vendredi 7 mars 2014

8 mars toute l'année

8 mars, Journée Internationale des droits des Femmes partout sur la planète. J'entends d'ici quelques-uns dire ou penser fort que le féminisme, c'est dépassé, que les femmes ont tout gagné et qu'il est temps de passer à autre chose. Sauf que partout sur la planète, un fait est incontournable, la pauvreté a le visage d'une femme.



Situation économique :
70 % des pauvres de la planète sont des femmes : chiffres PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement). Les femmes travaillent toujours bénévolement : les corvées indispensables qu'elles exécutent ne sont toujours pas comptabilisées dans les PIB mondiaux, basés sur le travail marchand généralement destructeur et pilleur de ressources non renouvelables, selon le modèle du travail masculin. Quand on n'est pas associé à la production de richesses, au moment de partager les dividendes, les femmes n'ont rien. Cela vaut pour les femmes européennes qui bossent bénévolement dans le mariage. Les pensions de retraite des femmes qui ont produit à mi-temps (forcé) un travail marchand, parce qu'elles assurent bénévolement et seules les indispensables corvées du ménage et de l'élevage des enfants, sont au moment de la retraite dramatiquement lésées, le travail bénévole pour toute la famille n'étant pas compté, ou seulement à la marge. Si elles décident de quitter le foyer et de vivre seules, elles sont pénalisées économiquement. L'indépendance économique est un facteur clé d'émancipation. On comprend donc tout l'intérêt des hommes à conserver les choses en l'état : l'indépendance économique des femmes favorise les divorces si elles s'estiment mal accompagnées, ils y perdent une ménagère gratuite. Non accès à l'école, non accès à la propriété des terres, accès moindre à la nourriture (sur les 800 millions de mal nourris que compte la planète, 7 sur 10 sont des filles et des femmes), pas de matériel agricole pour cultiver la terre et pas d'accès au crédit bancaire pour s'équiper. On a vu ces derniers jours en France, que les Atelières, coopérative de femmes ex-Lejaby, se sont vu refuser les crédits dont elles avaient besoin pour continuer leurs activités.



Santé et violences :
Le constat ci-dessous est fait par l'OMS (Organisation mondiale de la Santé).

Violences exercées contre les femmes au cours de leur vie.
Avant la naissance
- Avortements sélectifs
- Conséquences des violences subies par la mère pendant la grossesse.
Petite enfance
- Infanticide des filles
- Négligences sélectives dans les soins
- Violences physiques, sexuelles et psychologiques
Seconde enfance
- Mariage forcé des très jeunes filles
- Mutilations génitales
- Violences physiques, sexuelles (inceste) et psychologiques
- Prostitution infantile
- Pornographie
Adolescence et âge adulte
- Inceste
- Viol par abus de confiance (date rape)
- Viols collectifs (dits "tournantes")
- Jets de vitriol
- Sexualité pratiquée par nécessité économique
- Violence du partenaire -jusqu'au meurtre
- Assassinat pour dot insuffisante (dowry death)
- Gynocide (précédé ou non de tortures, de lapidation)
- Viols et grossesses forcées en temps de guerre
- Harcèlement sexuel sur le lieu de travail
- Prostitution forcée.
Troisième et quatrième âge
- Homicide et suicide forcé des veuves
- Violence physique, sexuelle et spychologique.

Beaucoup de ces pratiques sont la plupart du temps justifiées par la "tradition", cet infâme mot patriarcal : tradition égale manque d'imagination, blocage dans les culs de basse fosse d'un passé révolu, conservatisme forcené, crispation sur des "privilèges" injustifiables et obsolètes, justification par les pires croyances irrationnelles, obscurantistes, anti-démocratiques et haineuses des femmes. Ci-dessous un échantillon (non-exhaustif) de ces misérables défenseurs des traditions (appréciez le jeu de mots) :



J'y inclus bien entendu TOUS les curés de toutes obédiences (y compris les bonzes), l'Opus Dei nous ayant démontré fin 2013, début 2014 toute l'influence et le pouvoir de nuisance qu'ils peuvent mobiliser quand il s'agit de combattre les droits chèrement acquis des femmes, en Espagne, pour ne citer que ce seul exemple.



Alors oui, plus que jamais 8 MARS TOUTE L'ANNEE !

Liens : Le programme et le live tweet de cette journée
Le viol, arme de destruction massive en Syrie.
Dans l'Est du Congo, les viols comme arme de guerre.
PS Inutile de nous offrir des savonnettes parfumées, des fleurs, ou du chocolat : le 8 mars n'est pas la Saint-Valentin ni la Fêtes des mères. C'est le rappel militant de l'oppression féroce que vivent les femmes sous la férule du patriarcat.


14 commentaires:

  1. Un moment va falloir s'interroger sur les hommes qui se sentent deshoneres par le viol des femmes de leurs familles, parce que c'est pour CA qu'elles sont violees. Limite on les plaindrait plus quand ils en sont temoins que les violees. Les hommes disent "nos femmes" parce que le crime n'est pas le viol mais le fait que ce soient "leurs" femmes. On parle du "silence assourdissant" des victimes, le vrai silence est celui de leurs familles qui les rejettent.
    Les droits de l'homme s'arrêtent à la tradition de l'oppression des femmes.

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    1. C'est le marque éclatante et infâme du fascisme patriarcal (Viginia Woolf) : faire porter aux victimes le poids de la faute commise par les agresseurs. En même temps, c'est difficile de s'encaisser comme le pire salopard que la terre ait jamais porté, j'imagine. Ça doit être l'explication d'un tel acharnement et d'une telle injustice.

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    2. Disons que ça paraît étrange quand on n'est pas familier des fonctionnements pervers mais les violeurs ont souvent une sorte d'"éthique" qui est à géométrie variable selon leur milieu et leur parcours personnel. Il y en a qui ne violeront que les femmes et les enfants de leur famille parce qu'ils considèrent qu'ils ont des droits sur eux, et d'autres qui s'attaqueront au contraire à des proies extérieures à leurs proches parce que ce sont des "mauvaises femmes" qui ne méritent pas qu'on les prenne en considération et d'autres encore pour qui n'importe quelle personne en position de fragilité sera une proie.

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    3. Je parlerais plutôt des préjugés, dont j'aimerais savoir qui les leur a fourré dans la tête ! Les violeurs ont tous la même caractéristique : ce sont des lâches. Ils s'acharnent à plusieurs, où ils ne se "risquent" qu'à attaquer à plus faible qu'eux.
      PS : la psychologie du père tout puissant donc incestueux est très bien décrite dans Festen de Wintenberg, par ailleurs chef-d'oeuvre du cinéma, et oeuvre de salubrité publique.

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  2. J'ai beaucoup entendu parler de Festen, c'est dommage que le réalisateur ait en partie renié sa parole avec le film "Jagten" qui remet en question la parole des enfants agressés. Le principal préjugé des violeurs, je crois est que la fragilité d'une personne peut être exploitée, et il y a souvent une idée de contrepartie pour se donner bonne conscience derrière. Les prostituées peuvent être violées contre une petite rétribution monétaire, la femme ou l'enfant doivent accepter le viol car l'homme est censé les "protéger" en contrepartie. Cela tient au fait que le viol est majoritairement un crime de proximité lorsqu'il n'est pas le fait d'hommes venus s'approprier les femmes de leurs ennemis dans un contexte de guerre. Le violeur est un ami, un collègue, un mari, un amant, un instituteur ou un père, dans des cas plus rares une mère ou une nourrice, tous profitent de leur position et du lien à leur victime pour agir. C'était le thème de la campagne de Muriel Salmona pour le 8 mars, dénoncer la banalité du viol, des violeurs et la tolérance sociale de ce crime qui s'inscrit dans les rapports sociaux hiérarchiques.

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    1. Les rapports sociaux hiérarchiques, oui, sans doute, mais certainement la grande complaisance de la société vis à vis des mauvaises actions des hommes, jamais dénoncées comme telles, toujours attribuées à l'humanité entière, la préférence de la société à leur endroit malgré leur parasitisme vis à vis des femmes et de tout ce qui peut être exploitable : humaines, animaux, nature, ressources.

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  3. Il faudrait absolument que tu réussisse à regarder un reportage déja diffusé aujourd'hui à 17h15 sur LCP (chaine 13) intitulé : "Le ventre des femmes" ......
    C'est d'une violence insoutenable comme sujet : Les stérilisations forcées des femmes de milieu pauvre et nottement indiennes au PERU ..... Avec la complicité des USA sous la présidence d'Alberto Fujimori .......
    Ce reportage est insoutenable à suivre tellement la violence est enorme (il y a une scene d'opération à hurler) ..... Bon , en fait il faut que tu le vois absolument ...... Les intervenantes sont géniales ......
    Bon , voila .....

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    1. Mince, loupé ! C'est la 3ème diffusion en plus. Je vais scruter les rediffusions éventuelles. Ce doc va sûrement repasser. Merci du tuyau, c'est en plein dans le sujet.
      Un lien vers l'article du Figaro : http://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/fiche/lcp/documentaire/145149186/le-ventre-des-femmes.html

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  4. http://www.programme-tv.net/programme/chaine/2014-03-12/programme-la-chaine-parlementaire-public-senat-11.html
    Essaie d'aller sur cette adresse Là ..... Programme du mercredi 12 .... à 17h15 ....... Bon , j'ai cherché comme ça .... J'ai trouvé cette page des programmes .... Je n'ai pas essayé plus mais ça doit marcher je suppose .........

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  5. http://replay.publicsenat.fr/vod/documentaire/le-ventre-des-femmes/145981
    Bon , Là c'est peut être encore plus simple ......
    J'ai mis la rediffusion en marche , donc elle fonctionne ...... Et j'ai envoyé le lien ....... Donc voilà !

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    1. Ça marche ! Le début du film montre que les femmes (pire, les femmes indigènes) seraient les responsables de l'explosion démographique. C'est révoltant. Ce sont les hommes avec leurs slogans bibliques "croissez et multipliez" impossibles à réviser, qui ont fait main-basse sur les droits reproductifs des femmes. Aujourd'hui encore, la majorité des femmes de la planète n'ont pas accès à la contraception ni à l'IVG, et elles sont maintenues à dessein dans l'analphabétisme et donc dans l'impossibilité de dire non : au mariage, à la maternité, quand elles ne sont pas violées et enceintes de force. Quand elles s'affranchissent économiquement en travaillant comme ouvrières, elles sont tuées comme à Ciudad Juarez, sur le chemin de retour des maquiladoras où elles travaillent mal payées mais libres de leur argent, échappant ainsi à la tutelle étouffante des hommes, ce qu'ils jugent insupportable. Je n'ai vu que quelques secondes et déjà je m'énerve... Merci d'avoir cherché le lien.

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    2. Il faut voir l'ensemble du documentaire qui présente en effet des discours contradictoires des différents acteurs de l'histoire ..... C'est le but aussi du documentaire ....... Bon , essaie de regarder jusqu'au bout sans trop t'énerver parce que c'est de plus en plus horrible à tomber folle ....... Mais c'est indispensable !

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  6. Encore un double-standard, certaines femmes doivent faire des petits, d'autres servir d'essuie-sexe c'est d'autant plus graves pour celles qui deviennent mères de force que ces enfants venus au monde sans avoir été désirés, reçus par des parents sans moyens ont des probabilité bien plus importantes d'être victimes de graves violences voire de meurtre et pour les survivants de répéter les violences. La pacification et les progrès d'une société passent définitivement par le respect des droits des femmes !

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    1. Pas mieux : "La pacification et les progrès d'une société passent définitivement par le respect des droits des femmes !"

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