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mardi 28 mai 2019

Pour une sororité stimulante

Ci-dessous un fil Twitter d'Euterpe à dérouler, montrant comment le voile infiltre les cours de langues des immigré-es que l'Allemagne reçoit et intègre en leur apprenant l'allemand et leur style de vie, entre autres. Euterpe donne des cours d'allemand à des syriennes (majoritairement) venues en Allemagne pour fuir la guerre et la destruction dans leur pays, et leurs conséquences économiques. Puisque l'Allemagne est généreuse, qu'elle a une faible natalité, des besoins en main d'oeuvre, refugees welcome !

Ce thread (cliquer sur la date en bas pour dérouler) donne à réfléchir sur le genre d'accueil qu'on réserve à ces femmes déracinées qui ont fui la guerre en laissant tout derrière elle, encore heureux si elles sont venues avec leur famille. Il faut rappeler qu'on ne quitte pas le pays où on est né-e par caprice, il y faut une urgence et une détresse absolues. Elles sont musulmanes du moyen-Orient, donc voilées pour la plupart, pas d'objection à ça. Ces cours d'intégration contiennent l'enseignement de l'allemand, mais aussi les us et coutumes, les lois qui s'appliquent, tout ce qu'il faut connaître pour s'installer durablement et vivre en Allemagne comme des allemands avec tous les avantages d'être allemand-e (et les inconvénients aussi, une forme de solitude urbaine et individuelle qui existe moins dans les pays du Moyen-Orient, sans doute). Leur présenter des professeures d'allemand première langue voilées ou portant le foulard, est-ce bien un signe qu'on veut qu'elles s'intègrent ? Il est présupposé qu'elles sont musulmanes (alors qu'en Europe on voit le retour à la pratique religieuse des deuxièmes et troisièmes générations d'immigré-es, issues de parents qui l'avaient abandonnée, rappelons que bien que la plupart du temps tus, l'athéisme et le sécularisme font des progrès dans les pays arabes) et que donc, elles s'attendent à ce qu'on "respecte" leurs croyances et leur vêture. Mais en est-on sûres ? Qu'elles soient habillées selon ce qu'on leur prescrit dans leur pays d'origine et arrivent ainsi en Europe, c'est certainement normal, mais qui nous dit qu'elles ne verraient pas comme une opportunité de se libérer de ces prescriptions justement parce qu'elles vivront désormais en Europe ? Qu'elles pourraient changer leur destin si elles le souhaitent en profitant des acquis des occidentales ? Qu'elles en rêvent sans se le permettre, et n'attendraient qu'une occasion, un exemple, une stimulation de notre part pour jeter leurs voiles et l'oppression par dessus les moulins ?

Pourquoi sommes-nous si frileux à défendre notre propre culture faite d'égalité femmes / hommes, au moins dans les textes, à tenir fermement à nos principes, et à les défendre ? Par quelle perversion devrions-nous nier ce que nous sommes, nous les pays hôtes, à avoir honte des combats menés et gagnés par des légions de femmes et d'hommes dans l'histoire et même l'herstoire ?

Par dénigrement de nous-mêmes, par timidité, pire, par condescendance ? Le relativisme, ou différentialisme culturel, est pour moi une condescendance, avec le sous-texte suivant des protestations de tolérance : elles ne sont pas arrivées au même stade de développement culturel et social que le nôtre, faisons avec et attendons. Ces pauvres sous-développées, on ne va quand même pas les contraindre ! De plus, le différentialisme culturel fait l'impasse sur les mouvements de révolte des femmes iraniennes qui, prenant tous les risques, se dévoilent les mercredis dans les rues de Téhéran, sous les mots-clés #WhiteWednesdays ou #MyCameraMyWeapon, #MyStealthyFreedom, #NousSommesLeursVoix. Et de celui des saoudiennes qui courent en mixité dans un pays d'une bigoterie effroyable. De celui des afghanes qui font du vélo à Kaboul. Toutes se battent contre les injonctions patriarcales et religieuses. Qu'on ne contraigne pas, c'est évident, mais on peut inciter, stimuler, être solidaires de leur émancipation et de leur autonomisation. C'est cela pour moi la sororité : une solidarité stimulante. Refuser les complexes, être fière de nos acquis, être ferme sur nos principes, revendiquer nos valeurs de démocratie, d'égalité entre tous et entre femmes et hommes, filles et garçons, à l'école, dans la rue, sur nos lieux de travail. J'imagine qu'on leur donne des cours d'éducation sociale et civique, puisque notre vie en société impose qu'on respecte certains principes. Pour certaines d'entre elles, cela peut être un empowerment (empouvoirement) bienvenu. Je me tiens donc aux côtés d'Euterpe dans son indignation : qu'on leur propose des professeures d'allemand première langue voilées n'est pas la meilleure façon d'y parvenir. Arriver en Europe et se retrouver en face d'une femme voilée, j'imagine que cela peut même leur faire un certain choc. D'autant que toutes les syriennes et autres nationalités ne sont pas voilées, n'oublions pas que ces pays étaient dans les années 70 dirigés par le Parti Baas, donc un parti socialiste, avant les perversions qu'il a subies à cause de dirigeants corrompus devenus dictateurs. Il faut sortir de la torpeur et de la sidération vis à vis de l'activisme politique islamiste qui instrumentalise les femmes, et ne pas oublier ce qu'écrit Salman Rushdie :



" Une des choses qui est un prisme classique des fanatiques religieux, c'est que pendant qu'ils nient leurs droits à leurs peuple, ils proclament que ce sont leurs droits à eux qui sont niés. Pendant qu'ils persécutent leur peuples, ils se prétendent persécutés. Pendant qu'ils se comportent colossalement de façon offensante, ils se proclament la partie offensée. C'est le monde à l'envers."

Evidemment que dans le processus d'autonomisation de ces femmes, leurs hommes ont tout à perdre, -comme chez nous-, d'où les résistances parfois féroces, mais il s'agit de montrer de qui nous sommes solidaires ; les femmes elles, ont tout à gagner, si l'on s'en réfère à nos principes démocratiques et d'égalité. Donc, soyons solidaires sans concessions de ces femmes, soyons sororales !

Liens 
Le forum des ex-musulmans sur Twitter (en anglais) 

vendredi 17 mai 2019

Narrations masculines : l'homme sacrificiel

Pour compléter mon précédent billet sur l'impensé de la violence masculine, il est utile de revenir sur le narratif masculin : vocabulaire employé, expressions qui minimisent, euphémisent la violence et les incivilités masculines, voire qui les nient totalement. Les hommes qui commettent des crimes sont désignés communément par les gendarmes sous le vocable "individus", "personnes" (une personne, c'est personne ?) La société utilise "violence ou meurtre conjugal" permettant d'occulter que c'est en majorité les hommes qui frappent et tuent. Le meurtre des femmes n'est pas nommé pour ce qu'il est : tuer une femme parce qu'elle est une femme. Le mot reste à inventer, féminicide n'épuise pas le sujet et il est un spin off d'homicide. Dans une espèce comme la nôtre, au langage performatif, c'est-à dire qui crée du réel, ce qui n'est pas nommé n'existe pas.

Innommé, mal nommer, faire diversion...

Mal nommer ou nommer faux comme écrit Mary Daly.
La semaine dernière, Jean-Luc Mélenchon a utilisé l'expression "viol des peuples" pour stigmatiser les actions de l'Europe, qu'il accuse de déficit démocratique, Europe qui a tendance à ne pas prendre les suffrages populaires pour ce qu'ils sont, l'expression de la volonté des peuples qui la composent. D'où l'expression "viol des peuples" ! Il s'est fait prendre à partie par Caroline de Haas qui lui reprochait de s'approprier le mot viol en en faussant le sens et en le galvaudant. Pour une fois, je pense comme elle.

Ils s'approprient notre vocabulaire, celui que nous inventons, puis le gauchissent légèrement pour le conformer à leurs besoins : "plafond de verre" est par exemple de plus en plus utilisé par les hommes politiques et les journalistes ventriloques pour parler de l'impossibilité du Rassemblement National à percer dans les élections nationales. Il désignait jusqu'à présent l'impossibilité pour les femmes à grimper dans les hiérarchies mâles des entreprises et des partis politiques. L'expression "entre-soi" que je ne n'avais entendue que dans la bouche des féministes et immédiatement accolée à "masculin", est de façon surprenante intégrée dans le vocabulaire des hommes politiques qui ne dénoncent pas tellement le leur, d'entre-soi, puisqu'il le substantifient sans le qualifier. Il le détournent à d'autres propos.

Les politiques sont  à l'affût de nouvelles idées et de nouveaux concepts ; les blogueuses et twittas sont une mine inépuisable susceptibles de les leur fournir. Le parti La République en Marche en est très friand : depuis 10 ans que je blogue et tweete, je m'aperçois que certains mots que j'ai inventé -je ne vais pas dire popularisés, je ne suis pas assez connue ni partagée pour "populariser", d'autres en revanche plus libérales et faisant consensus y arrivent mieux, elles passent sur les plateaux télé, elles font carrière dans les medias pure players, ou bien écrivent et publient des livres, et même deviennent ministre ; n'étant pas libérale, je ne peux pas être populaire mais en revanche, je peux être prescriptrice, influenceuse, pour parler le jargon du marketing ; il leur suffit de surfer sur les medias sociaux pour y trouver des idées (les idées valent de l'or en politique !), même les idées radicales sont considérées, il suffit ensuite d'adopter une expression, de la gauchir, éventuellement la tronquer, de la détourner vers un autre but, et le tour est joué. Vous entendez ou lisez un jour une expression, un slogan, vous paraissant familier, et vous vous dites que vous avez certainement contribué à les forger, et même qu'on vous l'a carrément piqué. J'invente pour mon propre usage, je n'ai jamais eu l'intention d'entrer dans le dictionnaire, mon intention est juste de subvertir le langage

La diversion : les animaux fournissent un réservoir inépuisable de métaphores pour qualifier toutes sortes de mauvaises actions humaines et, dans le contexte de ce billet, masculines : "loup solitaire" tellement usé que même certains le dénoncent comme trompeur, non pas pour réhabiliter le loup, mais pour dire que le concept est forcément tronqué, l'espèce humaine, à l'instar du loup d'ailleurs, est sociale donc, le mec qui fait terroriste tout seul dans son coin ne peut pas exister. Le "balance ton porc" préalable au mouvement #MeToo, mais vite remplacé heureusement, avait la complaisance de détourner les crimes des mecs vers une espèce totalement inoffensive qui n'a fort opportunément pas les moyens de protester ni se défendre : en l'espèce le "gros cochon" qui sert à faire jambon coquillettes pour les repas des enfants ; c'est tellement commode qu'on ne peut s'empêcher de penser que ce n'est certainement pas fortuit. Et puis "le porc" ménage les mecs, ce réflexe libfem. Ne nous fâchons pas avec eux. Comme le démontrait si bien la campagne ridicule de Valérie Pécresse Présidente de la Région Ile de France pour dénoncer le harcèlement sexuel dans le métro, qui remplaçait opportunément l'agresseur mâle humain, par un ours, un requin, et le... loup qu'on ne présente plus. C'est tellement usuel de voir des loups, des ours et des requins prendre le métro aussi. Bref, diversions encore et toujours, pour ne pas avoir à nommer l'exemplaire qu'on a à la maison et qui peut sous un prétexte ou un autre se transformer en Mr Hyde. C'est dur d'affronter que se fourvoyer fait partie des risques qu'on prend en se trouvant un Prince Charmant.

Le patriarcat est décidément très bien foutu : il passe sous silence, minimise, euphémise, pornifie, détourne le sens, vitriole le vocabulaire, donne le change.

Antidote à l'impensé de la violence masculine épidémique : l'homme sacrificiel

Nous avons eu droit toute cette semaine, à la suite d'une prise d'otages au Bénin, à la narration édifiante de deux hommes "braves, altruistes, engagés", dont on a vanté "la force de caractère, l'abnégation, la dureté à la souffrance", toutes expressions, et certainement d'autres qui m'ont échappé, relevées dans les médias. Nous avons eu des reportages édifiants sur l'élite de l'armée française sur le service public audiovisuel, mais aussi sur les médias privés, des journaux entièrement consacrés à des prises d'armes, des messes d'enterrement, et des cérémonies aux Invalides en présence du Président de la République. En 2018, on avait eu le sacrifice d'Arnaud Beltrame, valeureux et chevaleresque gendarme faisant image inversée à un affreux terroriste preneur d'otages lui aussi : il s'était proposé en échange et en était mort. Mon propos n'est évidemment pas de diminuer les actions de militaires de métier dont la fonction est d'aller chercher des otages dans des zones de guerre, et de tenter de les ramener sains et saufs en prenant tous les risques, car le monde est dangereux. Le monde est surtout dangereux à cause des hommes et de leur encombrante virilité, mais il est tout de même intéressant de souligner que les grandioses contre-narrations édifiantes masculines sont très efficaces pour occulter ce qu'ils sont et font le plus couramment. Dans les récits épiques le héros positif a besoin de son négatif, le méchant, pour prévaloir et vaincre, sans cela pas de récit. Ainsi fonctionnent les narrations viriles : grandiosité, chevaleresque, don de soi, l'homme sacrificiel, peu répandu, mais mythe indispensable à la geste masculine. Même les femmes adhèrent à ces mythologies.

La terreur change de camp ?

C'est en tous cas le thème de la couverture de Valeurs actuelles de cette semaine, numéro spécial flipettes. Détournement patriarcal par l'image (Rosie the riveter est une icône féministe US, pas une terroriste) et par le son, voyez vous-mêmes les titres et sous-titres. Merci Valeurs Actuelles d'apporter de l'eau à mon moulin avec un tel à-propos. Je vous promets qu'on ne s'est pas concertées.
La preuve que la violence est réservée aux mecs : imaginez-vous une couverture de Valeurs actuelles dénonçant les méfaits masculins à l'endroit des femmes, proposition inversée de celle-ci ?
Ils invoquent l'Inquisition qui arrêta, tortura, jugea et condamna au bûcher, à la noyade ou à la pendaison des centaines de milliers de femmes innocentes durant trois siècles dans toute l'Europe. Tuées parce que femmes : les bûchers de l'Inquisition obscurantiste concernèrent 80 % de femmes condamnées à mort pour sorcellerie.
La formule "enquête sur une inquisition" est une typique inversion patriarcale, une inversion de l'HIStoire, où se seraient eux les victimes et les féministes qui sèmeraient la terreur. Qui croit à cette fable sinon ceux, celles, qui ont intérêt à perpétuer ce système mensonger et nécrophile ?


samedi 4 mai 2019

De la criminalité masculine : l'éléphant dans la pièce

La vertu ne paie pas, le crime lui, oui. La délinquance attire l'investissement, la subvention, la dépense. Il attire le travail bénévole des visiteuses de prison. Je mets la fonction au féminin, je suis persuadée qu'elles y sont majoritaires.

La semaine dernière, je tombe sur une réflexion sur Twitter formulée par un de mes abonnés/abonnements, militant, qui ne tweete que sur la prison : fermons toutes les prisons ! Quelle idée généreuse, progressiste, altruiste. Que fait-on de Guy Georges et de Tony Meillon, tueurs de femmes au passage ? Mystère, ce n'est pas évoqué. Le problème c'est que cette belle phrase humaniste occulte l'éléphant dans la pièce, l'angle mort de la violence masculine, le fait que 97 % des places de prisons sont occupées par les hommes ; sur 83 000 détenus en France*, il y a 3239 femmes (page 37/56 bien perdue au milieu du PDF !) C'est à un point qu'elles y sont maltraitées : la prison et ses règlements sont entièrement conçus pour la population mâle détenue, les femmes doivent donc s'adapter au milieu, qui n'a pas été conçu pour elles, une fois de plus. Mais, je l'accorde bien volontiers au militant précédemment cité : la prison ne conduit nulle part et certainement pas vers la rédemption, vu le taux de récidive des hommes ; au passage, les femmes, elles, ne récidivent pas !


Imaginez juste que les garçons se comportent comme des filles (ce qui implique qu'ils auraient été au préalable élevés comme des filles, c'est loin d'être le cas puisque la société flatte en permanence leurs mauvaises actions, leur geste furieuse occupe toute la littérature romanesque et épique, toute la pop culture, romans, BD, cinéma...), on n'aurait quasiment pas besoin de centres de détention, 97 % de places en moins, les économies faites rien que sur le budget de la justice seraient considérables ! Pour la justice pénale, on pourrait considérablement diminuer le personnel de justice qui va du magistrat au gardien de prison en passant par tous les services sociaux qui "accompagnent" LE délinquant, de son incarcération à sa sortie et même après, à sa réinsertion.

Des femmes juges, des mecs délinquants, face à face dans les prétoires.

Dominique Perben, Garde des sceaux ministre de la justice de 2002 à 2005 rappelez-vous, s'était ridiculisé lors d'une visite officielle à l'Ecole Nationale de la Magistrature de Bordeaux : constatant que 80 % de la promotion de magistrats présente devant lui étaient des femmes, il pique un coup de sang et, sous le choc littéralement, propose illico qu'on instaure des quotas d'hommes dans cette profession ! On fit remarquer que quand le ministre de la santé visitait des écoles d'aide-soignantes et d'infirmières, personne ne proposait de quotas d'hommes, et on opposa que lorsque les féministes proposent des quotas de femmes dans les conseils d'administration des entreprises du CAC40 ou les partis politiques, les hommes crient au scandale, qu'elles candidatent et se fassent élire, entend-on, pas de passe-droit, universalisme grand teint de rigueur. En fait d'universalisme, c'est le crime au masculin qui est universel. C'est vrai que ça la fout mal aussi : tous ces délinquants, criminels, violeurs, assassins, à 90 % hommes, qui se retrouvent tôt ou tard devant le tribunal d'une magistrate, de ses assesseures, de leur greffière, défendus par une avocate, c'est tellement vexant pour le top model de la création. Je compatis.

Quand les ressources que la société leur dédie ratent leur but

Pourtant la société ne mégote pas quand il s'agit de combler les gars de bienfaits en tous genres pour tenter de calmer leur fureur virile : stades de foot, verrues bétonnées où aller hurler à 80 000 les vendredis et samedis soirs ; les terres cultivables et espaces de nature vitrifiés, ravagés, pour calmer les mecs sont à tel point nombreux que la déforestation de l'Amazonie et de la forêt de Bornéo, pour ne citer qu'elles, se mesure en terrains de foot ! Les skate-parks en béton, sans filles, bâtis sur d'ex espaces verts, (j'en ai trois dans 200 mètres de rayon autour de chez moi), les "pistes cyclables" bitumées, tôt transformées, ainsi que leurs abords, en pistes d'enduro pour quads et pour scoots, voire motos, au point que les familles et les femmes sont vite obligées de laisser la place, ne serait-ce que pour éviter l'accident ; dernière lubie des municipalités de Nantes, Paris et Rennes, trois villes administrées par des femmes, la pissotière mobile customisée par un grapheur, ou l'uritrottoir à géranium. Quoi pour les filles ? RIEN, qu'elles se retiennent, se fabriquent une cystite, mais circulez les filles, il n'y a à voir que les mecs qui défouraillent contre un mur et pissent dans la rue ! L'incivilité masculine n'est pas amendable, accompagnons-la, se disent sans doute Anne Hidalgo, Johanna Rolland et Nathalie Appéré, confirmant ainsi qu'elles discriminent les femmes dans l'espace public ! Le comble. Quel aveu d'impuissance, quelle apathie ménagère et sociétale !

Mais c'est vrai que tout ce béton déversé, construction de prisons incluse, ça fait du PIB, ça fait marcher le bâtiment, donc c'est de la croissance. La miraculeuse croissance biblique et illimitée dans un monde limité.

Les dépenses ne s'arrêtent pas là, le parasitisme sur la société continue quand ils sortent de prison ; tout d'abord, ils sont visités en prison par des femmes (bénévoles bien sûr) en majorité : Guy Georges, tueur de femmes, est marié avec sa visiteuse de prison à qui on souhaite vraiment bonne chance ;(, et rappelons le sinistre couple criminel formé par Fourniret et son ex-visiteuse épistolaire Monique Olivier ! Mais je m'éloigne du sujet qui n'est pas les femmes toute puissantes qui finissent malgré tout sous influence. Donnée statistique, voir la référence ci-dessous mentionnée : les mecs délinquent, les femmes soutiennent et réinsèrent. Sans les femmes, le peu qui ne sombre pas définitivement ne serait même pas réinséré. Saluons ici les familles (mères, soeurs, grand-mères...), assistantes sociales, toutes dédiées à leur réinsertion et à leur bien-être.

Pour terminer, une anecdote personnelle : il y a un an, excédée par le voisinage de plus en plus imbuvable de mon appartement, j'ai fait une demande de mutation de logement. Il faut tenter des trucs avant de mourir. Donc, je suis reçue un beau jour par une dame qui a rempli devant moi un dossier informatique avec mes desiderata pour un nouveau logement. A la toute fin de l'entretien, et pour épuiser le sujet, qui ne tente rien n'a rien, j'ai demandé si je pourrais éventuellement avoir accès à un pavillon avec jardinet, car je sais qu'ils en proposent à la location. Alors là, la dame qui me recevait a eu cette phrase : non, ce n'est pas possible, ces logements sont réservés aux "gens" désocialisés qu'on sort de la rue et / ou qui vivent avec des chiens !". Sur le moment, un peu estomaquée tout de même (même une féministe peut se prendre un truc énorme en pleine face sans réagir immédiatement, ça s'appelle être groggy), je n'ai pas fait de commentaire. A la fin de l'entretien, en descendant l'escalier, je savais obscurément que j'avais manqué une répartie. Après tout, j'ai une réputation à tenir. Et puis, au rez de chaussée, elle m'est venue d'un coup, mais à contre-temps : bordel, tout leur profite ! Je me tiens correctement, je ne me bourre pas la gueule, je ne me frite avec personne, DONC je mérite juste d'être empilée dans une cage d'escalier parmi mes semblables. Eux cognent leurs chiens, se pochetronnent à longueur de journée, ne tiennent pas le coup, dérivent à la rue quand bobonne leur domestique qui tient tout à bout de bras les quitte ET, les pauvres bouchons, quand ils essaient une réinsertion, on leur réserve encore les meilleures places parce qu'ils ne sont et ne seront jamais fréquentables. J'en suis encore verte en l'écrivant. Décidément, Mesdames, la vertu ne paie pas. A bonne entendeuse...

Le patriarcat est disruptif : il plaque une idée a priori "généreuse" sur une réalité difficilement supportable, on obtient ainsi une fragmentation qui masque la réalité -ce qu'on voit en réalité-, en y substituant une autre. Et ça marche !
Dans le même ordre d'idées, [Actualisation 5/5/19] ces deux remarques de Martin Dufresne qui me fait l'honneur de me lire : une sur la déqualification des crimes pour édulcorer une réalité abrasive, et l'autre sur la virilité.

Voilà, allumez le bûcher. Si la vertu ne paie pas, l'omerta non plus. Alors pourquoi se taire en plus ? La loi du silence ne conduit nulle part, pas plus que les marches blanches ni les lâchers de ballons (arrêtez les lâchers de ballons, ce crime environnemental, vous rajoutez rajoutez du crime au crime !), il est temps de nommer le problème, de sortir avec des pancartes et des T-shirts à slogans. Minimum.

Ressources :
Les chiffres-clés de l'administration pénitentiaire (il faut bien fouiller, les femmes sont perdues dans la masse masculine)
Un de mes précédents articles sur le sujet : De la violence masculine avec des statistiques notamment sur la récidive.

* Ces 83 000 incarcérés ne sont que les écrous sur les 250 000 "personnes" prises en charge par l'administration pénitentiaire : une majorité de délinquants qui ont été jugés et condamnés ne sont pas en prison, ils bénéficient d'aménagements de peines, soit ils portent un bracelet électronique et pointent au commissariat à heures fixes, soit ils accomplissent leur peine dans des emplois d'intérêt général ou en milieu ouvert. Un cas célèbre : Jérome Cahuzac, cantonné dans sa villa en Corse, obligé de pointer tous les soirs au commissariat.