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vendredi 29 août 2014

Landes 'Art : pique-nique à NDDL

Landes' Art est une exposition d’œuvres d'art sur le site de Notre Dame des Landes, dans le bocage nantais, sur l'ex (espérons !) futur site de l'aéroport NDDL. Le land art est une tendance de l'art contemporain, utilisant pour ses œuvres des matières naturelles ou recyclées, œuvres ensuite exposées in situ. Les contributeurs et contributrices sur le site de NDDL sont des artistes, évidemment, mais aussi des gens de la région : élèves des écoles et collèges, et toute personne inspirée par le thème ou le site. Je l'ai visité en compagnie d'amis pendant une après-midi de dimanche d'août. Je vous propose un échantillon des meilleures photos de cette merveilleuse journée.


Ici, la boule rouge de Sophie Vinet, plasticienne. J'avais relayé son appel à envoi de tissus rouge ici même.

Les noms des personnes contributrices sont inscrits sur 4 panneaux derrière l’œuvre. Vous pouvez cliquer sur chacune des photos, elles s'agrandissent.



Le parcours de 5 km dans le bocage, parfaitement fléché, part de la place de l'église et égrène les nombreuses installations sur le bord du chemin, dans les arbres, dans de petites combes, dans une prairie... La promenade permet de découvrir également quelques espèces végétales signalées par une étiquette et un ruban de même couleur sur la plante décrite.






Deux installations à base de boutons :




Faite de pédaliers, d'un vieux pneu de vélo et sa selle, on voit une tête :



Une dizaine de panneaux triangulaires de danger représentant des animaux en possession d'un fusil rappellent que le lieu leur appartient. Ci-dessous, le triton crêté, totem du lieu :




Un jeu de mot :



Un détail de yarn bombing (tricot ou crochet dans les arbres) :



Sculpture aérienne et légère "oiseau" en grillage à poule :




Un petit train avec des races de vaches :



Art brut sur une souche d'arbre :



Le monstre du Loch Ness ?



Une autre créature mi féline, mi-humaine se repose :



Une suspension en brindilles, très Blair Witch Project ;)))



Au détour d'un chemin, un énorme loup :



Un soleil avec des couleurs de vitrail :



Il vous reste tout le mois de septembre pour parcourir de cette dixième édition. Notre Dame des Landes est située à 25 km au Nord ouest de Nantes, et à 90 Km au sud de Rennes. Un jour de beau temps, en surveillant la météo, un pique-nique (végane), et c'est la promesse d'une excellente journée.

Le bocage : comment imaginer un aéroport, ses accès, ses pistes, et ses parkings là-dessus ?




La totalité de mon reportage photos sur mon board Pinterest Notre Dame des Landes. Cliquer sur une photo pour l'agrandir : à droite de la photo, vous aurez une mosaïque, il suffit de cliquer sur ses images, vous éviterez ainsi le gros bandeau de bas d'écran que Pinterest nous inflige depuis une semaine !

La Zad du Testet dans le département du Tarn résiste contre un projet de barrage, grand projet Inutile Imposé. Voici leur blog : Tant qu'il y aura des Bouilles. Et Le journal de la ZAD de Notre Dame des Landes.

samedi 23 août 2014

Entrez dans la Matrice

Vidéo Matrix  - La Matrice
Extrait du film des Frères Wachowski de 1999.

"Choisis la pilule rouge, on reste au Pays des merveilles et on descend avec le lapin blanc au fond du gouffre. La Matrice est universelle, omniprésente, Elle est le Monde ! Elle est une prison pour ton esprit."
La pilule rouge, c'est le féminisme vu au prisme du matérialisme historique, de la lutte des classes et des rapports de production, Tome 1 de L'ennemi Principal : Economie politique du Patriarcat. Recueil de textes et d'articles publiés entre 1971 et 1975, malgré quelques petits anachronismes dans quelques données statistiques qui ont désormais 40 ans, ces textes gardent toute leur force.
Christine Delphy est sociologue.


Lisez-le et entrez dans la Matrice



Il est partout. C'est le Patriarcat, une construction sociale interactive qui nous bombarde de misogynie. C'est un programme de domination qui imprègne la société à tous les niveaux : les lieux de travail, l'école, le foyer...
Il tient les personnes enfermées dans des rôles sociaux de genre rigides, une situation intenable qui conduit à la frustration et à l'aliénation.

La plupart des gens ne voient pas le patriarcat : ils sont immergés dedans, et jusqu'à leur libération, ils en sont même les conspirateurs, les agents du système. Tout le monde est un agent du système jusqu'à l'éveil...

Citations sur l'économie du mariage (dans Mariage et divorce) : "...le mariage est l'institution par laquelle un travail gratuit est extorqué à une catégorie de la population, les femmes-épouses".

"Partis tous deux d'une situation sensiblement égale (si on ne tient pas compte de la discrimination), le mariage amène une mobilité descendante de la femme et au contraire une mobilité ascendante de l'homme qui se conjuguent pour creuser un écart considérable entre les possibilités économiques des deux.".

"La charge des enfants est l'aspect de l'état de divorce qui éclaire le plus le mariage et en même temps confirme la continuation du mariage après le divorce. [Des travaux ...] ont confirmé que le niveau de vie des divorcés un an après le divorce, tombe de 40 % pour les femmes et s'élève de 
70 % pour les hommes".
"La garde des enfants, considérée comme un privilège et même une compensation pour les femmes : toute une mise en scène a pour but de dresser les conjoints l'un contre l'autre, des faire peser des incertitudes quant à l'issue du combat, et d'ériger la garde des enfants en enjeu de combat, mise en scène au terme de laquelle, celle (celui) qui obtient la garde des enfants considère avoir remporté une victoire. Bien entendu, il n'est jamais question de leur entretien -de leur charge- mais seulement de leur "garde" -notion juridique qui dénote officiellement la responsabilité civile, et officieusement le droit d'en jouir comme d'une propriété."
[...] La société ne reconnaît pas le travail domestique des femmes, et les tribunaux omettent de veiller à ce que les pensions soient versées, pensions fixées à un montant dérisoire la plupart du temps, donc :
"Objectivement l'"intérêt de l'enfant" a contribué à appauvrir la mère, enrichir son père, et à créer ainsi les conditions dans lesquelles son intérêt ultérieur est de revenir à son père".
Remarque - L'"intérêt de l'enfant" est une fiction juridique, dans la mesure où ce sont des juges, et non des enfants qui en parlent.

Lien : Delphy :  Le féminisme matérialiste - La préséance du social sur l'être humain
La réédition du tome 1 de L'ennemi principal porte désormais cette couverture.

dimanche 17 août 2014

Idée lecture : Comment rêvent les morts

Sur les conseils d'un abonné Twittos québécois, j'ai lu Comment rêvent les morts, roman américain de Lydia Millet. Une excellente idée de lecture pour l'été, ou n'importe quand.

Thomas, dénommé T. par sa mère, le héros du roman, "fait" de l'argent en bétonnant, vitrifiant, artificialisant tous les bouts de terres vierges qu'il trouve "valorisables". Il adore l'argent et d'ailleurs, quand il était petit, il pouvait passer des heures à contempler un billet usagé de 20 dollars (les neufs font trop fausse monnaie !). T. est promoteur immobilier, il trouve des terrains, les financeurs et les capitaux, et il construit des lotissements pavillonnaires pour retraités de la classe moyenne supérieure, clés en mains. Il y a bien quelquefois des interdictions émanant des services fédéraux ou locaux de protection de l'environnement, car abritant une espèce endémique d'animal, mammifère, insecte..., mais rien qui résiste réellement à une armée de bons avocats.

Seuls inconvénients de son métier lucratif, les protestations mesquines de ses nouveaux propriétaires qui souhaitent redresser une allée de garage voulue légèrement courbe par l'architecte : ce serait tellement mieux s'ils pouvaient entrer en ligne droite, sachant que c'est, bien entendu, pire pour sortir du garage en marche arrière. Le roman est plein de petites notations drôles et saugrenues de la sorte sur les frustrations perçues dans une société d'hyper consommation.

Et puis un jour, T. blesse mortellement une femelle coyotte sur une bretelle d'autoroute. Cela lui cause un choc émotionnel dont il va tenter de se remettre en allant adopter une chienne dans un refuge. Puis son père abandonne le domicile conjugal : mâle alpha hétérosexuel quinquagénaire, patriarcal ne doutant pas de ses prérogatives dues à sa naissance dans le bon sexe, il réapparaît cependant quelques temps plus tard barman dans un bar gay, où il goûte une nouvelle jeunesse, un nouveau look, un nouvel appétit de la vie, débarrassé des contraintes du conjugo. Pendant que sa femme, la mère de notre héros, abandonnée, incapable elle, de se retrouver une raison de vivre, aliénée par des années d'asservissement dans la routine du mariage, se laisse aller à folleyer, perdant progressivement contact avec le réel. C'est injuste, mais le patriarcat est injuste, par la haine de soi paralysante qu'il provoque chez les opprimées. Toutes ces épreuves successives imposées par la vie, la mort brutale aussi de la femme à laquelle il était profondément attaché, font que T. va aller du côté de l'empathie et de la compassion.

Roman sur la perte, et sur l'effacement progressif mais inéluctable des espèces animales autour de nous, sur la destruction de la nature par notre parasitisme et nos aveuglements de consommateurs-rois, roman assez mal foutu quand T. commence à aller visiter des zoos (la partie la moins convaincante), il se termine -les cinquante dernières pages formidables- par une confrontation avec la nature, la vraie, celle qui ne fait pas de cadeaux aux humains. Fin ouverte, à nous d'inventer ce qu'il adviendra du héros, mais fin bouleversante grâce à une rencontre. Avec un animal, bien sûr.

Lydia Millet dédie son livre au rhinocéros noir, disparu d'Afrique Occidentale pendant l'écriture de son livre ( 2008) et à toutes les espèces animales qui vont disparaître dans les mois et les années qui viennent.

Lien : La critique de Télérama

mardi 12 août 2014

Avoir foi en l'humanité, malgré tout ?

J'ai reçu dans ma boîte mail, car je suis abonnée à leur mailing-liste, cette vidéo émanant de l'ONG Animals Australia, ONG qui donne une voix à tous les animaux, y compris ceux dits "de rapport" ou "de boucherie", ce qui, en soi, est remarquable. Après une série de mauvaises nouvelles et d'appels à militantisme, and now, the good news, restaurez votre fois en l'humanité en moins de 4 minutes, écrivent-ils, proposant un montage de différentes vidéos tournées par des activistes de la cause animale, dont il n'est pas question de discuter la véracité, ces images témoignent de situations réelles. C'est l'été, aussi place aux "bonnes nouvelles" : l'humanité (dont sa moitié masculine montrée ici -qui sature les postes de pompiers, les "anges des animaux" étant généralement massivement des femmes, rappelons-le) au meilleur d'elle-même. Notez dans les sous-titres que ces témoignages proviennent de partout sur la planète.
ENJOY !


mardi 5 août 2014

Pornographie de la viande

Un restaurant steakhouse ouvre à Washington DC ; sa stratégie marketing est d'attirer les femmes (...not your daddy's steakhouse, dit la promesse de leur affiche). Voici le matériel publicitaire et RP utilisé pour l'évènement :





























Un morceau de viande pendu à un crochet de boucher (animal déréalisé et fragmenté, coupé en morceaux dans la viande) et une femme coupée en deux, juste au dessus du "jarret" ou du "gîte" ? Rappelons que des corps de femmes sont aussi montrés - consommés en morceaux dans les industries de la prostitution et de la pornographie.










Dans l'affiche d'ouverture avec bouteille de champagne : éjaculation faciale (même pas) subliminale ?






















Les happy few invitées à l'ouverture sont marquées (branding) comme du bétail dans le dos ou sur le bras


Dans la vidéo publicitaire long cut ci-dessous, vous pouvez repérer tous les codes de la pornographie filmée : à la seconde 34/35, il y a même une Cène très fugitive (dernier repas du Christ, sujet inépuisable de la peinture sacrée) composée uniquement de femmes, qui se veut sans doute dans la transgression blasphématoire, et outre des femmes se rentrant des morceaux dans la bouche, des éjaculations symboliques, et bien sûr un couteau phallique trancheur en gros plan.



La promotion du Happy hour du lundi fait clairement appel à la culture du viol :


J'entends d'ici certain-es penser : mais ce n'est pas en France qu'on verrait des choses pareilles !

Eh bien si : déjà traitées sur ce blog ou d'autres, une pub pour la saucisse de Morteau  et le calendrier des Chefs 2013 avec des hommes habillés et des femmes dévêtues en cuisine.

Liens qui ont inspiré ce billet :
Human-Animal studies images ;
L'article du Huffington-Post consacré à l'évènement (en anglais) qu'ils présentent comme "female friendly" c'est à dire favorable aux femmes (merci de votre vision des femmes et de vos projections sur ce qu'elles sont sensées aimer). Le diaporama Sexy Pizzas est du même tonneau.