Emelire, Héloïse et Olympe ont écrit à raison un billet pour exprimer leur indignation sur le fait que la Ligue des droits de l'homme s'est exprimée en condamnant plus franchement l'homophobie du texte d'un groupe de rap dont le nom est emprunté aux SA, la milice privée d'Hitler, signalé dans les commentaires par Euterpe (SA : Sturmabteilung, section d'assault), que celui d'Orelsan le rappeur caennais qui exprimait son ressentiment en termes odieux et extrêmement violents à l'endroit de sa petite amie, rappeur contre la prestation "artistique" duquel j'avais manifesté toute une après-midi et toute une soirée à l'époque.
Le fait déjà qu'un groupe de rap puisse emprunter son nom à un groupe paramilitaire nazi sans que cela soulève d'émotion en dit long sur l'apathie et la régression de l'époque.
Je pense également que la Ligue des droits de l'homme porte un nom qu'on doit lire de façon totalement littérale. Elle défend les hommes (mâles) et certainement pas les femmes ; d'ailleurs, en cette occurrence, les homosexuels visés par ces propos ignobles et violents sont des hommes -qu'il faut défendre, on est bien d'accord. Les rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen de 1789 ne tenaient certainement pas les femmes comme faisant partie du groupe humain dont ils défendaient les droits. La preuve, c'est qu'Olympe de Gouges a pensé devoir écrire une Déclaration des droits des femmes et de la citoyenne qui est une proclamation authentique de l'universalisation des droits humains ! C'est que vu de l'époque, les femmes faisant partie de l'humanité n'était pas une idée allant de soi. Et les pesanteurs culturelles et historiques sont fortes, et elles persistent dans la langue ! Les psychanalystes dont je me méfie des discours à l'endroit des femmes et des mères, disent en revanche cette phrase : "Il faut écouter le langage". Le langage dit homme, il ne dit pas humain, et encore moins femme. Et les majuscules n'y changent rien. Christine Delphy écrit dans L'ennemi principal que, pas de doute, en faisant référence aux hommes et leur façon se se percevoir, "l'espèce humaine, c'est eux" ! Et on apprend soi-même, en expérimentant un peu, que tout ce qui ne leur tombe pas directement sur les pieds, ça n'arrive tout simplement à personne !
Il faut donc changer le langage : droits humains me paraît tout à fait indiqué ; coup de chance, on n'a même pas à inventer un mot : le conservatisme de la langue française la rend rétive aux changements et toute féminisation, y compris en ajoutant un E au bout d'un mot est toujours considérée dans une majorité de cas comme inutile, voire nuisible à la cause des femmes (!!!), l'exemple de sororité que j'emploie pour féminiser fraternité est une bonne illustration ! Mais puisque humain existe sans discussion, utilisons-le. Cela aura aussi le mérite de rendre la langue plus précise et moins sexiste. C'est agaçant de devoir préciser en permanence pour être bien comprise que par "homme", on entend une sous-catégorie de l'espèce humaine !
Je rappelle d'ailleurs le slogan d'Amnesty International qui pose une double insistance : Les droit humains s'accordent AUSSI au féminin ! Ce qui est terrifiant, c'est qu'il faille sans arrêt le rappeler.
Pas si loin du sujet précédent, trouvé dans Les Nouvelles News le verdict d'un procès fait à Madame LAUVERGEON Présidente d'AREVA, pour avoir osé dire au Women's Forum l'année dernière qu'en matière de recrutement, la primeur n'irait plus "au mâle blanc" ; plainte immédiatement déposée pour discrimination contre le mâle blanc donc, par l'AGRIF, une association chrétienne pour le respect de l'identité française (SIC) : ils ont été déboutés. A rapprocher des plaintes déposées à la HALDE par des hommes qui jugent inéquitable que seules les mères de trois enfants aient droit à compensation lors du départ à la retraite. Ils osent tout, eux, et ils sont tellement sûrs de leur bon droit (ce que nous devrions être aussi) !
Madame LAGARDE, Women's Forum approchant, et les résultats du Global gender gap report n'étant pas du tout favorables à la France (46ème, ça la fiche mal pour donner des leçons de maintien au reste de l'humanité !) se lance aussi dans la controverse.
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Le Canada a renommé les droits de l'homme "les droits de la personne". Pourquoi ne reprend-on pas cette dénomination-là ?
RépondreSupprimerhttp://www.unac.org/droits/guide/canada.html
"Ligue des droits de l'homme porte un nom qu'on doit lire de façon totalement littérale."
RépondreSupprimerJe crois qu'on peut même ajouter:
droits de l'homme blanc hétéro et...pas trop pauvre.
@ euterpe : droits de la personne me va très bien aussi.
RépondreSupprimer@ mehabel : complètement d'accord ! D'ailleurs Olympe de Gouges avait aussi milité pour les droits des noirs, déjà à l'époque !
En anglais: Human Rights
RépondreSupprimeren espagnol: Derechos Humanos
en danois: Menneskerettighederne (mennesker=les gens)
en francais du Québec comme le rappelle Euterpe à juste titre: Droits de la personne
Il n'y a guère qu'en francais de France qu'on parle toujours d'homme. Mais bon, c'est qu'un détail hein, comme d'hab. Ecoeurant.
Et pour compléter la liste d'Alice :
RépondreSupprimerEn allemand : Menschenrechte
En allemand (comme en danois) du mot "Menschen" qui désignent tous les êtres humains sans distinction de sexe, et de "Rechte" : droits.
@ Alice : un détail... qui démontre une incapacité à faire un aggiornamento nécessaire, et que nos voisins ont fait, tu as raison.
RépondreSupprimer@ Euterpe : même remarque qu'à Alice !
RépondreSupprimer"l'apathie et la régression de l'époque"
RépondreSupprimerDe la gauche et de l'extème-gauche de l'époque, je dirais.
ça m'amuse un peu de lire "droits de l'homme blanc hétéro et...pas trop pauvre." : c'est bien le cas de ses "potes" altermusulmondialistes. Précisément ceux qui cerclent de silence, qui eldéhachent et qui s'émeuvent bien davantage pour 10000 expulsions par an (concernant pour plus 90% des hommes) en France métropolitaine (en réalité les 2/3 ont lieu à Mayotte), les morts d'"issus de" (pas toujours des enfants de choeur) dans des bavures policières que pour les 160 mortEs par an de violence domestique, soit 40 fois plus en 20 ans que de morts dans les dites bavures policières.
@ Floréal : alors disons aussi la complaisance de l'époque : on n'expulse en effet que les "indésirables" : il y a en Bretagne un petit village dont on loue sur TF1 dans un sujet que l'ai vu récemment la capacité à intégrer des émigrants ! Il s'agit d'une ville de 10 000 ha environ qui fait venir des maliens, tous du même village pour travailler à.... l'abattoir, seul employeur de la ville. On leur donne immédiatement carte de séjour, carte de travail : ils font le travail que les bretons ne veulent plus faire, car travailler dans un abattoir, c'est un très sale boulot au propre et au figuré. Leur enfants gazent parfaitement bien à l'école : quand on leur demande, ils disent qu'ils veulent réussir, s'intégrer pour "ne pas avoir à travailler à l'abattoir comme papa" ! Un jour ou l'autre, il y aura bien un imbécile oublieux de pourquoi on est ALLES LES CHERCHER qui leur dira de "rentrer chez eux". Donc, il y a bien des gens plus égaux et avec plus de droits que les autres ! A part cela, bien d'accord avec toi pour ne pas faire silence sur les 160 mortes par an au sein de l'endroit où elles devraient être en sécurité : leur foyer !
RépondreSupprimerSi les salaires et les conditions de travail étaient meilleurs, il n'y aurait pas besoin de faire venir de maliens ni qui que ce soit, il y a les bretons au chômage.
RépondreSupprimerLa question de l'immigration et les problèmes que cela pose n'est jamais à rejeter sur la population mais sur les patrons, qui j'immagine bien n'a pas demandé à la population s'ils préféraient se voir proposer un salaire décent ou rester au chômage pour faire venir des maliens à leur place et pour moins cher. De même que ce n'est pas à la population de payer les frais de l'immigration mais au patronat.
@ Floréal : les abattoirs comme toutes industries sont délocalisables, menace qui maintient les salaires bas et les subventionneurs (Région, Europe, collectivités locales...) mettent facilement la main à la poche pour les maintenir sur place. Le solide rempart contre les délocalisations, ce sont les protecteurs des animaux qui maintiennent une pression forte sur les industriels en faisant un gros lobbying contre les longs transports d'animaux qui doivent faire parfois des milliers de km en bateau, cargos, transports routiers pour aller à l'abattoir (!) ce qui est proprement inhumain ; les associations de protection animale n'en veulent pas. Aussi, on maintient les emplois sur place mais on fait venir de la main d'oeuvre immigrante prolétaire d'ailleurs, et le tour est joué. Salaires bas maintenus, subventions aussi (l'abattoir finistérien DOUX est un des plus grands récipiendaires de subventions européennes pour fournir les pays du Moyen-Orient en poulets PAC (Politique Agricole Commune) bretons bas de gamme congeles) et quand on ne trouve pas la main d'oeuvre sur place, on la fait venir de pays en voie de développement, et le tour est joué ! Le chantage à l'emploi est devenu une sale habitude des employeurs, et marche très bien dans un pays où le chômage est maintenu à dessein endémique. Ils gagnent à tous les coups, et maltraitent tout le monde : humains et animaux. J'ai une amie secrétaire qui a travaillé chez Doux sur la chaîne de découpe pour ne pas rester au chômage et qui me sert bien maintenant d'informatrice quand j'ai besoin d'infos :-)))
RépondreSupprimerJe suis un homme très féministe malgré tout.Pour en rajouter, en orthographe le masculin l'emporte sur le féminin et le féminin c'est la masculin plus un E terminal, alors que la logique voudrait que ce soit le féminin moins le E.(régle plus facile à retenir, pensez y pour vos bambins)L'éducation nationale (ou pas) est d'abord concue pour les hommes.
RépondreSupprimer@ Anonyme : Merci de votre commentaire qui élargit le débat ; en effet, cette règle du masculin l'emportant à tous les coups sur le féminin est délétère à plein d'égards !
RépondreSupprimer"L'éducation nationale est conçue pour des hommes" : et pourtant ce sont des femmes qui assurent les cours en majorité : elles devraient pouvoir imposer un point de vue féminin/féministe, et pourtant cela ne se produit pas car les femmes n'ont "pas le pouvoir de donner des noms".