lundi 11 janvier 2010

La Domination Masculine


J'ai enfin vu la Domination masculine de Patric Jan, distribué dans des conditions étranges dans ma ville, dans un cinéma qui n'en a pas fait la promotion -pas d'affichage- et dont la diffusion habituelle n'est tellement pas ce type de film que j'ai failli le rater ; c'est en cherchant les horaires de Bright star sur allocine.com que je suis tombée par hasard sur La domination masculine dans cette salle où je ne l'aurais jamais cherché !
Bizarre, bizarre, cette contre-programmation : j'en ai discuté avec la patronne de la salle sur laquelle j'ai eu la chance de tomber par hasard (?) : d'après ce que j'ai compris, ils se sont refilé le film en faisant des compromis entre cinémas ! Et vive la concurrence. C'est inouï d'entendre des choses comme cela : exclusivités chères en VO pour certains, en contrepartie, tu me prends la domination masculine, mais comme il sort en retard sur la programmation nationale, il n'y a plus d'affiches, donc pas d'affichage !
Quoiqu'il en soit, nous étions quelques spectateurs ce dimanche matin dans la salle, autant de mecs que de nanas, d'après ce que j'ai pu voir. J'ai beaucoup aimé ce documentaire super bien filmé -je suis cinéphile et très tatillonne sur la qualité des images ! Il présente une analyse assez complète et fine du programme politique de la domination des femmes par les hommes. Après une scène de consultation chez le chirurgien pour une augmentation pénienne « un centimètre en plus sur le pénis, ça fait un kilomètre de plus dans la tête », et quelques pénibles images chirurgicales, on est passés au dressage social des filles avec des jouets genrés, et justification par un employé d'un magasin spécialisé très connu, persuadé de la justesse de ses arguments. Hormis les balais et dinettes spéciaux filles, figurez-vous qu'on fait maintenant des jouets odorants : fraise pour les filles et.... (obtenue en grattant) odeur de poubelles et de chaussettes pas propres pour les garçons. J'ai failli m'étouffer ! Il y a eu une séance de speed dating où des femmes expliquent qu'elles préfèrent être « protégées », dominées par un mâle à statut social supérieur au leur, c'est plus valorisant pour elles. Chacune ses plaisirs, décidément.

On a enchaîné sur des témoignages de femmes battues, certaines âgées, violentées depuis plus de 20 ans par le conjoint, une danseuse effeuilleuse qui expliquait très finement qu'elle prenait sa revanche sur les hommes en faisant ce métier puisqu'elle avait été vicitime d'un viol à l'adolescence. On a enchaîné sur une terrifiante collection de masculinistes expliquant leurs raisons -comparaison du féminisme avec le nazisme, féminisme fin de l'espèce humaine (eux, évidemment !), féminisme et génocide- bref, le féminisme est responsable de tous leurs maux, de ceux de la société et rime avec la fin de la Civilisation. En final, nous assistons à une commémoration de la tuerie de Montréal perpétrée par Marc Lépine en 1989, visant les élèves ingénieures de l'Ecole Polytechnique, après les avoir séparées des garçons.

Last but not least, indroduction et conclusion du film sur une impressionnante collection de phallus littéraux ou métaphoriques : borne de routes, tours de bureaux, glaces au chocolat, icônes antiques, statuaire, phallus dans tous leurs états, et dont nous sommes perpétuellement environnées, à tel point qu'on ne s'en rend plus compte.

Je recommande ce film à tout le monde : hommes et femmes. Il met à nu et fait voir une réalité sournoise, envahissante, pernicieuse et tellement acceptée que plus personne n'arrive à rien distinguer de ce qui est devenu la norme. Pour le pire.

La pratique de la virilité est incompatible avec la vie sur la planète ». Kate Millet in Sexual politics (Politique du mâle) 1969 Points Stock

Le site du film

Le blog de Patric Jean

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