vendredi 13 mai 2016

Harcèlement sexuel : Baupin et consorts


Revoici une "affaire" de harcèlement sexuel en milieu politique, et tout le monde tombe des nues ! Mais pourquoi ne parlent-elles pas ? Refrain habituel. Omerta, loi du silence, réellement ? Quand on fouille un peu dans les témoignages, on s'aperçoit que les victimes parlent : elles se font des confidences les unes aux autres, elles alertent la hiérarchie, une témoigne avoir balancé une baffe à l'agresseur, l'autre s'entend répondre "ah, il a recommencé !", des propositions de commissions pour examiner le sujet "au sein du parti" ont été faites... sans suite. Delphine Batho explique tranquillement sur un plateau télé que "Baupin n'étant plus dans le parti vert, ses soutiens le lâchent", donc si loi du silence il y a, c'est du côté des complaisants et des complices qu'elle est.
On est en fait dans une inertie de la société face à ce fléau : pays de la gaudriole, des blagues gauloises, où on met les rieurs de son côté en tournant en dérision celles qui n'ont jamais été harcelées, et qui auraient bien aimé l'être (Martine Aubry ou Angela Merkel, par exemple, cibles de Nicolas Canteloup sur Europe1, femmes repoussoirs masculinisées parce que fortes et puissantes), le paternalisme condescendant fait des ravages.

D'ailleurs les dinosaures patriarcaux arrivent à la rescousse de la forteresse assiégée : Pierre Lellouche UMP/LesRépublicains déclare à un journaliste de RTL dans les couloirs de l'assemblée :
"Je commente l'international, les choses sérieuses, pas les histoires de bonnes femmes" !
Inversion de la charge : c'est en réalité une affaire de bonshommes et de leurs soi-disant "pulsions sexuelles" en folie, selon la légende qui marche du feu de dieu et qui leur fournit leurs alibis pourris depuis toujours.
Bernard Pivot sur son compte Twitter (il a retiré le tweet depuis devant les réactions choquées de ses abonnés, et a présenté des excuses) y va de sa remarque voulue spirituelle dont on peut voir ici une capture d'écran (impitoyable Internet !), et enfin, Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, réagit à la remarque de Cécile Duflot : "Des Denis Baupin, il y en a pas mal à l'Assemblée" :
article à lire sur le site du Lab Europe1.

Jouer les innocents aux mains blanches injustement accusés par de supposées harpies revanchardes est supposé marcher bien sur l'opinion, même si Cécile Duflot a été secrétaire nationale des Verts et qu'il est difficile de croire qu'elle n'était au courant de rien.

Déposer des plaintes et des signalements n'est en général pas suivi d'effet : je l'ai fait moi-même une fois (hors les signalements aux DDTE -inspections du travail- de discriminations sexistes jamais suivis non plus) à la DASS de la Mayenne au sujet d'un directeur harceleur d'un de leurs établissements que j'ai quitté au bout de 7 jours et où je m'étais fourvoyée ; je n'ai rien à faire dans un établissement médico-social sauf à y gâcher mes talents commerciaux, mais quand on est au 36ème dessous on se signale ainsi aux prédateurs qui n'attaquent que les femmes réputées sans défense, ce que je ne suis pas, mauvaise pioche. Je n'ai même jamais reçu d'accusé de réception à mon signalement ! Pierre Lellouche est bien le porte-parole de toutes les administrations où on n'en a que faire des "histoires de bonnes femmes" ! Circulez, on a tant de dossiers autrement plus sérieux qui accaparent notre temps de travail ! Tout est normal, ce sont des jeux de séduction toutes ces mains au cul, ces plaquages au mur, ces pincements de seins, les insultes dans la rue, les claquements d'élastiques de slips : c'est juste parce que vous êtes belles et désirables ! Pensez à toutes celles qui n'ont jamais reçu ce genre "d'hommages" !

Trève de boniments et de justifications foireuses. La réalité est la
suivante : on n'est en aucun cas dans des jeux de séduction ni des jeux sexuels, ce sont des affirmations de la terreur machiste que les hommes imposent aux femmes, des jeux de pouvoir excluants qui réaffirment la suprématie masculine dans les lieux où ils estiment que les femmes ne sont pas légitimes, si elles veulent y être tolérées, elles doivent en accepter les "traditions" et "bizutages" mâle-traitants qu'ils croient être en droit de s'infliger et d'infliger aux autres. Je laisse la conclusion à Laurence Rossignol devant l'Assemblée ce mercredi 11 mai 2016, exprimant les ravages de leur comportement irresponsable :


Laurence Rossignol : "Le harcèlement pourrit la... par publicsenat
(Si la vidéo ne marche pas -merci Dailymotion et/ou PublicSénat-, cliquer sur le lien au-dessous pour la visionner)
Pétition à signer : Violences sexuelles en politique : Levons l'omerta !
Un rappel de l'affaire Jean-Michel Baylet, le troisième sur l'image en tête d'article.
Mise à jour 13/5/16 13H50
Décidément, ils ne comprennent rien !
"Se prendre une "Baupin" la nouvelle blague en vogue à l'Assemblée Nationale" 

18 commentaires:

  1. De toute façon, les violences sexuelles, on en parle sans arrêt mais personne ne veut les voir pour ce qu'elles sont tant elles sont banalisées et les victimes laissées de côté, elles pensent parfois n'avoir pas le droit de se plaindre. J'ai vécu des situations de harcèlement quand j'étais plus jeune que je n'ai identifiées comme telles que quelques années plus tard avec une meilleure connaissance du féminisme.

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    1. Tout à fait ! Les femmes croient la plupart du temps que c'est de la drague un peu lourde et certaines trouvent cela flatteur. D'ailleurs, c'est présenté comme flatteur : je crois que je l'ai abordé avec l'exemple de Canteloup. Et puis, on est tellement nées pour trinquer, hein ?

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    2. C'est aussi qu'il y a socialement une confusion entre sexualité et violence. La drague est vue comme un rapport unilatéral : c'est l'homme qui choisit de conquérir la femme de gré ou de force, de la prendre ou de la rejeter, elle n'a pas voix au chapitre pour exprimer son désir ou son refus, une femme n'est pas censée séduire de manière active puisqu'on lui prête une aura de disponibilité passive et perpétuelle et elle court le risque de subir plus de violences en cas de prises d'initiative, toujours le double standard trop séduisante ou pas assez quoi qu'on fasse ou dise. Et oui ces attitudes sont exacerbées dans les milieux de pouvoir où les femmes ne sont pas les bienvenues, je ne peux parler que pour mon cas personnel mais en travaillant en bibliothèque, je n'ai jamais été draguée ou harcelée par des collègues - mais parfois par des usagers - les hommes y étant une petite minorité, ils ont plutôt tendance à se faire plus discrets.

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    3. Effectivement, les bibliothèques sont des univers de femmes, contrairement à l'univers de l'entreprise où on doit subir des genoux sous la table (ça m'est arrivé), des remarques douteuses sur votre sexualité, on vous soupçonne d'être lesbienne (comme si c'était un péché !) si vous êtes célibataire et avez le verbe haut et des arguments, ce qui est mon cas pour ces deux caractéristiques, sans parler du fait qu'on vous prend pour l'assistante quand vous décrochez le téléphone, parce que oui, j'ai une voix de femme, c'est pas de bol pour moi, bref, c'est assez vite l'enfer. Ceci dit, je n'ai jamais été plaquée contre un mur, mais c'est parce que je dois être une femme castratrice, comme m'a demandé un jour une greluche de consultante à nuque souple dans un cabinet de recrutement "vous ne seriez pas une femme castratrice par hasard ? à quoi j'ai répondu que bien sûr, à partir du moment où on se défend seule dans la vie, sous son nom, et qu'on est sur les routes pour gagner son pain, on est forcément une martienne aux pieds verts. Et castratrice, pour les immatures irresponsables qui ont le pouvoir partout :-\

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    4. PS : Ceci dit je suis ravie d'être une femme castratrice : ça m'a évité pas mal d'ennuis dans la vie. A commencer par les mains au cul, pas toujours, pas partout, il y a des myopes mal appareillés ! Mais en entreprise, oui.
      Parce que selon certaines consultantes en cabinets de recrutement, si tu n'as pas eu ta première main au cul à 12 ans, c'est vraiment que tu as raté ta vie de femme ! :D

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  2. Stéphanie .......................18 mai 2016 à 08:56

    Beau pain dans la gueule , et tu enchaînes avec coup de genou dans les bijoux de famille qui peuvent alors s'appeler "les deux orphelines" ...... Le jour où les femmesarrêteront de se croire physiquement moins forte que les hommes et qu'elles oseront cogner dur ça en calmera beaucoup ...... La plupart des femmes sont fortes et plus souples que les hommes , donc elles peuvent se défendre physiquement .... Ne pas oser cogner c'est culturel ... C'est un truc appris dés l'enfance aux filles , genre : Les garçons sont "naturellement bagarreurs , mais les filles sont gentilles"..................

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    1. Oui, je pense aussi que les femmes et filles sont trop polies. Ou alors leur agressivité est orientée vers leur sexe/genre et leurs sœurs : ce qui est improductif. Moi, je ne suis pas polie et j'assume, mais il faut être forte pour faire l'impasse sur les interdits sociaux qui ne s'appliquent généralement qu'aux femmes. Hier, j'étais à une réunion (réunionnante, ce truc de mecs où il ne se dit rien ou presque) et une dame à pris la parole pour dire, avec un dossier bien établi, ses problèmes de locataire. Une demi-heure après, comme j'étais sa voisine de chaise, elle m'a demandé si je l'avais trouvée "agressive" parce qu'on lui reproche généralement d'être agressive. Je l'ai évidemment rassurée en lui disant que pour moi non, elle n'était pas agressive et que son dossier était parfaitement argumenté. Mais j'ai rajouté que les femmes qui se défendent et qui défendent leurs intérêts sont toujours taxées d'agressivité, pendant que les mecs, ces poussins duveteux du jour, eux, ne font que s'affirmer. Nous sommes immémorialement des harpies. Et bien, soyons des harpies dans les situations d'agressions. Surtout si ça peut nous sauver la mise et nous garantir la sécurité.

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    2. Stéphanie .......................18 mai 2016 à 12:19

      ça peut nous sauver la vie , parce que chez le violeur il y a une jouissance sadique que la soumission et la peur de sa proie (parce qu'il s'agit bien d'une proie)va renforcer .... Plus la proie a peur et se soumet plus le violeur ou l'abuseur va jouir , parce qu'il jouit avant tout de sa domination sur la proie ...... Je pense que beaucoup d'abuseurs sont psychiquement faibles , oui , mais aussi physiquement faiblards ...... Et puis le corps d'un homme abuseur est de fait en position de faiblesse , et de plus il est obnubilé par ses idées perverses donc vulnérables ...... Les filles devraient apprendre un minimum de self deffence sans pour autant devenir des femmes ninja ...... Quelques coups simples et bien placés .... Le mec il est ko ou hors d'usage ........

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    3. Après des années de réflexions sur ma place d'être humain femme et d'expérimentations du sexisme, j'en suis venue à la conclusion que les femmes ne sont pas assez violentes. Nous sommes conditionnées à être passives et dès que notre nature profonde remonte et donc aussi l'agressivité et la violence, tout un réseau de contraintes la tue dans l'œuf. La contrainte sociale vis à vis des femmes est si forte et si bien huilée que même les femmes y participent. Je suis toujours tellement désolée de voir que si peu de femmes se disent féministes car cela les renvoit à une image de femmes violentes tellement dévalorisées qu'elles ne veulent pas y être associées. La violence des féministes est une des composantes du féminisme mais pas que, il y a toutes les palettes qui constituent l'humain dans le féminisme, des réflexions les plus élaborées à la violence.
      Dernièrement dans mon entreprise j'ai organisé la projections d'une conférence sur les stéréotypes qui empêchent les femmes de progresser, conférence donnée par un homme très bon conférencier. Une des femmes de l'assistante m'a dit dommage que ce soit une homme qui dise tout cela. Cette femme déteste les féministes pourtant tout ce qu'a dit le monsieur a déjà été dit et répété par les féministes mais pour elle c'est inententable dans la bouche d'une femme.

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    4. Le sexisme de l'oppresseur provoque la haine de soi de l'opprimée : ces femmes qui ne veulent pas du féminisme et n'aiment pas les féministes ne s'aiment pas elles-mêmes.

      Je ne préconise pas la violence en féminisme : mais de l'affirmation de soi, moins de politesse, des remises en place, voire des coups de coude dans les côtes n'ont jamais fait de mal à personne. Les femmes sont timorées et ont peur de se faire mal voir en affirmant haut et fort leurs convictions. De toutes façons on est déjà tellement mal vues qu'il ne peut sortir que du bien de s'affirmer et s'imposer.

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    5. Pour moi la violence physique est impossible mais cela me manque. Je suis du genre à afficher une certaine ambition, enfin j'étais du genre car je m'en suis tellement pris que je suis plus ou moins anéantie. J'ai souvent été taxée d'agressivité pour me disqualifier et aujourd'hui alors que je fais hyper gaffe si on me dit ça je perd le peu de moyen qu'il me reste. La violence des hommes est multiple : paroles et actes très vite si ils n'ont pas ce qu'ils veulent tout de suite. Et comme les femmes font partie du groupe social le moins valorisé, elles font tout pour appartenir à un autre groupe, résultat il n'y a que peu de solidarité entre nous voir pas.
      ...Dans mon job actuel, je dois tenir des positions qui vont à l'encontre de courant dominant et je suis en permanence confrontée à des attaques perso et non des arguments sur ce que je dis, c'est usant. Ce genre de blog permet de décrypter ce que je vis et de conforter des propres analyses. La confiance en soi est un capital plus facile à entamer qu'à construire surtout pour les femmes qui font l'expérience quotidienne du dénigrement. Je me souviens de mon prof d'éco en 2nde qui disait que l'homme le plus déclassé socialement se dira toujours qu'il est mieux que sa femme. Je trouvais cela scandaleux mais c'est la réalité aujourd'hui.

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    6. Ca a toujours été la réalité, les femmes n'ont pas le magistère de la parole, c'est HIStorique ! Mais il y a des moyens de développer son assertivité et ses arguments en adhérant par exemple à une asso féministe, en militant, en s'inscrivant dans un club de filles qui boxent, font du krav maga ou tout autre genre de lutte ? On gagne en confiance en soi, ça se voit, les autres n'osent plus t'emmerder ! Et puis, avant d'aller négocier un dossier, tu le potasses bien avant, et tu développes tes arguments toute seule chez toi, tant pis si tu as l'impression de parler seule, on s'en fout. Il faut s'entraîner : moi je répétais mes arguments commerciaux dans ma voiture sur la route de mes clients, et je relisais bien mon dossier sur le parking avant d'y aller :))

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  3. Stéphanie .......................18 mai 2016 à 12:30

    Je pense qu'en cas d'agression et agression sexuelle , le plus difficile pour la femme (proie de l'agresseur mascho) est de sortir de l'état de sidération provoqué par l'agression parce que cet état fait perdre toute force ........ Il existe des techniques respiratoires qui aident à cela : Se centrer dans le ventre (et chez les femmes le ventre est mille fois plus fort que celui d'un homme quelconque) se centrer dans les hanches , se centrer dans la respiration ..... Et , frapper ! ....... Par exemple avec la paume de la main de bas en haut sous le menton ou à la gorge ..... Là , le mec il tombe ....

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    1. Les femmes ont peur de faire mal quand elles cognent en se défendant...

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    2. Stéphanie .......................18 mai 2016 à 17:47

      Oui , parce que les petites filles sont dressées dés la petite enfance à être de futures mamans , et la maman c'est par définition gentil et ça se sacrifie forcement ...... Mais , d'un point de vue rationnel si tu veux :Le meilleur service (pour parler ainsi)à rendre à un abuseur c'est de le cogner , de le neutraliser ....... Les conditionnements sont des inibiteurs dans le cas des femmes , et des incitateurs dans le cas des hommes .... Le rapport sado masochiste est construits dés la plus tendre enfance ........ Êtreune proie c'est un truc inscrit si profondement dans la structure de l'inconscient que s'en est même très difficile à percevoir ...... ça en est presque impensable tant c'est révoltant ...................

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    3. Ça se travaille tout ça : on peut se désinhiber de plusieurs façons, dont les sports de combat, et bien sûr devenir féministe !

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    4. Stéphanie .......................19 mai 2016 à 08:09

      Je pense que la seule révolution possible et autantiquement révolutionnaire et mondiale ne peut être que le féminisme ..... Seul le féminisme peut changer le monde ........ Pour l'instant les affrontements se jouent entre maschos contre maschos : Maschos dominés par d'autres maschos dominants ....... Les tribus maschos se disputent la domination du monde ........

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    5. Tellement vrai quand je vois comment les femmes des peuples qui sont ou ont été en proie au racisme cela me désespère. Les machos ont un besoin viscéral de détruire....

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