Extrait du film des Frères Wachowski de 1999.
"Choisis la pilule rouge, on reste au Pays des merveilles et on descend avec le lapin blanc au fond du gouffre. La Matrice est universelle, omniprésente, Elle est le Monde ! Elle est une prison pour ton esprit."
La pilule rouge, c'est le féminisme vu au prisme du matérialisme historique, de la lutte des classes et des rapports de production, Tome 1 de L'ennemi Principal : Economie politique du Patriarcat. Recueil de textes et d'articles publiés entre 1971 et 1975, malgré quelques petits anachronismes dans quelques données statistiques qui ont désormais 40 ans, ces textes gardent toute leur force.
Christine Delphy est sociologue.
Lisez-le et entrez dans la Matrice
Il est partout. C'est le Patriarcat, une construction sociale interactive qui nous bombarde de misogynie. C'est un programme de domination qui imprègne la société à tous les niveaux : les lieux de travail, l'école, le foyer...
Il tient les personnes enfermées dans des rôles sociaux de genre rigides, une situation intenable qui conduit à la frustration et à l'aliénation.
La plupart des gens ne voient pas le patriarcat : ils sont immergés dedans, et jusqu'à leur libération, ils en sont même les conspirateurs, les agents du système. Tout le monde est un agent du système jusqu'à l'éveil...
Citations sur l'économie du mariage (dans Mariage et divorce) : "...le mariage est l'institution par laquelle un travail gratuit est extorqué à une catégorie de la population, les femmes-épouses".
"Partis tous deux d'une situation sensiblement égale (si on ne tient pas compte de la discrimination), le mariage amène une mobilité descendante de la femme et au contraire une mobilité ascendante de l'homme qui se conjuguent pour creuser un écart considérable entre les possibilités économiques des deux.".
"La charge des enfants est l'aspect de l'état de divorce qui éclaire le plus le mariage et en même temps confirme la continuation du mariage après le divorce. [Des travaux ...] ont confirmé que le niveau de vie des divorcés un an après le divorce, tombe de 40 % pour les femmes et s'élève de
70 % pour les hommes".
"La garde des enfants, considérée comme un privilège et même une compensation pour les femmes : toute une mise en scène a pour but de dresser les conjoints l'un contre l'autre, des faire peser des incertitudes quant à l'issue du combat, et d'ériger la garde des enfants en enjeu de combat, mise en scène au terme de laquelle, celle (celui) qui obtient la garde des enfants considère avoir remporté une victoire. Bien entendu, il n'est jamais question de leur entretien -de leur charge- mais seulement de leur "garde" -notion juridique qui dénote officiellement la responsabilité civile, et officieusement le droit d'en jouir comme d'une propriété."
[...] La société ne reconnaît pas le travail domestique des femmes, et les tribunaux omettent de veiller à ce que les pensions soient versées, pensions fixées à un montant dérisoire la plupart du temps, donc :
"Objectivement l'"intérêt de l'enfant" a contribué à appauvrir la mère, enrichir son père, et à créer ainsi les conditions dans lesquelles son intérêt ultérieur est de revenir à son père".
Remarque - L'"intérêt de l'enfant" est une fiction juridique, dans la mesure où ce sont des juges, et non des enfants qui en parlent.
Lien : Delphy : Le féminisme matérialiste - La préséance du social sur l'être humain
La réédition du tome 1 de L'ennemi principal porte désormais cette couverture.
Nous ne pouvons voir du monde que ce que nous croyons être le monde .....
RépondreSupprimerAinsi le patriarcat est perçu aujourd'hui comme d'essence naturelle , après avoir été perçu comme d'essence divine . Et au fond c'est la même chose ....
Sa plus grande réussite : faire passer pour naturel ce qui n'est que construction sociale et culturelle ! C'est même dingue !
SupprimerDe toute façon nous sommes des êtres sociaux, seules nos fonctions organiques sont naturelles ! Pour le reste, je rejoint un de vos tweets, j'ai aussi les visites fréquentes de détraqués qui cherchent des représentations pornographiques de femmes et même d'enfants avec des mots clés absolument délirants ! Si c'était ça naturel nous serions très mal barrés !
SupprimerCes clics venant de Google démontrent les limites des recherches et des trouvailles par mots-clés. Femme => féministe dénonçant la pornographie => consommateurs de pornographie sur le blog :(((
SupprimerCeci dit, j'ai aussi quelques recherches pour les bons motifs :))
@Ismène : Si tu as un compte ou si tu t'abonnes à Twitter, merci de me dire sous quel nom et quel avatar ?
SupprimerAlors, pour l'instant je n'ai pas de compte Twitter, je passe déjà beaucoup de temps sur mon blog, ça me demanderait des nuits entières de twitter en plus. Mais si jamais j'en crée un, je mettrais bien sûr le lien sur le côté du blog.
SupprimerC'est toujours le colonialisme sous toutes ses formes : Le machisme est un colonialisme , celui du masculin sur le féminin .... Le racisme aussi est un colonialisme ....... L'élevage des animaux c'est le colonialisme des especes animales par l'espece humaine ....... La soumission des enfants à la violence est aussi un colonialisme ....... La folie c'est le colonialisme médical sur le cerveau des individus classés de normal à pathologique .......
RépondreSupprimerTous les pouvoirs sont le colonialisme du patriarcat ....
Colonialisme . Imperialisme . Pour installer tous les totalitarismes ......
Virginia Woolf en touche deux mots dans Trois guinées, lettre à un interlocuteur qui lui demande comment éviter la guerre (le livre a été écrit dans les années 30 au moment de l'avènement de Hitler). Elle ne voit pas de différence entre les objurgations "lebensborn" faites des enfants de Hitler, et l'assignation des femmes au foyer, au service des maris et à la reproduction des députés britanniques, qui représentaient, eux, une démocratie. Le colonialisme est un des pilliers du totalitarisme (Hannah Arendt).
SupprimerBeaucoup de femmes refusent le féminisme parce que voir le monde tel qu'il est peut être vraiment déprimant pour nous. J'ai eu souvent l'impression d'être paranoïaque quand j'étais ado il y a quelques années tant je me sentais oppressée par certaines choses, on a l'impression que tout va bien puis il suffit d'une attitude ou d'une parole pour que l'on se sente rabaissée pour le seul fait d'être une femme. Cela dit je ne voudrais pas être un homme, l'avantage d'être dans une position dominée est que l'on est mieux placé-e pour observer, dénoncer les travers du système et inventer de nouvelles façons de vivre !
RépondreSupprimerOui, et puis c'est douloureux de reconnaître l'aliénation permanente quand on est impliquée émotionnellement avec eux ! Être dans la négation et l'aveuglement est plus confortable. Ceci dit, je ne trouve pas d'avantages à être dans une position subalterne ou dominée : je ne les envie pas, ils paient la haine des femmes de la haine d'eux-même, et ils conduisent l'humanité à sa perte. Mais puisque (presque) tout le monde est content comme ça...
SupprimerJe ne disais pas que les femmes ont un avantage à être dans un position dominée, mais on constate qu'à toutes les époques ce sont les groupes dominés qui ont fait bouger les choses et les mouvements féministes ont quand même accompli beaucoup de progrès en peu de temps, ça donne quand même de l'espoir ! Je ne pense pas non plus que la plupart des gens soient contents, ils sont plutôt fatalistes ou cyniques, au fonds tout le monde sait que le système sociétal et économique actuel est néfaste mais on a été élevé-e à ne poursuivre que son intérêt personnel, il faudrait restaurer le respect et l'empathie - qui après tout nous est naturelle - chez les plus jeunes pour faire changer les rapports, au lieu d'accoutumer les enfants au mépris des plus faibles et aux émotions à deux sous.
SupprimerTous les systèmes sociaux sont construits sur le modèle sado-masochiste . Tout le travail du dominant sur le dominé (du bourreau sur sa victime) consiste à obtenir la soumission de sa victime à sa domination .....
RépondreSupprimerOn le voit bien dans l'élevage des animaux mais c'est aussi le cas au sein de l'humanité ...... Cette soumission , obtenue par toutes sortes de violences (de la plus "douce" à la plus atroce) sera nommée éducation , ou dressage , ou repartition des rôles , ou compromis politique .....
C'est par exemple le cas du PS qui soumet la classe ouvrière à la violence capitaliste et qui nomme cela des compromis réalistes ...... Alors oui c'est cela le réalisme ? ..... Accepter de se soumettre pour simplement survivre , parce qu'en fait il n'y a pas de petites violences car derrière toutes les violences même les plus "douces" se cachent les pires violences et pèse toujours la menace de torture et de mort ......
Tout compromis du dominé avec le dominant est une soumission totale ..... Entre deux être : l'un dominé , l'autre dominant il ne peut pas y avoir de compromis car il n'existe aucune égalité , ni fait ni de droits ....... Tout compromis est une compromission et une soumission déguisée .....
Tout à fait. Chez nous, où on a arraché au système des "adoucissements", les femmes sont soumises au paternalisme (un patriarcat adouci et condescendant) et les animaux au welfarisme (du welfare = bien-être anglais) : compromis "viande heureuse" : on les traite bien (enfin, ce qu'on croit être de la bien-traitance comme dit le lobby, tout est relatif) pendant leur courte vie et on les envoie sans pitié à l'abattoir. Tel est le contrat (social) dans tous les cas.
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