Sexualité des femmes et échange économico-sexuel - Paola Tabet, anthropologue.
Chapitre 2 : La prostitution - Citations
Raymonde Arcier : Mère et Petite mère - Kapok et tissu - 2m60 et 1m80 de haut - 1970
Rappel des éléments connus :
" 1. Dans le monde entier, il y a une concentration absolue ou presque des richesses entre les mains des hommes ;
2. Les femmes effectuent bien plus de la moitié des heures de travail ;
3. La "dépendance économique" des femmes est endémique ;
4. L'échange économico-sexuel est une constante des rapports entre les sexes. "
Les "dents de la prostituée" ou sa capacité de négociation : transforme-t-elle une relation exploiteuse en relation réciproque ? Autrement dit a-t-elle une capacité de négociation ?
En allant écouter les habitantes d'une maison de femmes au Nigeria, des femmes ayant fui un mauvais mariage avec l'impossibilité de retourner dans leur famille originelle qui les reconduirait immanquablement chez le mari pour honorer le contrat de départ de cession de l'épouse, on se rend compte qu'il s'agit pour elles d'une émancipation : elles choisissent leurs amants, elles négocient le prix des relations sexuelles, affectives, matérielles, qu'elles auront avec un ou plusieurs amants. Les plus chanceuses se verront offrir un stock de marchandises, un fond de commerce, une maison..., par un homme riche contre services sexuels, domestiques, ou affectifs. Certaines peuvent même réserver leurs services à un seul homme qui leur permettra, en leur donnant un petit capital, de s'établir. Il s'agit de prostitution, à l'égale de la "danseuse" ou amante entretenues par un riche commanditaire, comme il en existait ou en existe encore certainement chez nous.
Mais, ce sont des fuyardes, des femmes en itinérance, écrirait Dworkin :
" Pour beaucoup d'entre elles, la migration est d'abord une fugue (parfois réitérée), refus d'un mariage imposé par la famille ".
" Souvent, ces jeunes femmes ou ces fillettes s'enfuient de nuit, parcourant des kilomètres et des kilomètres, faisant des chutes graves, croisant des animaux dangereux. "
" C'est dans le cadre d'une recherche d'autonomie que peuvent s'inscrire les migrations considérables de femmes vers les villes, où elles subsistent grâce à la rétribution de multiples relations, plus ou moins rigoureusement tarifées ou quantifiées..."
Mais la rupture de l'institution matrimoniale est inacceptable pour les hommes.
" par cette utilisation personnelle de leur corps sexué, elles se soustraient au travail gratuit et accèdent à une autonomie économique ". Il s'agit " d'une échappée hors du rapport d'appropriation privée. Les réinsérer dans ce rapport devient donc un but prioritaire de la politique des hommes. Le moyen en est la répression ". N'ayant pas de mâles gardiens connus, on leur impose des règles semblables à celles appliquées aux chiens errants : on les accuse de disperser la rage -dans leur cas, des maladies vénériennes. Toutefois, la société tente des accommodements, des réglementations récupérant les profits générés par la prostitution : " dans les villes du Sud-Est de la France au XVème siècle, le recrutement ou l'entrée obligée dans les bordels se faisaient par le biais de la pratique répandue du viol collectif qui valait à la femme la marque de putain et qui touchait évidemment des femmes se trouvant dans des conditions de marginalisation sociale (étangères, veuves, femmes abandonnées...), en Chine, le système pénitentiaire recrutait des prostituées chez les femmes condamnées et leur parentes ; encore actuellement, le recrutement de prostituées se fait par la coercition ou la fraude. Ce commerce est contrôlé par des proxénètes free lance, ou organisés en réseau.
" Toutes ces formes-là visent donc à rentabiliser l'aspect de service et à récupérer intégralement au profit des intérêts masculins chaque aspect de transgression et d'irrégularité privant les femmes de tout contrôle et même les soumettant directement à l'exploitation dans un système parallèle à celui du mariage ". Mariage et bordel utilisent le service sexuel, l'un est admis, l'autre est générateur pour les femmes "d'infériorité sociale et de stigmatisation".
" La définition de l'OMS qui considère que la prostituée est une femme qui offre des services sexuels contre rémunération ne tient pas, cite Paola Tabet. En effet recevoir une compensation de l'homme avec qui l'on a des rapports sexuels est une constante, quel que soit le type de relation. "
La grande arnaque : Censure, spoliation de la sexualité des femmes :
" Dans un contexte général de domination des hommes sur les femmes, les rapports entre les sexes ne constituent pas un échange réciproque de sexualité. Un autre type d'échanges se met en place : non pas de la sexualité contre de la sexualité, mais une compensation contre une prestation, un paiement contre une sexualité largement transformée en service. L'échange économico-sexuel devient ainsi la forme constante des rapports entre les sexes et structure la sexualité même ".
" Une chose paraît si normale et si évidente qu'elle n'est même pas spécifiée : c'est que les demandeurs sont des hommes et que les fournisseurs de la "marchandise" sont presque toujours des femmes ou bien, quand ce sont des hommes, ils la fournissent presque à 100 % à d'autres hommes."
" Puisque le sens de l'échange -de qui provient la "marchandise" et à qui elle va- est fondamental, il vaut alors la peine de l'écrire en toutes lettres et de se poser une question simple mais peut-être très éclairante : comment l'homme le plus pauvre, y compris plongé dans les situations les plus misérables, peut-il se payer le service sexuel de la femme la plus pauvre ; alors qu'au contraire la femme la plus pauvre, non seulement ne peut se payer des services sexuels, mais, peut-on dire, n'a même pas droit à sa propre sexualité ? ".
Raymonde Arcier - Le Patriarcat - Collage
Ressources : image sur le site de Raymonde Arcier
La grande arnaque de Paola Tabet sur le site de l'Harmattan Editeur, à lire évidemment, ce billet n'étant qu'un court résumé !
Premier épisode de la grande arnaque : Le mariage.
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La généralisation excessive dessert toujours le propos. Je connais une femme qui se prostitue malgré le fait qu'elle travaille à plein temps. Elle est photographe dans la banlieue londonienne et gagne bien sa vie (2500€) par mois. Elle fait de courts séjours en France comme "escorte". Elle a été mariée 5 ans avec un homme qu'elle n'aimait pas. Pourquoi ? Pour le statut social, la voiture, la maison? En dehors de l'esclave sexuel et de la traite, la prostitution est surtout un rapport pervers aux hommes et à la sexualité. Il s'enracine dans un rapport au père ou au beau père (incestueux bien souvent, physique ou émotionnel). A force de parler de patriarcat, les féministes en oublient leur père...la relation aux parents est décisive pour chaque hommes et chaque femmes dans la manière où il/elle vivra sa relation à l'autre. Lire continuellement que mon point de vue est celui de l'oppression est juste révoltant.
RépondreSupprimerJe gagne le SMIC pour un poste à temps plein et mes encadrants sont des femmes, ce que je vis très bien. Il n'y aura jamais rien de commun entre Melania Trump et une amie roumaine qui est femme de ménage à temps partiel... D'ailleurs le cas Melania Trump est intéressant. Cette femme avait de l'ambition, une carrière et l'autonomie financière. Pourtant elle a choisi d'épouser le type le plus raciste et nauséabond qu'on puisse imaginer. Pourquoi ? Dans un magazine féminin à la question : avez vous épousé Trump pour son argent ? Elle a répondu : pensez vous qu'il m'ait épousée pour ma beauté...
Le problème de votre raisonnement c'est que la majorité des femmes qui sont contraintes à la prostitution sont dans la détresse économique. L'abolition n'est pas la prohibition, mais bien entendu votre activisme provoque à dessein la confusion des deux ; la position abolitionniste dit qu'on doit demander des comptes aux clients, cet angle mort de la prostitution et naturellement les femmes font ce qu'elles veulent de leur corps. Le cas de Mélania Trump n'est pas plus intéressant que celui de n'importe quelle femme qui échange son autonomie contre un mauvais mariage, c'est très courant et cela s'explique par la haine de soi des colonisé-e-s et par le fait que les femmes se croient toute puissante face au patriarcat, alors que c'est tout l'inverse. Merci de votre passage.
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