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vendredi 31 décembre 2010

One Kind

Pendant des millénaires l'Humanité s'est demandé s'il y avait quelqu'un d'autre là-bas dans l'Univers ! Longtemps nous avons cherché un signe d'intelligence ; l'Humanité pensait être seule, longtemps elle a attendu un contact ; et maintenant nous croyons pouvoir vous dire : ils sont LA !

Des témoignages nous apprennent qu'ils sont partout : Paris, Londres, Tokyo, Pékin, Sydney... quoique à ce stade on ne nous signale aucune victime.  Nous n'avons pas encore réussi à communiquer avec leurs leaders : mais ils seraient doués de superpouvoirs qui provoquent la peur et l'émerveillement : certains volent, ils courent sur terre à des vitesses sidérantes, certains sont plus gros et lourds que nous. D'autres mêmes arrivent à soulever 10 fois leur propre poids !
Un groupe d'étude convoqué en urgence nous apprend qu'ils auraient vécu avec nous, parmi nous, autour de nous tout le temps, à peine séparés de nous par quelques minces clôtures ; ils auraient vécu selon leurs propres lois et auraient pris soin de cette planète longtemps même avant que nous arrivions !
On nous informe qu'ils jouent et prennent soin de leurs petits comme
nous ; ils éprouvent de la souffrance, de la détresse, de la joie et du bonheur comme nous. Clairement, nous ne sommes pas si différents !
Breaking news (Dernière minute) :



Humankind. Animalkind. ONE KIND.
Crédit vidéo :
Les animaux ressentent, communiquent et vivent en famille 
comme nous.
Établissez le contact !
Distribution : Amber Chien : super pouvoir d'athlète ; Kanzi Chat, super pouvoir : exceptionnel sens de l'ouïe, et Cara Vache, super pouvoir : extraordinaire perception des odeurs.
Plus quelques humains : à vue assez basse (ils ne voient pas dans le noir) et sens de l'ouïe idem ; ils ne courent pas très vite, ne volent pas du tout, nagent mal (à part quelques champions très entraînés) et se perdent s'ils sortent la nuit. Et ne parlons pas de la façon dont ils se dépatouillent dans la neige : après avoir vu dans un coin d'écran la semaine dernière un chasse-neige renversé dans un fossé, inutile d'insister, ce serait humiliant.

Bonne année 2011 à TOUT-E-S les habitant-e-s de la planète et aux humains et humaines de bonne volonté.

vendredi 24 décembre 2010

Naomi Wolf : J'accuse

Un excellent article des Nouvelles news "Wikileaks et le viol devient grave" ICI fait état de la façon dont le fondateur de Wikileaks, Julian Assange a été emprisonné au secret sur des allégations de "sexe par surprise" par une jeune femme, partenaire sexuelle ; cet article réfère à un billet de Naomi Wolf publié sur le site du Huffington Post. Naomi Wolf est une militante des droits des femmes et elle travaille nationalement aux USA et internationalement auprès de femmes victimes de viols.
Je vous propose ci-dessous une traduction de son article paru sur le blog du Huffington Post. Nous ne savons rien de Julian Assange (Robin des Bois de l'information ou hacker malfaisant) et pas grand chose de son site Wikileaks, Objet internet d'Information Non Identifié ; l'avenir nous dira si son projet tient la route et bouleverse l'information. Ce qu'on sait en revanche, c'est qu'il gêne le gouvernement des États-Unis et qu'il a été emprisonné sans liberté conditionnelle pour un motif d'agression sexuelle, fait totalement inhabituel de la part d'un état.
Voici donc l'article de Naomi Wolf traduit en français :

"J'accuse : la Suède, la Grande Bretagne et Interpol insultent les victimes de viols du monde entier.
Comment est-ce que je sais que le traitement qu'Interpol, la Grande Bretagne et la Suède infligent à Julian Assange est une forme de théâtre ? Parce que je sais ce qu'il advient des plaintes contre des hommes pour viol : elles n'embarrassent ni n'impliquent jamais ces puissants gouvernements. Le fondateur de Wikileaks Julian Assange est maintenu à l'isolement dans la Prison de Wandsworth (l'article a été écrit le 13/12/10 -c'est moi qui note) en attente d'interrogatoire pour accusation d'agression sexuelle. Des tas de gens ont une opinion sur ces accusations. Mais je commence à croire que seuls ceux d'entre nous qui ont passé des années de travail avec les survivantes de viols et d'agressions sexuelles du monde entier comprennent quelle comédie se joue contre celles qui ont vécu la façon dont les crimes sexuels sont ordinairement traités – et quelle profonde et nauséeuse insulte cette situation implique pour ces survivantes des crimes sexuels.

Voici ce que je veux dire : les hommes ne sont jamais traités comme Julian Assange a été traité quand ils ont commis des crimes sexuels. J'ai commencé à travailler comme conseillère dans les centres de victimes d'agression sexuelles en Grande Bretagne vers l'âge de 25 ans. J'ai aussi travaillé comme conseillère dans un refuge pour femmes battues aux États-Unis, où la violence sexuelle était souvent une forme de maltraitance. J'ai depuis passé deux décennies à voyager dans le monde entier à interviewer des survivantes d'agressions sexuelles, leurs défenseurs et ce, dans des pays comme la Sierra Leone, le Maroc, la Norvège et la Hollande, Israël, la Jordanie et les Territoires occupés, la Bosnie, la Croatie, l'Angleterre, l'Irlande et les États-Unis.

Je vous dis ceci en qualité de témoin de première main : des dizaines de milliers de jeunes filles kidnappées sous la menace d'une arme et détenues comme esclaves sexuelles en Sierra Leone pendant la guerre civile. Elles étaient attachées à des arbres et à des piquets et violées par des douzaines de soldats en même temps. Plusieurs d'entre elles avaient seulement 12 ou 13 ans. Leurs violeurs sont libres.
J'ai rencontré une jeune fille de 15 ans qui a risqué sa vie en échappant à son geôlier au milieu de la nuit en prenant son bébé résultat de viols par des centaines d'hommes. Elle a marché du Liberia jusqu'à un camp de réfugiés en Sierra Leone, pieds nus et saignant, vivant de racines dans le bush. Son violeur dont elle connait le nom est libre.

Des enquêtes ont été menées sur des généraux à propos de ces agressions sur une génération de filles dans ce pays. Leurs noms sont connus : ils sont libres. En Sierra Leone et au Congo, les violeurs utilisaient des objets pointus ou contondants pour pénétrer le vagin de leurs victimes. Il en résulte des blessures vaginales appelées fistules, les travailleurs de santé en attestent, mais les soins sont souvent indisponibles. Les femmes qui ont été violées de cette façon souffrent d'infections laissant échapper des odeurs et qui pourraient être traitées avec des antibiotiques peu coûteux. A cause de leurs blessures, elles sont souvent éloignées de leurs communautés et rejetées par leurs maris. Leurs violeurs sont libres.

Des femmes et des filles sont kidnappées, droguées et nourrissent le trafic de femmes par dizaines de milliers pour nourrir l'industrie du sexe en Thaïlande et en Europe de l'Est. Elles sont détenues par des proxénètes. Si vous interviewez les femmes qui passent leur vie à les sauver et les réhabituer à la vie normale, elles attestent que les kidnappeurs et les violeurs de ces femmes sont bien connus des autorités locales et nationales, mais que ces hommes ne sont jamais mis en accusation.
Ces violeurs sont libres.

Pendant le conflit Bosniaque, le viol a été utilisé comme arme de guerre. Des femmes emprisonnées dans des baraques étaient utilisées pour cela, violées pendant des semaines sous la menace d'une arme à feu. Elles ne pouvaient pas s'échapper. Après le conflit, des jugements minimalistes ont résulté en sentences « tapes sur le poignet » pour une minorité de violeurs. La vaste majorité des agresseurs, dont les noms sont connus, n'ont pas été jugés. Les militaires qui ont toléré ces agressions et dont les noms sont connus sont libres.

Des femmes qui témoignent avoir été violées en Arabie Saoudite, en Syrie ou au Maroc, sont menacées d'emprisonnement et de coups, d'être abandonnées par leurs familles. Leurs violeurs ne sont jamais condamnés et sont libres. Des femmes qui témoignent de viols en Inde et au Pakistan ont été victimes de meurtres d'honneur et d'attaques à l'acide. Leurs agresseurs ne sont jamais arrêtés ni condamnés, ils sont libres. Le cas très connu d'un play-boy bien-né, accusé de viol avec violence par une domestique qui voulait témoigner contre lui a résulté en l'étouffement de l'affaire par les plus hauts gradés de la police : il est libre.

Qu'en est-il de cas typiques plus proches de chez nous ? Dans les pays de l'Ouest comme la Grande Bretagne et la Suède qui se sont unies pour détenir Assange sans caution, si vous interrogez des femmes travaillant dans les centres pour victimes de viols, vous allez entendre ceci : c'est désespérément difficile d'obtenir une condamnation pour crime sexuel ou même un procès sérieux. Ces travailleuses de refuges pour femmes violées vous diront qu'elles ont des quantités de femmes violées pendant des années par des pères ou des beaux-pères qui ne peuvent obtenir justice. Les femmes violées en réunion par de jeunes hommes sous l'emprise de l'alcool et jetées sur des banquettes arrières de voiture, abandonnées après un viol collectif ne peuvent obtenir justice. Les femmes violées par quelqu'un de connaissance ne peuvent obtenir de procès.

Aux États Unis, j'ai entendu parler de douzaines de jeunes femmes droguées et violées dans des Universités à travers le pays. Il y a presque inévitablement un black out par l'université -garanti si les assaillants sont des athlètes connus ou influents sur le campus- leurs violeurs sont libres. S'il y a enquête de police, cela va rarement plus loin. S'agit-il d'un viol lors d'un rendez-vous avec un ami ? Oubliez. Si la femme a bu ou a eu des relations sexuelles consentantes préalables avec son agresseur, ou s'il y a la moindre ambiguïté sur la question du consentement, il n'y aura presque jamais d'investigation sérieuse.

Si quelque (rare) femme de la classe moyenne se plaint de viol par un étranger -ceux-ci sont les rares cas sur lesquels l'état enquête- et est traitée sérieusement par le système judiciaire, elle va néanmoins être confrontée aux inévitables ennuis de toute enquête, sans parler de la condamnation : soit on « manquera de témoins », il y aura des problèmes de preuves ou alors il y aura discussion sur la réalité de l'attaque. Si, encore plus rare, un homme est réellement accusé il aura inévitablement une sentence minimale, insultante par sa banalité, parce que « personne ne veut ruiner la vie » de l'homme souvent jeune et qui a « commis une erreur ». (Quelques exceptions tendent à montrer une disparité raciale – les hommes noirs sont plus facilement condamnés pour attaques contre des femmes à plus haut statut social, qu'ils ne connaissent pas).

En d'autres termes : jamais en 23 ans de rapports et de support aux victimes d'agressions sexuelles autour du monde je n'ai entendu parler du cas d'un homme recherché par deux nations et retenu au secret sans caution avant d'être interrogé pour aucune allégation de viol, même le plus brutal et facile à prouver. En cas d'ambiguïté et de complexité de la plainte de la victime -rapport sexuel commencé consensuellement qui devient non consensuel autour du port d'un préservatif, s'il vous plaît trouvez-moi n'importe où dans le monde un autre homme en prison aujourd'hui, incriminé de la même manière. 
Naturellement « non, veut dire non », même après un consentement, que vous soyez homme ou femme ; et naturellement les préservatifs doivent être utilisés selon les termes de l'accord. Et comme ajouterait mon enfant de 15 ans, évidemment imbécile ! 

Mais pour les dizaines de millions de femmes enlevées et violées, violées sous la menace d'une arme à feu, violées avec des objets tranchants, battues et violées, violées enfants, violées par des familiers, qui attendent toujours le moindre signe de la justice, la hautement improbable et inhabituelle réaction de la Suède et de la Grande Bretagne à cette situation est une claque en plein visage ! Elle semble envoyer aux femmes anglaises et suédoises le message que si elles veulent que quelqu'un prenne au sérieux le crime sexuel, il vaut mieux qu'elles soient sûres que l'homme qu'elles accusent de méfait soit aussi celui qui a mis dans l'embarras le plus puissant gouvernement sur terre.

Détenir Assange en prison sans caution jusqu'à son interrogatoire, par tous moyens, c'est comme si nous étions soudain dans l'épiphanie d'un monde féministe au sujet des crimes sexuels : si Interpol, la Grande Bretagne et la Suède ne veulent pas être accusés de manipulation haineuse sur une épineuse question concernant les femmes pour des raisons cyniquement politiques, ils doivent emprisonner sur le champ les centaines de milliers d'hommes, en Grande Bretagne, Suède et dans le monde entier, hommes accusés dans des termes moins ambigus de plus grossières formes d'agression.
Toute personne qui soutient les femmes qui ont été violées sait que par cette réponse grossièrement disproportionnée, la Grande Bretagne et la Suède certainement sous la pression des États-Unis, utilisent cyniquement la très sérieuse question du viol comme feuille de vigne pour couvrir une question mafieuse de collusion globale d'une chape de silence. Ce n'est pas l'État embrassant le féminisme, c'est l'Etat proxénète du féminisme."

Le texte de Naomi Wolf en anglais se trouve ICI sur le site du Huffington Post.

Actualisation 17/8/2012 : Jean Marc Manac'h dans Le monde fait le point sur le dossier - Wikileaks - Julian Assange, un "violeur" ? 
23/8/12 The Guardian - Des femmes contre le viol refusent l'instrumentalisation des victimes au profit d'intérêts politiques : We are women against rape but we do not want Assange extradited

samedi 18 décembre 2010

"Ne perdez pas votre part de carnivore !" Charal is back

La nouvelle publicité Charal Groupe Bigard-Socopa / Léo Burnett est sur nos écrans ! Joie, bonheur ! Mmmmrrrrrrrh charrrrrrall !




Ici plus d'homme battant à la course un guépard ou de femme debout dans la cuisine servant sa famille à table, mais des loups, sauvages, carnivores et prédateurs, dont l'un bêle comme un mouton ce qui fait s'en détourner les autres. Ne pas confondre loup prédateur, et mouton bêlant herbivore : les loups se situent au-dessus du mouton dans les hiérarchies humaines -construites par nous : carnivore contre herbivore, le premier mange le second, l'un est un sauvage intact, l'autre est domestiqué,
rien à voir.

Au fait comment l'homme (ayant gardé sa part de carnivore donc) traite-t-il les espèces sauvages ?
Sans pitié, si l'on en juge par l'article publié ICI, parlant de la fermeture de l'autoroute A 84 pour cause de battue : des sangliers "proliférants" selon le titre de l'article sont priés de se rentrer dans leur forêt que traversent nos autoroutes sinon on va leur rappeler qui c'est le chef ici -sacrément territorial en plus d'être hiérarchique, le chef  avec son gros gun phallique !
Quant au vrai carnivore qu'est le loup, on l'aime bien... dans les publicités Charal, mais qu'il tente de franchir les Alpes italiennes pour agrandir son territoire versant français, alors là gaffe, convention de Berne ou pas, un arrêté préfectoral va décider de le faire tirer par des chasseurs avec un fusil à lunette à infra-rouge histoire de ne pas le louper, faut pas pousser tout de même ! Convention de Berne, espèce protégée ou non, on va pas se laisser emmerder par un chiffon de papier même revêtu de notre signature ! Les loups (espèce sauvage) dans des réserves fermées et les moutons (espèce domestique) dans les espaces sauvages grands ouverts : le monde à l'envers rêvé par les éleveurs.

Et les éleveurs ? Comment vont-ils ? Pas bien, si on en croit la vidéo ci-dessous : Bigard/Charal, c'est 42 % du marché, position dominante, du coup les éleveurs sont menottés : comment ça, vous n'êtes pas contents de nos prix, mais allez donc les vendre ailleurs vos vaches de réforme, répond Bigard !



La "viande", c'est normal que ce soit cher, c'est des litres d'eau (5000 pour un kilo de viande, 700 pour un kilo de patates et il faut 7 protéines végétales pour produire une protéine animale) mais quand on a bâti  toute sa communication sur le droit à la viande quand on est classe moyenne, c'est difficile à vendre la cherté de la viande. Et tout le monde a oublié que des coquillettes avec une purée de lentilles corail - carottes et une salade verte croquante de saison type cornette, ça fait l'affaire en matière de ration alimentaire -et qu'en plus c'est très bon marché ! Ce qu'ignore manifestement la mère de famille pauvre, bénéficiaire du Secours Catholique et intoxiquée par la propagande pro-viande que j'ai vue à la télévision il y a quinze jours expliquer debout dans sa cuisine, son garçon assis devant un steak haché, qu'elle n'avait pas mangé depuis 24 heures, l'argent de la nourriture servant d'abord à "acheter de la viande à ses enfants" ! Décidément, les pesanteurs culturelles continuent leurs
ravages : la part du lion va aux garçons et aux hommes. Une pub Charal dans la vraie vie, traitée dans sa réalité sociale par un jité. A hurler.

En trois mandats et 10 ans de présidence de la FNSEA (Fédération Nationales des Syndicats d'Exploitants Agricoles -syndicat majoritaire) par Jean Michel le Métayer, la population paysanne en France a diminué de 130 000 agriculteurs ; ils sont aujourd'hui un peu plus de 500 000, contre plus de 700 000 il y a dix ans. Voilà pour la réalité sociale d'une majorité d'éleveurs, pour une production plus importante qu'il y a 10 ans ! Cela veut dire que les gains de productivités se font sur le dos des animaux, de leur santé et de leur bien-être et AUSSI sur le moral, la santé et le bien-être économique et social de l'éleveur, et sur la destruction des paysages et la pollution de l'environnement. Les résultats affligeants d'une course désespérée à la productivité et à la taille critique.
Alors il serait temps de revenir à la raison et à un peu de frugalité : il faut choisir, continuer à détruire les professionnels, l'environnement, à fabriquer de la famine dans le Tiers-Monde, ruiner la sécurité sociale pour cause d'obésité et d'autres maladies, ou vivre mieux dans des paysages préservés, des gens contents d'y vivre et d'y travailler en gagnant leur vie, avec une meilleure santé pour tout le monde !

On n'en prend pas le chemin si l'on considère ICI la dernière campagne de pub radio du CIV -Comité d'Information (sic) des Viandes- avec Sandrine Quettier réalisé avec le soutien du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation, alors que par ailleurs comme le rappelle le Site de Marianne cette campagne est en contradiction avec les campagnes de l'INEPS (Institut national d'éducation et de prévention à la santé) qui conseille de bouger et de manger 5 fruits et légumes par jour.

mardi 14 décembre 2010

Mes alertes Ecowatt

Bienvenue en Bretagne, région sans centrale nucléaire et avec autoroutes gratuites ! Enfin, sans centrale nucléaire, il faut le dire vite, nous en avons une, la première, expérimentale, Brennilis dans les Mont d'Arrée, arrêtée définitivement en 1985 et en cours de démantèlement depuis 25 ans ; personne ne sait comment prendre le problème, EDF incluse qui avait pourtant promis quelque chose d'exemplaire  ! Mais là n'est pas mon propos : comme nous n'avons pas plus de centrale, nous sommes approvisionnés par Chinon-Avoine en Touraine, Flamanville merci les Normands et Cordemais à Nantes, centrale thermique qui se contente de brûler du pétrole pour produire de l'électricité. D'où les alertes ECOWATT, filiale de RTE, dont le réseau voit rouge quand il fait froid et qui menace de délester certaines zones pour ne pas mettre tout le réseau en surtension et faire le noir partout. Délestage, en gros ça veut dire lampe-tempête ou bougies et allumettes pendant une heure ou deux. Pas la mort en même temps. Sauf que moi j'ai un bonus (je suis bien vue, que voulez-vous !) : ça efface instantanément tous les messages de mon répondeur de téléphone filaire !

Bon, et alors me direz-vous ? Parce que je me suis abonnée, je reçois des alertes dans ma boîte mail, mais ça pourrait être aussi bien être des SMS pour me dire d'économiser l'électricité aux heures de pointe, soit de 17 heures à 20 heures. Que se passe-t-il donc entre 17 H et 20 H ? Et bien figurez-vous que les ménagères de moins ou de plus de 50 ans rentrent chez elles et qu'elles n'ont rien de plus pressé à faire, selon EDF, que d'allumer EN MEME TEMPS leur chauffage, leur four à micro-ondes ET leur four normal ; en plus elles font une ou deux machine à laver qu'elles sèchent, et avec un peu de pas de bol, elles repassent une montagne de linge ! Quelle productivité se disent les ingénieurs de RTE - EDF en traînant devant la machine à café entre deux réunions où il ne se dit pas grand chose pour rester polie, et surtout quel manque de tempo, rraaahhhh, en voyant leur courbe exploser le niveau de la veille !

Pour celles qui ne suivraient pas, c'est LA FAUTE  des MENAGERES tous ces malheurs en même temps ! Et si vous devez allumer des bougies, vous savez désormais à qui vous en prendre.

Qu''EDF nous ait vendu sans alternative pendant 25 ans des chauffages électriques dispendieux pour des maisons mal isolées ne sera pas évoqué, ni d'ailleurs leurs factures dégressives pour grosses consommations, véritables pousse-au-crime. Personnellement, je n'ai pas de four électrique (mais un bon vieux four à gaz qui me fait des tartes bien dorées sans rien devoir à EDF !) ni d'ailleurs de micro-ondes, pas de congélateur, pas de lave-linge ni de lave-vaisselle : j'ai beau remplacer progressivement mes ampoules à incandescence par des basse consommation, faire la chasse aux éventuels kilowatt heures superflus, ma facture monte inexorablement ! A cause du tarif du KWH. Ca fait même assez bizarre à constater : ma consommation stagne ou baisse et ma facture augmente !

Ne seront pas mentionnées non plus : les pelouses des terrains de foot qui ne servent que les week-ends, MAIS chauffées toute la semaine pour éviter qu'elles gèlent, les "décorations" lumineuses de Noël nuisibles pour la biodiversité et générant de la pollution lumineuse qui fait que le ciel devient invisible, pas un mot sur les zones commerciales  et industrielles suburbaines éclairées a giorno des nuits entières avec enseignes allumées alors qu'il n'y a plus un seul pékin qui passe, ni sur les ampoules vicieusement enfouies dans les pelouses des rond-points et qui font une concurrence sauvage aux vers luisants qui n'arrivent plus à s'apparier puisque la femelle devient invisible par son mâle !
Tout ça, c'est la faute des ménagères, pas des hommes au pouvoir à EDF ni ceux des municipalités ni des sociétés de travaux publics et pas non plus des architectes : eux sont blancs comme neige, des enfants de chœur.

Trouvé sur Les Nouvelles News, cet article sur le cynisme des états vis à vis de l'environnement, article fuité par Wikileaks, ou comment les britanniques font du lobbying pour une réserve marine afin de préserver leurs intérêts militaires ! Des militaires qui s'occupent du confort des poissons marins, c'est inattendu et plus fort que le greenwhashing pour nous faire acheter n'importe quoi ! A peu près dans le même genre, vendredi matin 10 décembre sur Europe1, Olivier Dassault demandait le rétablissement des commissions sur les ventes d'armes (interdites par l'OCDE pour lutter contre la corruption) mais en les appelant 
autrement (!!!) : ce petit arrangement avec la morale pour arriver à vendre ce naufrage industriel qu'est le Rafale, l'Avion Militaire Français sommet de technologie de pointe, mais.... invendable. Un petit tuyau désintéressé à Olivier Dassault : trop sophistiqué le Rafale, le mieux est l'ennemi du bien ! Il n'y a plus de marché pour cet avion. Rétablir les commissions serait une mauvaise action et un mauvais signe : c'est de la pensée de dirigeant français élevé en batterie dans les mêmes écoles de prêt-penser industriel, ce type d'idées ! Comme si changer une appellation pouvait changer la réalité d'un phénomène délétère !

Et puis, comme c'est mon jour de bonté en matière de relations publiques, Quick Restaurants persiste et signe : la dernière idée qui s'est imposée à leur service marketing pour se "différentier" du concurrent, c'est des hamburgers au foie gras ! On n'arrête pas le progrès. 
Chez Quick, Noël, c'est 100 % détresse animale.

Crédit image : Stopgavage et L214.

mardi 7 décembre 2010

Le Féminisme ou la mort - Le manifeste écoféministe de Françoise d'Eaubonne 1



Françoise d'Eaubonne écrivaine féministe (1920 - 2005) publie son ouvrage en 1974 : deux fléaux menacent l'humanité toute entière, selon elle, la surpopulation et la destruction des ressources.
"On est bien obligé de constater qu'en s'appropriant la fécondité (des femmes) et la fertilité (du sol) ce sont les hommes et la société patriarcale qui nous ont menés à cette double catastrophe. Françoise d'Eaubonne s'appuie sur sa connaissance de la féminitude (c'est à dire le malheur d'être femme dans une société régie par les hommes) pour s'élever au niveau le plus élevé, celui du salut de l'espèce humaine menacée de disparition par les errements et le système de ses maîtres"- Extrait de la quatrième de couverture.

La féminitude ou la subjectivité radicale

La mal fortune d'être femme et de vivre dans un monde d'hommes : la misogynie, matière première du monde où il nous faut vivre et qui nous sépare.
"Partout règne l'oppression, et l'oppression n'est qu'une répression intériorisée" ; la femme essentielle, l'éternel féminin, la femme séparée de l'humanité par le non femme, renvoyée à son altérité radicale.
Françoise d'Eaubonne rejette donc l'essentialisme, ce "lieu de notre oppression", qui nous réduit à l'état de minorité alors que nous sommes la majorité de l'humanité. Voici ce qu'elle écrit : "Nous ne pouvons plus croire à l'essentialité sexuelle ou substantielle ; la métaphysique est devenue un fantôme. On sait qu'il n'existe pas plus de femme "essentielle" que de prolétaire prédisposé à l'être, ou de "criminel-né" ...". Les sous-races sont des fables, comme la mentalité pré-logique.

Les outils de la démolition : l'anathème jeté sur Ève

L'idéologie gynophobe parcourt toute la littérature, la philosophie, les arts, les religions : voici les "grandes voix de l'humanité qui ont édifié le monde où nous vivons" (extraits -F d'E en met quatre pleines pages !) :

"Qui se fie aux femmes, se fie aux voleurs" Hésiode.
" La femme ne peut ni enseigner, ni témoigner, ni compromettre, ni juger". Augustin. 
" Souveraine peste que la femme" Jean Chrysostome.
" Je veux que la femme se tienne en silence ; femmes, soyez soumises à vos maris". Paul, fondateur du Christianisme. (Pour ces trois derniers Fd'E écrit Saint mais ne comptez pas sur moi pour accoler le label saint à ces hommes haineux ).
" Tu devrais toujours aller en deuil et en haillons pour avoir perdu le genre humain". Tertullien
" Affreux ténia qui a son siège dans le coeur de l'homme, fille du mensonge, sentinelle avancée de l'enfer" Jean de Damas (On reconnaît la haine que portent aux femmes les pères de l'église, adorateurs d'un dieu mâle !)
Mais le Coran n'est pas en reste :
L'Islam donne la femme à l'homme "comme champ à labourer". Métaphore d'exploitant agricole.
La religion hébraïque : "Merci mon Dieu de ne pas m'avoir fait femme", première prière du juif observant le matin. "Merci mon Dieu de m'avoir faite selon ta volonté" dit en écho la femme juive pratiquante.
" Quand je dis femme, je dis un sexe tant fragile, tant variable, tant muable, tant inconstant et imparfait..." Rabelais.
" Elle flotte, elle hésite, en un mot, elle est femme." Racine.
" L'homme sera le maître et la femme obéira". Proudhon, socialiste, auteur de "La propriété, c'est le vol" et qui trouve qu'une femme en sait toujours assez pour "faire ménagère ou courtisane". Il faut dire que cet illustre gynophobe s'est particulièrement acharné, nous trouvant " laides et bêtes venimeuses".

Les scientifiques sont en bonne place dans l'évangile misogyne :
" La femme la plus spirituelle et la plus raffinée n'équivaut au bout du compte qu'à un homme assez secondaire, avec seulement beaucoup de prétention en plus". Auguste Comte dans une lettre annonçant ses fiançailles à un ami !
Pour Freud, nous sommes toutes des hommes ratés, jalouses dès l'enfance du pénis de notre petit frère !
Et par sa phrase :"Le destin, c'est l'anatomie", il nous enchaîne à notre destin de reproductrices.

Montaigne, plus éclairé mais qui se trompe : "Les femmes n'ont pas du tout tort quand elles refusent les règles qui ont cours dans le monde, d'autant que ce sont les hommes qui les ont faites sans elles". Sans elles, ce n'est pas assez dire, c'est CONTRE elles qu'il fallait, précise Françoise d'Eaubonne.

Toutes les cultures et toutes les géographies sont touchées par le sexisme. Sagesse des Nations :
Hongrie : "Femme ton nom est silence" ; "L'argent est bon à compter et la femme à battre" ; Pologne : "La bonne femme descendue, les chevaux tirent mieux la voiture" ; et la (douce) France : "Bats ta femme comme tu bats ton blé ; t'auras de bon froment, t'auras de bons enfants" ! [....]

En s'attribuant le neutre, le non femme s'est attribué l'universel, l'humain, et il nous en a séparées ! (Alors que les découvertes les plus actuelles des biologistes concordent à montrer que c'est la femme qui est l'espèce, et que l'homme se différencie d'elle bien plus qu'elle ne se différencie de l'homme -P 73).
Ils nous sont appris ce que nous étions -écrit-elle : des pécheresses irréductibles, des arriérées, des perfides, des imbéciles et des salopes, des putains ou des bonniches  ; nous avions perdu le monde, tué le Christ, apporté la mort sur terre, nous corrompions les âmes, nous épuisions les porte-monnaies, nous bavardions au lieu d'écouter, nous étions tantôt la Fatalité du sphinx sanglant, tantôt la médiocrité de
Bobonne ; en gros, nous infestions la planète. On nous avait beaucoup brulées au Moyen-Age, comme les Juifs, mais nous étions toujours là." (On reconnaît bien le terreau des antiennes asphyxiantes de toutes les publicités commerciales destinées à nous vendre tout et n'importe quoi !)

Le travail - La prostitution - Le viol

"Je n'étais qu'un moulage en creux et je devais en être châtiée".
En 1974 comme en ce début de siècle, si les chiffres ont changé, les écarts sont eux toujours aussi béants ! Différentiel de salaire de moins 20 à moins 50 % ; plus de 80 % des mi-temps sont occupés par les femmes. Les mi-temps ont été encouragés dans les années 60 du siècle dernier pour mettre à disposition des industriels un personnel d'appoint destiné à écrêter les pointes d'activité, dans une période de plein emploi où on allait chercher des travailleurs migrants, les femmes pouvaient apporter une main d'œuvre bon marché et peu revendicative. Aujourd'hui, le mi-temps est utilisé dans les zones de sous-emploi et il est toujours pour les femmes. "Il permet au patronat un bienheureux substitut à toute augmentation de salaire ou possibilité de promotion et un échappatoire aux autres revendications féminines dans le domaine du travail" écrit Fd'E.
F d'E déplore également qu'au lieu d'augmenter le nombre de crèches ou de jardins d'enfants, on préfère allonger le congé maternité, permettre à la jeune mère de quitter son emploi  un an sans licenciement, et avancer sa retraite à 55 ans. Toutes ces réformes n'ont pour but réel que de décourager les employeurs de prendre des femmes, et inciter celles-ci à retourner à leur foyer.

Éternel salaire d'appoint, la femme peut se faire rappeler que si elle ne "gagne pas assez", elle peut toujours se louer un mètre de trottoir et faire commerce de son corps, ce capital qu'elle peut faire fructifier en le vendant "soit à un seul (dans le mariage), soit à la communauté mâle (le trottoir)
[et c']est  une des structures mentales les plus résistantes de notre société " écrit F d'E. En d'autres termes, si [son corps] n'est pas vendu en gros dans l'institution du mariage, il n'a qu'à être détaillé dans celle de la prostitution. Même "si la grande majorité des femmes meurent sans avoir connu cette déchéance, il n'en est aucune qui ne se soit vu rappeler tout au long de sa vie ou à certains moments, qu'elle pouvait y tomber. "Putain" est la première insulte qui vient à la bouche d'un homme en conflit avec une femme ; ensuite, les coups sont mieux justifiés".
Le viol peut être utilisé comme une arme, comme un instrument de torture, à des fins politiques écrit Fd'E.
Sous cette menace, pour les hommes, une épouse est d'abord quelqu'un "qui fait le ménage et tout ce bordel ; pour l'homme, le mariage est une simplification, pour la femme un rempart. Toute la société échafaude par sa complicité le mécanisme fatal qui les conduit à cette appauvrissante conception. La femme : ce qui sauve l'homme des corvées et de la masturbation. L'homme : ce qui sauve la femme du viol de tous
les autres" ! L'exploitation du corps des femmes dans la reproduction humaine n'a plus qu'à se mettre en place.

"...cette attendrissante et idéaliste solution à laquelle se sont accrochés tour à tour staliniens et catholiques attardés fait fi, comme tout ce qui est produit par ce genre de politiciens, des multiples raisons que peut avoir une femme de refuser la maternité en dehors de celles que l'on met toujours en avant : le manque de logement, la mauvaise santé, la gêne matérielle. A peu près comme si les femmes étaient un cheptel dont le seul droit valable, la seule revendication admise, demeurerait celui d'avoir un bon herbage, une étable aérée et propre, le poil luisant et un vétérinaire attentif. Moyennant quoi, par quelle perversion refuseraient-elles au fermier autant de veaux qu'en peuvent fournir leurs flancs généreux et leurs vulves toujours chaudes ?". Ce texte a été écrit quelques mois avant la loi Weil autorisant le choix de ne pas mener une grossesse à terme (1975) et est contemporain de la loi Neuwirth sur la contraception dont les françaises ont attendu 4 ans les décrets d'application. Mes lectrices occidentales, qui ont moins de 50 ans aujourd'hui, qui font comme si la contraception avait toujours existé, ne savent pas que la maternité a été longtemps un malheur pour une majorité de femmes harassées par les grossesses à répétition et que dans nombres de pays en développement aujourd'hui, c'est encore le cas : "femme mariée, animal domestique, époux, éleveur, femme battue, poule en batterie" dit Carol J Adams ! (Married woman, domesticated animal, husband and husbandmen, battered women, battery chicks !).
 
Les révolutions

Les révolutions : française de 1789, bolchévique de 1917 en Russie, en refusant de considérer le cas particulier des femmes en les classant dans les prolétaires ouvrières comme leurs maris, niant leur oppression dans le mariage et le travail gratuit à la maison, ont failli à établir une meilleure situation des femmes ; en France, elles n'ont pas été incluses dans le suffrage pourtant dit universel, et en URSS, si elles étaient majoritaires à exercer la médecine pour ne citer que ce seul exemple, cette profession était totalement déconsidérée là-bas et mal payée. Deux femmes ont vu que les femmes étaient les oubliées des révolutionnaires de leur époque : Olympe de Gouge en France et Alexandra Kollontaï en URSS. Pendant la guerre d'Indépendance de l'Algérie, si elles combattaient clandestinement et subissaient comme les hommes les tortures réservées aux militants de l'indépendance, après les accords d'Evian on les prie de rentrer dans "leur cuisine" sans faire de manières ! Pire, aujourd'hui, un code familial dégrade leur indépendance et leur liberté dans le mariage et la famille. Les chinoises se sont vu imposer de façon totalitaire la politique de l'enfant unique et pas plus là qu'ici, on n'a reconnu leur oppression particulière : celle de mule à tout faire gratuitement au sein de la famille. La lutte des classes ne reconnaît que l'ouvrière prolétaire, pas l'épouse productive au sein du foyer, imitant en cela le système capitaliste !  Et il est à noter que ces deux systèmes détruisent à l'identique des ressources irremplaçables et épuisent la nature. "Conclusion : qu'ils soient réformateurs ou révolutionnaires, communistes révisionnistes ou gauchistes, les plus contestataires des hommes pris en bloc sont toujours masculinistes, phallocrates et machos".

Prochain épisode à suivre :

Les deux pôles du féminisme
La planète menacée
La mutation éco-féministe

dimanche 5 décembre 2010

Le féminisme ou la mort : Françoise d'Eaubonne 2

Les deux pôles du féminisme :
Le féminisme libéral réformiste - Le féminisme radical

Je vous parle d'un temps (expérimental) que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître : en 1968 une féministe allemande parle "de porter la lutte des classes dans le couple et ses rapports". Aux USA, Betty Friedan et sa Femme mystifiée analyse la stratégie des marchands d'encaustique et d'aspirateurs, aide à démasquer la dictature technologique, le despotisme insidieux et mercantile de la société. Elle est mariée et approuvée par son mari. Elle fonde le premier mouvement féministe N.O.W. (National Organization of Women) qui s'étendra grâce à son style réformiste. Sage contestataire, elle réclame pour les femmes le droit de choisir entre l'évier et la construction d'une fusée et établit une "Déclaration des droits de la femme" qui adopte huit points de ralliement, tous libéraux et est ainsi reconnue par les autorités politiques. En gros, remaniement de la constitution dans un sens féministe, suppression de la discrimination sexuelle dans l'emploi, droit des femmes à être instruites sur un pied d'égalité avec les hommes à tous les niveaux d'éducation, lois fiscales permettant la déduction des frais de ménage et d'éducation des enfants aux couples qui travaillent, droit des femmes à reprendre leur emploi après une maternité sans rien perdre de leur ancienneté, droit des femmes à information sur la contraception, abolition des lois pénales sur l'avortement....

Le N.O.W. sera débordé sur sa gauche : une de ses militantes Ti Grace Atkinson en émerge et se propose d'annihiler une bonne fois pour toutes les rôles sexuels ! "Nous avons établi que les femmes constituent une classe politique caractérisée par une fonction sexuelle". Pour elle, "le mariage est un rapt légalisé, source de travail non payé, qui ampute la liberté de mouvement de la femme et ne nécessite en rien la certitude de l'amour d'un homme, l'amour, c'est autre chose.... En quelque sorte, les femmes doivent commettre un authentique suicide". En 1967, Valerie Solanas publie SCUM Manifesto, "programme politique en forme de science fiction". Les femmes doivent mener leurs propres batailles ; celles qui s'imposent dans les mouvements que domine l'homme par tradition, n'y parviennent qu'en s'inclinant devant les valeurs du mâle. Scission d'avec N.O.W, naissance du Women's Lib.  
Kate Millet publie sa thèse de doctorat qui devient rapidement un best-seller, La Politique du Mâle, traduit en 27 langues et qui fera dire à son examinateur de thèse :"Lire ce bouquin est comme s'asseoir avec les couilles prises dans un casse-noisette" ! Différentes féministes européennes vont les suivre dans ces analyses. Dont le MLF en France (Mouvement de Libération des Femmes). Mais aussi des "Soeurs de Lillith", des "Bas Rouges", "Du pain et des roses", et les W.I.T.C.H. américaines, sorte de "sorcières de l'enfer" ! Voici ce que dit une militante du MLF dans Actuel au départ du mouvement : "Jusqu'à présent, nous étions considérées comme des domestiques, nous n'avions d'autre horizon que celui du type qu'on nous avait imposé... Voici l'heure des remises en question radicales. Tous les couples sont des couples bourgeois. Quelques aventurières qui ne goûtaient pas ces délices étaient la proie des flammes. Vierges, elles étaient considérées comme de vieilles peaux, amoureuses, comme des putains, concubines, comme des oiseaux de passage. Au-dessus de trente ans, leur valeur marchande avoisinait zéro. Si elles se commettaient dans la politique, on leur signifiait d'aller régler leurs problèmes vaginaux ailleurs."

L'italienne Carla Lonzi (dans Crachons sur Hegel) : "La famille est le pivot de l'ordre patriarcal ; elle est fondée non seulement sur les intérêts économiques mais sur les mécanismes psychiques de l'homme qui, à chaque époque, a pris la femme comme objet de domination et comme piédestal". Et, "constatant le culte des vertus mâles qui ont toutes pour centre le ressort d'une fondamentale agressivité a fait de l'inconscient masculin un réceptacle de sang et de peur. ... La libération des femmes passe par la preuve faite concrètement, en plein vécu, qu'elle peut se passer de l'homme à tous les niveaux.". Féminisme radical.

Destruction des ressources naturelles "gratuites"  - Surpopulation
Le travail ménager, plateforme invisible du travail producteur mâle et matrice de toutes les autres exploitations.
"Deux secteurs de l'activité féminine servent de base à la société, base aussi indispensable que le travail de l'homme à l'extérieur : la reproduction tout d'abord qui implique procréation et élevage ; et le travail ménager, secteur exclusif, qui sert d'invisible plateforme à la production, travail de l'homme à l'extérieur. Sans la préparation de ses aliments, la réparation de ses vêtements, le blanchissage de son linge, l'aménagement de son cadre de vie selon un minimum d'hygiène et d'agrément, aucun prolétaire ne pourrait vendre sa force de travail, aucun commerçant ne pourrait continuer à vendre et à acheter la marchandise ; aucun homme de profession libérale à poursuivre sa carrière.[....] Le mariage donne donc à l'homme la possibilité de vendre sa force de travail dans des conditions infiniment plus rentables en lui permettant l'économie d'une femme de ménage, du restaurant, d'une grande partie ou totalité du blanchissage, sans compter l'économie du temps des aventures sexuelles". A ce service inappréciable s'ajoute un second, plus précieux encore : la procréation qui est la mise au monde de nouveaux futurs travailleurs. Enfin, la femme joint à ces deux apports sa part personnelle à la production directe, soit au travail, la plupart du temps dans les emplois les plus difficiles à alimenter parce que les plus mal rétribués ou à mi-temps, ce travail à mi-temps que les récupérateurs s'efforcent de faire prendre pour une conquête de la femme moderne et qui est la meilleure façon de la maintenir dans les basses zones de l'économie". Si l'homme dans le mariage bénéficie d'une ménagère gratuite, une femme seule élevant ses enfants et travaillant à la production à l'extérieur, puisque l'homme seul peut obtenir par le mariage ou le concubinage une aide ménagère gratuite, pour cette femme seule avec enfants si elle en a besoin, l'aide SERA TOUJOURS PAYANTE !

Ce travail "gratuit" puisqu'il ne rentre pas dans le PIB nationaux est à rapprocher des services "gratuits" rendus par la nature, par exemple le travail des abeilles dont la contribution avait été évaluée en 2005 à 35 milliards de dollars rien que pour le PIB des USA, sans compter les autres pollinisateurs ! Les exemples peuvent être multipliés à l'infini de cette similarité de l'exploitation des richesses naturelles et du travail, je devrais dire de l'esclavage plutôt, des femmes au sein du mariage et de la cellule familiale : les forêts que l'on détruit alors que nous en retirons notre pharmacopée, les animaux sauvages dont nous réduisons l'espace vital alors qu'ils nous ont fait culturellement ce que nous sommes. Clairement, la femme a été donnée à l'homme comme un champ à labourer et.... à exploiter comme dit la formule métaphorique du coran, bien que la répression de l'éros et l'exploitation du corps des femmes sont identiques dans les trois religions révélées.

En 1974 déjà, F d'E fait une description apocalyptique des destructions environnementales : pollution des fleuves et des mers, érosion des terres, progression des déserts, atmosphère surchargée en gaz carbonique, pluies acides, contamination des terres et des rivières par des phytosanitaires ou pesticides, pollution des nappes phréatiques et raréfaction de l'eau pure ; en 2010, après avoir connu des accidents nucléaires type Three Mile Island, et infiniment plus grave Tchernobyl, après avoir connu Bhopal en Inde et l'accident de Toulouse, nous savons que des catastrophes climatiques sont devant nous, que les terres sont de plus en plus rares et chères, que les chinois qui ont pollué leurs terres cultivables par les désastreuses pratiques de l'ère communiste achètent l'Afrique et Madagascar, que la bataille de l'eau a déjà commencé et que le déboisement est à l'œuvre dans les forêts de Bornéo et Amazonienne. Il y a plus de plastique que de plancton dans le Pacifique et un "trash vortex" de déchets de la taille de la France y dérive, selon Greenpeace. Nous savons également que la ressource pétrolière dont nous sommes tellement dépendants cessera un jour prochain.

Claude Lévi-Strauss né en 1908 avait l'habitude de dire que l'année de sa naissance, la population terrestre était de 1,3 milliards d'habitants ; en 2009, année de sa mort, elle est de 6,5 milliards d'habitants ! Soit une multiplication par 5 en une vie humaine ! Page 130 de son livre écrit en 1974, F d'E précise que les Brésiliennes sont 55 millions dans un pays de 90 millions d'habitants. Aujourd'hui, 36 ans plus tard le Brésil c'est 190 millions d'habitants, dont 86 % vivent en ville dans les conditions déplorables des favelas.Précisons toutefois que les enfants du Tiers-Monde pèsent moins lourd à la planète que les enfants du riche hémisphère Nord, compte tenu de la désastreuse courbe 20/80* !
Conséquences du Patriarcat millénaire : Éros réprimé et emprisonné dans le mariage sa monotonie et son exploitation esclavagiste, femmes opprimées et mystifiées dans les développements de cette civilisation, nature exploitée et détruite, contrainte à la maternité et contrôle de la fécondité des femmes par le seul mâle qui s'est arrogé pouvoir et titre de propriété, "tant que subsistera le pouvoir mâle, il va de soi que rien ne peut changer sur ce plan, et que l'origine même des conditions de vie n'a aucune raison d'être réexaminée. La morale est condamnée en ces mains millénaires à conserver comme pulsions primordiales l'agressivité, l'instinct de destruction et de violence, l'empreinte laissée par force sur la chair et la nature...".
"Pour la première fois dans l'Histoire humaine, aucune société ne peut prendre la relève" : Konrad Lorentz. Évidemment dit F d'E, puisqu'il pense comme tout le monde société mâle, à savoir société de représentation, de compétition et d'industrialisation, bref d'agression et de hiérarchie sexuelle.

La mutation écoféministe
Les deux féminismes, le libéral comme le radical ont échoué à transformer en profondeur la société constate F d'E ; c'est en limitant à leur prétendue "contre-féminité" à savoir la revendication de tel ou tel droit, qu'elles s'imaginaient être le transformateur magique de leur féminitude que les féministes d'hier se sont anéanties en n'ayant gagné pratiquement que du vent". Elles n'en ont retiré au mieux que des réformes, des adoucissements, des avantages, les sous qui tombent du tiroir-caisse du grand chambardement si elles se trouvent du bon côté ; mais le pouvoir ne fait que changer de mains, jamais de structures ; jamais n'est remis profondément en question le rapport entre les sexes, question humaniste et question écologique entre toutes. Comment ce problème pourrait-il être résolu tant que les structures mentales resteront ce qu'elles sont à savoir informées par cinquante siècles de civilisation masculine planétaire, surexploitatrice et destructrice des ressources ?" Ce noyau, c'est le phallocratisme. Il est à la base même d'un ordre qui ne peut qu'assassiner la nature au nom du profit s'il est capitaliste, au nom du progrès s'il est socialiste".

La seule mutation qui puisse donc sauver le monde aujourd'hui est celle du "grand renversement" du pouvoir mâle que traduit, après la surexploitation agricole, la mortelle expansion industrielle. Non pas le matriarcat certes ou le pouvoir aux femmes, mais la destruction du pouvoir par les femmes. Et enfin, l'issue du tunnel : la gestion égalitaire d'un monde à renaître et non  plus à protéger comme le croient encore les doux écologistes de la première vague. Le féminisme ou la mort. On le voit bien : nous ne plaidons pas du tout une illusoire supériorité des femmes sur les hommes, ni même des "valeurs" du féminin qui n'existent que sur un plan culturel et nullement métaphysique ; nous disons, voulez-vous vivre ou mourir ? Si vous refusez la mort planétaire, il faut accepter la revanche des femmes ; car leurs intérêts personnels en tant que sexe, recoupent ceux de la communauté humaine, alors que ceux des mâles à titre individuel s'en distinguent".

Selon F d'E,
Les femmes doivent donc arracher le pouvoir aux hommes pour le rendre à l'Humanité entière.

Françoise d'Eaubonne féministe universaliste française, est la première à avoir mis en parallèle l'oppression des femmes, l'exploitation de leur corps et l'invisibilité de leur production avec l'exploitation et la dévastation de la nature. Elle leur propose donc de s'allier pour mener le combat éco-féministe et se libérer. L'éco-féminisme a été inventé en France par Françoise d'Eaubonne avec la parution du "Féminisme ou la mort" en 1974, mais nulle n'étant prophétesse en son pays, il a été adopté par les anglo-saxonnes (USA, Canada, Australie...) et les femmes du Monde en développement ; Vandana Shiva en est une des porte-parole et activistes en Inde où elle essaie de le mettre en pratique.
Le(s) livre(s) de Françoise d'Eaubonne n'est plus disponible en librairie et est épuisé chez l'éditeur ; on peut peut être le(s) trouver dans les bibliothèques : ne pas hésiter à demander d'aller voir en réserves. Et surtout, il se chine bien chez les bouquinistes (avec le plaisir de la chine en plus !) et sur les sites de vente et d'enchères sur Internet, ainsi que chez les revendeurs d'occasion d'Amazon Market Place. S'il n'apparaît pas à votre première recherche, n'hésitez pas à réitérer votre requête de temps en temps jusqu'au moment où quelqu'un vendra le sien. J'ai trouvé tous les miens de cette façon.

Pour approfondir, deux liens : Les Panthères roses et  Conseil du statut de la femme au Québec
et en anglais Earth First ! Et Earth First ! What is social ecology.

"C'est l'Oppresseur qui construit les définitions"
Ti Grace Atkinson - Odyssée d'une amazone.

"Si les femmes n'agitent pas leur cul en vitesse, nous risquons tous de crever aujourd'hui !"
Valerie Solanas - SCUM Manifesto.

*Courbe de Pareto ou 20/80 : 20 % des habitants de la planète (l'hémisphère Nord, nous) dilapident 80 % des ressources de la planète pendant que 80% des habitants de la planète "se contentent" des 20 % de ressources restantes.

Le féminisme ou la mort - Françoise d'Eaubonne - Episode 1

Photo de Françoise d'Eaubonne

vendredi 26 novembre 2010

Le G vain - La photo de famille

Cherchez les femmes.













(On peut cliquer sur la photo pour l'agrandir)
J'en vois trois : Christina Kirchner Présidente de l'Argentine en bas à
droite ; juste au-dessus, Julia Gillard, Première ministre Australienne, et Angela Merkel, Chancelière d'Allemagne, la seule note de couleur de cette photo gris anthracite .
J'ai cherché en vain cette photo il y a une semaine : un moteur m'avait même trouvé un document prétendant que vu l'inanité de ce sommet, les participants s'étaient carapatés en refusant de voir sortir le petit oiseau ! Et puis, The Economist me l'envoie : je me demande ce que je deviendrais sans ce magazine !

Plaisanterie à part, si on continue un peu longtemps comme cela, j'ai des doutes sur la pérennité de l'aventure humaine sur la planète. D'après mes informations, "G vain" serait un jeu de mots de Jacques Attali. Enfin un éclair de lucidité ? Pas de doute en tous cas, c'est les hommes qui parlent le mieux des hommes !

Au fait, en face, c'est comment ?
Je rencontre lors d'un colloque le célèbre WWF ; en feuilletant une de leur brochures où figure leur conseil d'administration, je vois qu'il compte sur 22 membres, tous mâles et blancs, uniquement 4 femmes : pour une ONG qui défend la biodiversité, il y a plus qu'une contradiction dans les termes ! Ça la fiche carrément mal. Quand je pense que je leur envoie de l'argent et leur accorde ma signature ; je préviens que vais être contrainte à des révisions déchirantes. Mais c'est une maladie, c'est pas possible !

(Cliquer deux fois sur la photo pour l'agrandir).

J'ai évidemment profité de l'occasion pour râler demander poliment mais fermement des explications en me présentant ; après tout je suis cliente donatrice, et c'est un pouvoir. L'expérience est étonnante : les hommes présents sur le stand restent cois et attendent que l'orage passe, ils sont désormais convaincus de l'injustice et du déséquilibre qu'elle provoque ; l'attitude des femmes (pourtant bénévoles et corvéables, donc invirables !) est plus ambiguë, elle est duale : soit complice et rigolarde dans quelques cas isolés (genre, pendant que je compte : -"votre Claude / Dominique là, c'est mâle ou femelle ? - On va dire que c'est une femme, ça vaut mieux !" n'en sachant strictement rien mais souriante et ravie de l'aubaine) ou nettement plus courant, le regard effrayé par l'audace (mais qu'est-ce qu'elle raconte celle-là ?) et attendant atterrée que les dieux (mâles forcément) me foudroient sur place ne laissant qu'un petit tas de cendre, ou que la terre s'entrouvre sous mes pieds pour me faire disparaître dans les ténèbres infernales.... ce qui ne se produit pas évidemment, les dieux n'ayant aucun pouvoir, et les ténèbres infernales ne s'ouvrant pas comme cela pour un oui ou un non, pour punir par exemple une femme dénonçant la discrimination !  Un peu de courage, les filles, on a tout à gagner et RIEN à perdre. Ramenez-la, par pitié !

Crédit photo : The Economist

mercredi 24 novembre 2010

Contre le viol

Signez contre le viol, ce programme politique où le mâle réaffirme sa suprématie : une femme n'est pas violée parce qu'elle est jeune, belle, seule, aguicheuse, vieille, laide, féministe,... une femme est violée parce qu'elle est une femme.






Contre le viol 

Osez le Féminisme


samedi 20 novembre 2010

Travaux publics, bricoles, bricolos, bricolage...

Été et automne : l'enfer en ville.


Attention : travaux ! Casque de chantier obligatoire.

Lors du débat sur les retraites, on a beaucoup parlé du "travail invisible" des femmes. Je me demande si en plus d'être invisible, il n'est pas aussi inaudible. Jugez-en d'après le boucan, les nuisances sonores et les pétaradages divers occasionnés par le travail masculin :

Forages, tailles d'arbres en topiaire sur des avenues entières, réfections de façades, implantation de grues, tontes de pelouses desséchées, taille de bordures, taille de haies, pose ou dépose de stores, éventration de rues, construction d'immeubles de bureaux -peu importe qu'il y en ait de vides partout, neufs et anciens, l'idée c'est d'occuper l'espace et de réduire la biodiversité "pullulante" !- démolitions, pose de câbles souterrains, rebouchage de trous, essais d'hélicoptères et d'avions de combat, ma liste n'est pas limitative et peut être complétée. La chute des feuilles en automne va voir arriver les souffleurs masculins qui ont avantageusement remplacé le balai, trop féminin sans doute. Je me suis laissé dire que le pictogramme "femme" en mandarin s'écrit comme "homme" mais en lui rajoutant un balai !

Si dans votre quartier, vous voyez arriver ça :


Ou ça 
vous pouvez commencer à vous faire des cheveux...et éventuellement demander asile à la famille ou aux amis. Vous savez quand elles arrivent, mais pas quand elles partiront, les managers des entreprises de travaux publics n'ayant pas l'habitude ni la courtoisie de s'excuser de la gêne occasionnée avec date de début et de fin du supplice ! Ils sont sûrement persuadés que, puisqu'ils œuvrent pour le bien public (ce qui reste à prouver), ils n'ont pas à s'excuser !

Mais le pire c'est vraiment ça :

La simple vue dans le quartier de ce bras articulé à nacelle, engin érectile qui monte, descend, se déplace, balance à droite et à gauche, se replie en position de repos, pendant qu'un homme (je n'ai jamais vu de femme l'actionner, il doit pourtant y en avoir quelques-unes dans les travaux publics, je veux dire AILLEURS qu'à la compta ou au secrétariat ?) manipule le panneau de commande électronique dans la nacelle, me fait devenir nerveuse au point d'appeler tous les syndics de gestion d'immeuble dans un rayon de 2 kilomètres pour savoir d'où ça vient et surtout QUAND ça s'en va ! Il sert à tout (donc à rien) : nettoyer des vitres, ravaler une façade, changer un store dont le boitier est extérieur, monter et descendre des charges, démonter une grue ; il fait un potin monstre et fume des vapeurs délétères qui empuantissent l'atmosphère ! J'en ai subi un pendant des semaines pour un ravalement de 150 mètres de façades dans mon quartier et une employée de l'agglomération devant mon exaspération m'avait répondu que "dans certains endroits il est impossible de monter des échafaudages" ! Sur du bitume et en ville : si ça ne s'appelle pas se moquer du monde ! Évidemment, après ce traitement, j'ai développé une espèce de syndrome post-traumatique qui fait que quand j'en vois un, j'ai du mal à rester calme. 

Voici l'automne, voici le souffleur-broyeur :



Chez moi, ils passent (ça doit être planifié 6 mois à l'avance -après tout les saisons sont fixes) juste après des pluies diluviennes de hallebardes, de cordes ou comme disent les anglais, de chats et de chiens pendant trois jours et que les feuilles sont bien incrustées dans le bitume !

Chaque saison à son instrument : l'été, c'est le taille-haie, plus bénin, mais tout de même :

 
N'oublions pas les machines qui font des carottages et des éventrations de sous-sol, ni les compresseurs qui fournissent l'énergie nécessaire.



J'ai lu dans la presse que pour faire pièce à la récession (causée faut-il le rappeler par des garçons -99 %- qui perdent leurs nerfs en la jouant Game Boy en compétition imbécile entre eux dans les salles de marché des banques -et, mauvaise nouvelle, RIEN n'a changé, ils spéculent en ce moment à la hausse sur les prix des matières premières blé, riz, soja qui constituent la ration alimentaire des femmes du Tiers-Monde et accessoirement la mienne !), les collectivités locales ont carte blanche pour soutenir le bâtiment et les TP en faisant toutes sortes de travaux, y compris en s'endettant. Chez moi, c'est clairement le cas, et avec une solide mentalité de chambre de commerce à la Homais, le pharmacien de Madame Bovary ! Interrogés toutefois sur leur capacité à prendre en compte l'environnement, j'apprends que oui, le Grenelle de l'environnement leur impose de faire du développement durable ; ils sont conscients de leur emprise sur l'espace en construisant des autoroutes et des voies de chemin de fer et ils font tout pour réduire cette emprise ; je dirais de prime abord comme ça que ça ne saute pas immédiatement aux yeux !

Je ne suis pas la seule à me plaindre : Virginie Despentes qui vit à Barcelone décrit dans Apocalypse bébé la frénésie travaux de la ville en prétendant qu'on y éventre les trottoirs juste pour voir ce qu'il y a dessous ! "Boucan intense, écrit-elle, les gens klaxonnent à tout bout de champ, des machines extravagantes éventrent les sols et exhibent les entrailles de la ville, à grand renfort de bruit. Ça ressemble à une coutume locale". 
Non, ce n'est pas local, c'est universel de mon point de vue. Ça ressemble à un désordre mental, une psychonévrose en phase maniaque (euphorique) ou à un syndrome de toute puissance : lutte contre la Nature leur ennemie, méchante qui ne nous veut pas de bien (Luc Ferry dixit) et qu'il faut dominer comme la Terre, les femmes et les animaux ! Cela doit mettre du baume sur ce qu'il faut bien appeler leur frustration congénitale : prouver qu'ils maîtrisent les éléments.

Quand on a tout essayé sur terre pour détruire les nerfs des électrices, il reste l'avion de chasse :


Il suffit de cliquer ICI pour voir les dégâts qu'en temps de paix, il provoque !

L'hiver promettant (la "crise" n'est pas finie contrairement aux adeptes de la méthode Coué) sa ration de décibels au moins égale voire supérieure à celle de cet été, il reste éventuellement la solution de se réfugier sous un cairn préhistorique ?



Dans "Stratégies de la framboise" Editions Autrement, une mine décidément, voici ce qu'écrit Dominique Louise Pélegrin (page 32) à qui je laisse la conclusion : "... ce jardin-là était extrêmement bruyant. Outre la pompe qui crachait du décibel en montant l'eau du puits le soir, on y trouvait une tondeuse électrique ahurissante construite à partir d'un moteur d'hélicoptère. Mon père était le genre de type capable de récupérer dans les poubelles d'un aéroport de quoi fabriquer une tondeuse, il avait tendance à toujours repartir de zéro, fabriquait ses outils lui-même, en commençant par la table sur laquelle il allait les visser, percer, couper, souder, marteler, et tutti frutti, en appelant de temps en temps l'un d'entre nous pour l'aider. J'ai lu bien plus tard que des tronçonneuses ou des tondeuses silencieuses ne se vendraient pas plus que des marteaux-piqueurs insonores. Les activités masculines ne valent que si elles sont signalées à l'admiration des foules par un niveau sonore adéquat".

Crédits photos : divers catalogues de machines et matériaux.

lundi 15 novembre 2010

Stratégies de la framboise

Dans Stratégies de la framboise, sa "trousse de survie de l'humanité" (dit la 4ème de couverture), Dominique Louise Pélegrin raconte ses "aventures potagères" sur un mode décalé et amusant tout en étant didactique, en remplaçant les chapitres de son livre par des "Planches", les fameuses planches de légumes qu'elle tente de cultiver malgré les revers infligés par une chouette insomniaque et une taupe
folle ! J'avais lu ce livre lors de sa sortie en 2003 et il m'avait bien plu.

Voici deux citations qui illustrent de façon moins scientifique mais toutefois plus distrayante, ce que dit Christine DELPHY dans Penser le genre, le deuxième tome de L'ennemi Principal : le travail des femmes est SANS VALEUR, il ne compte pas dans les PIB*nationaux. Mon propos, ni celui de D L Pélegrin n'est pas bien entendu de prôner le retour des femmes à la cuisine par la culture du poireau, mais bien de montrer la façon dont le travail des femmes est traité selon sa destination, soit un éternel travail sans valeur (quand il se fait à l'intérieur du foyer) ou au maximum d'appoint mais salarié quand il est exécuté à l'extérieur !

" Si le poireau sort du rang, c'est toujours avec sa copine la ménagère. Ses feuilles très vertes, foisonnantes, dépassent de son panier et en constituent le principal ornement. Dans nos mythologies, la ménagère -personnage étonnant, on en parle plus qu'on ne la voit- ne sort jamais sans son panier, d'où dépasse donc le poireau. On sait qu'elle a parfois moins de cinquante ans, parfois plus, ce qui est une bien curieuse manière de définir les gens. L'âge du poireau n'est jamais précisé. Quand au panier, c'est lui le personnage principal. Le panier de la ménagère émarge à la comptabilité nationale. A la radio, c'est de lui qu'on parle.
La ménagère, malheureusement pour elle, s'est bien mal débrouillée. Tout ce qu'elle fait semble dépourvu de valeur. Une fois qu'elle a payé ses poireaux au marché, elle disparaît des échanges marchands ; or, dans notre merveilleuse société, rien d'autre ne semble exister. Qu'elle se débatte donc avec les limaces, qu'elle prépare un bon gratin pour sa famille ! Ce n'est pas considéré comme création de richesses. Au même moment, dans le restaurant le plus proche, l'employé qui lave les légumes touche un salaire. Le plat du jour, "gratin de poireaux", est affiché à tel prix, TVA comprise.
Les pieds dans la boue, la ménagère a peut être arraché les poireaux à l'aide d'une fourche, elle a abattu son couteau sur un assortiment de rubans bleus, humides et encombrants avant de fendre tout l'engrainement du poireau et de le porter sur la table de la cuisine. Si le poireau provient du potager, le fameux panier n'intervient pas ; or, comme on l'a vu, lui seul compte. Donc, dans ces cas-là, tout est gratuit et rien n'existe. On sent qu'elles sont bizarres, ces manières de compter qui nient toute l'autoconsommation des familles".

"L'élevage et le travail des champs rapportent de l'argent. Le labeur du jardin et les mille autres tâches féminines permettent surtout d'en économiser. [....] Dans le système de la ferme, un homme qui a travaillé dehors pendant des heures est en droit de trouver la table mise, du vin dans la carafe, le pain coupé, la salade dans le saladier, des légumes chauds, [....] bref, quelque chose d'élaboré et de bien présenté. Le  repas est un moment important, une récompense, le moyen de refaire ses forces. La réciproque n'est pas vraie : si une femme a travaillé particulièrement dur, jamais elle ne pourra s'asseoir et attendre ce cadeau merveilleux, que tout soit prêt quand elle arrive affamée, qu'on pose à côté de sa cuiller des plats chauds et odorants".

Christine Delphy que DL Pélegrin a lue c'est certain, compare aussi le même travail : salarié quand il se fait dans un restaurant et gratuit quand il s'agit de la cuisine familiale, et le travail des fermières payé quand elles vendent leurs produits sur les marchés et gratuit quand il est destiné à nourrir leur famille. Les PIB masculins ne reconnaissent que l'échange marchand et il sont basés sur l'exploitation, la dilapidation et la destruction des ressources naturelles, cadeaux de la nature et les femmes, j'en ai bien peur, font partie des "ressources naturelles", ressources -cadeaux de la nature, disponibles et abondantes !
* PIB : Produit Intérieur Brut

mardi 9 novembre 2010

The sexual Politics of Meat : Carol J Adams



Politique sexuelle de la viande - Une théorie critique féministe végétarienne.
Publié en 1980 aux États-Unis, il est disponible en français depuis mai 2016.


En voici les idées force :

LE POUVOIR de DONNER des NOMS 
UNE RHÉTORIQUE IMPLACABLE
Essayez dans un dîner en ville ou avec la famille de placer ces deux phrases : Je suis féministe !
Réponse invariable en vous coupant d'ailleurs grossièrement :
Ah, tu n'aimes pas les zomes ?
ET/OU
Non, merci, je suis végétarienne, en repoussant le plat de viande.
Même invariabilité de l'objection : Ah, tu n'aimes pas la viande ?

Même structure négative de phrase dans les deux cas. On pourrait vous répliquer d'un air intéressé et positif : Ah, tu défends l'égalité entre les hommes et les femmes, c'est bien ? Ou "Tu es solidaire de la vie animale, comme c'est intéressant !" qui sont quand même plus valorisants et EXACTS ! Mais non, JAMAIS vous n'aurez ce genre de réponse. Pire, vous devez vous justifier d'appartenir à la catégorie féministe ou à la catégorie végétarienne, alors que personne parmi les convives ne demandera à l'autre camp de justifier l'asservissement des femmes et des animaux dans une consommation consensuelle de leur force de travail, de leur capacité reproductive et de leur chair. Cela va de soi !

Nous vivons dans un monde patriarcal ou les hommes sont indiscutablement le maître-étalon de toute espèce humaine (d'ailleurs la question de savoir si les hommes eux, aiment les femmes ne sera pas évoquée -alors que les hommes démontrent tous les jours qu'ils n'aiment pas les femmes pour dire le moins !) et un monde où les mangeurs de viande sont légitimes, la question ne se pose même plus ! Pire, vous endossez le mauvais rôle de 1) la mégère aigrie anti-mec à poils sur les jambes ou 2) la triste convive qui essaie de dégoûter les autres des plaisirs de la table et du... lit, bref, la mal baisée, la « mauvaise vivante » par opposition à la populaire bonne vivante qui sait se comporter au lit et à table.
Je déconseille d'ailleurs de vous y risquer : votre beau-frère Jacky va vous embêter pendant tout le repas en faisant des remarques fines sur vos opinions, en se resservant trois fois de gigot en précisant qu'il n'a pas « d'états d'âmes » envers les animaux qui sont « faits pour être tués et mangés », et/ou qu'il "adore les femmes, lui" ! Ce qui n'a absolument aucun rapport. Le débat est faussé dans les deux cas, puisque vous ne parlez pas de la même chose. La réalité c'est que les féministes se battent pour l'Égalité et que les végétariens mangent sans tuer.

Les femmes, comme les végétariens n'ont pas le pouvoir de nommer : elles/ils sont tous deux face à un dominant qui a tout intérêt à les faire taire, soit en les ridiculisant, soit en diminuant la portée de ce qu'ils disent, afin de garder ce pouvoir de donner des noms. C'est la fonction du système dominant : il ridiculise tout ce qui n'est pas SON message, il vous rejette dans l'altérité, il n'y a que sa voix qui porte et son message qui est audible et recevable, et tous les moyens sont bons pour maintenir le système en l'état.

EXPLOITATION DES CORPS des femelles animales
HIÉRARCHIE ENTRE LES PROTÉINES femelles et mâles
Dans l'élevage industriel comme dans l'élevage traditionnel, le cheptel se compose de femelles exclusivement ; dans les élevages de poules pondeuses, les poussins mâles sont éliminés impitoyablement dès leur sortie de la couveuse, grosse armoire chauffée ; ils sont broyés vivants dans une vis sans fin après sexage brutal, puisque le législateur n'a pas prévu d'étourdissement avant mise à mort pour les poussins. Les porcelets mâles destinés à faire du porc charcutier sont castrés brutalement sans anesthésie avant 7 jours (conformément à la loi) car la viande de porc mâle libère des odeurs d'urine perçues toutefois par moins de 10 % de la population. Il y a bien quelques taurillons à viande destinés à faire du boeuf, mais le boeuf qu'on trouve dans les boucheries est généralement de la vache dite de réforme, c'est à dire de la vache laitière envoyée à l'abattoir, après une carrière de vêlages et de séparations d'avec son veau afin que nous puissions récupérer son lait ! La plupart des mâles sont considérés comme à peu près inutiles, voire gênants en élevage. Dans le cas des truies gestantes, (re)productrices de porcs charcutiers, on peut trouver un verrat pour 350 truies, verrat destiné à provoquer les chaleurs, mais il n'aura jamais la possibilité d'en approcher une puisqu'elles sont inséminées, artificiellement et brutalement, coincées dans leur stalle, par un technicien d'élevage, ce qui fait dire à certains que l'opération ressemble à un viol ! Le verrat est dispensable puisque dans les élevages hors-sol, on pratique la stimulation ovarienne pour aller plus vite. Pour la même raison, les mises-bas sont déclenchées. L'élevage et ses techniques devenues systématiques (insémination artificielle, stimulation ovarienne, mères porteuses, tri, sélection et implantation d'embryons, clonage), sont donc une exploitation industrielle du corps des femelles animales : on en obtient des œufs, du lait, des petits pour leur viande et le remplacement des adultes, et finalement on mange leur corps fatigué en fin de cycle. Dans ce système, les femelles animales subissent une double exploitation : durant leur vie (production de lait, oeufs, veaux, petits...) et à l'heure de la mort où elles sont envoyées à la boucherie et transformées en viande.

Les protéines animales les plus consommées et les MOINS CHÈRES, ou encore de SECONDE CLASSE sont les œufs, le lait et les sous-produits du lait, protéines femelles par excellence, la viande blanche (poulets, poules de réforme, veau,...) et enfin la viande rouge : bœuf essentiellement, cette viande étant la plus chère et considérée comme protéines de PREMIÈRE CLASSE, et destinées plutôt aux garçons -voir tous les films Charal où une mère debout dans sa cuisine, sert du steak à son garçon (toujours), démontrant que le carnisme fait partie de la culture dominante patriarcale. "La viande est constante pour les hommes, intermittente pour les femmes et les filles..., la part du lion va aux hommes, aux époux... ; les femmes souffrent de famine à un  taux disproportionné par rapport aux hommes" (7 Filles ou femmes pour 3 garçons) précise Carol Adams ; Françoise Héritier à aussi écrit quelques textes sur le sujet, j'aurai certainement l'occasion d'y revenir.

Carol Adams (parmi d'autres) distingue quatre stades progressifs dans la façon dont l'humanité s'est nourrie au fil des âges :
1- La cueillette (baie, graines, racines...) de plantes sans doute accompagnées d'insectes, de vers ou autres rampants, ou de fourmis attrapées avec un bâton, comme font les primates ;
2 - La chasse aux animaux sauvages qui suppose des instruments (lances, pointes de flèches...) et une organisation de groupe (traque) ; elle implique le violence envers (plutôt) les herbivores et à terme une division de la société entre chasseurs et non chasseurs ;
3 - La domestication des animaux et l'élevage qui impose aux animaux le contrat suivant : je te donne la sécurité contre les prédateurs, je te soigne, je te fournis la nourriture et ... je t'exécute. Les éleveurs qui vont les tuer et les animaux vivent ensemble, quelque fois dans une grande proximité/promiscuité. La mort donnée est au bout. Avec deux conséquences, la quantité donc la consommation de viande augmentent, et les protéines femelles deviennent accessibles ;
4 - Enfin, le stade actuel : l'emprisonnement des animaux via l'élevage industriel et la séparation drastique des consommateurs d'avec l'animal consommé (et d'avec les éleveurs et des tueurs d'abattoirs mal considérés et mal payés dont personne ne veut rien savoir) : ils sont tous les référents absents du chapitre suivant ; s'ensuit une augmentation exponentielle des protéines animales disponibles, donc consommées (voir billet sur la consommation de viande -conférence du SPACE) et des protéines femelles sous forme de lait et d'œufs. Avec un besoin lui aussi exponentiel de terres cultivables pour... nourrir des animaux ! Platon dans La République moquait déjà le fait que les gens de son époque gaspillaient des quantités considérables de nourriture pour leurs animaux au lieu de les utiliser pour eux-mêmes. En effet, la viande n'est que du végétal de seconde-main, les animaux se nourrissant de céréales et de légumineuses !

LE RÉFÉRENT ABSENT : Pornographie de la viande
Au rayon boucherie de votre supermarché, vous achetez des côtes de porc, du jarret de veau, une côte de bœuf.... Le morceau de viande est dans une barquette de polystyrène, posé sur une lingette qui absorbe les éventuelles gouttes de sang qui couleraient encore, le tout sous film étiqueté avec les mentions obligatoires y inclus une date de péremption. Toute référence à l'animal vivant est gommée volontairement, toute référence à un individu animal est prohibée ; LE RÉFÉRENT est ABSENT de la pièce de viande que vous achetez. En anglais, le mot qui désigne la viande d'un animal est même changé : cow, ox pour boeuf, calf pour veau, hen, chick pour poulet, pig, hog pour porc, deviennent quand ils sont viande : beef, veal, broiler et pork (animals dead, fragmented and 
renamed : animaux morts, fragmentés et renommés). La langue française n'a au moins pas cette hypocrisie !. Bien des années en arrière, dans les vitrines des bouchers on trouvait des têtes de veau ou de vaches blêmes exposées dans des plats avec des bouquets de persil dans les narines, des lapins dépiautés dont les yeux vous regardaient dans leur vitrine réfrigérée !  Aujourd'hui, c'est strictement impossible, car pas vendeur ! La volaillère chez qui il m'arrive d'acheter quelques œufs (de plein air) m'a même expliqué un matin que dans la chambre d'artisanat où elle a pris ses cours de commerce, on lui a appris à montrer une volaille au client en cachant la tête cadavérique du poulet ou de la faisane dans le creux de sa main ! Déréalisation de l'animal en MORCEAUX de viande. Les éleveurs ne donnent pas de nom à leurs animaux, ils sont identifiables seulement par un numéro ou un code barre dans le cou ou en boucle d'oreilles. Si vous donnez un nom à un animal, ce qui équivaut à faire intervenir de l'affect et une personnalisation de la relation, vous ne pourrez jamais le tuer, c'est fichu d'avance !

L'analogie avec l'industrie de la prostitution et de la pornographie est frappante : les corps de femmes dont on a au préalable changé le nom (elles travaillent toutes sous des pseudonymes) sont livrés aux clients en morceaux ; ils achètent et consomment des parties des corps : vagins, bouches, seins, etc... Il n'y a aucune relation interpersonnelle dans la marchandisation des corps. On retrouve ces mêmes parties de corps de femmes consommables et servant à vendre dans la publicité : croupes, jambes, épaules, femmes sans tête de l'industrie publicitaire que les féministes dénoncent sans relâche. Ou femmes consommables sous forme de pizzas, comparées à des blancs de poulets ou des morceaux de boeuf comme dans la dernière publicité PIZZA HUT (Trouvée chez Le féminin l'emporte - Pour voir les autres pizzas, faites défiler le bandeau). Là également on peut parler de l'absence du référent femme : on n'est pas en face d'une personne mais de morceaux de corps traités comme de la viande.
On trouve dans la pornographie une proximité avec le vocabulaire de la boucherie : quand on impose à une femme 40 à 80 ou 100 clients par nuit ou par jour, on parle "d'abattage", les femmes violées témoignent qu'on les a traitées comme un "morceau de viande", Jack l'Eventreur dans l'Angleterre du XIXème siècle dépeçait ses victimes et découpait leur cadavre, à telle enseigne que les policiers de l'époque avaient enquêté auprès des ouvriers d'abattoirs et des bouchers, et plus près de nous, les films et séries américaines nous présentent jusqu'à la nausée des scènes de crimes où il faut bien le dire, les femmes fournissent le gros des victimes équarries (on peut lire mon billet sur la série Dexter) !
La consommation de la sexualité par les hommes dans la pornographie a été perçue et critiquée par les féministes sous les expressions suivantes : "arrogance carnivore" (Simone de Beauvoir), "gloutonnerie gynocidaire" (Mary Daly), "cannibalisme sexuel" (Kate Millet), "cannibalisme psychique" (Andrea Dworkin), "cannibalisme métaphysique" (Ty-Grace Atkinson). L'ouvrage d'Adams fourmille de citations littéraires où les images d'abattoirs, de crochets de bouchers, des pénis comparés à des couteaux par les auteurs, bref des citations où les femmes sont consommées sexuellement  comme de la viande.

DÉSTABILISER LE PATRIARCAT

Les livres des religions patriarcales qui célèbrent un dieu mâle racontent la chute d'Adam, le Premier Homme, sous les efforts conjugués d'une femme, Ève et d'un animal, le Serpent ; ces deux derniers sont donc désormais vilipendés et renvoyés à l'altérité, perdant ainsi le pouvoir de donner des noms, de dire le juste, le beau, le bon et le vrai. Les animaux sont chassés, tués et mangés sous le nom de viande, au prétexte d'absorber "leur force" (lors même que dans ce 4ème stade d'élevage où nous sommes, c'est la chair épuisée des femelles animales que nous mangeons, contrairement aux temps anciens de la chasse), et les sociétés virilistes mangeuses de viande tentent de dominer la nature en absorbant des monceaux de cadavres.

Dans un système où les femmes partageraient à égalité le pouvoir, il serait normal de consommer les végétaux, ces cadeaux de la nature, synonymes d'évolution lente pour leur capacité à germer, fleurir, pourrir et renaître selon le cycle des saisons, selon Carol Adams. Récolter plutôt que chasser, violenter et tuer, vivre en harmonie avec les autres plutôt que les contrôler par le pouvoir. Eat rice, have faith in women. (Mangez du riz, faites confiance aux femmes dit Fran Winant).

"Le féminisme est la théorie, le végétarisme la pratique" dit Adams paraphrasant la percutante formule de Ti-Grace Atkinson : "Le féminisme est la théorie, le lesbianisme la pratique" !

"Scarcely a human being in the course of history has fallen to a woman's rifle; the vast majority of birds and beasts have been killed by you, not by us". (Rarement un être humain dans le cours de l'histoire est tombé sous les balles d'une femme ; la vaste majorité des oiseaux et des bêtes ont été tués par vous, pas par nous". Virginia Woolf in Three Guineas.

En guise de CONCLUSION
L'ouvrage de Carol Adams est fort de plus de 200 pages -300 en comptant les notes et les références ; il est truffé de citations et de références littéraires qui documentent une superposition d'oppressions hiérarchisées commençant par les animaux (politique de la viande), les femmes (politique sexuelle), les primitifs et les noirs (politique de la colonisation) ; devant les assiettes de riz et de pommes de terre des gens du Tiers-Monde, les journalistes hommes, blancs, occidentaux s'exclament "mais vous n'avez pas mangé de viande depuis combien de temps ?" ignorant que 80 % des protéines de ces pays proviennent traditionnellement de céréales et de légumineuses à l'inverse de nous, dont 80 % des protéines sont des céréales et des légumineuses de seconde main, issues d'animaux , protéines femelles ou protéines plus viriles de la viande rouge. J'espère que son livre sera rapidement traduit en français, car il manque au corpus des féministes françaises. Je rappelle que la famine touche un humain sur 6 : 1 milliard de personnes, parmi lesquelles 7 sur 10 sont des femmes et des filles. Il faut 7 protéines végétales pour "produire" une protéine animale.


Quelques définitions. 
Carnivores : L'institution bouchère est uniquement humaine ; tous les animaux carnivores tuent et consomment leurs proies eux-mêmes et sans instruments -"la violence [chez les humains] a besoin d'instruments" proclame Hannah Arendt. D'où la création du mot carnisme pour désigner l'idéologie de ceux qui trouvent normal de manger des animaux : en effet, ceux-ci ne tuent pas l'animal qu'ils mangent et ne le connaissent pas ; ils laissent à d'autres le soin de tuer par procuration (référents absents : ouvrier d'abattoir, animal, lieu d'abattage.. ils ne veulent rien en savoir, pire s'ils savaient ou devaient tuer eux-mêmes, ils n'en mangeraient sans doute pas !). 
Omnivores : les omnivores se nourrissent aussi bien de plantes que d'animaux, ce qui leur permet de choisir ce qu'ils ne veulent pas manger, la viande et le poisson par exemple dans le cas des végétariens ; le chien qui est omnivore peut donc être végétarien si son maître l'est ! Le chat en revanche, est définitivement carnivore.
Végétarien : mot créé en 1847, quelques années avant le mot "féministe" ! Avant, on les nommait Pythagoréens (de Pythagore, le célèbre mathématicien qui se demandait comment on pouvait manger de la chair animale !). Le mot vient du latin vegetus qui signifie complet, frais et vivant, n'en déplaise à l'idéologie sexuelle de la viande qui tend à montrer le végétal comme un légume, mot que le discours dominant à rendu péjoratif, présenté comme une nourriture de femmelette ou de dévirilisé -je pense ici aux hommes végétariens qui subissent les quolibets des carnistes. Les végétariens ne mangent pas d'animaux (ni viande blanche, ni rouge, ni poissons, ni coquillages ou crustacés) et les végétaliens ou vegan-s en anglais, ne mangent aucune substance animale (ni lait, ni œuf, ni leurs sous-produits), et pour certains, pas non plus de miel. Les végéta*iens trouvent leur ration de protéines (végétales) dans toutes les graines de céréales (blé, riz, maïs...), fruits-graines (noix, noisettes,....) ou de légumineuses (lentilles, pois, haricots dont le soja...) et différents tubercules ; ils y rajoutent évidemment les légumes feuilles, fruits et racines de saison comme les omnivores. Les protéines d'excellente qualité sont partout dans le règne végétal : ceci pour répondre à l'éventuelle -mais lancinante et omniprésente question- "Mais qu'est-ce que tu manges, alors ?" des carnistes atterrés !

Carol J ADAMS est une féministe universaliste américaine née en 1951. Végétalienne, (employant toutefois dans son ouvrage uniquement les mots vegetarianism et vegetarian), elle étudie les similarités entre les oppressions de genre et d'espèces. Son principal ouvrage The sexual politics of meat publié en 1980 est régulièrement réédité.