vendredi 14 mars 2014

Revue de web féministe


Affiche du site de la campagne STOP au déni : campagne lancée le 8 mars, qui dénonce la non-reconnaissance des victimes de viol. Vous trouverez sur le site, le clip vidéo, le dossier de presse, et des ressources à destination des victimes, des professionnels et des aidants.

Stéphanie la Renarde me signale ce beau documentaire de LCP-AN que j'ai loupé lors de ses diffusions mais que j'ai regardé ICI : Le ventre des femmes, sujet sur une campagne de stérilisation forcée entre 1996 et 1997 sous la dictature Fujimori au Pérou. Au départ, il s'agit d'une bonne intention de développement  et de réduction de la pauvreté après la Conférence de Pékin organisée par l'ONU en 1995, conférence mondiale sur les femmes : égalité, développement et paix. Il s'agissait de lutter contre la pauvreté et de développer le planning familial, projet dont s'empare le Pérou de Fujimori. Aidé par du beau monde : USAID, un organisme américain d'aide au développement, la Banque Mondiale, et les Nations Unies. Ça va vite tourner à la violation des droits humains : une dictature qui a besoin d'emprunter de l'argent à la Banque Mondiale, une organisation industrielle des opérations de "planning familial", des objectifs chiffrés, et une compétition entre hôpitaux : au final 300 000 femmes indiennes stérilisées quasi de force, pour une dépense de 240 millions de dollars qui auraient été mieux investis dans la santé reproductive de ces femmes. Rappelons que le Pérou, conservateur et très catholique, est un pays où les femmes n'ont pas accès à l'IVG. Devinez qui au final a tiré les marrons du feu en faisant un gros lobbying auprès du Congrès américain ? Le PRI (Population Research Intitute) une ONG résolument anti-avortement ! Contrôler de toutes les façons possibles le ventre des femmes est l'objectif des barbons du patriarcat : que ce soit en stérilisant de forces des femmes pauvres sous couvert de lutte contre le sous-développement, ou se proclamer "prolife" en empêchant les femmes de contrôler elles-mêmes leurs ventres et leur vie ! Rappel à ces stupides : la seule façon de lutter contre le sous-développement et de maîtriser la démographie, c'est l'EMPOWERMENT des femmes par l'éducation (école, collège, université), le planning familial VOLONTAIRE des intéresséES, et le droit IMPRESCRIPTIBLE à l'IVG ! Pardon pour les majuscules et les adjectifs, mais avec les patriarcaux, il vaut mieux rabâcher.

Sinon, toujours sur ce même thème, je lis en ce moment le très documenté livre de Patrizia Romito : Un silence de mortes - La violence masculine occultée, Syllepse éditeur, paru en 2006, et totalement d'actualité. Il décrit parfaitement toutes les tactiques et stratégies de la société patriarcale et de ses institutions (policiers, magistrats, médecins et soignants, psys en tous genres, la société en général...), pour occulter la réalité de la violence masculine contre les femmes et les enfants, massif fait de société. L'auteure y accuse -entre autres- la psychologisation et la médiation sociale au sein des instances juridiques, qui individualise les rapports sociaux, nie l'oppression des groupes dominés (les femmes) et dépolitisent la lutte des femmes. Il est très accessible et passionnant. A lire, surtout si vous êtes professionnel-le de soins, magistrat-e ou
policièr-e ! On le trouve dans toute bibliothèque un peu conséquente. Vous pouvez en trouver un extrait de l'introduction sur le site Sysiphe.

Edit 16 mars 2014 - Une citation du livre qui me paraît cruciale, page 147. Dans le paragraphe "Distinguer pour séparer" du chapitre Tactiques d'occultation, Romito cite Robin Morgan :
Si je devais citer une seule qualité propre au patriarcat, ce serait la compartimentation, la capacité d'institutionnaliser les déconnections. L'intellect, séparé de l'émotion. La pensée séparée de l'action. [...] Si je devais citer une seule qualité propre au féminisme radical, ce serait le sens des connections, - une aptitude dangereuse pour tout ordre établi, en raison de l'insistance à remarquer et faire savoir les choses."


Un article didactique sous forme de bande dessinée, dans Le Monde, sur l'endométriose, une affection méconnue (normal, tant que ça ne touche pas le glorieux appareil reproductif masculin et ses troubles de l'érection, ça n'est pas prioritaire !) dont souffre quand même une femme sur 10, et qui se soigne quand le diagnostic est posé, soit en moyenne 7 ans après les premiers symptômes ! Comme pour la campagne Stop au déni, n'hésitez pas à partager sur vos réseaux sociaux.

Enfin, une article trouvé dans l'Express : Comment les blogueuses féministes servent-elles la cause des femmes ? avec dedans surtout des réformistes libérales qui trouvent les féministes "canal historique" trop "dogmatiques" ou trop "féministement correctes" (???). Pas de bol : soit les féministes sont trop jeunes, trop belles et trop blondes, comme les Femen, soit elles sont trop "dogmatiques" et "institutionnelles" quand elles ont un peu de bouteille. En féminisme, point de salut. A propos de féministes sur les réseaux sociaux, à droite de ce billet, il y a deux blogrolls sur les adresses URL desquelles vous pouvez aller cliquer : c'est ma sélection, donc c'est qu'ils valent le coup d’œil !

5 commentaires:

  1. Tu es très forte pour résumer ! ......
    Bravo ! ..... Le documentaire "le ventre des femmes" parfaitement résumé et expliqué ....... C'est vraiment bien de savoir faire cela ........

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  2. En fait le patriarcat se comporte par rapport aux femmes de la même façon que l'éleveur par rapport à son bétail : En effet c'est l'éleveur qui décide de quel animal doit s'accoupler et quand .... et quel animal ne doit pas s'accoupler...C'est l'éleveur qui choisit les géniteurs ...... C'est l'éleveur qui décide de quels animaux doivent ou ne doivent surtout pas se reproduire ..... C'est l'éleveur qui programme le déstin du bétail ........ Le documentaire "le ventre des femmes" me fait penser à cela : des femmes transformées en bétail ...... On est là dans un viol total et un génocide , un systéme totalement raciste

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    1. Il y a d'ailleurs un passage du doc où les femmes indiennes témoignent avoir été animalisées : tactique très utilisée (et sans arrêt dénoncée par les féministes) à l'endroit des femmes pour les dévaloriser puis les contraindre.

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    2. Mais je pense , en cohérence avec ce que tu écris Là , que le féminisme ne pourra réussir qu'avec l'anti spécisme ..... Cela m'apparait comme une évidence ...... Tant il est vrai que le patriarcat ne poursuit pas d'autre but que la déstruction de toute vie sur terre .... Tant leur quête est celle du NEANT , tant leurs religions ne sont que des rituels de magie noire ........ Hélas , bien sûr l'anti spécisme fait ricaner ..... Mais au fond ce sont les mêmes qui ricanent de la cause animale qui ricanent aussi du féminisme ...... Et leurs ricanements sont la signature de leur NEANT interieur ......

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    3. C'est un peu pour cela que je tiens ce blog, en même temps :)) ! Le féminisme a déjà réussi : je veux juste montrer avec mes billets que l'oppression est une, que de même que les anciens esclaves noirs étaient opprimés, les femmes (dont le mouvement s'est largement inspiré des mouvements de civils rights -le 1er féminisme, c'est un mouvement pour le droit de vote, donc pour des droits civiques des les femmes- sont opprimées aussi, on peut ainsi descendre l'échelle des hiérarchies instaurées par le patriarcat. Tous les êtres vivants naissent libres : il suffit juste de seller un poulain pour la première fois pour s'en rendre compte : il ne veut pas, il ne voit pas pourquoi il devrait nous porter sur son dos : il faut donc le dresser, le forcer. C'est la raison pour laquelle je pense qu'être féministe, anti-raciste et anti-spéciste, c'est totalement compatible, entièrement cohérent. Je ne comprends pas les défenseurs des animaux qui sont racistes et sexistes : il y en a pourtant un certain nombre. Cécité, vision partielle, étroitesse d'esprit, incapacité à voir en surplomb, manque de vision globale, sans doute.

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