pas de religion chrétienne (j'en entends dans le fond penser tout haut que ce ne serait pas une catastrophe), pas d'apôtres, pas de Vatican : imaginez en Judée il y a 2000 ans une fille, même charismatique, suivie partout par douze mecs, prêchant dans les rues, elle aurait été vite ramassée par la maréchaussée de l'époque, ramenée manu militari au foyer de son père, mariée de force et sommée de pondre pour renouveler l'espèce, pas de discussion. Et on n'en aurait pas fait une HIStoire, roman épique racontant ses exploits -Bible (Moïse), Evangiles (Jésus), Actes des Apôtres (Paul), Coran (Mahomet)... Les filles, c'est pas intéressant. Il n'y a que les hommes qui soient dignes d'un destin individuel, relaté ensuite sous forme de roman épique, la littérature en regorge. Et puis, faire la promotion des filles n'était pas le propos des fondateurs du Judaïsme, du Christianisme ni de l'Islam. Pas plus que du Boudhisme et de l'Hindouisme.
Eliminées à la naissance en Chine et en Inde, pour cause de dot, car considérées comme une charge,
échangeables comme du bétail au Moyen-Orient, assignées à l'esclavage domestique et sexuel dans les régions contrôlées par Daech et Boko Haram ces derniers temps ; j'ai mis ci-dessous un tweet de Samuel Etienne du 25 décembre 2014, rapportant un article de Causette sur les jeunes femmes Yezidies promises au viol et à l'esclavage sexuel si elles sont prises par les miliciens de Daech/EIL :
Contre Daech, des ados yézidies prennent les armes. La plus jeune n'a pas 15 ans. A lire dans @CausetteLeMag pic.twitter.com/5KwWkycERE
— Samuel_Etienne (@Samuel_Etienne) 25 Décembre 2014
Forcée à la maternité et à la production de garçons sous peine d'être renvoyées dans leur famille, les filles ne valent rien selon les principes mortifères de patriarcaux au pouvoir partout. Il faut vraiment que nous soyons une espèce décadente et irresponsable pour ne donner que le choix de la guerre à des fillettes de 12, 13 et 14 ans, âge où elles devraient être en sécurité à l'école, et où l'avenir devrait s'ouvrir à elles. N'oublions pas non plus le sort fait aux Chibock Girls : les 219 jeunes filles enlevées par Boko Haram, que sans doute plus personne ne cherche, elles sont passées par profits et pertes de notre espèce sans compassion (les animaux en ont davantage), et si certaines réapparaissent, elles seront condamnées à un sort de parias, car elles seront soupçonnées d'avoir été violées par des sociopathes qui resteront impunis, j'en prends le pari. A l'heure où j'écris ces lignes, une majorité doit être enceinte ou mère sans l'avoir désiré.Et pourtant qu'est-ce que les filles et femmes rendent comme services gratuitement : de corvée de bois et d'eau dans les pays en développement, spécialement le Sahel
elles s(er)ont les premières frappées par le réchauffement climatique selon le témoignage de Nicolas Hulot dans l'émission On n'est pas couché de samedi 20 décembre dernier, qui disait que désormais elles font 25 Km pour se réapprovisionner en eau, là où avant elles en avaient quasi sous les pieds. Une considération qui ne perturbera pas les dirigeants mâles des nations riches les plus carbonées et voraces : USA, Canada, Australie, Chine, France,... Elles sont aussi agricultrices nourricières de leur famille et de leurs enfants, sans accès aux terres, à l'équipement agricole ni aux prêts bancaires.
Mais chez nous me direz-vous, c'est gagné ? De bonnes écoles, des diplômes prestigieux qu'elles obtiennent car elles sont excellentes, bien meilleures que les garçons, et malgré cela des opportunités de carrière moindres, un accès à une douzaine de métiers essentiellement de service, toujours considérées comme salaire d'appoint du conjoint, comme variable d'ajustement dans les entreprises qui trouvent normal de nous employer à mi-temps, et de nous renvoyer dans nos foyers lors des secousses économiques cycliques provoquées par ces parasites irresponsables que sont les spéculateurs, à peine tolérées dans les staffs de dirigeants des entreprises et des partis politiques, les femmes jouent les bouche-trous aux postes dévalorisés dont les hommes ne veulent pas. Et elles ont la charge du bien-être de tous dans l'abnégation la plus totale. Encore bien heureuse quand les coups ne pleuvent pas, car là il faudra affronter la maltraitance des "services" de police et de justice.
"Je ne suis personne. Qui êtes-vous ?"
Emily Dickinson poétesse américaine - 1830-1886.
"I'm nobody, who are you?"
#EmilyDickinson
#FotoDiScrittori
@CasaLettori pic.twitter.com/8HC41Cp0Kg
— Susanna Miari (@susannamiari) 17 Décembre 2014
Mais prenez bien garde : les filles auront leur revanche. Quand il sera trop tard pour une partie de l'humanité, sans doute, mais elles reviendront très fort. Il ne peut pas en être autrement.Et ce jour-là, les filles sauront avec certitude qu'elles ne doivent RIEN à personne. Et elles décideront de maîtriser elles-mêmes leur destin. Pour le meilleur.
A propos de destins de femmes, il y a heureusement de plus en plus d'écrivaines qui retracent dans leurs livres des vies féminines qui possèdent de plus une complexité que n'ont pas les vies d'hommes, car elles doivent lutter plus pour défendre leur individualité et prendre en même temps soin de leurs proches. Je pense notamment à Carole Martinez et son "Coeur cousu" où elle décrit la vie romancée de son arrière-grand-mère, couturière de talent ayant fait un très long voyage, de l'Espagne au Maghreb avec sa ribambelle d'enfants pour échapper à son mari, joueur invétéré qui voulait la prostituer pour régler ses dettes. Il y a encore bien d'autres exemples, les romans de Toni Morrison je laisse aux autres lectrices et lecteurs le soin de nous en donner !
RépondreSupprimerMerci pour les références. Je me demande si dans cette catégorie on ne pourrait pas mettre Trois femmes puissantes de Marie N'Diaye, au titre trompeur selon moi : il s'agit de trois histoires de femmes bafouées au-delà de l'entendement : je l'ai lu dans une totale indignation, au bord de la crise cardiaque.
SupprimerAlors, il ne faut surtout pas que tu lises "Rosie Carpe" de la même auteure, c'est un roman puissant mais complétement désespérant sur la vie d'une jeune femme et de sa famille, l'héroïne se fait rouler dans la farine de bout en bout. En autres bons livres qui réhabilitent des personnages féminins, il y a "Milady de Winter" une bd d'Agnès Maupré sur la Milady des Trois Mousquetaires qui reste une meurtrière et une manipulatrice comme dans le roman mais qui est enfin rendue humaine. On rappelle qu'elle a subit de graves violences à un jeune âge - dont une tentative de meurtre de son mari Athos, sa destinée criminelle fait sens dans un monde d'hommes où il faut être le plus rusé et violent pour survivre.
SupprimerJe ne peux lire que des (bons) romans de vengeresses qui ne s'en laissent pas compter : Millenium et Lisbeth Salander, ou FuckWoman, roman de vengeance (écrit par un mec), ou Dirty week-end. Il n'y en a pas assez à mon goût. Tout le reste me donne envie d'acheter une tronçonneuse. Merci pour la référence de la BD :)
SupprimerDans une anthologie basée sur noël, je crois me rappeler avoir lu une nouvelle où Marie, et non son fils, est l'élue sauf que Dieu se rend compte que le monde n'est pas prêt à accepter une messie et donc transfère l'étincelle divine de celle-ci au fils dont elle est enceinte.
RépondreSupprimerOui, bien sûr, comme par hasard : tentative assez pitoyable de rattrapage, de justification a posteriori, dans le genre de celle qui prétend que dans la "sainte trinité", le Saint-Esprit serait l'élément femelle, genre partie à trois. La "Sainte Trinité", c'est bien trois hommes : un qui s'auto-engendre, puis le fils procède du père et l'esprit procède des deux autres. Le principe de clonage. J'aurai l'occasion d'y revenir dans un prochain article sur Mary Daly.
SupprimerLa Sainte Trinité c'est : La couille gauche , la couille droite ... et la bite au milieu .....
SupprimerVoilà ! C'est simple pourtant ........
Je ne comprends pas votre colère, je parlais d'un ouvrage de fiction avec des nouvelles fantasy/SF/fantastique et pas d'un livre religieux même si je me rends compte que ce n'est pas évident dans mon précédent commentaire . Par contre, d'après mes lectures sur le sujet, la trinité catholique est uniquement masculine (dieu et l'esprit sain étant de faux neutres), l'esprit saint est parfois «féminin» mais dans des courants gnostiques (quasiment sinon tous disparus étant «hérétiques») où il/elle est assimilé à Sophia, féminin en grecque et dans notre langue. Après je ne suis qu'une amatrice d'histoire, pas une exégète et nombre de sources m'échappent puisque je ne maîtrise que le français et l'anglais.
Supprimer@stéphanie ;D
Supprimer@Anonyme !
Effectivement, je n'avais pas saisi qu'il s'agissait de Fantastique/Fantasy. Dans ce cas, je comprends mieux. De toutes façon, on en est réduit-es à l'exégèse, puisque tout cela est basé sur des mythes centrifuges, sans doute orientés par les commentateurs successifs. Et je ne suis pas en colère. Il n'y a vraiment pas de quoi.
La sainte trinité c'est une cosmologie anthropocentrique totalitaire constituée comme un hologramme : Le Verbe Tout Puissant , Dieu crée l'objet monde qui n'est que le miroir de sa Toute Puissance : Dieu le Verbe veut se voir dans le miroir du monde et n'y voir que Lui dans le miroir du monde et il se projette en ces images qui ne sont réelles que par Lui et qui sont alors ses images .... Et au centre du miroir total il crée L'Homme à son image Totale pour s'y reconnaitre en totalité .... L'Homme n'est sujet que par le Verbe Divin qui se projette en lui en totalité ...... Alors L'Homme se trouve doué du pouvoir du Verbe et de nommer toutes choses du monde .... Et ainsi ne peut être réel que ce qui est nommé par l'homme ..... Ainsi par ce discours sur le monde , par le Verbe , par l'emprise de sa pensée holographique l'homme miroir de Dieu se contemplant dans le miroir du monde , Dieu se voit et se reconnait dans ce monde transformé et recréé par l'homme et en toute chose le Dieu Homme ne veut reconnaitre que lui puisqu'il est au centre de tout ..... L'image se referme sur l'image du Dieu Homme en son pouvoir total sur le monde .......
RépondreSupprimerJe lis actuellement le "roman total" cyberpunk de JG Ballard La foire aux atrocités (c'est dingue que j'arrive à le lire, c'est très spécial et on se demande à quoi il carburait en l'écrivant !), ça parle aussi d'images, de médias et de spectacle.
SupprimerNaître fille, c'est aussi être condamnée à faire face aux graves difficultés de la vie dans une plus grande solitude, les femmes âgées, folles ou malades peuvent moins compter sur leur mari ou sur leurs proches - qui meurent en général avant, ou estiment ne pas avoir autant d'obligations envers elles - que les hommes dans les même cas. Il y a un biopic qui va bientôt sortir sur Stephen Hawking le physicien atteint très jeune de la maladie de Charcot, il est notamment montré qu'il n'aurait jamais pu mener à bien ses recherches sans sa femme, Jane Wilde, qui a bien sur pris soin de lui, leurs enfants et de toutes les commodités domestiques en plus de son métier de professeur. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup d'hommes qui aient pris soin de leur épouse de la sorte par respect pour leurs capacités humaines, peut-être le mari de Virginia Woolf qui l'a aidée à écrire en combattant sa dépression, pas beaucoup d'autres exemples en vue. Quand on voit les fins misérables de Camille Claudel ou Séraphine de Senlis que tous leurs proches ont laissé pourrir dans un asile, et toutes les femmes anonymes qui ont connu un sort semblable...
RépondreSupprimerExact pour Leonard Woolf, éditeur très supporteur de sa femme Virginia, très attentif à sa santé et encourageant. C'est bien le seul. Toutes les femmes qui ont voulu sortir du lot on été condamnées à l'asile, à la prison, ou au... bûcher comme Jeanne d'Arc. Cette fille devait vraiment être hors du commun niveau charisme. Ou alors, elles devaient se travestir et changer de nom : George Sand, par ex, pour n'en citer qu'une, elles ont été très nombreuses. Elles sont ensuite vilipendées par les générations suivantes. C'est infernal :(
SupprimerSur le charisme des femmes d’exception il est difficile tout de même de faire mieux que Jeanne d’Arc, fille « ordinaire » au départ, et non de lignée princière ou royale, qui a conduit avec le succès que l’on connaît comme cheffe de guerre une armée de chevaliers et soldats nécessairement rudes et très machos à une époque et dans un pays particulièrement marqué par la violence et la guerre civile.
RépondreSupprimerEn plus, contrairement à certaines autres femmes guerrières dans l’histoire comme au Japon par exemple (femmes ou filles de samouraïs) elle n’avait pas de légitimité ou d’expérience martiale.
D’un autre côté, le peuple du Moyen-Age était plus sensible que les époques ultérieures au mystère des êtres « inspirées » (les « voix » de Jeanne d’Arc), même si une femme « inspirée » pouvait être considérée comme une sainte ou au contraire comme une sorcière par les autorités civiles et/ou ecclésiastiques.
Comme femme leader particulièrement charismatique à l’époque moderne on pourrait retenir aussi Eva Perón en Argentine qui était plus populaire que son mari, qui aurait pu lui succéder comme présidente si elle n’était pas morte prématurément d’un cancer et dont la mémoire est encore aujourd’hui vénérée dans ce pays.
Jeanne d'Arc a expérimenté les deux statuts : sainte et sorcière, on ne défie pas impunément l'ordre patriarcal en étant femme et en conduisant des hommes. Ceci dit, il faut certainement la replacer dans le contexte médiéval qui n'était peut-être pas aussi corseté que le 19ème siècle à propos des femmes. Et Eva Peron, fille du peuple qui parlait avec le bon sens du peuple.
SupprimerLe Moyen-Age et la vision que l'on s'en fait sont deux choses différentes, cette vision, inculquée dès l'école primaire se fonde encore sur la perception qu'en avait le 19e siècle, notamment en ce qui concerne les femmes et leur place dans la société (pour une vision moins stéréotypée, voir Sacré Moyen-Âgé de et avec Terry Jones, notamment l'épisode «la damoiselle en détresse»). Prenons l'exemple de Jeanne d'Arc, du point de vue du mysticisme chrétien, elle n'est absolument pas un cas isolé, elle s'inscrit au contraire dans un courant issu d'une résurgence du culte marial remontant au 12e ou 13e siècle, elle est juste la seule que nous connaissions à avoir pris les armes mais je pense qu'elle aurait eu des prédécesseuses si le contexte s'y était prêté, il me semble qu'il y a eu au moins une femme à avoir eu des expériences mystiques comparable après elle mais elle a vite été remise «dans le droit chemin».
RépondreSupprimerD'ailleurs, les béguines contemporaines de cette résurgence ont subi le même traitement.
C'est également au Moyen-Age que l'on répertorie dans les langues des termes masculins et féminins pour un bon nombre de métiers, termes qui seront éliminés par la suite et ainsi se propage la vision erronée selon laquelle les femmes n'auraient pas travaillé en masse avant la révolution industrielle, sauf que les dots ne sortaient pas de nulle part et c'est un fait reconnu aujourd'hui que l'âge moyen du mariage des femmes dans les classes servile, paysanne pauvre et «ouvrière» était plus élevé que dans le reste de la population.
Bien sûr que l'histoire est toujours vue à travers le prisme de l'époque dans laquelle on vit , c'est une science humaine.
SupprimerLes nombreux métiers exercés, leurs noms et les guildes dominées par les femmes au Moyen âge sont largement abordés par Le Bras-Chopard dans les Putains du diable : http://hypathie.blogspot.fr/2011/02/les-putains-du-diable.html et par Eliane Viennot dans Non, le masculin ne l'emporte pas... http://hypathie.blogspot.fr/2014/06/non-le-masculin-ne-lemporte-pas.html
Grâce à vous j'ai lu le second mais je ne me rappelais pas avoir vu le billet consacré au premier, après l'avoir lu en diagonale ce billet est la représentation de la répression menée à l'encontre d'Erzebeth Bathory, trop riche et pas assez pressée de se remettre sous le joug d'un mâle...
SupprimerJe vais essayer d'acheter ce livre mais ce que vous dites dans votre billet me fait craindre qu'il ne soit pas dans mes moyens et je peux attendre longtemps pour une édition numérique vu comment les éditeurs français sont pressés de s'y mettre...
Le livre de le Bras-Chopard se chine très bien sur Internet, mais il faut un peu de patience. C'est comme cela que je l'ai acheté avec un autre, dont le commentaire est à venir. Autrement, voyez vos bibliothèques municipales ou universitaires un peu conséquentes.
SupprimerToutes mes excuses, entretemps je l'ai cherché et trouvé à moins de 20 euros, un peu cher pour moi malgré tout mais un bon livre vaut bien un petit sacrifice. J'attends avec impatience votre prochain commentaire :)
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