Après d'âpres négociations entre avocats, Nafissatou Diallo aurait obtenu 6 millions de dollars de compensations financières pour se taire, pour ne plus jamais parler de viol ni d'agression sexuelle, avec un contrat dûment signé par les parties, contrat qui scelle ses lèvres à jamais. On la fait taire contre une grosse somme d'argent. Quel innocent, même riche, accepterait de payer un tel montant de dollars, sans doute en l'empruntant à une banque ? En France on nie la parole des victimes, aux USA, on l'ensevelit sous des compensations financières : négation du crime dans les deux cas. War on women, guerre aux femmes, objet de mon billet précédent.
A Notre-Dame Des Landes, c'est la guerre contre des militants paysans et des alternatifs qui veulent vivre sur un bout de terre préservée depuis 40 ans, qui luttent contre l'artificialisation de bocages et de zones humides remarquables avec leur faune et leur flore, leurs paysages, en voie de disparition partout. Leur lutte est celle de refusants d'un monde dont nous ne voulons plus, basé sur la compétition entre métropoles, entre régions, sur des infrastructures dont on peut douter de la pertinence et qui serviront à quelques privilégiés ultra-mobiles (peut-être les perdants de demain ?), sur des valeurs de croissance sans limite dans un monde fini et tout petit ; leur lutte est suivie par une partie de l'opinion qui devine intuitivement que ce sont toujours les mêmes les perdants de cette course infernale au progrès sans foi ni loi, voulue par l'hybris masculine de sempiternels politiciens professionnels. Ils se battent aussi pour la terre avec deux slogans : La terre aux paysans, Des légumes, pas du bitume ! Mais au fait qu'est ce que la terre, d'où vient le sol ? De l'érosion des roches depuis des millions d'années sous l'action des éléments, comme expliqué dans ce court film : nous en vivons et nous la faisons disparaître sous de tonnes de béton et de bitume :
Let's Talk About Soil - French from IASS Vimeo Channel on Vimeo.
(Vimeo ne permettant pas toujours l'affichage de ses videos très longtemps, si celle-ci n'apparaissait plus, merci de cliquer sur le lien ci-dessus. Avec mes excuses).
Liens : Let's talk about soil !
Global soil week - Berlin Novembre 2012
Ce dessin provient de Biz Yod Blog : Formes à Notre-Dame des Landes, un superbe article abondamment illustré par les créations des opposants.
A Fukushima, c'est la guerre. Ces extraits sont tirés du récit de Michaël Ferrier "Fukushima, récit d'un désastre", superbe objet littéraire, paru chez Galllimard. Lisez-le !
Après la catastrophe : "Avec le nucléaire, sachez-le, c'est la seule règle : il faut aller aussi loin et aussi vite que l'on peut". P 166
"Ils nous ont dit qu'il n'y aurait jamais d'accident, absolument. Ils nous l'ont dit tout le temps, ils nous l'ont dit dans toutes les langues" Un autre fermier vient nous rejoindre. Celui-ci a quarante vaches et les appelle sa "famille". On lui demande de les tuer et de détruire lui aussi toute sa production de légumes. Il est très en colère, il nous donne les chiffres : 700 animaux de compagnie, 130 000 cochons, 680 000 poulets... Toutes ces centaines de milliers de bêtes dans la zone interdite meurent de faim et de soif. L'agonie dure des heures, la nuit on les entend mugir à des kilomètres".
P 170
"C'est la guerre. Les familles des troupes d'autodéfense japonaises qui meurent à Fukushima peuvent recevoir 90 millions de yens : ce sont les montants qui sont attribués aux soldats envoyés en Irak ou à ceux qui patrouillent au large de la Somalie dans les zones infestées de pirates. On parle des "opérations" -terme à la fois chirurgical et militaire- et de la nécessaire "reconquête" de ces réacteurs, qui se fera au terme d'une "guerre de tranchées"... On utilise des drones et des robots, dont la plupart ont été testés dans les zones de conflits internationaux, en Irak et en Afghanistan notamment. D'autres ont été conçus pour détecter et désamorcer des bombes, ou pour rechercher des corps dans les débris du World Trade center après les attentats du 11 septembre. Caméras vision de nuit, systèmes d'imagerie thermale et détecteurs de radiations : c'est du sérieux". P 214
"Le plus frappant, pour qui observe l'arsenal de moyens déployés, par l'industrie nucléaire au moment de Fukushima (ce moment désormais appelé à durer très longtemps), c'est l'extraordinaire contraste entre le discours officiel de ses promoteurs et la réalité que l'on peut constater empiriquement sur le terrain. Le nucléaire joue toujours sur l'image d'une industrie de pointe, portée par une technologie de haut niveau. C'est le fleuron du progrès scientifique, la fine fleur de la virtuosité technique. Dans la réalité, c'est tout le contraire : infrastructures vieillissantes, mentalité moyenâgeuse. La centrale s'effiloche : le prétendu sommet de la technologie humaine se révèle une vulgaire affaire de plomberie.Sur place, sur les photos que l'opérateur lâche au compte-gouttes, des tas de câbles et de raccords, de tuyaux éventrés, marabouts, bouts de ficelle. Partout on installe des plaques de plomb et d'acier. Quelle technicité !
Quelle maîtrise ! On est obligé de recourir à de la résine, de la sciure de bois et du papier de journal déchiqueté pour colmater les fuites. A la brouette et au râteau pour déblayer les décombres. Pour nous sauver, rien de tel qu'un couvercle, une bâche, une tente... ou comme à Tchernobyl, un sacophage. Qu'on recouvre tout ça et qu'on n'en parle plus... Sous ses grands airs, la camelote navrante du nucléaire". P220
En Afrique du Sud, c'est la guerre contre les rhinocéros, où des braconniers tuent les mères rhinocéros sous les yeux de leurs petits pour leur scier leur corne, juste parce que les chinois, en tous cas le mâle chinois, se lamente urbi et orbi d'avoir une petite bite : même que le broyat de corne de rhinocéros serait royal contre cet inconvénient majeur ! Mais, les chinois, vous n'êtes pas les seuls : chez moi en ce moment j'ai trois nacelles élévatrices qui s'érigent en pétaradant un tonnerre de Dieu toute la journée quand les mecs qui les actionnent en manipulent le bien-nommé joystick ! J'ai entendu également à la radio cette semaine une Patricia, rare grutière du BTP, se plaindre d'avoir été persécutée par un collègue parce qu'il conduisait une plus petite grue que la sienne ! Tous ces engins sont des substituts, des avatars sublimés, des objets de consolation. Aussi du calme les chinois, ce n'est pas une caractéristique chinoise, mais une caractéristique de la moitié de l'espèce humaine. D'ailleurs au rythme où il fait disparaître les rhinocéros, je gage que le mâle chinois va rester immémorialement comme la plus petite bite du vivant animal. Peut-être même végétal qui sait ? La photo, qui ne va pas me réconcilier avec mes lectrices les plus sensibles, provient de cet article en anglais qui rapporte une épidémie de braconnage dans le parc Kruger entre le Zimbabwe et le Mozambique.
La question vaut d'être posée : Être en guerre contre tous comme cela, n'est-ce pas aussi être en guerre contre soi-même ?
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Ah ouais atroce l'image. Insoutenable !
RépondreSupprimerJe sens monter en moi une vague de haine terrible.
La violée qu'on paie comme une pute très chère, cette saloperie de nucléaire qui tue surtout des innocent.e.s (animaux compris bien entendu) et pour finir...cette horreur-là. Mais que faire ? Que faire ?
Je ne sais pas si c'est consolant mais la photo du bébé rhino a forcément été prise par des patrouilleurs anti-braconnage africains accompagnés d'une ONG de préservation des animaux sauvages ; le bébé a forcément été transporté dans un refuge. Trop jeune privé de mère pour devenir un bon rhino sauvage, bébé au contact d'humains, il ne sera sans doute jamais réhabilitable à la vie sauvage. Et il gardera dans sa mémoire d'être sensible, le vif traumatisme d'avoir assisté dépeçage de sa mère à la tronçonneuse par le PIRE DES PREDATEURS que la terre ait jamais porté ! Comme toi, cette photo me révulse. Mais il faut aussi montrer la réalité du massacre des animaux.
SupprimerTous ces mâles qui ont besoin de tuer. Il y en a un à Sète que le bruit de la fête dérangeait (il l'était déjà) il a tiré dans le tas : 4 blessés dont deux entre la vie et la mort.
RépondreSupprimerTous les dimanche, je tremble pour mes chats quand j'entends hurler les connards pour lancer leurs chiens (il y a quelques malheureux lapins et des faisans qui ont été lâchés pour leur servir de cible). Je hais ces gens. Et la photo de la rhino amputée avec son petit à ses côtés, c'est un symbole du gâchis de tous ces gros cons et ça décuple ma colère. Bien à toi Hypathie
Euh, je ne sais pas si ces "amusements" virils imbéciles qui n'amusent qu'eux sont bien légaux. Il faudrait prévenir la gendarmerie (si tu es à la campagne) ou le commissariat (si tu es en ville). En insistant lourdement et en relançant : je sais qu'il ne fait pas bon être une femme battue, un enfant du placard ou un animal maltraité ou même négligé dans ce pays. Qu'on soit à la campagne ou en ville. Et puis les gendarmes ont d'autres affaires d'expulsions en cours en ce moment, ils sont à N/Dame des Landes (l'une des plus vastes opérations de police menée en France :
Supprimerhttp://www.rennes.lemensuel.com/actualite/article/2012/11/30/notre-dame-des-landes-grand-bourbier-des-forces-de-lordre-13341.html
A chaque fois que je lis ton blog je déprime. MONDE DE MERDE !
RépondreSupprimerC'est vrai que la photo du rhino n'aide pas le moral ! Mais j'essaie quand même d'écrire des articles où les femmes sont successful, celui sur Borgen par ex. Mais il y en a d'autres. Et il y a plein d'associations où aller militer. Bon courage :))
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