Je propose la traduction du glossaire paru en anglais dans The Feminist Wire sous la plume de Soraya Chemaly, après qu'un membre du staff de Rick Santorum, un candidat conservateur aux élections primaires US ait dit à haute voix "qu'une femme ne devrait pas être candidate parce c'est contre la volonté de Dieu" (article en anglais) !
Antédiluvien : appartenant au temps avant l'inondation biblique, le déluge, lorsqu'avaient cours de ridicules idées dépassées, souvent basées sur des stéréotypes de genre et de race.
Code : Système de mots utilisés pour fausser d'autres mots ou représentations. Par exemple "bréhaigne ménopausée" pour désigner une femme plus âgée, désormais infertile et donc d'aucune utilité pour les hommes ; "hystérique" ou "revendicative" pour désigner une femme qui "asticote" les hommes, ou encore "soixante-huitarde attardée", féministe "aigrie et agressive", pour subvertir l'autorité et l'assertivité des femmes.
Complémentarisme : une vision des rôles de genre prescrits par la bible comme différents mais complémentaires, dans lesquels des obligations sont prescrites aux hommes et des restrictions sont imposées aux femmes.
Domination : Le pouvoir sur autrui.
Droit à une sphère privée : le droit d'être libérée de toute intrusion non sanctionnée.
Droits reproductifs : Droits et libertés légaux liés à la
reproduction ou à la santé de la reproduction. Y sont inclus le droit de
prendre toute décision concernant la reproduction, libre de toute
coercition, violence ou discrimination.
Egalité : Le fait d'être égaux en droits, statuts, pouvoirs, privilèges et opportunités.
Femme : Humain en possession de deux chromosomes X dans le noyau cellulaire et pourvue d'un vagin, d'un utérus et de deux ovaires.
Homophobie : Attitudes négatives, ressenti et actes contre l'homosexualité, les homosexuels et les transgenres. La misogynie, l'homophobie sont des phénomènes basés sur la peur de la dissolution de principes rigides, de stéréotypes de genre qui informent des hiérarchies sexistes et résultent en la péjoration des femmes, de leurs qualités, et le rejet des personnes qui s'identifient à un genre "non-traditionnel".
Logos : Le principe rationnel qui développe et gouverne l'univers. Concerne la définition "Mâle" ci-après.
Maison : Domicile, habitation. Lieu que certains pensent réservé aux femmes, hors de la sphère publique.
Mâle : Humain portant une paire de chromosomes X et Y dans le noyau cellulaire, et normalement un pénis, un scrotum, des testicules et des poils sur le visage.
Misogynie : La base de l'oppression des femmes dans les sociétés dominées par les hommes. Mickael Flood, sociologue australien la décrit de cette façon : "La misogynie fonctionne comme une idéologie ou un système de croyances... [qui place les] femmes dans une position subordonnée avec accès limité au pouvoir et à la prise de décision". Et cela n'aurait rien à voir avec les hiérarchies religieuses, corporate ou politiques, bandes d'idiots ?
Mythes : Un système sous-jacent de croyances, notamment celles concernées par le surnaturel, caractéristique d'un groupe particulier. Typiquement ancrés dans le passé.
Oppression : Usage prolongé de l'autorité imposant des restrictions injustes sur autrui, comme les tenir sous contrôle par la force.
Oppression des femmes : L'utilisation injuste de l'autorité pour
maintenir dans la subordination les personnes pourvues d'un vagin, d'un
utérus et d'ovaires.
Paternalisme : Notion interférant avec la liberté, dont l'intention est de démontrer qu'elle est bénéfique pour ceux dont la liberté est sous contrôle.
Patriarcat : Système social dans lequel les mâles sont les figures d'autorité. Typiquement, les pères ont autorité sur les femmes, les enfants, les chiens (qu'ils peuvent attacher sur des capots de voiture par exemple) et la propriété. Rien à voir (non plus bien sûr ?) avec un parlement mâle à 82 %, un sénat à 78 %, les médias à 85 %, ou encore les hommes détenant 90 % des postes dans les administrations des entreprises, ou dans les hiérarchies religieuses (au choix, n'importe laquelle des religions abrahamique) entièrement dominées par les mâles* ?
Patriarche : Mâle dirigeant d'une
maisonnée ou d'une tribu, souvent le plus âgé ou le plus vénéré, comme
dans l'expression "les débats ressemblent à un concile de patriarches
antédiluviens".
Privé : L'état d'être libre de toute intrusion ou dérangement dans ses affaires privées.
Privilège : Droit ou statut spécial. Par exemple : bénéfices invisibles conférés à un individu par la race, le genre ou l'orientation sexuelle.
Sexisme : Attitude ou comportement basés sur les stéréotypes traditionnels des rôles sexuels. Également, discrimination et dévaluation basées sur le sexe de la personne, comme les restrictions d'opportunités de carrière en entreprise ou en politique, discriminations spécialement dirigées contre les femmes.
Soumission : Acte de soumettre quelqu'un au pouvoir d'autrui. Comme dans "Le Seigneur dit soumets-toi" ; "Femmes, soyez soumises à vos maris".
And last but not least :
Féminisme : Théorie politique, économique, religieuse et culturelle de l'égalité entre les sexes. Les féministes, hommes et femmes, luttent pour les droits des femmes.
En illustration de tout ce qui précède, cette vidéo du Laboratoire de l'Egalité montre des situations corporate que toutes, nous avons expérimentées d'innombrables fois.
Alors, les femmes, on continue à s'asseoir dessus ?
Laboratoire de l'égalité par laboratoiredelegalite
* J'ai remplacé les chiffres US par les chiffres français.
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Beaucoup d'humour, mais trouve-t-on le mot "égalité"?
RépondreSupprimerJe dis ça parce que depuis la nuit des temps, les hommes s'assoient aussi les uns sur les autres.
Et je les trouve terrifiants à imposer leur force au détriment de tous les plus faibles.
@ Hébé : le mot égalité est en bonne place dans la liste alphabétique. Que les hommes soient inégaux entre eux, c'est vrai ; mais les femmes subissent une inégalité spécifique au genre féminin, inégalité qui se vérifie dans toutes les classes sociales ; le fait que des inégalités de classe existent entre les hommes ne doit pas occulter ni excuser les injustices faites aux femmes. C'est Alexandra Kollontaï (féministe russe de l'époque soviétique) qui disait cela, les ouvriers prolétaires et sous-prolétaires ont encore une cuisinière-ménagère gratuite qui leur assure le quotidien à la maison. L'inverse n'est pas vrai.
RépondreSupprimeroh! que oui, l'inverse n'est pas vrai! Mais je crois que c'est un truc fondamental aux humains.
SupprimerOn ne peut nier que des femmes s'assoient aussi sur des plus faibles. Bien que ce soit plus rares que leurs congénères mâles.
Ce qui me minera toujours c'est la complicité des femmes sur cet état de fait. En regardant les jeunes filles aujourd'hui, (milieu prolétaire), moi je ne suis absolument pas rassurée de l'évolution, de celle que j'ai voulu pour les femmes.
Je me suis tant battue dans les années 70 que j'en ai quelque amertume. Je sais que ce n'est pas une raison pour baisser la garde.
@ Hébé : Les femmes majoritaires dans l'espèce humaine, sont mithridatisées/minoritaires partout dans les institutions où les hommes ont le pouvoir : entreprises, partis politiques, administrations et même chez elles, où souvent elles ont à la maison 3 ou 4 hommes et garçons qui tiennent bien entendu la télécommande. Je ne les excuse pas, je subis tous les jours dans ma vie professionnelle leurs discriminations à elles aussi. Don de Lillo, écrivain américain que j'aime bcp écrit une phrase dans Chien galeux (Running dog) un de ses romans qui sont toujours remplis de notations très fines et très vraies sur les comportements, en faisant parler une des héroïnes que je cite : "J'ai été mariée au même homme pendant onze ans de ma vie. J'étais à ses ordres. Sans bien m'en rendre compte. Ses ordres MUETS. D'une manière ou d'une autre mystérieusement, sans que ce soit jamais évoqué. C'est dans l'air entre nous. Cela passe par des ondes hertziennes, de galaxie à galaxie." Ce qu'elle veut dire, c'est qu'ils n'ont même plus à donner d'ordres : l'intériorisation de la domination suffit. La péjoration des femmes, leur dévaluation évoquée dans l'entrée Sexisme, dévaluation massive et systématique dans tous les objets culturels (films, pub, romans, faits divers, histoire...) font le reste. Et c'est bien sûr le but poursuivi.
RépondreSupprimer"une femme ne devrait pas être candidate parce c'est contre la volonté de Dieu"
RépondreSupprimerC'est fou le nombre de sentences infondées qu'ils ont fait transiter par la bouche de LEUR dieu ...
Par rapport à la vidéo que Sandrine d'A dire d'elles a aussi publiée, une question posée chez elle m'a paru judicieuse : est-ce que ceux qui se comportent comme cela se reconnaissent dans cette vidéo ? J'ai des doutes. Ils estiment tous se comporter équitablement. Ils en sont profondemment convaincus.
RépondreSupprimer@ Héloïse : c'est précisément à cela qu'il leur sert.
RépondreSupprimer@ Euterpe : le nombre de fois où ils sont passés devant moi dans les portes (ou devant ma/leur DRH (-une femme), faisant comme si on était invisibles, c'est innombrable et c'est grossier. Maintenant, moi, je rappelle le code de politesse, et je n'accepte plus non plus qu'on me coupe la parole. Je passe pour une pétroleuse énervée, mais au moins la fois d'après ils font gaffe et j'ai la réputation de celle à qui on ne peut pas les briser impunément. Résultat : d'abord, un gouffre infernal ne s'ouvre pas sous mes pieds et je ne suis pas engloutie dans les abysses, du coup, voyant cela, je fais des émules chez les autres femmes. Tout bénef, finalement. Mais qu'est-ce qu'on attend de plus ?
Intéressantes, ces définitions. Moi le complémentarisme, je vois ça comme un obstacle a l'égalité-e.
RépondreSupprimerSinon comme le reste, c’est un problème de mentalités.
Le truc c’est qu’on est tous/toutes aliénés par la culture, certains le sont moins et peuvent comprendre en moins de 15 minutes. Mais à ce que j'ai remarqué quand on arrive a faire comprendre un truc, il faut compter un délai pour la prise de conscience. Je pense qu’il faut trouver des méthodes qui poussent à réfléchir et comprendre.
La compréhension est mieux que la croyance.
Par exemple, apprendre par cœur ou répéter des phrases ou expressions connues, c’est bien pour la mémoire mais ça n’aide pas à comprendre. Sinon ça reste dans le domaine de la croyance.
A propos de Dieu et le créationnisme, je me rappelle que j’avais écrit ça en Aout sur le forum féministe et fière :
« Dieu à crée le monde en 7 jours, baa pourquoi pas, mais moi a mon avis pour réussir ce tour de force en si peu de temps je crois que pour créer l’homme il a du prendre un pov singe au pif et lui tondre tout ses poils, le pauvre il a du se retrouver un peu humilié devant tout ses collègues poilus, ce qui pourrait expliquer ses complexes pudique. D’ailleurs ca à quand même du être fait un peu à l’arrache quand on voit tout ce qui reste chez certains, mais bon faut dire aussi que les tondeuses de l’époque devaient pas être comme celles de maintenant. Par contre pour la femme on sent quand même un peu plus l’expérience, il s’est clairement mieux appliqué à la tache, rien que le bas-visage déjà, mais bon évidement il n’a pas pu non plus s’attarder sur les endroits sensibles. 7 jours, après tout ça passe vite quand même, surtout qu’il ne devait pas avoir que ça à faire non plus, comme par exemple leurs apprendre à pas parler la bouche pleine, à être poli etc.… »
PS : c’est de l’humour hein …
(je reprécise, mieux vaut être prudent avec ce genre de sujets, si d’autres nous lisent)
@ Healcraft : Le complémentarisme, c'est le gros bobard destiné à celleux prêt-e-s à tout gober. Complémentaire, antonyme : identique ; égal, antonyme : inégal. Rien à voir. De plus, l'égalité est un concept de droit, pas de biologie. Je crois que la prise de conscience vient avec les épreuves, l'expérience ; c'est comme l'empathie, tant qu'on n'a pas expérimenté l'injustice et la violence sociale de certaines situations, on est inconscient et on n'écoute pas. Il faut aussi avoir la capacité à transposer : racisme, classisme, sexisme et... spécisme. On peut être prolétaire, souffrir du classisme et exploiter sa femme. On peut être victime de sexisme et être raciste, ou indifférente au sort des animaux, voire maltraitante avec eux (ou aussi être maltraitante avec des enfants qui, eux non plus, n'ont pas le choix).
RépondreSupprimer@hypathia - non pas majoritaire, voir femmes manquantes et les travaux démographiques INED & al. http://susaufeminicides.blogspot.com/2012/01/agynie-quand-une-resolution.html
RépondreSupprimerhttp://susaufeminicides.blogspot.com/p/agynie.html
(Absence du mot, rejeté, qui est de la plus grave des mysoginies, "féminicide", ou "femmicide" (feminicide, 1801 anglais) - C'est ainsi qu'il n'est pas même présent aux glossaires)
@ Christine GMD : Si vous faites allusion à mon commentaire, je suis tellement consciente du fémicide (ou féminicide) que j'ai fait un billet sur 50millionmissing : il est dessous en faisant un scroll down !
RépondreSupprimerD'autre part, j'ai vu une vidéo (que je n'arrive pas à retrouver !) de l'histoire de la définition de femicide en anglais : une 20taine de minutes très intéressantes par l'inventeuse.
Ça y est, je l'ai (pour les anglophones) Professor Diana Russel :
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=fk9VNHYMOrE
Merci @hypathia, je ne l'avais pas encore...
RépondreSupprimerJe n'ai jamais douté de votre conscience profonde des violences féminicides, du féminicide ou femmicide (et connais votre billet sur 50millionmissing), je voulais juste dire que même nos glossaires ne permettent pas de critiquer puisque le mot ne veut pas être répertorié...
Ce n'était une contradiction sur le fait de dire que nous étions majoritaires, j'ai moi même déchanté en voyant les ratios et conclusions démographiques.
A propos de "femicide, feminicide", Wharton (lexique juridique) 1801 qui l'a forgée pour meurtre de femmes. Au XXème Pr Russell l'a reprise pour souligner la mysoginie des meurtres de femmes.
Restée sans réponse à ce que les "féminicides" manquent au glossaire.
RépondreSupprimerFéminicides qui sont bien loin de se limiter au gynocide des éliminations prénatales d'embryons féminins, des néonaticides, de leurs maltraitances mortelles et de leurs agressions par le feu et l'acide en Inde et Chine.
Y a t il plus grande inégalité que celle de la violence sexospécifique réservée aux filles et aux femmes dans une proportion folle.
http://susaufeminicides.blog.lemonde.fr/
P. - S. archive D. Russel http://susaufeminicides.blogspot.com/2008/05/arch-femicide-politicizing-killing-of.html
Il ne vous a pas échappé que ce billet est une traduction de l'anglais d'un billet paru ailleurs : je ne peux pas rajouter une définition que l'auteure n'a pas prévu ! Je traduis, je ne modifie pas. Mais je suis bien d'accord avec vous, les mots féminicide (en français), femicide (en anglais) et feminicidio (en espagnol) commencent à percer dans le langage et je suis d'accord pour l'employer, d'ailleurs je l'emploie régulièrement quand je traite du sujet. Merci de votre intérêt pour mon blog.
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