lundi 7 janvier 2013

Les femmes avant le patriarcat

Publié chez Payot en 1976

Appuyée sur une documentation abondante : Tacite, Mircéa Eliade, Dr W Lederer, Lévi-Strauss, Simone de Beauvoir, Jean Markale, Maurice Bardèche, Léo Abensour, Marx, Jung, etc... Françoise d'Eaubonne raconte l'histoire des femmes avant le patriarcat, puis comment, après ce qu'elle appelle le Grand Renversement, les choses vont sérieusement se détériorer, les hommes s'appropriant les femmes et leur fécondité sans rien leur devoir "le fruit du pommier appartenant au propriétaire du pommier" comme dit cyniquement Napoléon dans le Code Civil.

Evidemment, personne n'étant revenu vivant du Paléolithique, ou en assez bon état pour témoigner, il faut tout mettre au conditionnel ! Il nous reste toutefois les pierres taillées et outils, les poteries, les dessins sur les parois des grottes, les statues et objets de culte, ainsi que les mythes et légendes qui ne sortent pas de nulle part, mais qui sont les résultats de traditions orales préexistant à l'écriture. Le matriarcat, figure inversée du patriarcat oppresseur n'aurait jamais existé. Ne pas le confondre avec la matrilinéarité, les sociétés matrilinéaires pouvant être redoutablement misogynes. En revanche, ce qui aurait existé, c'est une terreur ou un émerveillement devant le privilège exorbitant des femmes à porter la vie, donc à avoir accès à l'éternité quasiment tous les printemps : culte des Grandes Mères, des grandes déesses. Évidemment, je vous parle d'un temps où les mecs n'avaient aucune idée qu'ils étaient pour quelque chose dans le processus. Ils vont d'ailleurs mettre un temps fou à le découvrir (Malraux prétendait que c'est un miracle qu'ils s'en soient rendu compte, puisque pratiquement  à chaque fois qu'un homme couche avec une femme, il ne se produit RIEN du tout niveau procréation !).

Ils vont tout de même commencer à se douter de quelque chose en observant les animaux, la chasse seule ne permettant pas cette observation. Il faut pour cela inventer le pastoralisme et l'élevage, après la chasse qui divise déjà les sociétés en deux, chasseurs et cueilleurs. Les chasseurs vont devenir pasteurs nomades (les sociétés nomades encore de nos jours, sont extrêmement misogynes) ; les femmes, non exclues de la chasse, mais obligées sans doute de se sédentariser quand elles sont enceintes sous peine d'accidents pour le groupe entier vont, elles, inventer l'agriculture. Elles sèment le blé, qui pourrit dans la terre et.... renaît en donnant une récolte chaque année. Elles seraient donc inventrices des rites funéraires : on met le mort en terre, en espérant une renaissance... ("Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit" - Saint Jean l'aurait piqué aux Grandes Mères ?). Elles seraient également à l'origine des villes, des cultes de plein air, alors que les cultes masculins seront rendus plus tard dans des temples. Le principe féminin est toujours associés aux eaux : sources, marais, fleuves, crues du Nil fécondant les terres dans l'ancienne Egypte.

L'appropriation de l'agriculture par les hommes avec l'invention de la charrue aurait scellé les destin des femmes, Grandes Mères et déesses ; l'appropriation de la fécondité des femmes suivra, ainsi que celle de la Nature. Dépossédées de leur caractère sacré, elles seront échangées et circuleront comme des marchandises ou du bétail, puisque c'est ainsi que ce seraient constituées les sociétés humaines selon Claude Lévi-Strauss.

Au Grand Renversement, elles auraient résisté, ne voulant pas être réduites. Françoise d'Eaubonne consacre un chapitre entier au mythe des Amazones qui irrigue pratiquement toutes les régions du monde et ses différentes cultures, avec des résurgences contemporaines. Des femmes se seraient constituées en sociétés non mixtes, sauf à certaines périodes de l'année. Comme elles sont obligées de se défendre, elles apprennent à combattre. Il y a abondance et persistance de légendes d'Iles de femmes dans pas mal de cultures.

La résistance à ce renversement se signalerait aussi par l'opposition entre cromlechs de pierres levées (menhirs), et les sites mégalithiques de tables d'autels (dolmens), les uns étant solaires et phalliques, les autres étant féminins, au vu de la forme des tunnels de pierres couvertes qui  évoqueraient le sexe des femmes. Françoise d'Eaubonne remarque d'ailleurs que (presque -les exceptions sont rares) tous les dolmens portent des noms de femmes : la Grotte de la Dame, les pierres des fées,... et à 35 km de chez moi, le site de la Roche aux Fées. Cette période transitoire de semi-patriarcat aurait duré extrêmement longtemps, et les femmes ne seraient pas forcément seules dans cette résistance. C'est pas mal quand on rentre de la chasse (les cadavres se corrompent très vite) de trouver à manger de la farine et du pain, produits de graines qui se conservent longtemps sans s'altérer en poisons. De bons procédés et des cadeaux doivent s'échanger. Des civilisations philogynes, comme celle de la Crète, des Celtes résistant au Droit Romain patriarcal (avec entre autres la résistance de Boadicée, Vercingérorix au féminin, moins connue que lui, mais tout aussi valeureuse) et l'Egypte célébrant le culte d'Isis, déesse solaire, agraire et chtonnienne, constitueront des îlots résiduels de paix et de relatif pouvoir pour les femmes et les grandes déesses, avant que le patriarcat n'établisse définitivement son empire sur tous les continents et toutes les cultures. Les trois religions à dieu mâle n'auront plus qu'à renforcer et parachever son emprise.
Selon Françoise d'Eaubonne, inventrice de l'éco-féminisme, son agressivité, son expansionnisme sans frein, nous font vivre à crédit dans un univers fini et limité, la surpopulation concomitante à la destruction de la nature et la raréfaction des ressources font peser un danger mortel sur notre espèce (sans parler des autres) et sur notre survie sur la planète.

Après le patriarcat : UN BON SAUVAGE

"Les femmes ? disait un Chef Chippeway, une seule peut tirer ou porter autant que deux hommes. Elles dressent nos tentes, fabriquent nos vêtements, nous les raccommodent et nous tiennent chaud la nuit. Nous ne pouvons absolument pas nous déplacer sans elles. Elles font tout et ne nous coûtent pas grand chose à nourrir. Comme elles font constamment la cuisine, il leur suffit, en temps de disette, de se lécher les doigts".

Cité dans Les femmes avant le patriarcat par Françoise d'Eaubonne, citant elle-même Will Durant, historien et philosophe américain.






Cet article n'est qu'un résumé succinct de la riche et érudite monographie de Françoise d'Eaubonne :  il faut évidemment lire le livre. Il est épuisé chez l'éditeur, mais se chine très bien chez les bouquinistes et sur Internet, ses sites de vente en ligne, à prix modéré.

Je rajoute un lien qui va bien avec mon article : une étude interculturelle sur l'inclinaison ou non au viol dans les sociétés humaines, chez Antisexisme.

19 commentaires:

  1. Bonjour, depuis le temps que Euterpe parle de toi, je viens faire un tour en commentant pour la première fois (commenter, pas venir).
    Ce qui m'a retenu?
    Je ne suis pas féministe comme vous deux et mes vues sont différentes. Mais il est sûr qu'on a sans doute plus de points communs qu'on le pense, en tout cas moi, et de dialoguer sans être d'accord sur tout peut être enrichissant.

    Je voudrais juste rajouter un point essentiel à ton tableau très intéressant: de tous temps, quand les hommes partaient faire la guerre (une connerie purement masculine), les femmes ont eu le poids de la société sur le dos et elles s'en sortaient pas mal, d'autant plus qu'elles devaient aussi assurer la défense de leur foyer et savaient se battre.
    Je pense que c'est le christianisme, avec ce mélange judéo-chrétien qui est, en Occident, la cause de la régression du statut des femmes. Car, de par la guerre, les femmes furent dans les sociétés primitives très souvent en conflit, majoritaires.
    Voilà un petit éclairage, en te souhaitant une très belle année et une belle semaine!

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    1. Évidemment, ce sont les femmes qui gèrent tout quand les hommes ne sont pas là, c'est à dire la plupart du temps. D'ailleurs Eaubonne le souligne sans arrêt dans son livre : la ségrégation des sexes existe plus que jamais : femmes élévant seules leurs enfants (l'euphémisant "familles mono-parentales" contemporain) succédant au père absent car au travail de la génération précédente, femmes abandonnées après un court laps d'amour et de sexe, filles-mères, expression infamante... des siècles passés. Le patriarcat pré-existait au christianisme et aux autres religions qui sont en fait la même, puisqu'elles révèrent le même dieu mâle omnipotent. Napoléon et son Code Civil de 1804 sont aussi des ennemis mortels des femmes. Merci de ton commentaire. Excellente année 2013.

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    2. Vous devriez lire, un peu, le mode de vie des sumeriens et akkadiens des milliers d'années avant le judaïsme et vous y verriez que le christianisme n'est qu'un épisode : le statut des femmes dans cette société était déjà scellé des milliers d'années avant.
      http://www.decitre.fr/livres/initiation-a-l-orient-ancien-9782020181303.html

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    3. Les époques évoquées dans l'ouvrage de F d'Eaubonne partent du Mésolithique et du Néolithique pour arriver à notre ère. Il va de soi que le patriarcat est installé bien avant l'arrivée de Judaïsme, ancêtre des religions révélées. Les dieux mâles qui s'auto-engendrent sans passer par les femmes sont donc tout à fait postérieurs ! Zeus/Jupiter, dieu antique antérieur au dieu unique, rappelez-vous aussi, sort ses enfants de sa tête ou de sa cuisse, ils sont donc tous de vieux fantasmes gynophobes, postérieurs au Grand renversement.

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    4. "elles s'en sortaient pas mal, d'autant plus qu'elles devaient aussi assurer la défense de leur foyer et savaient se battre"
      Que nenni!!!voyons comme il est écrit sur les parois des cavernes, ce sont les hommes les plus forts par nature!!!les femmes elles, n'avaient quasiment pas besoin de se déplacer (donc n'ont pas le sens de l'orientation) puisque toutes les plantes dont elles avaient besoin poussaient pile devant la caverne, qui comme chacun sait était protégée par des barrières électrifiées. Si vraiment une bête sauvage (genre une souris) parvenait à passer la barrière, elles se contentaient d'attirer à elles les enfants, les blessés, les malades, les vieux et de faire leur prière en se faisant déchiqueter ou en s'évanouissant d'horreur (les femmes sont si émotives naturellement). Bien sûr si du gibier passait près d'elles, elles se contentaient de faire "flûte où sont passés nos grands et forts hommes qui seuls savent chasser". Les hommes étaient hyperarchitropfort pour aller chasser le mammouth (de mauvaises langues diraient qu'on a aucune preuve et que ça serait stupide de chasser de grosses bestioles quand on peut ramasser leurs carcasses et qu'il est plus efficient en terme de danger et d'énergie de chasser du tout petit gibier comme le font les derniers chasseurs-cueilleurs). D'ailleurs c'est bien connu que la chasse était archi indispensable vu que nous sommes plutôt carnivores avec une tendance malsaine à manger quelque fois de la salade(c'est pour ça qu'on a de plus grosses molaires que de canines pour mieux déchirer la viande, mais si c'est logique) CQFD:-)

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    5. Alors là, rien à rajouter ! C'est tellement dans les croyances de notre stupide époque ;))

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  2. Ah ! voila un livre qui semble répondre à la majorité des questions que je me pose !
    Génial que tu l'es lu et résumé ici !
    La seule possibilité de savoir ce que nous sommes et où nous allons c'est de questionner notre passé. Et ce ne sont pas les hommes qui vont nous le révéler ! Après cela, il y a les historiennes plus ou moins dignes de confiance. Et on ne peut pas soupçonner Françoise d'Eaubonne (contrairement à Françoise Héritier) de pactiser avec le patriarcat.
    Bon ben il ne me reste plus qu'à me procurer l'ouvrage.

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    1. Les bouquinistes sur Internet ou aussi les boutiques en ville peuvent l'avoir. Il faut le demander, garder un œil, l'ouvrage disparaît puis reparaît en fonction des acquisitions et des mises en vente. Au début, il m'a fait un peu peur à résumer (je trouve la mythologie ardue, -et j'ai vraiment résumé) et puis finalement, il se lit comme un polar. Du coup, j'ai envie de lire La femme celte de Markale :))

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  3. M'enfin!! Pas encore lu Markale?
    Tssss!
    Bon, on en reparlera quand tu l'auras lu !!

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  4. Zut parti trop vite: je disais donc: pas encore lu Markale? Tsss!!

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    1. Non, c'est un tort que je vais réparer. J'ai ceci sur lui : apparemment, on lui reproche de ne pas être historien mais d'avoir été proche des surréalistes.
      http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rbph_0035-0818_1974_num_52_4_5475_t1_1034_0000_3
      C'est juste pour information. Querelle de "spécialistes" ?

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  5. Les Le Roux-Guyonvarc'h faisaient œuvre de science, en effet, alors que Markale est passé par la poésie et la littérature. Ce n'est pas la même approche ni le même objet de travail, les Le Roux-Guyonvarc'h te renseignent sur l'objet historique 'peuples celtes', Markale te fait entrer dans des grands archétypes qui sous tendent ledit objet.
    Markale fut l'objet d'autres critiques, il en a parlé lui-même, donc ne se voilait pas la face sur sa place dans le monde de l'étude des peuples celtes.

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    1. Je sais qu'il y a plusieurs approches de phénomènes historiques ou physiques : il y a les sciences et il y a les autres, notamment l'approche artistique. J'ai par exemple entendu que des astrophysiciens s'étaient intéressés de près aux soleils tournants de Van Gogh, se demandant ce qu'il avait vu ou simplement intuitivement deviné. Les artistes proposent aussi une explication du monde. Il n'y a pas que les scientifiques, heureusement.

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  6. Ce qu'on peut observer des derniers chasseurs-cueilleurs sans aucune propriété, c'est le libre choix "aux phéromones" des partenaires. Un meilleur chasseur n'aura pas plus de succès sexuel qu'un autre, les femmes ayant sur le moment un conjoint moins doué demanderont simplement au meilleur chasseur du moment de leur ramener un peu plus de viandes avec un simple merci en retour, se reposant sur la cohésion sociale du groupe et à charge de revanche pour une autre situation (quand le meilleur chasseur sera blessé, vieux, malade, ect). On est donc bien loin du mythe du plus beau plus fort qui s'accapare toutes les femmes (ça serait d'ailleurs un non-sens génétique qui conduirait inévitablement à l'extinction du groupe en quelques générations)
    C'est peut-être quand les humains ont intégré le concept de propriété que ce sont développé le besoin de transmettre à "son" descendant, que des hiérarchies sociales inégalitaires se sont mis en place avec la complexification des groupes, qui ont donné entre autres des sociétés patriarcales et socialement inégalitaires notamment par transmission familiale. Le concept de propriété est sans doute apparu avec la pression démographique, les sociétés devenant de plus en plus guerrières à mesure qu'il n'y avait plus de terres à "coloniser". Le groupe humain qui gagnerait serait celui qui a le plus de soldats à sacrifier, donc une société inégalitaire où les restants vivant se "partagent" plus de femmes, où enlever les femmes de l'autre groupe (donc sélectionner de facto les plus petites et les plus faibles) permet de faire plus de soldats encore contre les autres, où toute la rhétorique guerrière qu'il faut imager pour que certains aillent se faire tuer au profit de d'autres participent à la violence sociale.

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    1. Même remarque, rien à rajouter ! Tu arrives direct du Mésolithique et on peut te considérer comme un témoin digne de foi ? :)) Remarque : témoin n'a pas de féminin dis donc :((( Mais j'oubliais que la parole d'une femme vaut 3 fois moins que celle d'un homme...

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    2. Quand je dis "derniers chasseurs-cueilleurs", je parle des groupes qui existent encore :-)Je trouve personnellement que l'étude de leurs organisations est plus pertinent pour tenter de comprendre l'évolution de nos organisations "modernes" que l'image fantasmée des scientifiques occidentaux sur les cro-magnons ou l'étude beaucoup trop anthropomorphe des primates.
      Je tire l'anecdote sur le partage de la chasse d'un vrai peuple actuel, les Hadzabes d'Afrique. Ces derniers n'ont d'ailleurs aucun rite funéraire, ils abandonnent les corps dans la nature tout simplement, et pourtant vous trouverez encore beaucoup d'études de préhistoriens liant la culture, l'humanité avec le commencement des rites funéraires. Pareil, pour les études sur les primates, la réalité est beaucoup trop fantasmée. Il y a genre 2 ans, une "observation" avait fait grand bruit, tous les journaux en parlaient: deux scientifiques avaient cru "percevoir" chez trois jeunes femelles chimpanzés nullipares un mouvement de bercement d'un morceau de bois. On a eu le droit à tout le florilège sur l'instinct maternel sans aucune mise en perception. Par contre, une autre étude parlait d'une observation parfaitement factuelle : les orphelins chimpanzés sevrés étaient en majorité adoptés par des jeunes mâles plutôt que par des femelles. Autant vous dire qu'on en a beaucoup beaucoup moins parlé, c'est bizarre non?

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    3. Les éthologues ont des progrès à faire dans leurs process d'observation. Quand on pense à leurs projections humaines sur les animaux : mâles forcément dominants quand c'est des mecs qui observent, femelles dominantes quand ce sont des femmes, etc... et qu'ils ont emmerdé, il n'y a pas d'autre mot, Jane Goodall quand elle a rompu avec les numérotages de singes en leur donnant des noms, il est certain que tous ces pseudo-scientifiques se fourrent le doigt dans l'oeil. Et qu'ils auraient intérêt à être plus humbles. Ca vaut pour les ethnologues et anthropologues.

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  7. Il y a aussi: Françoise GANGE, Avant les Dieux, la Mère Universelle.

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    1. Oui, paru chez un autre éditeur sous le titre "Les dieux menteurs", effectivement, une autre référence, qu'il faudrait bien que je trouve et lise. Merci de la suggestion.
      http://www.evene.fr/livres/livre/francoise-gange-avant-les-dieux-la-mere-universelle-32881.php

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