mardi 7 janvier 2020

Quand la forêt brûle : les megafires, une menace pour l'humanité ?

Comme les incendies qui durent depuis des mois en Australie vont s'éteindre en février PARCE QU'IL PLEUT, -ce fut le cas lors du Camp fire en Californie en 2018 qui n'a cessé que grâce à la pluie-, après les mois d'efforts des pompiers soldats du feu, de leurs engins sophistiqués et de leur volonté combattante, je viens de terminer de lire cet ouvrage écrit par la philosophe Joëlle Zask.


Malgré l'évocation par plusieurs victimes de la "volonté de Dieu" : "Comment Dieu peut-il emporter une ville qui s'appelle Paradis" (Paradise, Californie, brûlée intégralement, ses 5000 habitants dispersés dans des pavillons dans les bois à l'automne 2018, chassés par des megafires), s'interroge une témoin, le feu est un être social écrit Joëlle Zask (JZ). Sans le feu, l'humanité ne serait pas ce qu'elle est. Depuis qu'elle a appris à le transporter, puis à l'allumer et l'éteindre, elle fait tout avec : cuire ses aliments (ce qui libère l'énergie de la digestion pour que notre cerveau s'occupe à autre chose) puis défricher et cultiver la terre (cultures ancestrales sur brûlis pratiquées par les Primitifs encore aujourd'hui), pour faire la guerre. Le feu est indissociable de l'humanité.

Pourtant notre lutte contre les feux provoqués par le réchauffement climatique (pour JZ il n'y a aucun doute) convoque un complexe (militaro)-industriel de "soldats du feu", hélicoptères, retardants, extincteurs, canadairs, réserves d'eau..., tout un arsenal guerrier pour un coût abyssal (3 milliards et demi de dollars pour la seule Californie en 2018) ; malgré cela, la lutte semble perdue. Les mégafeux ont leur propre comportement, provoquent des tornades, sautent des dizaines de mètres, reviennent en arrière, sidèrent les populations humaines et animales, sont proprement invincibles, car seule la pluie les arrête. Normalement cela devrait soigner l'hybris de l'espèce humaine qui est entrée non dans l'anthropocène mais dans le pyrocène, l'ère des megafires, nous dit JZ. Ils sont tellement inquiétants que la NASA en surveille les occurrences avec ses réseaux de satellites, prenant la menace qu'ils posent à l'espèce humaine très au sérieux.

Savez-vous que plus de 80 % des incendies sont pourtant d'origine humaine ? Mis de côté le réchauffement climatique anthropique qui les favorise en desséchant la végétation, ils sont provoqués pour un tiers d'imprudences (mégots de cigarettes, barbecues mal éteints...,) et tout le reste par des actes de malveillance, y compris les incendies criminels industriels tels que ceux de la forêt indonésienne pour planter des palmiers à huile, et ceux de la forêt amazonienne à l'été 2019, pour y implanter des bovins d'élevage. Plus les pyromanes (pervers) et les incendiaires crapuleux qui incendient par vengeance ou par cupidité (escroquerie aux assurances) et même des actes terroristes (pyro-terrorisme : la guerre des ballons de la terreur menée en 2018 par le Hamas contre Israël qui résulta en incendie d'une réserve d'animaux), son chapitre le plus inquiétant.

Joëlle Zask plaide pour une troisième voie opposée au binarisme actuel : d'un côté les aménageurs brutaux en lutte perpétuelle et mortelle contre la nature qui exploitent les forêts en plantant en rang d'oignons une seule essence (sapins de Douglas, pinèdes inflammables), déforestant pour de la viande, de la pâte aux noisettes chocolatée..., ou pour le tourisme de masse ; de l'autre, les écologistes dogmatiques et raides qui veulent qu'on foute la paix à la nature en créant des sanctuaires où on la laisserait se débrouiller seule, alors que ce que nous appelons "la nature" résulte en réalité de millénaires de transformation par les humains. JZ plaide pour que nous cultivions, entretenions en gens responsables les espaces dits naturels pour nos besoins, à condition que ceux-ci n'excèdent pas ce qu'elle peut produire. Elle propose aussi une belle réflexion sur les paysages qui nous façonnent, sur les traumatismes induits pour de longues années chez les gens et les animaux victimes des feux, qui ne reconnaissent plus rien après l'"abomination".

" L'homme n'est pas le souverain de la nature, mais son accompagnateur et son assistant. Il partage avec elle un même futur. "

Un petit livre de 180 pages, absolument passionnant et assez terrifiant ! 17 euros chez Premier Parallèle Editeur. A lire. Mon billet n'est qu'un court résumé.

Lien : Atlas des feux de la Nasa " qui envisage très sérieusement l'hypothèse d'un incendie à l'échelle mondiale, insistant sur la proximité grandissante des foyers et l'augmentation constante des risques de mégafeux en raison de la faible humidité de l'air, de vents plus forts, et de températures estivales extrêmes. "

Les citations de l'auteure sont en typographie rouge.

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