jeudi 27 septembre 2012

Le syndrome Bridget Jones

Les héritières du féminisme combattant des seventies auraient tout
gagné : elles font carrière comme les hommes, elles contrôlent leur fécondité, les lois et le droit les protègeraient parfaitement, l'électroménager les aurait sorties de leurs cuisines (merci Moulinex !) et la deuxième petite voiture -Monsieur conduit le Nissan Qashqai- de la famille leur donne une voluptueuse sensation d'autonomie -les pubs pour marques de bagnoles petites mais malignes ne montrent d'ailleurs que des Wonderwomen ! Mais elles sont toujours à la recherche du Prince Charmant et le syndrome de la loseuse menace. Elles ont oublié que le féminisme c'est dénoncer toujours que les fondations de la société reposent sur des rapports inégaux et injustes entre les deux sexes, c'est à dire qu'UN des deux est mieux loti, que les hommes s'en sortent toujours mieux, et qu'une carrière de femme successful ça se paie par une double journée de sprinteuse entre le boulot, l'école, la crèche, le pédiatre et le travail domestique à la maison qui ne se fait pas tout seul... et qu'elles sont toujours seules à assurer. Le privé est politique disaient les féministes des années 70. Elles avaient raison. Cadeau Bonus : si son travail la passionne et qu'elle ne souhaite pas d'adjuvant boulet-domestique, elle passe pour une solitaire inadaptée ayant raté sa vie de fâme et de mèère, un repoussoir n'ayant pas trouvé son Prince, et très désireuse de s'en trouver un, comme Bridget Jones. Femmes toutes puissantes, gagnantes, successful, mais elles ont toujours besoin d'une béquille : un mari à chouchouter et à assister à la maison, selon l'éternel refrain du patriarcat en bruit de fond.

Bref, c'est l'anti-féminisme qui a gagné : cette vidéo du Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir veut s'attacher aux représentations des femmes dans les programmes télévisés, mais au-delà de la fiction, dans le monde réel, elle montre parfaitement les injonctions sociétales faites aux femmes d'aujourd'hui, injonctions auxquelles elles adhèrent puisque le mot féministe est devenu un gros mot : Mais qu'est-ce qu'elles pourraient vouloir encore ?


Les femmes dans les programmes télévisés, les... par GENRIMAGES

Vidéo sur Genrimages, un site du Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir.

Actualisation 2/10/12 : Blogger m'a détruit ma page "Animots" alors que je tentais de la modifier. Merci Blogger. Je demande à mes lectrices de m'en excuser. J'espère que je vais être dépannée et/ou que je vais pouvoir la rétablir avec les textes philosophiques qu'elle contenait. Encore un attentat charcutier spéciste ? Chez Blogger on mange du boudin, des côtes de bœuf et du foie de veau ?

6 commentaires:

  1. Une fois de plus, tu me démontres que je me suis toujours méprise sur le féminisme ! Merci pour tes articles, on en a besoin, car ce "Mais qu'est-ce qu'elles veulent encore" est un discours généralisé, tous sexes et tous âges confondus.

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    1. Merci de ton appréciation et de ton commentaire. Le féminisme est un long combat ! ;))

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  2. Dans Bridget Jones, Helen Fiedling dénonce bien le statut privilégié masculin qui ne lui impose en rien de se lier et peut profiter tout à loisir de la situation caduque des femmes. Les hommes peuvent jouer les petits tyrans, prendre et jeter les filles. Ils sont comme des petits pachas dans un magazin de jouets où tout est gratuit.
    Il est curieux qu'en acquérant plus de liberté nous soyons devenues des êtres avec lesquels on ne se lie pas.


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    1. C'est un peu le principe de la liberté en même temps : ne pas être ligoté (absence de lien = déligoté). Et comme tu le dis bien dans ton 1er paragraphe, ils se sentent pas vraiment liés eux, donc ils n'aliènent jamais leur liberté. Les femmes (c'est une théorie personnelle) sont en ce moment comme les esclaves noirs après l'abolition de l'esclavage dans le sud des Etats-Unis : dépendantes de leur maîtres sans pouvoir rien faire seules. Les anciens esclaves désemparés par l'abolition ne savaient rien faire seuls (gérer un budget, payer un loyer -ils étaient parqués-, ni exercer leur liberté). Certains ont d'ailleurs choisi le status quo ante, inadaptés qu'ils étaient à la nouvelle donne. Leurs maîtres ne savaient pas non plus s'habiller seuls, préparer les repas, mettre la table ni cultiver les champs. Ils vivaient en symbiose pour les uns et parasités pour les autres. Mais ils s'en sont sortis.

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  3. J'aime beaucoup ta réponse. Elle permet d'espérer.
    Néanmoins une loi antisexiste aurait le mérite de confirmer qu'il y a bien sexisme. On manque d'un avant et d'un après clairement énoncé.

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    1. Merci. Je pense réellement que l'esclavage des noirs et celui des femmes à travers les âges et les géographies laissent les mêmes traces et les mêmes séquelles. Le droit est en avance sur les pesanteurs des pratiques partout, en Europe, comme en Inde et en Afrique !

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