dimanche 23 janvier 2011

L'émancipation et le travail des femmes en dates

Rappel des dates qui font l'histoire des femmes au travail et de leur émancipation (?). AH AH.

(Actualisation au bas du billet au sujet du jugement régressif rendu par la Cour d'Appel d'Angers sur la maternité sous X)


































L'infographie est de Mode(s) d'emploi que je remercie. Regardez bien dans les marges. Le billet concerné est ICI.

Voyons un peu : 1972 : Loi imposant égalité de salaire et de traitement entre les hommes et les femmes. Warf, Warf, Warf ! 40 ans après, les salaires des deux restent DIFFERENTS de moins 20 % en moyenne au détriment des femmes, et c'est apparemment incompressible malgré le renforcement de la loi en 2006. Et ce n'est pas la Récession provoquée par le krach financier de 2008 qui va faire changer les choses : en période de récession, les femmes sont de préférence priées de laisser la place aux mecs, sur un marché de l'emploi en "crise", et de mettre leurs revendications sous le boisseau. Rappel : les salles de marché des banques/casinos sont peuplées à 99 % d'hommes ! Ils sont ipso facto responsables, et c'est leur "crise" ! Ils devraient en bonne justice être les seuls à payer l'ardoise, mais ce n'est pas le cas ! Après avoir fait sauter la banque, privatisé les profits et mutualisé les pertes, ils continuent à se faire des couilles en or, et ils spéculent maintenant sur les matières premières, dont les céréales et les légumineuses que nous mangeons !

Loi Roudy de 1983, décret d'application juillet 1983 : interdiction de mentionner dans une offre d'emploi quel que soit les caractères du contrat de travail envisagé ou dans toute forme de publicité relative à une embauche, le SEXE ou la situation de famille,... refuser d'embaucher une personne, prononcer une mutation [....] en fonction du SEXE ou de la situation de famille, prendre en considération le SEXE ou la situation de famille notamment en matière de rémunération [....].
Lors de la parution du décret d'application de la loi Roudy, mon patron de l'époque m'avait envoyé par courrier postal une engueulade préventive à propos de cette loi, précisant que si j'insérais une offre d'emploi de sage-femme* sans la mention H/F ou "le poste est ouvert aux deux sexes" on verrait ce qu'on verrait ! Que ça barderait sérieusement pour mon matricule ! Depuis, si j'avais touché 10 euros à chaque fois que j'ai lu dans un offre d'emploi "homme de terrain", "homme de dialogue", ou homme de tout ce que vous voulez (contrairement à ce que nous expérimentons tous les jours, l'homme est adaptable (dingue !) à toutes les sauces dans les publicités de recrutement !), je serais à la tête d'un bas de laine conséquent. Sans que la DDTE, le commissariat de police, le procureur de la République, la Halde,... alertées ne remuent leur gros derrière. Les bonnes femmes, ça fait secrétaire, caissière et infirmière et c'est juste un salaire d'appoint. Point. Circulez !
Il serait temps de se pencher aussi sur les pratiques racistes, sexistes, âgistes des cabinets de recrutement, ces parasites des ressources inhumaines, qui sont (mal) payés pour faire les basses besognes que les entreprises n'osent plus faire elles-mêmes ! Et notez que mentionner votre situation de famille et le nombre de vos enfants n'est pas obligatoire ni conseillé sur votre CV, cela relève de votre vie privée.

1986 : Légalisation de la féminisation des noms de fonction : vaste rigolade, on meurt de rire ! Même les femmes refusent de les porter au féminin les noms de fonction ! Le féminin n'est pas légitime, le masculin qui l'emporte sempiternellement sur le féminin (règle de grammaire idiote, imbécile, sexiste et ringarde) nous a spoliées du magistère de la parole, donc notre parole ne porte pas, nos opinions sont sujettes à caution (mâle de préférence), mettre un E à un nom de métier masculin relève de la transgression, et directRICE serait moins bien que directEUR, LA ministre et LA maire, ça ferait tarte et serait contraire aux règles de la langue (voir les opinions d'académiciens sous bandelettes poussiéreuses), comme si une langue n'appartenait pas à sa locutrice et que celle-ci peut donc lui faire dire ce qu'elle veut, du moment qu'elle se fait comprendre, et que les règles de grammaire sont juste des conventions. Alors un peu d'audace ?

2000 : Parité en politique : avec amendes ridicules pour les partis qui n'obtempèrent pas ! D'ailleurs, supprimons les amendes et imposons l'application. Car ils ont toujours un homme qui fait mieux l'affaire, les femmes sont invisibles et ne sortiraient pas du lot. Et puis, les femmes collent les timbres et assurent tellement mieux l'intendance des partis. Résultat minable aux deux assemblées : 18 % de femmes députées et  21,8 % de femmes sénatrices.

2001 : Loi Génisson : l'égalité hommes/femmes rentre dans les négociations annuelles en entreprise. Bon, OK. En attendant, j'ai demandé il y a deux ans et demi à mes banques de me donner le lien internet conduisant à leur bilan social, histoire de voir les répartitions de postes par genres, les écarts de salaire éventuels, qui bénéficie de la formation..., et qui la joue casino avec mes économies. J'attends toujours malgré mes relances. Allo ? La Terre ?
Pas de réponse ? Message personnel : vous ne perdez rien pour attendre, la vengeance est un plat qui se mange froid, très, très froid.

2010 : Loi Copé Zimmermann instaure un quota de 40 % (pourquoi pas 50, ils ne savent pas compter ?) dans les boards des entreprises du CAC 40 d'ici 2016. Encore une mesure dilatoire qui ne sera pas implémentée : Copé dans le nom d'une loi, je ne sais pas pourquoi, je le sens mal. Cumulard par excellence, il envoie un mauvais signal d'emblée aux patrons et administrateurs qui ne voient pas pourquoi ils laisseraient leur place à une femme. Parce qu'il s'agit bien de cela : les places sont limitées, ils doivent donc s'effacer pour nous laisser passer !

Au fait, quand les job boards se font leur salon de recrutement en nouvelles technologies (qui n'ont de nouvelles que le qualificatif, en pratique, c'est l'usine de papy gadzart !), ça donne l'affiche ci-dessous : (précision, parce qu'apparemment ce n'est pas évident pour tout le monde un homme seul sur une affiche de forum de recrutement, ça signifie que les femmes n'y sont pas les bienvenues ! Moi, je le lis comme cela). Pareil pour les têtières de cabinets de recrutement -VOIR ICI-, où les femmes, quand il y en a, sont deux pas derrière !

























* Dans sage-femme, contrairement à ce que presque tout le monde pense, le mot femme ne réfère pas à la praticienne MAIS à la parturiente. Un homme qui exerce ce métier porte donc naturellement le nom de sage-femme.

Actualisation au sujet du jugement d'Angers sur l'Accouchement sous X à lire ICI :
Dans cette période de backlash décidément bien dure aux femmes, le jugement rendu dans l'affaire des grands-parents qui demandaient la garde d'une enfant née sous X et qui l'ont obtenue, il ne fait définitivement pas bon être mère dans ce pays ! Leurs droits sont constamment bafoués. Et elles sont toujours considérées comme incapables de prendre seules la bonne décision en ce qui concerne leurs enfants, éternelles écervelées mineures qu'elles sont. Ce jugement d'Angers introduit une brèche dans le droit à l'accouchement sous X. Une femme qui avait offert de pleine volonté à son enfant un avenir qu'elle ne pouvait lui assurer elle-même en le proposant à l'adoption, vient de voir rompu le secret à la demande des grands-parents, qui bafouent par là même la volonté de leur fille. C'est le triomphe de la biologie et des liens du sang, une autre régression dans cette époque régressive.

6 commentaires:

  1. Belle analyse de tout ce qui n'a pas avancé en fait. On a même failli reculer en matière de parité politique avec la réforme des collectivités territoriales et son "coup" du scrutin uninominal (rejeté par le Sénat, il me semble).

    Quant aux appellations professionnelles, je remarque un net recul de l'emploi de la forme féminine: combien de femmes directeurs, attachés ou conseillers ?

    Et sage-femme est peu à peu remplacée par maïeuticieN (il suffit que trois couillus arrivent et l'on tente de contourner l'appellation que l'on ne peut modifier). Voilà, exit sage-femme qui recouvre un métier encore largement exercé par des femmes ...

    Le masculin grammatical gagne du terrain et c'est pas bon signe.

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  2. TU as tout à fait raison Hypathie, le traitement entre h et f au travail est encore un problème dans la majorité des cas.
    Personnellement, je pense que c'est à nous de nous imposer. ce n'est pas aux hommes de nous "octroyer" des libertés... que serait une libération qui devrait tout au maître, et rien à l'esclave.
    Donc, dans cette mesure même, à chaque fois qu'il faut tenir le secrétariat d'une réunion, tenir le balai à la fin d'une soirée, je ne le fais pas sciemment par exemple. je conquiers mon temps libre sur celui de mon mari, etc. C'est un combat réel que toute femme, à mon avis, doit mener quand elle vit avec un homme, et ailleurs dans les institutions quand elle vit seule ou avec une autre femme. Ainsi, nous avancerons comme l'on fait nos mères (en tout cas la mienne...)
    Bonne journée

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  3. merci pour le lien, du coup j'ai été posté un bon commentaire sur Mode d'Emploi ... y'a du boulot c'est le cas de le dire ... nous avons besoin de cet argent qui nous assure l'autonomie... grâce au travail.

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  4. @ Héloïse : Maïeuticien ? Pas possible ! Lorsque la question s'est posée d'imposer des hommes dans le métier, on avait évoqué parturologue : quand les mecs arrivent dans un métier ça devient "sérieux" et le nom du métier... devient imprononçable ! Mais les sages-femmes se sont rebiffées et ont dit que s'ils voulaient faire le métier, le mieux était encore d'en porter le nom, comme cela tout le monde s'appelle pareil et on évite la cacophonie. Pur bon sens... de sage-femme.
    @ Bettina : tout à fait d'accord, tout se gagne : moi aussi je refuse de faire les cafés, les photocopies, et de débarrasser la table lors de réunions où il y a des hommes. Ils sont en majorité en général, donc ils se débrouillent. Et le pouvoir ça se prend, ça ne se donne pas !
    @ Emelire : nous les femmes on a toujours tort en entretien de recrutement : on m'a posé deux fois la question "Mais POURQUOI vous n'avez pas d'enfant ?" en me regardant comme si j'étais un monstre, d'un air horrifié ! A chaque fois, je me suis levée et dit que l'entretien s'arrêtait là (la tête du mec !!!) mais je sais qu'il faut avoir les épaules et avoir sacrément assuré ses arrières matérielles et que tout le monde ne peut pas se le permettre. Mais à bien y réfléchir, il y a quand même des gens infréquentables, donc qu'il ne vaut mieux pas fréquenter sauf à prendre de humiliations tous les matins.

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  5. c'est de l'ironie ou un hasard si l'infographie a un look années 1950 ? En tout cas, la vérification de l'entrée en vigueur effective de ces lois s'imposait et c'est super que tu l'aies faite.

    "Parturologue" ahahah ! Et s'ils se mettent à faire le ménage, ils se baptiseront ménageologues! Vanité et vénération de la science, c'est tout l'homme, ca.

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  6. @ Euterpe : Pour l'aspect de l'image, il faut demander à Mode(s) d'emploi. Et pour les noms de métiers, effectivement quand ils arrivent tout de suite ça perd son côté cosy familier pour devenir pompeux et ennuyeux !

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