Elles sont toutes victimes de l'industrie vampire du cinéma, dévoreuse insatiable de chair fraîche.
Préparées au sacrifice sur l'autel du cinéma par une enfance malheureuse avec des parents maltraitants (Maria Schneider, Romy Schneider -juste une homonymie, elles ne sont pas parentes...), recrutées par défaut, elles ne sont généralement pas un premier choix du metteur en scène, elles sont recrutées quelque fois sur un malentendu, parce que l'actrice pressentie à refusé, et comme elles cherchent une porte d'entrée, qu'elles ont le pied mis à l'étrier par un parent insistant (dans le cas de Maria Schneider, c'est son père Daniel Gélin qui fait office), elles sont contentes d'être "choisies" et de fait, sont toutes prédisposées à faire chair à canon, d'autant plus si elles sont très jeunes quand elles rentrent dans la carrière (19 ans pour Maria Schneider quand elle tourne "Tango", film sexe, sans réels dialogues, énorme succès en salle en 1973). Autant dire qu'elles sont désarmées devant les Bertolucci ou Antonioni, déjà metteurs en scène reconnus et recuits.
La reconversion est quasi impossible : une fois qu'elles ont dilapidé l'argent de leur premier et pharamineux cachet, goûté à toutes les fêtes, s'être détérioré la santé dans toutes sortes d'addictions (à l'héroïne pour Maria Schneider), au sexe, à l'alcool, après une ou plusieurs tentatives de suicide (Seberg, Romy Schneider : réussies, Bardot...) ou qu'elles prennent un peu d'âge, soit elles disparaissent des écrans, ou n'apparaissent plus qu'épisodiquement, remplacées par de plus jeunes et plus tendres, soit elles quittent l'industrie en claquant la porte : Brigitte Bardot, qui est bien la seule à avoir réussi, et avec brio en plus, son repositionnement dans un métier totalement différent. Bardot qui sera une des seules, hors la famille, à donner des coups de mains à Maria Schneider quand elle n'a plus un rond, même pour se payer un toit ; c'est Bardot qui lui paie son loyer. Sororité, solidarité, empathie entre anciennes ayant subi la férule masculine. Je sais que Bardot ne validerait pas mes propos : elle n'est "pas féministe, car elle aime trop les hommes" étant une des ses maximes, totalement hors sujet. Autant son obstination et son combat envers les animaux sont nobles et forcent le respect, autant elle dit des stupidités et tient des propos discutables quand elle sort de son sujet de prédilection où on aimerait qu'elle se cantonne. On ne peut pas être compétent en tout. Je pense toutefois que son (sale) caractère et son impétuosité sont les armes qui lui ont permis de réussir sa sortie et son rebond.
Tu t'appelais Maria Schneider, récit écrit par sa cousine germaine journaliste, Vanessa Schneider, à la deuxième personne du singulier "tu", raconte aussi l'histoire d'une famille d'après la "libération sexuelle" de 1968, -libération qui a surtout profité aux hommes- les addictions à l'héroïne, et au sexe, le maoïsme du père de Vanessa Schneider, les rêves et expériences, parfois délétères, d'autres plus joyeuses, tentées par les enfants de 68, ainsi que leurs désillusions.
" Maria ne prononce pas le mot de misogynie. Maria ne fait pas de politique. Maria constate : "Pour les hommes c'est plus facile, ils sont considérés comme des saltimbanques, des marginaux. Quand tu vois des destins comme celui de Romy ou d'autres, tu te poses des questions." Pause, deuxième cigarette : "Des rôles, j'en refuse beaucoup. Il n'y a pas beaucoup de rôles de femmes dignes. On fait toujours exister une femme par rapport à un homme, par rapport à un couple." Elle ajoute, fataliste : Comme partout, ce sont les hommes qui ont le pouvoir au cinéma." [...] Les producteurs sont des hommes, les techniciens sont des hommes, les metteurs en scène pour la plupart sont des hommes, la presse, ce sont des hommes, les agents ce sont des hommes qui te donnent les scripts, qui t'orientent, qui te conseillent. Ils ont tous des sujets pour les
hommes. ".
Maria Schneider est morte en 2011 à 58 ans ; sa filmographie compte tout de même 50 films.
Bernardo Bertolucci vient de décéder à 77 ans le 26 novembre 2018, couvert d'honneurs et de prix. Sur le plateau de Tango, il n'adressait jamais la parole à Maria Schneider, il réglait les scènes du film en concertation avec Marlon Brando qui se piquait aussi de mise en scène. Le tournage du Dernier tango à Paris relance la carrière de Brando considéré en 1973 comme acteur sur le déclin. Il avait 48 ans, Maria Schneider 19.
Trauma Tango : la crique du livre par Libération.
Personnellement, hormis la mise en scène hors décors de studio, je n'aime pas A bout de souffle (Godard - 1960) à cause des répliques cavalières, machistes et violentes de Belmondo à Jean Seberg, et de l'éternelle ode aux mauvais garçons qu'est ce film. Il fera toutefois de Jean Seberg une "égérie" de la Nouvelle Vague. Jean Seberg est morte à 41 ans en 1979, retrouvée inanimée dans le coffre d'une voiture, la police conclura à un suicide.
Il serait temps aussi que l'industrie du cinéma qui prétend employer des artistes (et alors, les artistes seraient au-dessus des lois et du Code de Travail ?) adopte la rationalisation des méthodes de recrutement dont tous les services de ressources humaines se sont dotés ; il est totalement archaïque et inadmissible de recevoir une actrice ou un acteur en robe de chambre dans une chambre d'hôtel, fût-elle une suite ! Il est inadmissible de la faire se déshabiller en entretien d'embauche. Une actrice joue la comédie, qu'elle a en général apprise dans une école de théâtre, c'est un métier, et à ce titre, les compétences des actrices devraient être appréciées et évaluées comme celles de n'importe quel autre salarié.
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Bonjour, votre blog fait partie des rares sites que je connais liés au féminisme radical, branche sous-représentée alors qu'elle est la seule valable dans la mesure où il s'agit du seul courant à proposer une analyse pertinente du mécanisme de la domination masculine. Je suis à la recherche d'espaces de rencontres et de discussion pour les groupes de féministes radicales, pour échanger autrement qu'à travers internet. Toutes les associations prétendument féministes que je trouve dans ma région (j'habite sur Paris) sont liées aux mouvements de l'intersectionnalité, du genre, d'idéologie pro-prostitution ou égalitaristes, bref à des courants anti-féministes selon moi. J'aurais voulu savoir si vous auriez connaissance de groupes féministes radicaux en région parisienne, désolée de poser cette question ici mais mes recherches sur google s'avèrent décevantes et j'ignore qui pourrait me renseigner à ce sujet...
RépondreSupprimerMerci de vos passage, appréciation et commentaire. Je suis en province, pas à Paris. Vous avez raison, on a davantage de féministes réformistes que de radicales, et c'est partout. J'essaie moi de créer de l'influence et de proposer une prise de conscience et des actions,certainement maladroitement -il y a longtemps que les féministes ont tout analysé de l'oppression, l'analyse n'amène plus rien que des choses à la marge. Ou édulcorant les écrits des anciennes genre "la charge mentale" très pertinemment décrite par Delphy dans l'ennemi principal sous la phrase percutante "double journée pour un demi-salaire". Mais on dirait que l'humanité a besoin de réinventer à chaque génération, malgré ses livres, bibliothèques et universités. Si vous avez un compte Facebook, vous pouvez chercher dessus, FB ne vaut que par ses groupes d'après ce que j'avais vu lorsque j'y étais. Je n'y suis plus. Pour le reste, je ne sais pas si elles font des choses ailleurs que sur FB. Vous pouvez aussi faire toute seule en free lance ; pochoirs, sprays, et activisme ; vous pouvez créer votre propre collectif aussi. Je ne vois pas quoi vous conseiller d'autre. Toutes les associations que je connais sont réformistes, genre les femmes sont des hommes comme les autres :(( On cherche l'égalité, ce qui est bien, mais devient discutable quand c'est pour imiter les affreux travers des hommes et leurs activités immondes. Si vous trouvez, tenez moi au courant :))
SupprimerJe viens de faire une recherche sur Twitter : les féministes radicales ne sont pas organisées, elles sont dans les milieux anarchistes d'extrême gauche, genre ACAB (all cops are bastards) ce que je ne pense pas, elles sont "décoloniales", ce que je ne suis pas non plus, elles sont aussi diverses que les femmes sont diverses. Vous pouvez certainement essayer des collectifs parisiens (en général, c'est dominé par des lesbiennes, mais aucun problème pour moi), genre "marches de femmes dans la rue", ou autres, qui se forment en fonction des combats à mener et de l'actualité. Et qui disparaissent après.
SupprimerJe vous remercie de votre réponse :) Je suis déçue de constater que les combats des femmes sont souvent dilués dans d'autres causes (anarchisme, transgenre etc) ou que l'on mette en avant des féministes qui ne le sont que de nom... Il semblerait qu'il s'agit d'une nouvelle stratégie du patriarcat de faire passer pour féministes des mouvements qui ne font que le consolider, et je ne comprends pas le succès de ces mouvements auprès de ceux qui disent vouloir la fin du patriarcat. Au delà de l'activisme je pense que nous avons aussi besoin de solidarité et de communication, or sans lieu d'échange nous sommes assez isolées. Je vais continuer à chercher :)
SupprimerEffectivement, les femmes ont du mal à émerger et revendiquer pour elles. Elles sont affectivement et émotionnellement impliquées avec leurs oppresseurs. Et la société suggère que les combats des femmes sont secondaires. Si les hommes acquièrent des droits, les femmes suivront. C'est évidemment faux : les révolutions des hommes se contentent de "remplacer les pères par les fils". Françoise d'Eaubonne.
SupprimerC'est ce qui se passe depuis la révolution française : les femmes se battent pour les droits des hommes alors qu'ils sont beaucoup plus privilégiés qu'elles, de surcroît ces hommes les méprisent et veulent les maintenir dans la subordination :((( Eux ne se battraient jamais pour les droits des femmes...
SupprimerLes femmes prennent toute leur part aux côtés des hommes lorsque leurs luttes sont justes : révolution française, guerre d'indépendance d'Algérie, etc... mais à la fin, elles sont renvoyées à la cuisine, priées de pondre du futur producteur/révolutionnaire/soldat. Les "révolutions" masculines remplacent les pères par les fils. Les femmes sont à chaque fois cocufiées.
SupprimerJe me rends compte que les gens se rangent toujours d'un côté ou de l'autre de deux pôles politiques : l'un étant le pôle conservateur et réactionnaire, anti-féministe, anti-progressiste, xénophobe, libéral et capitaliste, pro-catholique, hostile à l'homosexualité; inutile de dire que ces gens sont hostiles à l'égalité entre femmes et hommes et veulent maintenir les femmes dans un statut subalterne, ainsi que conserver le système de valeurs édictés par le masculin dans la culture, la politique, l'économie etc en occultant complètement l'apport des femmes. L'autre pôle est en apparence plus progressiste pour les femmes, et se revendique de l'anti-capitalisme voire du communisme, de l'anti-racisme, de la défense des classes défavorisées et des droits des homosexuels. Sauf qu'en réalité, les positions de ce bord-là engendrent une régression des droits des femmes, déjà par le relativisme culturels et la tolérance envers des cultures et des religions qui maltraitent les femmes encore plus qu'en occident, par l'opposition la prison et la considération selon laquelle les criminels sont des victimes de la société (alors qu'ils violentent pour le plaisir de déshumaniser quelqu'un, et ce ne sont pas ceux qui ont le plus souffert qui se montrent violents, loin de là), par le fait d'estimer que la cause des femmes est moins importante que celle des hommes, par la défense des droits des gays qui entraîne un recul des droits des femmes (gpa). Bref je ne me retrouve en tant que féministe dans aucun de ces deux bords, alors que tous les gens que je connais ou que je croise rejoignent toujours l'un ou l'autre. Cela paraît caricatural de diviser les positions politiques en deux catégories, et pourtant je m'aperçois que presque tout le monde rentre dans ces schémas...
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