Quand je suis sur Twitter, généralement, je n'ai pas de réponse ni d'objections des boîtes citées, sauf de certains masculinistes et des teigneux qui ne supportent pas une telle pierre dans leur jardin. Ils trollent. Soit sollicités par l'entreprise ou école dont ils sortent, soit en ouvrant un compte pour faire poids aux féministes honnies qui, forcément, disent des bêtises avec de mauvaises intentions, celles de mettre l'accent sur leurs injustices, qu'ils nient farouchement. Ces trolls me renvoient, croient-ils, le super argument qui tue, genre "mé dans les écoles d'esthéticiennes, y a pas de mecs, ces vilaines discriminent les hommes, tiens prends ça !", assorti pour les plus branchés d'un #facepalm qui se veut désobligeant (synonymes : #fail, #stupid, #epicfail, #failure #retarded) vengeur.
Ces ignares posent A PRIORI que toutes choses sont égales par ailleurs, que les relations entre les hommes et les femmes sont SYMETRIQUES, ce qui bien sûr est faux, il n'y a qu'un technicien de mauvaise foi, qui prend Pearl Harbour pour une actrice américaine qui ne le sait pas.
Les esthéticiennes, les coiffeuses, les infirmières ne mettent pas en place de stratégies d'évitement pour ne pas avoir de mecs chez elles ; je pense même que pas mal d'entre elles seraient contentes d'en accueillir. Mais les mecs, eux, ne veulent pas faire de "boulots de gonzesses", peu ou mal payés. Voire pénibles et mal payés, comme dans le cas des infirmières ou des aide-soignantes.
Alors qu'informaticien, développeur informatique, électronicien ou mécanicien..., c'est bien payé, et selon la légende urbaine des patriarcaux, on en manquerait cruellement. D'où l'intérêt d'ouvrir des écoles partout et de les mettre en concurrence. La compétition il n'y a que cela de vrai, mais entre eux, des fois que les filles seraient meilleures ! Des infirmières, on n'en manque pas, et ça se trouve sous le sabot d'un cheval, bien sûr ?
Voyons quelles stratégies ils mettent en place pour que les filles ne viennent pas, de la plus bénigne à la plus criminelle, de l'exclusion institutionnelle, à l'exclusion purement individuelle sexiste.
L'exclusion institutionnelle :
- Entendu en permanence dans l'industrie : "chez nous, ya pas de chiottes et de vestiaires séparés, on ne peut pas avoir de femmes". Locaux insalubres, sales, moches, INHOSPITALIERS, graisseux, sont les marques des industries masculines. Ça peut sentir le renfermé aussi, voilà ce que c'est que de ne jamais ouvrir une fenêtre, au propre et au figuré. Quand ils n'ont pas de raison formelle pour que ça renifle, ils s'arrangent pour vous mettre trois gros sacs poubelles devant les lavabos où vous voulez aller vous laver les mains quand vous êtes en visite et que vous avez fait 500 bornes pour venir les voir, ces misérables ;
- L'uniforme de travail : les flics et CRS notamment (mais pas qu'eux), sont habillés de combinaisons d'un seul tenant : quand ils vont pisser, ils se dézippent la braguette et ça le fait ; quand ils recrutent des filles (si les filles veulent venir, elles doivent accepter toutes les règles de l'institution, serinent-ils), les filles doivent se désapper pour aller pisser. Il y a eu amélioration -grâce aux filles, maintenant, c'est chemise pantalon en deux pièces. Si c'est la seule braguette-zip qui fait la/le CRS, je refuse de payer la TVA et mes impôts, bordel.
- L'occupation de l'espace et du temps : entassements en open space merdique de grande camaraderie masculine où s'isoler est impossible, sans parler des envahissements de l'espace des femmes qu'ils se permettent sans arrêt, ces
Certaines écoles de techniciens et d'ingénieurs dont le cas Epitech documenté par un mémoire de @sweetyclem, mais également, l'école 42 fondée par Xavier Niel, le patron de Free, sont à ce titre parfaitement éloquents : ces écoles de techniciens sont nées de la peur du chômage qui désormais menace tout le monde : même ceux qui ont un beau diplôme peuvent rester sur le carreau, ils garantissent donc un taux d'emploi de plus de 95 % à la sortie. Mais avec prix fort à payer : scolarité chère dans un cas (les parents se saignent ou s'endettent, et les élèves aussi) et surtout dans tous les cas, omniprésence dans l'école : pas d'horaires, pas de vacances, école ouverte tous les jours, samedis, dimanches, fériés, NUIT et JOUR. Car la menace du chômage sert aussi à formater des futurs salariés bien dociles et suiveurs, elle entretient la peur. Le présentéisme, cette plaie, est valorisé : vous faites de l'informatique, vous développez du code, vous mangez dans l'école, vous y vivez, vous ne la quittez plus. Cela crée des liens, renforce, croient-ils, la sacro-sainte cohérence des équipes, le ciment de l'amitié masculine, tant pis pour ceux (CELLES) qui ne sentent pas l'intérêt d'un tel investissement stérilisant. Car évidemment, c'est stérilisant : pas de métissage, et tout ce qui n'est pas enseigné à l'école/entreprise, ne sert pas les buts de l'école est banni, c'est le contraire d'un enseignement généraliste qui append à PENSER, qui développe l'esprit critique, ce que doit faire tout enseignement. Mais au fait qui assure l'INTENDANCE dans ces endroits ? Des femmes, éternelles pourvoyeuses de "services" bénévoles ou mal payés : repas, ménage, nettoyage du linge, secrétariat,... car il faut bien que quelqu'un le fasse. Avec un tel partage des tâches, je ne vois pas comment les femmes pourraient y aller. Donc, l'argument "mais que les femmes viennent, nous on ne demande pas mieux" est faux-cul et foutage de tronche. Indiscutablement, ces pratiques sont des méthodes d'exclusion des femmes pour les deux raisons évoquées.
- Les pratiques rituelles d'intégration : les bizutages où il est difficile de distinguer ce qui relève de la fête bon enfant et ce qui relève du sévice, au besoin sexuel : les premières victimes sont des garçons bouc émissaires, les plus faibles, les différents..., victimes de la mâle-traitance corporelle et psychologique, voire d'agressions sexuelles. Si les filles ne veulent pas y participer, elles seront taxées de faire cavalière-seule, de ne pas vouloir "s'intégrer".
Les stratégies individuelles d'exclusion :
- Remarques sexistes, blagues lourdes, sous-entendus d'incompétence, refus de travailler avec les femmes, "climat général hostile aux filles", zéro pointé parce qu'une a protesté qu'elle a réparé (corrigé un bug) le programme d'un mec et que le mec se l'est attribué, ne supportant pas qu'une fille soit plus compétente que lui.
Ces stratégies peuvent devenir violentes : harcèlement, pratiques perverses et humiliantes, le viol même est une pratique qui fait régner la terreur (deux affaires récentes de viols dans l'armée et les CRS ont conduit à interpeller les ministres), le terrorisme machiste fait que des comportements d'évitement se mettent place. Les femmes, tout en niant les discriminations, soit n'y vont pas, soit se tiennent à carreau quand elles ou une camarade est agressée, et ne sont pas solidaires entre elles de peur d'être exclues de ces milieux machistes. Evidemment, l'agression sexuelle est paroxystique, mais elle a l'avantage de faire régner préventivement la terreur, et d'être dissuasive. Le "tu l'as bien cherché" est dans l'air. Fréquenter des lieux masculins pour une femme est forcément transgressif, la société nous le rappelle tous les jours.
J'ai personnellement expérimenté plusieurs de ces situations (outre les plafonds de verre, salaire spécial femme...) : pas de toilettes pour les femmes généralement, soupçons de ne "pas s'intégrer dans l'équipe" de joyeux drilles, poussant à l'alcoolisation voire à la délinquance routière dans deux cas, et aussi un pervers harceleur que j'ai supporté 4 jours : j'ai rompu ma période d'essai en lui disant son fait et suis partie avec mes affaires sous le bras en tonitruant dans le couloir. Six mois après, le type était traîné devant un tribunal et mis en retraite anticipée : j'ai la faiblesse de penser que j'ai peut-être ouvert une brèche, sans avoir de certitude, mais la situation pourrissait la boîte depuis longtemps.
Qui peut témoigner de comportements sexistes symétriques dans des établissements à majorité de femmes ? Dans des proportions telles et d'une telle gravité ? Personnellement, je n'en ai pas connaissance ; les principaux reproches sont que les femmes sont mesquines et pestes entre elles, accusations qui relèvent davantage de la misogynie ambiante, et de la haine de soi que développent tous-tes les colonisé-es qui doivent survivre dans un monde qui n'a pas été fait pour eux. Tout cela est parfaitement documenté, personnellement je n'en ai ai pas vécu et j'ai toujours trouvé les milieux majoritairement féminins plus confortables. L'argument que les deux camps sont à égalité dans la discrimination à caractère sexiste, est donc parfaitement spécieux et orienté, donc irrecevable.
The female pioneers who made computers possible: pic.twitter.com/LY8LNEqYiH via @PhoenixUtters But girls shouldn't do such boy stuff of course.
— Dr. Anja K. Peters (@thesismum) 31 Janvier 2015
Les chercheures et scientifiques femmes qui ont permis l'informatique telle que nous la connaissons aujourd'hui - "Les pionnières qui ont rendu l'informatique possible, mais les filles ne devraient pas faire des trucs de garçons, naturellement".Liens supplémentaires : Open source, closed minds (en anglais) sur le milieu sexiste des développeurs open source.
Sexiste, l'informatique ? aborde l'absence de modèles féminin et/ou l'effacement HIStorique de ces modèles.
Témoignage d'une étudiante à 42 ; ce qu'elle traverse ressemble assez à de la privation sensorielle, méthode d'endoctrinement ou de torture : 42, les chroniques d'une noyée
http://blogs.lexpress.fr/sexpress/2015/02/03/dsk-et-les-prostituees-un-proces-sans-queue-ni-tete/#xtor=AL-839
RépondreSupprimerJe t'indique cet article parce que ça revient sur le devant de la scène ..........................
On verra bien la suite mais on se doute bien que les puissants et les misérables ne sont pas égaux devant une justice patriarcale depuis des millénaires ......
La plupart des hommes ne se rendent même pas compte de ce que subissent les femmes. Je vis un peu un entre-soi masculin en ce moment, en vivant à la campagne. Dans les bars (où je me rendais lorsque j'étais en ville), il n'y a que des hommes qui me dévisagent lorsque je passe. Lorsque je marche aux abords de ma maison, les regards se font pressant, comme si une jeune femme ne pouvait pas se promener librement, autour de chez elle. Devrais-je toujours avoir peur du loup ? Visiblement, les femmes du coin on l'habitude, étant donné qu'elles ne sortent jamais de leur domicile, sauf en voiture, le jour, avec leurs enfants, dans un cadre bien particulier.
RépondreSupprimerToujours sexualisée, toujours infantilisée, toujours enfermée, c'est normal que l'on s'écrase bien à l'abri dans notre demeure ?