jeudi 14 avril 2016

Panama Papers et féminisme

La fuite des Panama Papers publiée par un consortium de journalistes et leurs journaux affiliés, sous forme de feuilleton, fait les gros titres de la presse mondiale. Des noms célèbres sont cités : des chefs d'entreprises, des dirigeants de clubs de foot, des artistes talentueux et... des ministres et premiers ministres, mandatés par leurs peuples pour gérer et conduire leurs pays respectifs, qui... dépouillent leurs concitoyens de l'argent de l'impôt en plaçant leurs avoirs dans des paradis fiscaux, preuve qu'ils n'hésitent pas à trahir les intérêts mêmes de celles, ceux, qui votent pour eux. Les personnes citées dans ces documents sont en immense majorité des hommes.

Deux photos "all male panel" illustrant la mainmise masculine sur le pouvoir : 


Salle de marché des matières premières : notez qui joue au casino avec le blé, le riz, le maïs, le sorgho, denrées alimentaires de première nécessité, le chocolat, le coton... 



Photo récente de François Fillon aux débats d'HEC, Hautes Etudes Commerciales Paris.  Cherchez les femmes... 

Pourquoi les Panama Papers sont-ils une question féministe ?

Les hommes ont les richesses et tiennent les leviers de pouvoir et de décision à peu près partout : entreprises, dont les banques, partis politiques, gouvernements et instances internationales. Pendant que les femmes, elles, continuent à assurer 75 à 80 des corvées de la planète sans reconnaissance, sans rémunération, ni inclusion du fruit de leur travail dans les PIB masculins marchands. Donc, les femmes sont corvéables à merci ET pauvres, tenues sciemment dans cet état : imaginez qu'elles aient autant de temps libre que les hommes pour faire de la politique, elles menaceraient directement le médiocre pouvoir masculin. Quand, en plus, elles tiennent une boutique ou une échoppe, une ferme ou un jardin produisant des surplus qu'elles peuvent vendre au marché pour payer, par exemple l'éducation de leurs enfants, elles paient des taxes sur leur chiffre d'affaires. Pour elles, pas d’échappatoire : elles n'ont pas les connaissances ni les fréquentations nécessaires, et leurs avoirs sont trop petits pour intéresser la finance mondialisée où le ticket d'entrée est élevé.

Représentant l'essentiel des pauvres de la planète, même dans les pays riches, les femmes sont les principales récipiendaires des ressources de la puissance publique financée avec les impôts de tous, dispensant les aides sociales et les subventions accordées aux associations où elles vont chercher de l'aide pour elles et leurs enfants, infime compensation des corvées qui leur sont extorquées dans la sphère domestique. L'évasion fiscale est donc un manque à gagner direct pour les femmes. Les écoles, les crèches de leurs enfants ne sont plus, ou sont moins financées, les hospices et maisons de retraite manquent de crédits, et comme elles assurent bénévolement le soin (puisque le care est décidément affaire de femmes) aux malades, handicapés et vieux, la charge leur en est d'autant plus lourde, puisque les états n'ont plus les moyens de ces financements. Tout ceci, alors même que leur travail facilite grandement les conditions de vie des plus riches, les hommes, leur permettant de garder les leviers du pouvoir, et d'amasser encore plus de richesses.

Injustement, l'évasion fiscale, les avoirs dissimulés offshore des hommes riches impactent durement la qualité de vie, la santé et le travail des femmes. C'est la raison pour laquelle nous devons nous battre et exiger une économie plus juste où l'extrême pauvreté des femmes et l'extrême richesse masculine ne seront plus consignés que dans les livres d'histoire à titre de contre-exemple, et où enfin, les femmes comme les hommes seront associées à toutes les prises de décision, à tous
niveaux : politique, économique, social et environnemental.

Nous devons donner la priorité à la justice économique et aux droits des femmes. C'est une question de survie à terme. La prédation et le parasitisme masculins ne peuvent plus durer : ils menacent directement la vie humaine sur la planète.



Pour le mouvement social écoféministe, la matrice idéologique qui permet la domination des hommes sur les femmes est la même que celle qui autorise les hommes à exploiter la nature.



Les femmes et la Terre ont énormément à supporter et tolérer (du pouvoir et de la prédation des hommes).



La planète par en couilles ! Le temps des femmes est venu. Nous n'avons plus le choix.

6 commentaires:

  1. Il y a un autre aspect féministe du scandale les Panama Papers que tu ne mentionne pas. Beaucoup de comptes offshore servent aux hommes divorcée à ne pas payé de pension alimentaire à leur ex-épouse.
    http://seenthis.net/messages/478249

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    1. Tu as complètement raison : merci pour le lien Seen This qui complète bien mon propos. Mon article reste sur les grandes lignes économiques de l'exploitation des femmes pauvres : mais pour aller dans ton sens, les comptes offshore, du fait de leur opacité peuvent aussi blanchir de l'argent d'activités frauduleuses comme le trafic d'êtres humains, par exemple. Une bénédiction pour les proxénètes, entre autres.
      http://lexpansion.lexpress.fr/actualites/1/actualite-economique/de-l-optimisation-fiscale-au-blanchiment-d-argent-a-quoi-sert-une-societe-offshore_1779761.html

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  2. C'est bizarre, la photo des HEC, alors que les promos sont à 40% féminines*, je me demande comment on a pu arriver à une photo entièrement masculine...

    *source : Statistiques du concours d'admission HEC 2015

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    1. Ce n'est pas bizarre du tout, le fait que les promos soient à 40 % féminines n'implique pas obligatoirement que lorsque les mecs (au pouvoir partout, à HEC comme ailleurs : http://www.hec.fr/A-propos-d-HEC/Gouvernance/Le-President )
      organisent une sauterie, avec un ex-premier ministre, ce qui est le cas ici, les femmes deviennent comme par hasard invisibles ou ont autre chose à faire ! N'oubliez pas, elles assurent l'intendance, elles "concilient" à HEC comme ailleurs, et la "maison des hommes" aka la politique est réservée aux mâles. C'est pour ça que vous êtes surchargées d'enfants et de tâches ménagères : pour éviter que le médiocre pouvoir masculin soit défié par les femmes avec.... autant de temps libre qu'eux qui ne font aucune des corvées utiles de la planète, je le rappelle.

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  3. Les hommes sont majoritaires dans l'extrême pauvreté, par exemple ils représentent 90% des SDF qui meurent dans la rue.

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    1. Non, les hommes ne sont pas majoritaires dans l'extrême pauvreté cher courageux anonyme. Les SDF, c'est un trompe l'oeil : outre qu'il y a de plus en plus de femmes dans la rue -elles partent parce que cognées par le prince cogneur alors qu'avant elles restaient en endurant- les hommes ont été surreprésentés dans la rue parce qu'ils sont moins adaptés à la violence de la société patriarcale quand ils dégringolent l'échelle sociale impitoyable mise en place par leurs pairs (paires ?) Les femmes constituent les gros bataillons des pauvres entravées d'enfants (c'est à ça que ça sert) et maintenues dans les basses zones de l'économie. Même dans nos pays développés. Allez voir tous les chiffres publiés par les Nations Unies, l'OMC et consorts : ils sont disponibles en français, en anglais et dans toutes les langues de leurs adhérents.

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