samedi 18 août 2012

Brave

Je suis allée voir Rebelle, le film d'animation en ce moment sur vos écrans. Merida, Princesse brave (rebelle en français, légèrement plus connoté négatif) n'est pas une une Princesse Disney, mais une Princesse Pixar.

















Loin de moi l'idée de faire de la pub sur mon petit blog pour les grands studios Disney ou même les studios Pixar, filiales du premier. Ce serait bien prétentieux et ridicule de ma part. Mais Pixar a le chic de mettre les codes à l'envers dans ses films, et j'aime ça ! Déjà dans Nemo, film environnementaliste (rappelez-vous la bouleversante phrase des prisonniers de l'aquarium "Tous les égouts mènent à la mer !") la mère est remplacée par un papa poule et le héros est un poisson handicapé "faible de la nageoire" ; de plus, c'est une fille affublée d'un affreux appareil dentaire -la fille du dentiste- qui sème la terreur. Sans oublier que le requin de la bande essaie de devenir végétarien.

Merida, princesse des highlands d'Ecosse, fille de sa mère la reine attachée aux traditions, et de son père le roi (aucune autorité et soumis à sa femme) chevauche à cru son  charismatique cheval Angus, un solide ardennais, galope dans la forêt, et s'entraîne au tir à l'arc. Elle cure aussi le fumier d'Angus et lui bouchonne le poil, une fois tous deux rentrés à l'écurie. Ses frères, des triplés rouquins incontrôlables, complètent la famille. Il y a évidemment une sorcière à nez crochu et verrue poilue, pire, équipée en guise de service après-vente, d'une odieuse messagerie vocale avec indications de touches de renvoi vers le service désiré (commercial, technique, facturation, résiliation d'abonnement), comme dans n'importe quelle maltraitante entreprise de nouvelles technologies ! Les ravages du "progrès teknik" ! Pas pratique quand votre mère vient juste d'être transformée en ourse. La sorcière est sculptrice, elle manie donc le tour à bois, la forge et le fer à souder, outils éminemment masculins.

Trois princes charmants (?), paltoquets sans envergure ni conversation viennent concourir (en plantant toutes leurs joutes) pour la main de la belle, pour le moins rétive et résistante, mais contrainte par sa mère. Je ne vais pas raconter l'histoire : sachez que c'est drôle, enlevé, les paysages écossais sont magnifiques alternant forêts, menhirs et dolmens, soleil et brouillards. La chevelure serpentine de Merida est vivante. Aventure initiatique de deux femmes solidaires l'une de l'autre, la reine va apprendre de sa fille à retrouver ses réflexes primaux, comme par exemple manger en se servant de ses griffes et de ses dents, en se passant de fourchette. Et bien sûr, pendant qu'elles sont occupées ailleurs, le palais au main des mecs part en couilles ! Évidemment, il y a un happy ending, mais sans le dressage social hétérosexuel habituel, la fille dans les bras du garçon, avec baiser récurage de glotte. La Princesse ne rencontre pas son Prince. "Pas un mec potable, même à la fin" écrit Télérama. Elle trouvera l'harmonie et l'accomplissement seule, c'est son choix et il sera respecté. Le message est empowering pour les filles : Merida, princesse brave, liquide le Prince Charmant. A voir en famille, seul-e ou à 2, 4 ou 10 !

Liens : la critique de Télérama
Têtue : Cinq bonnes raisons d'aller voir "Rebelle" et son héroïne crypto-lesbienne

16 commentaires:

  1. Je suis allée voir ce film avec ma fille, un régal pour toutes les raisons que tu évoques ! Moi aussi, j'avais remarqué le titre original "Brave" mais je me suis dit qu'une traduction littérale ou approchante n'aurait pas été terrible.

    J'ai eu vraiment peur à un moment, ne connaissant pas l'issue, qu'on la fasse plier. Surtout quand sa démarche est qualifiée d'orgueilleuse ... alors qu'il ne s'agit que d'un désir légitime de liberté.

    Quant aux personnages masculins, leurs comportements belliqueux sont ridiculisés par une infantilisation assez comique. Pour une fois qu'ils ne sont pas glorifiés ...

    Et puis, un film bechdel-compatible, ça se salue tant c'est rare !

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    1. Oui, malheureusement l'adjectif brave sonne moins bien en français, voire il trivialise (une brave princesse !) et le substantif est un peu désuet. C'est dommage. On se demande pourquoi ça fonctionne en anglais et moins bien en français. Et effectivement, il est totalement Bechdel-compatible. Vive Pixar qui garde sa personnalité malgré la fusion avec Disney. On attend d'autres films dans ce style-là venant d'autres sociétés de production et de création.

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    2. Mais ... dans le coup, ce sont les mec qui en prennent pour leur grade dans ce film?
      Réponse bête et mesquine, pour une fois que les rôles sont inversés!
      Sinon il y a les frangins encore que jeune et fouteur de merde sur les bord ou le père qui même si un peu irresponsable montre un fond tendre pour ses enfants. Mais à part eux les rôles masculins sont pas très glorieux.
      Un point étrange cependant, les genre féminin est largement sous représenté non? il y a mérida, la reine, la sorcière et la servante et c'est tout je crois? et elles font l'intrigue à trois.
      Escher

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    3. Le genre féminin est peut être sous-représenté, mais pour une fois qu'elles font le titre, les héros (shero) et le principal de l'action, je ne vais pas me plaindre ! D'habitude, décoratives, elles servent le café et font faire-valoir, au mieux...

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  2. Ton billet donne envie de voir le film, c'est certain :)

    En ce qui concerne les cheveux et la Méduse (merci pour le lien), comme je viens de lire le dernier billet de "Genre !" sur les jeux vidéos sexistes où la blogoniste cite la phrase de Despentes : "Papa va te la rectifier, ta bite mentale », j'ai un peu l'impression que les cheveux qui serpentent symbolisent assez la femme trop "mâle" selon la conception machiste. On décapite donc le monstre affublé de "bites mentales" en forme de serpents et on expose sa tête pour effrayer l'ennemi (à savoir les autres femmes qui ne pensent pas assez fémininement selon les critères machistes).

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    1. Il a fallu développer, d'après les spécialistes, un logiciel spécial pour la chevelure de Merida : la proximité de ton billet sur les têtes de Méduse à Berlin m'y a fait penser, autrement je serais passée à côté, dommage. Les cheveux flottants et remuants de Merida évoquent cette chevelure de Méduse faite de serpents évoquant la puissance et la fécondité de la vie. Et elle, elle garde sa tête, et elle s'en sert. C'est un progrès.

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  3. ha ben tiens, j'ai été le voir hier soir. Je ne trouve pas que "rebelle" soit connoté plus négatif, par contre ça met plus l'accent sur sa volonté et sa révolte, ça me va :-)
    la sorcière rentre effectivement bien dans les codes des contes pour enfants (quoique pas effrayante et désagréable pour autant), pour le reste comme tu le décris bien les codes du genre sont bien cassés :-)

    un bémol quand même sur les réactions qui voient en Mérida une héroine tendance lesbienne, ça me semble un peu... tiré par les cheveux ^^

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    1. C'est Têtu(e) qui voit une crypto-lesbienne dans Merida, mais leurs cinq raisons de voir le film sont excellentes. J'espère bien aussi que les hétérosexeuelles sont aussi assertives et affirmées que les lesbiennes ! Quand à la sorcière, elle est bien marrante et pas désagréable, c'est juste qu'elle n'est pas là quand on a besoin d'elle, juste comme tous les technicien-nes qui vous ont vendu un truc et sont ensuite injoignables :))

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  4. J'ai adoré ce film ! Une vraie bouffée d'air frais. C'est drôle, vivant, les paysages magnifiques, et une jeune fille rousse défiant la tradition, quoi de meilleur ?

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    1. :)) J'ai trouvé aussi, puis c'était rafraîchissant d'être dans une salle remplie de mômes qui vivaient le film ! Le public compte aussi.

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  5. Magnifique ! J'ai adoré le film !!! J'espère que Merida sera un bon exemple pour les petites filles (et les grandes) : be your own woman, n'attendez rien de personne, surtout pas des hommes, pour être des personnes autonomes.

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    1. Merci de ton commentaire : effectivement be your own woman, be yourself, don't let the bastards scare you ! ;))

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  6. J'ai vu Rebelle hier soir. J'hésitais un peu et ce que j'en ai lu (ici principalement) a joué en sa faveur.
    Je retrouve tous les points exposés ici et C'est vrai que ce film est assez intelligemment mené.
    Une amie est ressortie du cinéma avec une sensation d'inachevé : il n'y a pas de prince charmant, elle ne tombe pas amoureuse. Bien révélateur.
    Quant à l'homosexualité de Mérida je ne suis pas convaincue, ce n’est pas parce qu'elle ne s'intéresse pas aux trois prétendants ni qu'elle est indépendante qu'elle n'est pas hétérosexuelle. Rien n’indique rien dans un sens ou un autre.

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    1. Oui, certaines femmes sont très aliénées, il n'y a qu'à regarder toutes les productions de M6 :(((
      Merida est ou n'est pas lesbienne, ça n'a pas d'importance ; c'est juste un clin d’œil aux lesbiennes (je suis évidemment lesbophile) qui sont tellement invisibles dans la société, et qui aiment à se trouver des références, d'où le relais de l'article de Têtue. On peut parfaitement être hétéro et assertive sur ces sujets, heureusement !

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  7. Voici un lien qui peut vous intéresser sur la place des parents (et notamment de la mère vue comme une femme négative, castratrice, qui enferme sa fille dans un modèle) et du père (gentil, protecteur, compréhensif) dans les productions Disney. Rebelle en tête d'affiche. http://www.lecinemaestpolitique.fr/peres-et-meres-chez-disney-qui-a-le-beau-role/

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    1. Oui, je vois (en diagonale, mais je vais lire tout pour me faire mal). Il y a aussi un lien mis par une commentatrice (je ne recopie pas le lien) d'Euterpe dans son billet "Le bétail doit être... " où on va lire que cette pauvre Merida refuse l'amour et les relations sexuelles, choisissant le côté de sa mère contre son père, etc... bref, la propagande habituelle pour l'hétérosexualité des molosses du patriarcat. Bien qu'hétéro, je ne les supporte plus, ces majoritaires hétéros donneurs de leçons, dresseurs de chevaux, qui tentent en y mettant le paquet de nous faire prendre la culture pour de la nature.

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