jeudi 24 avril 2014

Stop à l'occupation masculine dans les espaces publics

On a toutes été confrontées à ce genre de situation, en train, tramway, bus, métro, sans doute en la trouvant très banale :


Les mecs cuisses écartées, pendant que les femmes casent leurs jambes comme elles peuvent, dans l'espace qui leur est laissé par la sur-occupation masculine dans les transports publics. Personnellement quand je réserve un billet de train, je négocie (je paie, donc j'achète, c'est une sorte de déformation professionnelle) avec l'employé SNCF pour ne pas me trouver dans le milieu de rame où les passagers qui voyagent à l'envers se retrouvent face aux passagers qui voyagent à l'endroit avec les genoux qui s'entrechoquent ! Je négocie également de ne pas me retrouver à côté de leurs portes coulissantes, mais c'est pour garder la main et pousser mon avantage. Si le train est bondé quand je réserve (tout n'est pas toujours possible), je négocie directement dans le train avec le passager si c'est un homme (c'est toujours un homme, je voyage pendant les horaires affaires), en lui expliquant que MOI AUSSI j'ai des longues jambes et qu'il va falloir trouver UN BON COMPROMIS entre les siennes et les miennes. Ça a le mérite de mettre tout de suite les pendules à l'heure. Je paie plein pot, on n'a pas à réduire l'espace qui m'est alloué. Je comprends bien qu'il faut qu'ils aient le service trois-pièces bien aligné, avec de préférence l'air qui circule autour, ça rafraîchit, mais, bon, c'est comme ça !



Un Tumblr "Men taking up too much place on the train" a vu le jour : il fait appel à contributions, vous pouvez donc prendre vos propres photos et les poster sur le site. C'est plus intelligent et de salubrité publique que le site de photos volées sur les femmes qui mangent dans le métro évoqué dans mon précédent billet. Même si dans son article "Les cuisses de la discorde" le site Konbini parle de guerre des sexes et trouve que cette sur-occupation c'est juste de l'incivilité masculine, qu'ils opposent à l'incivilité des femmes ! Cet article d'un blogueur du Monde donne deux autres versions : les "connectés" prendraient plus de place, et les hommes sont plus connectés que les femmes, ou encore, quand un mec s’assoit jambes l'une contre l'autre, il passerait pour gay ! Décidément, toutes les excuses sont bonnes. Les hommes nous ont appris que l'espace public leur appartient de diverses façons, celle-ci n'en est qu'une de plus, même si elle est plus bénigne que le terrorisme machiste du harcèlement de rues.
Ce que décrit Myroie ci-dessus, c'est une agression caractérisée. Cela m'arrive aussi : ce sont plutôt des insultes quand je passe, et divers cris prétendument d'animaux pour attirer mon attention. Dans huit jours, ce sera le premier anniversaire des deux interminables ponts des 1er et 8 mai de l'année dernière. Les garçons de mon quartier ont traîné leur désœuvrement parasitaire pendant 10 longs jours : foot dans les parties communes, pétarades diverses, et en ce qui me concerne, insultes un soir à 22 H 30 alors que je descendais au bac à compost. Et comme j'ai répondu : menaces et ré-insultes à chaque fois que je me trouvais dehors en même temps qu'eux. Histoire de me rappeler que je suis "chez eux", en tous cas pas chez moi, je suppose. Dès le 9 mai, excédée, je suis allée déposer une main courante au commissariat de police, où une jeune femme policière m'a reçue avec compréhension. Aussitôt rentrée chez moi, j'ai faxé la copie à mon propriétaire avec un courrier d'accompagnement. Depuis, j'ai à peu près la paix.
Les mains courantes ne serviraient à rien, selon les tenants de la plainte en bonne et due forme. Je ne suis pas d'accord : pendant une prise de main courante, on vous écoute, on prend votre doléance en considération et ça sert à faire des statistiques. Donc, faites des mains courantes ou déposez plainte selon la façon dont vous le sentez. On vous proposera les deux et on vous conseillera. La police est là pour ça.
Il n'y a aucune raison pour qu'ils s'en tirent comme si rien ne s'était passé. L'accumulation d'humiliations est très mauvaise pour notre estime de soi. Aller au commissariat ou à la gendarmerie, c'est restaurer sa confiance en soi et refuser l'aliénation. Les espaces publics ne leur appartiennent pas, qu'ils s'en persuadent. La terreur machiste, le terrorisme viril ne passeront pas ! Et qu'ils se le mettent aussi ça dans la tête : non à la réification et à la politique sexuelle de la femme consommable en morceaux : les femmes ne sont pas non plus des morceaux de viande.


Liens : Le Facebook de STOP au harcèlement de rues qui relaie la campagne ; STOP street harassment (en anglais) ; le blog de Myroie.
Mon billet : Harcèlement de rue, comment réagir.

Lien supplémentaire : Sur le site Encore féministes !, après le kidnapping de lycéennes nigérianes, dont 115 sont toujours retenues otages par la secte obscurantiste Boko Aram, appel au Président du Nigeria pour que tout soit fait pour que ces jeunes filles soient libérées. N'hésitez pas à relayer et partager sur vos réseaux sociaux. Free female pupils in Nigeria ! 

10 commentaires:

  1. A propos du mot "objectisation" ......
    Il existe le mot "réification" qui me semble très bien ....
    Alors , pourquoi ce mot "objéctisation" qui peut faire confusion avec le mot "objectivation" ? .......
    Bon , je dis ça comme ça ..... Mais moi j'aime bien le mot "réification" qui me parait plus fort , plus riche de sens ....... Voilà

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    1. Tu as tellement raison que je l'ai modifié par réification. Je ne savais pas comment écrire objetisation, ça tombe donc bien. Réification ne m'est pas venu cet après-midi : les neurones qui ne jointoient pas bien, ça arrive de temps en temps :)

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    2. Oui , en plus je crains que le mot "objéctisation" ne soit un néologisme ....
      Il existe également le mot "chosification" qui est assez compréhensible et fort .....
      Bon , en fait "chosification" et "réification" me semblent être des synonymes , oui ? .....

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  2. le mot utilisé en psycho est objectification "pour transformer l'autre en objet, lui retirer son statut de sujet libre".
    Mais réification et chosification marchent aussi, mais je pense que réification doit être utilisé plus en philosophie (à vérifier) pour chosification, je ne sais pas...

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    1. Merci des précisions et du commentaire. Chosification francise ou gallicise réification de racine latine, lequel me convient tout à fait bien.

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  3. Sinon, il y a aussi le fait agaçant de remarquer que l'on ne se fait jamais embêter par des hommes à l'extérieur du moment que l'on est soi-même en compagnie d'un homme, père, frère, petit ami, copain ou autre. Par respect pour eux mais pas pour nous ! Une fois seule on redevient une proie qu'ils peuvent s'accaparer.

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    1. Tout à fait ! Les femmes sont des proies qu'on doit garder : si elles sont seules, elles doivent rester à la maison faire du tricot, ou alors "elles prennent leurs risques", selon tous les patriarcaux mâles ou même femelles :(( Je ne te dis pas quand je travaille dehors et que je dois manger seule au restaurant -toujours les midis, mais avec plus de réticence le soir, bien que cela me soit arrivé, pour ne pas mourir de faim. Mais on développe des capacités de survie et de combativité. Moi, je suis polie et aimable tant qu'on l'est avec moi, dans le cas contraire, je peux être extrêmement désagréable. J'ai mis du temps à me désinhiber (merci, l'éducation de la société) mais j'y suis arrivée.

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  4. Connectés....comme si cette attitude venait d'apparaître et que tous les gars sur ces photos avaient un téléphone. C'est ahurissant les excuses!!
    Je croyais être la seule à être hérissée par ce comportement intrusif dans mon espace vital. Mon conjoint fait pareil parce qu'il a été éduqué dans une société qui lui a appris à ne pas faire attention à son environnement, à ne pas être empathique à n'écouter que son bien-être. Du coup je lui ai fait la remarque, il s'est montré très étonné car il n'avait pas remarqué qu'il le faisait (et il ne s'est pas vexé comme un imbécile comme si je l'avais accusé de le faire à dessein pour ensuite se dire persécuté par ces folles de féministes),mais c'est long à rééduquer l'inconscient!
    A un moment j'avais pris le parti de faire pareil de m'étaler pour faire comprendre aux mecs que c'était gênant mais force est de constater qu'ils en avaient au mieux rien à faire soit ils pensaient que je leur faisais des avances et au final j'étais encore plus mal à l'aise d'être en contact avec eux.
    Pour les mains courantes, j'abonde à 100%. C'est déjà tellement dur de porter plainte et de gérer la suite, on devrait plus en parler dans un monde de "transition".
    Je n'ai pas voulu porter plainte contre des amis et des collègues pour des "presque" agressions sexuelles parce qu'entre la balance avantage-inconvénient était clairement en ma défaveur sauf que eux du coup continue de penser que ce n'est rien, de ne pas travailler sur eux, de ne pas penser qu'ils sont responsable jusqu'à ce qu'ils agressent réellement une autre personne. Alors que si j'avais déposé une main courante j'aurais passé le message "ok on oublie sauf que c'est quand même grave, que maintenant tu sais de quoi tu es capable, que c'est inscrit, donc si un jour une femme t'accuse tu ne pourras pas dire que tu savais ce dont tu étais capable, que tu étais bourré, et cette femme aura mon témoignage pour l'aider donc fais gaffe". Ce n'est pas l'idéal mais c'est toujours ça, dans mon quartier on a fait tomber des flocs ripoux comme ça, les plaintes étaient toujours "irrecevables" mais au bout de 5 mains courantes, à la prochaine bavure, ils pouvaient plus se défendre derrière un cas unique.

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    1. Merci pour ton témoignage et ton commentaire avec lesquels je suis d'accord ! Oui, les mains courantes ça sert à faire des statistiques et quand elles se multiplient sur un problème, les flics et la société ne peuvent plus traiter la chose par dessus la jambe. Les gens (et j'en ai dans mon entourage) qui disent que cela ne sert à rien, servent objectivement les patriarcaux en décourageant les femmes qui sont agressées dans la rue, y inclus pour des vols de sacs à main. J'ai une fois tenté de persuader une vieille dame d'aller au commissariat alors qu'elle avait été bousculée par un mec devant moi, mais qu'elle s'était relevée avec mon aide sans bobo. En pure perte, puisqu'elle "n'avait rien" (oubliant le dommage psychologique qui a sans doute, après, affecté ses déplacements dehors) : elle n'a rien voulu entendre.
      Pour les doubles places prises par des cuisses écartées, je suggère, comme je l'ai lu dans un com' du billet du Monde cité en lien (il y en a plus de 500 je sais, mais ça vaut le coup de jeter un œil) de fixer avec intérêt l'entrejambe du mec. Un d'eux témoigne que ça l'a bien guéri que des nanas "lui matent le paquet" dans les transports en commun. Depuis, il serre les cuisses :))

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  5. Bonjour,

    Excusez l'intrusion ds les commentaire je n'ai malheureusement pas trouvé le liens contact.

    Je viens de creer un nouveau réseau social exclusivement féminin ! n'hésitez pas à venir vous inscrire afin de parler et de venir promouvoir votre blog.
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    Cordialement

    Eva team the apple pink

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