mardi 31 décembre 2019

Ragondins, "nuisibles" et incohérences

Bouteilles plastique PET glissant doucement dans la Vilaine et ses canaux, canettes de bière, bouteilles de vodka, toutes sortes de déchets d'emballages alimentaires certains contenant encore de la nourriture, sacs plastique, mégots de cigarettes en bas de logements où les gens fument à la fenêtre pour ne pas enfumer l'entourage, ou sous les porches des entrées pour ceux qui descendent : que je marche à pied dans n'importe quel quartier, ou que je me gare sur les parkings des zones industrielles ou artisanales que je fréquente, sur les parkings de mes cinémas aussi, sur les bords des routes, je ne vois que des traces dégoûtantes de l'espèce humaine qui décidément mange et boit dehors, à n'importe quelle heure, même l'hiver. J'ai nettoyé pas mal de parkings cet été ; il y a même une zone industrielle qui a été nettoyée par moi seule apparemment, deux étés de suite, mes sacs restant aux endroits où je les avais mis des semaines d'affilée ! La semaine dernière, dans les fossés remplis d'eau, les bouteilles, les canettes flottaient dans l'eau, car nous avons eu des inondations. Un crève-cœur. Personnellement, je ne supporte plus. C'est à un point où si je trouvais un texte de loi permettant d'attaquer la municipalité en justice, je tenterais ma chance. De quel droit mes contemporains m'infligent-ils de me déplacer dans leurs saloperies ?
Je suppose que si j'habitais Tours, Nantes ou Paris, je serais fondée à faire les mêmes remarques ; à Paris, c'est certain puisque, aux parisiens râlant que Paris est sale, Anne Hidalgo répond que ce n'est pas Paris qui est sale, ce sont les parisiens. Je plussoie, ce sont les administrés des villes qui sont sales et irresponsables. Le pire, c'est qu'eux ont des descendants, alors que moi qui ne jette rien, je n'en ai pas, malgré cela je me trouve plus responsable vis à vis des générations futures, s'il y en a.

Pendant ce temps, des battues de chasse, des campagnes de dératisation, de lutte contre les pigeons des villes, contre les sangliers qui ravageraient les récoltes des agriculteurs, voire les plates-bandes en ville, sont organisées par les préfectures et les municipalités pour lutter contre les animaux liminaires. Les animaux liminaires sont les animaux sauvages qui vivent parmi nous : rats, souris, ragondins, pigeons, goélands, pies, corneilles, hérissons, renards et même sangliers..., dans nos villes. Or, nous les nourrissons ces animaux, par nos tas d'ordures, nos emballages de nourriture à moitié pleins, disséminés partout ; ensuite ils sont déclarés illicites, car considérés "sales", vecteurs de parasites, ou de maladies, alors que ce sont des sortes de réfugiés opportunistes qui viennent en ville parce qu'ils y trouvent des ressources alimentaires, et qu'on devrait les considérer comme des résidents temporaires ou permanents. Ils ont mauvaise réputation, d'autant que les élus leur taillent régulièrement des costards pour mieux déclencher contre eux des campagnes d'éradication. Pour éviter qu'ils "prolifèrent" (il n'y a jamais qu'eux pour proliférer bien entendu !) il suffirait de ne pas les nourrir, d'arrêter de jeter des reliefs alimentaires partout, de manger au restaurant ou chez soi, d'éviter de sortir et d'abandonner de la nourriture dehors, et d'arrêter la production de matériel à usage unique.

Le radicalisme suprémaciste humain et l'irresponsabilité citadines sont tels que des pièges à "dératisation" ont été disséminés sur les chemins de halage devant certains immeubles bordant la Vilaine. Je suis allée les retourner avec d'autant moins de remord que ces imbéciles n'ont même pas pris le soin de nettoyer les endroits où ils sont disposés, des détritus que l'espèce humaine y a laissés. Qui est le sale dégoûtant dans l'affaire ? La vertu ne paie pas, Mesdames ; à moi, on ne construit pas de skate parks ni de stades de foot pour calmer mes éventuelles frustrations. Je n'arrive pas à la cheville de certains en matière d'incivilités. Donc, que mes contemporains citadins commencent eux à devenir vertueux.

Un aperçu du malaise : des pièges disséminés au milieu des déchets des humains :


Un sac plastique qui sera à la Roche-Bernard, estuaire de la Vilaine, c'est à dire dans l'Océan Atlantique, dans trois semaines ou trois mois !
De même que les déchets de toute sorte bloqués par les écluses :


Des rubans de sacs plastique accrochés aux racines et aux branches flottant dans la rivière :


Et au milieu de tout ça, plusieurs pièges à rats ou ragondins de deux types différents dont celui-ci :


J'ai choisi mon camp : je ne supporte plus ces exactions. Ces pièges contiennent du poison, ils sont indiscriminants, c'est à dire que des chats, des chiens, de pigeons, des canards, des poules d'eau..., peuvent s'y fourrer et s'y empoisonner.

Outre la nécessité de sévir pour stopper les jets ou dépôts d'ordures dans les espaces publics et de nature (on ne trouve plus de crottes de chiens en ville, c'est donc que c'est possible !), il est temps de donner un statut juridique aux animaux, c'est la seule façon de contrer les exactions arbitraires et incohérentes des humains à leur encontre, de préserver ce qui est encore vivant de l'invasion humaine, de la destruction de leurs habitats en artificialisant, et après, en leur faisant la guerre en déclarant qu'ils y sont indésirables, alors qu'ils en étaient souvent les premiers occupants. Je propose le schéma des auteurs de Zoopolis, Sue Donaldson et Will Kymlicka, philosophes :

Animaux sauvages : nations souveraines (cela les mettrait à l'abri de nos intrusions insupportables)
Animaux liminaires : résidents 
Animaux domestiques : citoyens. 

Je ne vois pas d'autre façon d'arrêter le biocide en cours sous nos yeux. Il est temps d'arrêter cette guerre, temps de leur faire une place en réduisant la nôtre. A moins que nous ne voulions d'une planète où il n'y aurait plus que nous ?
Je souhaite aux amis des animaux, à leurs défenseurs, aux activistes de tous poils, aux autres bienveillants et de bonne volonté, une heureuse année 2020.

VIDEO capturée sur Twitter :)
Vivement 2077, qu'on utilise enfin de vrais moyens industriels définitifs pour nous débarrasser de toutes ces "sales bêtes" qui nous environnent !


2 commentaires:

  1. Merci, c'est très intéressant, ce parallèle entre la pollution par déchets et l'hostilité envers les animaux liminaires qui en vivent. Peut être que le fait que les ordures favorisent la prolifération des animaux dont ils ne veulent pas la présence serait un bon argument pour que les collectivités entreprennent plus de nettoyage et de formation des citoyens. Pour ce qui est de convaincre de la nécessité d'accueillir les animaux liminaires parmi nous et de laisser aux animaux sauvages leur espace vital, c'est un autre boulot, à priori. Et pourtant, moins voire plus (du tout) de déchets dit moins d'animaux donc ça pourrait être aussi un premier pas vers une acceptation de ces animaux. En parallèle avec le fait d'apprendre à respecter la nature environnante (plus -du tout- de déchets), qui permettrait peut être aux humains d'admettre qu'elle n'est pas que pour eux/nous. Je vais lire le bouquin Zoopolis, merci (et merci pour tous vos articles et posts twitter !)

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    1. Merci de votre passage et de vos encouragements. Il est démontré que les rats, pigeons, tourterelles turques (arrivée vers les années 20 du XXème siècle), goélands... sont des commensaux de l'espèce humaine : ils vivent tous de nos déchets, décharges, labourages (voyez les goélands suivre un engin agricole en train de labourer) ; en réduisant nos décharges, leur population qu'on accuse de proliférer se réduirait. Il ne s'agit pas de faire la guerre aux animaux, il s'agit juste d'être dans la mesure, autant nous qu'eux. Moi, je les adore tous et j'aime les rencontrer. Ce qui est insupportable, c'est l'hybris annapurnesque de l'espèce humaine qui décrète qui doit vivre et mourir. Zoopolis est désormais traduit en français. C'est une proposition philosophique et politique sur la place des animaux dans la Cité (polis).

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