samedi 18 décembre 2010

"Ne perdez pas votre part de carnivore !" Charal is back

La nouvelle publicité Charal Groupe Bigard-Socopa / Léo Burnett est sur nos écrans ! Joie, bonheur ! Mmmmrrrrrrrh charrrrrrall !




Ici plus d'homme battant à la course un guépard ou de femme debout dans la cuisine servant sa famille à table, mais des loups, sauvages, carnivores et prédateurs, dont l'un bêle comme un mouton ce qui fait s'en détourner les autres. Ne pas confondre loup prédateur, et mouton bêlant herbivore : les loups se situent au-dessus du mouton dans les hiérarchies humaines -construites par nous : carnivore contre herbivore, le premier mange le second, l'un est un sauvage intact, l'autre est domestiqué,
rien à voir.

Au fait comment l'homme (ayant gardé sa part de carnivore donc) traite-t-il les espèces sauvages ?
Sans pitié, si l'on en juge par l'article publié ICI, parlant de la fermeture de l'autoroute A 84 pour cause de battue : des sangliers "proliférants" selon le titre de l'article sont priés de se rentrer dans leur forêt que traversent nos autoroutes sinon on va leur rappeler qui c'est le chef ici -sacrément territorial en plus d'être hiérarchique, le chef  avec son gros gun phallique !
Quant au vrai carnivore qu'est le loup, on l'aime bien... dans les publicités Charal, mais qu'il tente de franchir les Alpes italiennes pour agrandir son territoire versant français, alors là gaffe, convention de Berne ou pas, un arrêté préfectoral va décider de le faire tirer par des chasseurs avec un fusil à lunette à infra-rouge histoire de ne pas le louper, faut pas pousser tout de même ! Convention de Berne, espèce protégée ou non, on va pas se laisser emmerder par un chiffon de papier même revêtu de notre signature ! Les loups (espèce sauvage) dans des réserves fermées et les moutons (espèce domestique) dans les espaces sauvages grands ouverts : le monde à l'envers rêvé par les éleveurs.

Et les éleveurs ? Comment vont-ils ? Pas bien, si on en croit la vidéo ci-dessous : Bigard/Charal, c'est 42 % du marché, position dominante, du coup les éleveurs sont menottés : comment ça, vous n'êtes pas contents de nos prix, mais allez donc les vendre ailleurs vos vaches de réforme, répond Bigard !



La "viande", c'est normal que ce soit cher, c'est des litres d'eau (5000 pour un kilo de viande, 700 pour un kilo de patates et il faut 7 protéines végétales pour produire une protéine animale) mais quand on a bâti  toute sa communication sur le droit à la viande quand on est classe moyenne, c'est difficile à vendre la cherté de la viande. Et tout le monde a oublié que des coquillettes avec une purée de lentilles corail - carottes et une salade verte croquante de saison type cornette, ça fait l'affaire en matière de ration alimentaire -et qu'en plus c'est très bon marché ! Ce qu'ignore manifestement la mère de famille pauvre, bénéficiaire du Secours Catholique et intoxiquée par la propagande pro-viande que j'ai vue à la télévision il y a quinze jours expliquer debout dans sa cuisine, son garçon assis devant un steak haché, qu'elle n'avait pas mangé depuis 24 heures, l'argent de la nourriture servant d'abord à "acheter de la viande à ses enfants" ! Décidément, les pesanteurs culturelles continuent leurs
ravages : la part du lion va aux garçons et aux hommes. Une pub Charal dans la vraie vie, traitée dans sa réalité sociale par un jité. A hurler.

En trois mandats et 10 ans de présidence de la FNSEA (Fédération Nationales des Syndicats d'Exploitants Agricoles -syndicat majoritaire) par Jean Michel le Métayer, la population paysanne en France a diminué de 130 000 agriculteurs ; ils sont aujourd'hui un peu plus de 500 000, contre plus de 700 000 il y a dix ans. Voilà pour la réalité sociale d'une majorité d'éleveurs, pour une production plus importante qu'il y a 10 ans ! Cela veut dire que les gains de productivités se font sur le dos des animaux, de leur santé et de leur bien-être et AUSSI sur le moral, la santé et le bien-être économique et social de l'éleveur, et sur la destruction des paysages et la pollution de l'environnement. Les résultats affligeants d'une course désespérée à la productivité et à la taille critique.
Alors il serait temps de revenir à la raison et à un peu de frugalité : il faut choisir, continuer à détruire les professionnels, l'environnement, à fabriquer de la famine dans le Tiers-Monde, ruiner la sécurité sociale pour cause d'obésité et d'autres maladies, ou vivre mieux dans des paysages préservés, des gens contents d'y vivre et d'y travailler en gagnant leur vie, avec une meilleure santé pour tout le monde !

On n'en prend pas le chemin si l'on considère ICI la dernière campagne de pub radio du CIV -Comité d'Information (sic) des Viandes- avec Sandrine Quettier réalisé avec le soutien du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation, alors que par ailleurs comme le rappelle le Site de Marianne cette campagne est en contradiction avec les campagnes de l'INEPS (Institut national d'éducation et de prévention à la santé) qui conseille de bouger et de manger 5 fruits et légumes par jour.

11 commentaires:

  1. J'ai entendu les spots radios sur France Inter. J'étais atterrée ...

    La période de fêtes en particulier avec les supermarchés qui débordent de produits animaliers est une honte. On a l'impression que la souffrance qui se cache derrière cette abondance est palpable.

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  2. Cette semaine, un loup a été retrouvé mort, illégalement tué, près de chez moi: http://www.leprogres.fr/fr/region/le-rhone/rhone/article/4319711/Nord-Isere-un-loup-retrouve-dans-un-sac-plastique.html. Un autre avait été abattu, il y a cinq ans, légalement si on peut dire, puisque l'autorisation avait été donnée au mépris des textes. Pour faire monter l'excitation, le journal local avait écrit qu'il s'était attaqué à DES BOVINS, alors qu'il avait en réalité tué un veau nouveau né.

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  3. Une fois de plus je réponds par la santé humaine puisque l'empathie envers les animaux ne semblent pas avoir le moindre impact. Voilà une vidéo terrifiante sur les conséquences de la consommation de viande, de poisson et de produits laitiers sur la physiologie humaine : http://terreetmer.canalblog.com/archives/2009/10/14/15391435.html
    C'est une réponse excellente à tous les missionnaires de la consommation carnée.

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  4. @ Euterpe et Héloïse : les fêtes des trois religions du Livre se célèbrent dans le sang des animaux, à tel point que ça fait tituber ! Et tant pis si je suis lourde sur le sujet mais dans ma région truffée d'abattoirs, je ne sens plus que les mauvaises vibrations ! De plus le consumérisme égoïste de Noël me fatigue.
    @ Cultive ton jardin : Je sais, les méfaits des braconniers qui haïssent le loup car ils ne gagnent pas d'argent en faisant cela, ils risquent de lourdes amendes et la prison ; et mon billet fait effectivement référence à cet arrêté préfectoral parfaitement indigne et illégal d'il y a quelques années !

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  5. Alors, la FNSEA et certains gros agriculteurs y adhérant, c'est une HONTE pour certains agissements illégaux par ici et d'ailleurs, il faudra que j'en parle à l'occasion. Mais comme ces gens sont potes avec des membres du gouvernement en place, on ne sanctionne pas.

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  6. @ Angèle : mais oui, il faut que tu en parles ! C'est intéressant. Jean- Michel le Métayer vient de démissionner, il est remplacé par un céréalier (Xavier Beulin) contrairement à l'habitude où ils s'élisaient un président agriculteur moyen (JM Le Métayer est un éleveur breton) ; avec Beulin ils se présentent à visage découvert : grosses exploitations, agro-business et course massive à l'industrialisation et encore plus de disparition de ce qu'il reste d'exploitations "familiales" moyennes.
    Et c'est vrai qu'ils ne sont pas clairs en matière de gestion, Luc Guyau, le précédent président qui avait une plainte aux fesses pour abus de biens sociaux vient d'être renvoyé en correctionnelle. http://www.boursier.com/vals/ALL/luc-guyau-ex-president-de-la-fnsea-renvoye-en-correctionnelle-feed-31723.htm

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  7. @ Emelire : tout à fait d'accord avec toi, les sollicitations à manger son innombrables. Je me demande d'ailleurs, les diktats de la minceur après ceux du repas équilibré nécessairement à base de viande obligatoire à fournir à la famille, combien de femmes sont atteintes de valvulopathie après le scandale du Mediator, et combien en sont mortes ? Ce serait intéressant d'avoir les chiffres, puisque ce sont les femmes qui sont ciblées par les marchands de perte de poids...

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  8. Emelire, c'est exactement ce que je disais à mon fils hier, qu'on se mettait à table sans faim mais parce que c'est l'heure (en gros,on discutait de ceux qui n'ont rien à manger et de ceux qui ont trop). J'ai l'impression qu'on passe nos journées à manger et qu'on ne parle que de ça. Ca commence au berceau avec les laits vitaminés et ça finit dans les hospices nourris de force par un tuyau...

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  9. Si je peux m'immiscer : effectivement on mange trop, mais pas tout le monde ! L'hémisphère Sud, les pays du Tiers-monde (1 milliard d'humains en tout état de cause) soit ne mangent pas à leur faim, soit meurent de famine ! Le partage est extrêmement mal fichu. Et le Nord mange trop.

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  10. Ce qui me révolte le plus dans cette publicité, c'est le rejet de l'autre. Des réactions comme celle des deux loups, il y en a tous les jours dans la vraie vie. Pour des raisons religieuses, d'orientation sexuelle, etc... Au pire, Charal fait sa publicité en oubliant le sort des éleveurs (une publicité est faite pour contrer la concurrence possible) mais ce qui est fou, c'est que cette marque ose véhiculer des valeurs comme le rejet de l'autre. Toutes les publicités Charal utilisent les stéréotypes sur la femme, l'homme carnassier et j'en passe ! Se différencier de la concurrence est une chose, utiliser des valeurs méprisables pour faire passer son message en est une autre...

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  11. @ anonyme : merci de votre passage. Excellente analyse sur l'ostracisation de l'autre. Les messages de Charal ne sont pas faits pour se différencier de la concurrence. Charal véhicule le stéréotype du mâle hétérosexuel dominant oppresseur des femmes qui se doivent de le servir debout dans la cuisine ! Et lui servir ce qu'il demande : de la viande que les femmes mangent moins ou... pas quand elles sont pauvres.

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