vendredi 27 janvier 2012

Intermède nunuche

"Oh, my dog !" est le dernier film publicitaire de la marque Longchamp, maroquinier fabriquant de sacs à main moyen/haut de gamme, c'est à dire chers.
J'ai eu, il y a quelques temps maintenant, un professeur de marketing qui enseignait à sa classe qu'il était déconseillé, lors d'une création, de dévaloriser son entreprise ou son produit en lui donnant un nom péjoratif, par exemple "La feuille de Chou" pour un journal d'information, ou "La Tambouille" pour un nom de restaurant. Cela donne au produit ou au service une mauvaise image, et c'est de mauvais augure pour l'avenir de la marque et de l'entreprise. Nous prenions tous des notes, je me souviens, dans un silence studieux.
Apparemment, cela ne s'applique pas à la cliente. La dévaloriser en la faisant passer pour une nunuche promenée par un jeune chien fou doit être la l'exception à la règle. C'est vrai que c'est une femme, la cliente. Donc, elle a (en tous cas, pour les créatifs marketeurs de la marque Longchamp) vocation à être menée par le bout du nez et de la laisse par tout le monde, y compris son chien.



Je vais me permettre un conseil au DirectEUR général de Longchamp : une cliente capable d'aligner 5 biffetons de 100 euros pour acheter ses sacs -en peaux et poils d'animaux-, ça mérite tout de même un peu de
considération non ? En effet, d'après mes recherches un de leurs sacs coûte en moyenne entre 300 euros à plus de 600 euros.

Actualisation : ce film publicitaire ici en version longue, est une succession de plans-séquences, ce qui suggère que la réalisatrice de Oh my dog ! a du talent malgré sa façon de traiter les femmes, traitement préconisé par l'agence de communication en charge du budget de l'annonceur Longchamp ; même si elle n'a pas de sac à main, si c'est beaucoup plus lent, mélancolique et en noir et blanc, il a tout de même, dans la forme, un air du début d'Ascenseur pour l'échafaud de Louis Malle, où on voit Jeanne Moreau errer au petit matin dans Paris, sur le mythique air de Miles Davis.

5 commentaires:

  1. On remarquera aussi le gros plan sur son pubis quand elle descend l'escalier et sa maigreur d'anoréxique (béate).
    Quelle pub !:(

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  2. Les femmes font partie de la seule cible publicitaire qu'il n'est jamais nécessaire de ménager. Habituées à être traitées comme de la merde, elles ne voient plus où est le problème et achètent quand même le sac qui fera d'elles des nunuches de première. Et puis, ça plait tellement aux hommes ... à travers la ménagère, la greluche ou la bimbo, c'est toute la laideur de l'âme machiste que l'on perçoit.

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  3. @ Héloïse : tout à fait d'accord ! L'assommoir culturel est tel que l'objet convoité, un sac, accapare tous les regards. On ne voit plus le message péjorant qui devient subliminal.

    @ Euterpe : tu parles du plan sur le short en contre-plongée, je suppose. C'est d'autant plus dommage que la metteuse en scène a du talent ; le film est une succession de plans séquence rapides de plus d'une minute. Difficile à faire.
    Il me fait penser au cultissime plan-séquence d'Ascenseur pour l'échafaud de Louis Malle avec le non moins mythique air de Miles Davis qui l'accompagne. Bon, OK, Moreau n'a pas de sac à main, mais elle déambule dans Paris au petit matin, mélancoliquement et c'est superbe.
    http://www.youtube.com/watch?v=zDMfC0CjCSA
    D'ailleurs, je le rajoute, tellement il me plaît.

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    1. Oui très chouette. Je ne connaissais pas. Mais cela à quand même incomparablement plus de dignité :)

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  4. @ Euterpe : j'ai rajouté cette 2ème vidéo pour donner un exemple du plan-séquence où la caméra suit en général un personnage en mouvement, en une seule prise, ce qui donne au spectateur une impression de grande fluidité ; pour moi, le plan séquence, c'est le cinéma.

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