiste.wordpress.com/2016/01/06/la-journaliste-syrienne-ruqia-hassan-executee-par-lei/
    une horreur, la laideur assassine la beauté, la bêtise décime l'intelligence!

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    1. Une résistante ! Merci pour le lien, je l'ai loupé d'une journée : je le partage sur Twitter demain.

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  2. Stéphanie .......................8 janvier 2016 à 12:28

    Les religions c'est en premier lieu le contrôle total des corps : Voir ce livre atroce , le "Maleus maleficarum"......

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    1. Bien sûr, le contrôle des corps des femmes en premier, de façon qu'il multiplie le peuple de Dieu. Comme en même temps, ça suroccupe et met des boulets aux pieds, c'est tout bénef.

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  3. J'ai toujours tendance à être à fond d'accord avec TGA, qui s'est attaqué à des normes jamais perçues comme telles ; mais là je trouve qu'il y a comme une zone aveugle : en 75 comme aujourd'hui, les confessions largement majoritaires aux states sont réformées, et généralement connues pour leur orientation au moins aussi réactionnaire que les catholiques. Je me demande bien pourquoi elle avait particulièrement ciblé l'église qui reste minoritaire (même si elle essaie de s'étendre). Est-ce parce que Solanas comme elle avaient quand même ce petit côté "1776", bref avaient du mal à critiquer les bases des idéaux politiques américains : propriété privée, recherche du bonheur, et indépendance nationale (dans le cas présent, la vieille crainte d'une organisation pilotée depuis l'étranger). Mais ces idéaux sont et restent conssubstantiels et au capitalisme, et à la masculinité. Il nous faut toujours aller de l'avant dans la critique, la facilité est la mort du féminisme.

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    1. Les églises réformées + sectes diverses sont peut être majoritaires ensemble, mais l'Eglise catholique est un vieux bastion avec une hiérarchie, ce qui est , il me semble moins de cas des autres. Ce qui n'est pas confortable, n'importe qui pouvant comme en Islam se réclamer d'un titre et légiférer pour l'ensemble de la communauté ! De plus, Atkinson prononce ce discours dans une université catholique où elle est rentrée par ordre d'une juridiction de l'état, ils ne voulaient pas d'elle. Par ailleurs je ne comprends pas votre dernière phrase ?

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