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samedi 24 septembre 2016

Le divorce : continuité du mariage

Puisque le collectif SOS Papa, petit lobby agissant auprès des politiques, refait parler de lui en proposant de modifier le code civil pour favoriser la garde alternée des enfants, (super fil à la patte destiné au final, entre autres, à empêcher la mobilité professionnelle des femmes) et en présentant les pères comme des victimes de juges inéquitables et insensibles à "l'intérêt de l'enfant", je vous propose des extraits d'un texte de Christine Delphy à propos du divorce parus dans L'ennemi principal, économie politique du patriarcat, Editions Syllepse, Chapitre Mariage et divorce. Il éclaire parfaitement la situation et démontre que le divorce est la parfaite continuité du mariage, et que l'inégalité est toujours en défaveur des femmes, ce qui arrange bien les hommes divorcés, et alimente l'institution du mariage.


LE MARIAGE

" En effet, si un divorce est la fin d'un mariage au sens d'une union particulière, il n'est nullement la fin du mariage en tant qu'institution. Il n'a pas été créé pour détruire le mariage puisqu'il ne serait pas nécessaire si le mariage n'existait pas. En ce sens comme bien des auteurs l'ont montré, même la fréquence des divorces peut être interprétée non comme un signe que l'institution du mariage est malade, mais au contraire comme un signe qu'elle est florissante. 
[...]
le mariage est l'institution par laquelle un travail gratuit est extorqué à une catégorie de la population, les femmes-épouses. Ce travail est gratuit car il ne donne pas lieu à un salaire mais seulement à l'entretien. 
[...]
les services domestiques peuvent être achetés sur le marché -ont une valeur- quand ils ne sont pas produits dans le cadre du mariage par des femmes-épouses. La gratuité du travail ménager  -ce rapport de production particulier- ne dépend pas de sa nature puisque lorsque les femmes fournissent ce travail hors de la famille, il est rémunéré. Le même travail prend donc de la valeur  -est rétribué- dès lors que la femme le fournit à des individus avec qui elle n'est pas mariée.
On doit donc en conclure que la non-valeur de ce travail est induite institutionnellement par le contrat de mariage et que le contrat de mariage est un contrat de travail. Plus précisément, c'est un contrat par lequel le chef de famille -le mari- s'approprie tout le travail effectué dans la famille puisqu'il peut le vendre sur le marché comme le sien propre, comme dans le cas de l'artisan ou de l'agriculteur. Inversement, le travail de la femme (épouse) est sans valeur parce qu'il ne peut pas être porté sur le marché, et il ne peut l'être en raison du contrat par lequel sa force de travail est appropriée par son mari.
Quand les femmes-épouses travaillent à l'extérieur, elles sont néanmoins tenues d'effectuer le travail ménager. Apparemment toute leur force de travail n'est pas appropriée puisqu'elles en divertissent une partie pour leur travail salarié. 
[les femmes travaillant en salariat en dehors de la cellule familiale le font en consentant d'énormes sacrifices : "conciliation" vie de famille et carrière, moindre disponibilité donc moindre ascension de carrière, promotions plus rares, salaires inférieurs à leurs collègues masculins, épuisement..., tant et si bien que à diplômes égaux ou supérieurs, responsabilités égales]
le mariage amène une mobilité descendante de la femme et au contraire une mobilité ascendante de l'homme qui se conjuguent  pour creuser un écart considérable entre les possibilités économiques des deux. 

LE DIVORCE

... l'exercice d'un métier permettant à certaines d'envisager le divorce quand d'autres dans la même situation mais sans métier, font "aller" leur mariage, on peut penser que nombre de femmes divorcées ou en instance de l'être, abordent le marché du travail en catastrophe (comme les veuves d 'ailleurs) : sans qualification, sans expérience de travail, sans ancienneté, elles se trouvent reléguées dans les emplois les moins bien payés. Cette situation contraste souvent avec le niveau honorable de leurs études, les carrières qu'elles envisageaient ou pouvaient envisager avant le mariage, la position sociale de leurs parents, et non seulement la position sociale originelle de leur mari mais surtout celle qu'il a atteinte cinq, dix, vingt ans après le mariage, au moment du divorce. De surcroît, sur leur salaire, elles ont en général des enfants à entretenir, non seulement matériellement comme avant le divorce mais aussi financièrement, ce qui est nouveau. 
[...] le niveau de vie des divorcés un an après le divorce, tombe de 40 % pour les femmes et s'élève de 70 % pour les hommes. 
La charge des enfants est l'aspect de l'état de divorce qui éclaire le plus le mariage et en même temps confirme la continuation du mariage après le divorce. Cette charge assumée par la femme, confirme l'hypothèse de l'appropriation du travail de la femme par le mari, mais de plus elle fait entrevoir ce qui est moins évident : que cette appropriation, caractéristique du mariage, persiste après que celui-ci est rompu. Ce qui nous permet d'avancer que le divorce n'est pas le contraire du mariage, ni sa fin, mais un avatar, une transformation du mariage. 

[au nom officiel de "l'intérêt de l'enfant"]

Officieusement (action négative) la garde des enfants est considérée comme un privilège et même une compensation pour les femmes, mal loties par ailleurs. Toute une mise en scène a pour but de dresser les conjoints l'un contre l'autre, de faire peser des incertitudes quand à l'issue du combat, et d'ériger la garde des enfants en enjeu de ce combat, mise en scène au terme de laquelle, celle (celui) qui obtient la garde des enfants considère avoir remporté une victoire. Bien entendu, il n'est jamais question de leur entretien -de leur charge- mais seulement de leur "garde" -notion juridique qui dénote officiellement la responsabilité civile, et officieusement le droit d'en jouir comme d'une propriété. Officiellement encore la charge est répartie entre les deux parents. Dans les faits les femmes ont toujours la garde des enfants jeunes. Leur revenu après le divorce est toujours très inférieur à celui de leur mari. Les pensions fixées par le tribunal sont toujours dérisoires. La contribution financière de la femme est nécessairement supérieure en valeur absolue à celle du mari, ce qui, compte tenu de son revenu inférieur, représente une valeur et un sacrifice relatif  beaucoup plus grand pour elle. De toutes façons, les pensions ne sont jamais versées. Mais même en restant dans le cadre officiel -dans l'hypothèse où elles sont versées- les pensions ne prennent jamais en compte l'entretien matériel : le temps et le travail de la femme. 

Ainsi, à la fois par des actions positives : l'attribution de la garde à la mère, la fixation d'une pension dérisoire, et par des actions négatives : l'omission de veiller à ce que les pensions soient versées, le tribunal consacre la responsabilité exclusive des femmes. Que ses guides officiels ne soient que des prétextes pour parvenir à ces résultats est prouvé par le fait que l'intérêt de l'enfant ne commande impérativement que celui-ci soit confié à sa mère, qu'elle soit pauvre, "immorale", ou malade, que tant qu'il nécessite un travail d'entretien important : tant qu'il y a des couches à laver, des biberons à donner, des courses à faire pour lui, etc. Dès que l'enfant a atteint quinze ans la Cour regarde généralement son père avec plus de faveur que la mère : elle ne saurait lui donner autant d'avantages que le père, plus riche (et pour cause). Un enfant confié à sa mère jusqu'à cet âge peut alors être redonné au père, toujours en considération de son intérêt ; mais cet aspect de l'intérêt de l'enfant -la richesse du parent- n'a curieusement pas joué quand l'enfant était plus jeune, son intérêt étant alors d'être langé par sa mère (et non par son père ou une personne payée par lui). Objectivement, "l'intérêt de l'enfant" a contribué à appauvrir sa mère, à enrichir son père, et à créer ainsi les conditions dans lesquelles son intérêt ultérieur est de revenir à son père.
[...] 
L'association mère-enfant ne constitue donc pas une famille ou un type de famille mais, dans sa virtualité, une condition, et dans sa réalité, une des modalités, de la seule famille : la famille patriarcale patrifocale. La misère qui accable les paires concrètes mère-enfant n'est pas un accident remédiable ou une injustice réparable. Elle est nécessaire, organisée, inévitable et constitutive du système. L'existence de ces paires est inséparable de leur condition misérable. De même qu'elles doivent exister, virtuellement et réellement, pour permettre l'exploitation dans le mariage, elles doivent être misérables pour alimenter celui-ci. " Christine Delphy

Christine Delphy est sociologue, chercheuse au CNRS, spécialiste des études féministes.
J'ai respecté scrupuleusement la ponctuation et les caractères. Mais les caractères en gras sont de mon fait. 

vendredi 16 septembre 2016

La fracture numérique femmes/hommes - Qui est responsable ?

Résumé et inspiré d'une conférence donnée par Josiane Jouët, sociologue, enseignante-chercheuse, organisée à Nantes, le 7 septembre 2016, par l'Espace Simone de Beauvoir. Ce sont les femmes qui ne veulent pas aller dans le numérique et les technologies de l'information ? Vraiment ? Ou bien c'est un milieu excluant, les hommes ne voulant pas de nous ? Explications.

Rappelons d'abord le contexte : il n'y a que les hommes qui travaillent. Travail posté, hors de la maison, salarié, comptabilisé dans les PIB nationaux, créant de la croissance en détruisant les ressources naturelles. Les femmes, elles se dévouent à leur famille, assurent la reproduction et l'intendance -pour des prunes. Ça permet aux hommes de gagner du pognon, d'avoir du temps pour faire de la politique en palabrant sous le séquoïa, ou à la Chambre des députés, ou dans une quelconque maison des hommes, c'est du pareil au même. L'humanité est une et indivisible, notamment dans l'inéquité : Bochimans, européens, étatsuniens, même combat. Évidemment, comme ils ont le pouvoir partout, ils décident des affectations prioritaires de l'argent et à quoi il va servir, surtout à leur besoins futiles, mais je m'éloigne du sujet. Et bien entendu, ils se sont arrogé la possession des outils et des armes (les deux étant grosso merdo, comme disait un de mes élégants anciens patrons, la même chose).
Donc au début, vers le milieu du XIXème siècle, ils inventent la machine à écrire. Et deviennent donc les premières dactylos ! Toute machine (ou arme) étant destinée à augmenter la productivité, et leurs industries créant des besoins et de la croissance, on a rapidement besoin de personnel supplémentaire. Supplétif, en fait, d'appoint : les femmes feront l'affaire même si les outils sont par essence à usage masculin (voir plus haut). Du coup, ils deviennent les CHEFS. Ils supervisent des pools de dactylos femmes. Moins payées qu'eux précédemment, faut quand même pas pousser.


Comme "la représentation symbolique des machines est très liée à qui les utilise" précise Josiane Jouët, très vite la machine à écrire devient un truc de bonnes femmes ! Mais quelques machines à écrire resteront plus longtemps masculines : exemple, le linotype des imprimeurs. Quand les patrons imprimeurs, avec le développement de la presse, auront besoin de personnel supplémentaire, de main-d’œuvre d'appoint, ils recruteront des femmes, moins payées, of course ! D'où le ressentiment de la CGT / Syndicat du Livre, qui voit d'un mauvais œil l'arrivée des femmes : 1) dans un milieu exclusivement masculin, et 2) payées moins cher, ce qui leur fait concurrence. Car ne nous laissons pas aveugler, le salaire inférieur au motif que les femmes ont moins de force, donc des rendements moindres (justifiant selon eux leurs salaires inférieurs) ne tient pas du tout la route. Les femmes bossent et bossent bien. Mais on a doublement tort : celui d'être là, et celui d'être aussi professionnelles qu'eux. Figurez-vous que la CGT exigea que les femmes linotypistes soient séparées de mecs linotypistes par UN RIDEAU ! Si. Ça vous rappelle l'Arabie Saoudite actuelle ? Bravo, belle et intelligente observation.

Mais nous arrivons aux années 80 : l'avènement de l'ordinateur de bureau ou PC (personal computer, pas Parti Communiste !). L'ordinateur c'est une méga-machine au départ : des câbles, des circuits intégrés, bref du gros hardware, plus quelques couches de software développé par eux, mais pas que. Le chiffrement au départ est plutôt une affaire de femmes. Dans les années 80, le PC se démocratise, devient plus petit malgré son écran à tube cathodique, et ressemble à une machine à écrire qu'on pose sur un bureau. Il fait du calcul, du dessin (industriel souvent) et du traitement de texte. Ce sont les hommes ingénieurs informaticiens qui s'en servent les premiers, puis les secrétaires. Comme ces machines font plus de choses qu'une machine à écrire, et malgré les interfaces inexistantes ou imparfaites (ah, Word sous DOS et les commandes clavier que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître), les secrétaires vont se former et gagner en compétence. Du coup, dans les années 90 dans ma SSII, on rigolait sur les managers qui refusaient de s'y mettre au motif que pour eux, un PC c'était bien bon pour un ingénieur informaticien ou une secrétaire ! Et que pour eux, ça voulait toujours dire Parti Communiste, ah ah.

Malheur, le symbole phallique PC de bureau se dilue dans l'usage, et devient un truc de bonnes femmes. Juste bon pour des secrétaires. Plus du tout valorisé comme sont les métiers de l'informatique qui restent l'apanage des mâles. Josiane Jouët qui travaille à cette époque à France Télécom, témoigne que les hommes de FT délaisseront les programmes pour PC de bureau et s'orienteront vers les gros systèmes sous Unix. Quand les femmes investissent un secteur, les mecs se carapatent ailleurs. Si une profession se féminise, elle se dévalorise irrémédiablement.

Profil du "geek", en forme de légende urbaine :
Mâle, jeune (24 ans grand maximum), no life, asocial, bouffant mal, "en compétition avec sa machine". Sorte de petit génie incompris qui a fait une scolarité déplorable avec des mauvaises notes. Retenez ça, deux écoles privées vont s'en resservir pour attirer la clientèle et faire la fortune et la réputation de leurs fondateurs. Évidemment, tout est faux : la Silicon Valley est bourrée de diplômés de Harvard ou du MIT ! Et tous les informaticiens avec lesquels j'ai travaillé (des Supélec, SupTélécoms, INPG,...) étaient plutôt ternes, pour citer mon expérience personnelle.

"My computer, myself" : les garçons s'identifient à la machine.

"Problématique de la réticence" : les filles ne veulent pas être comme des garçons, les filles ne se voient pas du tout comme cela, les "valeurs" viriles ne les attirent pas, la compétition avec la machine non plus. Et puis, elles sont bonnes à l'école, elles ont de bonnes notes et elles sont sociables, elles. Elles prennent aussi des douches, et changent de fringues régulièrement. Un autre monde. Selon Josiane Jouët, il y a chez elles une "crainte de l'outil : elles utilisent l'informatique, mais elles ne font pas de l'informatique". Il y a un usage commun de l'informatique par les deux sexes, mais il y a exclusion des femmes de la conception. En 2015 il n'y a que 11 % de femmes dans les écoles d'ingénieurs, "malgré de gros efforts pour les attirer" selon Josiane Jouët ! C'est là que nos avis divergent : les femmes sont admises A CONDITION qu'elles adoptent une culture de mecs. L'Ecole 42, moins de 5% de filles, fondée par Nicolas Sadirac (ex d'Epitech, réseau d'écoles privées recrutant avec le bac et fonctionnant avec exactement les mêmes méthodes) avec l'argent du milliardaire Xavier Niel (autodidacte, c'est vrai, ayant fait fortune dans la pornographie et le minitel rose dans les années 80) recrute des jeunes "en déroute scolaire" et se propose de leur donner un diplôme d'informaticien après une scolarité intensive de type militaire et de "sélection naturelle" en "piscines" où le manque de sommeil et le présentéisme sont valorisés. Nage ou crève, en gros. Outre que les filles ne sont pas en déroute scolaire, c'est un mode de fonctionnement qui ne convient pas aux femmes : pendant que les mecs s'investissent 24/7/365 qui assure l'intendance, hein ? Les femmes ont d'autres désirs que vivre un affrontement monomaniaque et autiste avec une machine.

D'ailleurs, elles investissent massivement le secteur du multimedia : la communication numérique se féminise avec 3/4 de filles et 1/4 de garçons. Elles sont autant, voire plus présentes que les garçons, sur les médias sociaux Facebook, Twitter, les blogs... où elles produisent des contenus éditoriaux, créent de l'opinion et font de l'activisme ; les femmes sont parfaitement à l'aise avec les techniques numériques : elles échangent entre elles vidéos, images, textes et... humour. On ne présente plus non plus les blogueuses mode et les youtubeuses influentes invitées dans les défilés de mode ou pour promouvoir les produits des grandes marques. Les femmes sur les médias sociaux sont clairement devenues des influenceuses. Les féministes y ont retrouvé une nouvelle façon de réseauter et de faire avancer leurs idées.

A tel point que la riposte des hommes ne s'est pas fait attendre. Ressac : attaques en lignes, sites hackés, cyber-harcèlement et cyber-violence, menaces de viol et de mort pour certaines d'entre elles qui doivent renoncer et fermer leur compte. A telle enseigne que la loi numérique en cours de préparation prévoit un plan de mobilisation contre "le cybersexisme, cette réaction et ce repli identitaire des hommes conservateurs crispés sur le genre."

Alors, me direz-vous pourquoi ne pas laisser un dernier petit pré carré aux garçons -puisque décidément ils ne veulent pas travailler avec nous- le développement et la conception de logiciels et d'algorithmes ? Mais parce qu'un algorithme n'est pas un contenu mathématique neutre, un langage universel. Les algorithmes (formules statistiques à plusieurs entrées) sont truffés de biais produits par les besoins et préjugés sexistes et racistes des gens qui les conçoivent, en l'occurrence ici, les hommes. Les logiciels d'analyse des métadonnées ou données brutes (big data) qui vont régir nos vies, nous informer, informer nos fournisseurs d'assurances, par ex... doivent être conçus aussi par les femmes et par des gens qui ne sont pas que des techniciens. Sans cela on se prépare une fois de plus un monde clivé où les besoins plus universels des femmes seront occultés et passés sous silence au profit des besoins étroits et égoïstes des patriarcaux et de leurs agents. Et c'est urgent quand on voit cet article des Echos !

* Les formules en caractères gras et rouge entre guillemets sont de Josiane Jouët.

samedi 10 septembre 2016

Les maîtres du monde (bis)

De quelques "sommets" internationaux -notez que les hommes de et au pouvoir se placent d'emblée là où l'oxygène est raréfié (avis aux femmes qui voudraient les concurrencer) et quelques "processions masculines" :

G20 summit Hangzhou (Chine) ce début septembre - Photo de famille
(attention toute robe n'est pas forcément portée par une femme, et tous les pantalons par les hommes !)


Une vue imprenable sur la calvitie de Poutine serrant la louche à Ban Ki Moon (même lieu)


Quelques mois plus tôt au G20 des ministres de finances à Chengdu : la rangée de devant assise souffre nettement du syndrome des "couilles de cristal", Christine Lagarde est seule épargnée, elle n'en a pas !


Et dans notre beau pays me direz-vous ? Comment cela se présente-t-il ?

Pas de commentaire : le titre de BFM TV se suffit à lui-même ! Bon, moi là, je ne chipote pas, qu'ils restent entre couillus à célébrer un dieu à leur image (couillu donc) ne me dérange pas. Inventons notre propre spiritualité, nous, les femmes !


Les Républicains en Université d'été à la Baule -photo de l'année dernière, notez qu'elle n'a pas pris une ride. Tellement flanelle grise, mâle blanc de plus de 50 ans la photo, que BFM TV s'est complètement mélangé les pinceaux et a cru entendre Bruno Le Maire parler de "nos femmes", ce qui a fait monter le rouge au front des féministes et pas des moindres, il a même été traité par une de "connard", je cite. Après plus ample informé, il s'est avéré qu'il n'a jamais dit "nos femmes" mais "les femmes" à propos du voilement des femmes et du burkini. BFM a présenté des excuses. On prête aux riches. Comme l'a souligné un édito d'Arrêt sur images, ça leur pendait au nez.

La photo de cette année :((


Et last but not least, les champions des comices agricoles et des concours de poulinières à Flers de l'Orne, j'ai nommé les ministres européens réunis cette semaine à Blois et Chambord pour discuter de la PAC (politique agricole commune) où les éleveurs exploitent toutes les vaches à traire et les poules pondeuses qui passent à leur portée :









Pour agrandir et éventuellement passer en diapositives, cliquez sur chaque photo.

Ils prennent bien soin de laisser deux ou trois femmes (alibi pensent-ils ?) rôder dans le coin pour donner le change : "regardez on n'est pas homosexuels, il y a une femme parmi nous" ! Et puis, ils sont com-pé-tents eux, avec les femmes il y a toujours un doute. Pourtant, quand on fait le bilan de leur gouvernance, ça ne saute pas aux yeux :
- Un milliard d'affamés malgré (à cause ?) de l'aide alimentaire qui permet d'écouler les surplus des pays riches et subventionnés ; "Madame, nous nourrissons le monde" (la FNSEA) !
- Guerres et expéditions hasardeuses et désastreuses, mal préparées et mal terminées comme en Irak, Afghanistan, Libye, Yémen..., qui précipitent les peuples dans le désastre et sur les routes de l'exil, avec des milliers de morts en Méditerranée et des "migrants" à nos frontières, migrants dont ils ne veulent pas.
- Menace climatique élevée qui fait ressembler le problème actuel des migrants à un signe avant-coureur de ce qui nous attend : des gens obligés de fuir pour échapper aux inondations, au feu ou à la sécheresse.
- Destruction en cours de la biodiversité et de la nature, terraformation, à tel point que nous sommes devenus une force géologique qui concurrence les éléments. Tout cela est advenu alors qu'ils avaient le pouvoir sans partage. Il est temps qu'ils passent la main et laissent les femmes s'exprimer : on saura enfin si elles sont "compétentes" et feront mieux. On n'a plus grand chose à perdre.
Theresa May a récupéré le pouvoir en Grande-Bretagne alors que les hommes se débandaient devant le désastreux Brexit provoqué par les mensonges de tous les partis de gouvernement comme d'opposition. Ils trouvent toujours des femmes quand il s'agit de nettoyer les effets de leur stupidité et de leur incurie : aux femmes, le pouvoir quand ils font défaut. Mais ils n'ont pas dit leur dernier mot : les USA votent dans moins de deux mois : les Républicains ont investi un escroc, Donald Trump, face à une femme compétente. Qui vivra verra.

samedi 3 septembre 2016

Amazones : la résistance au patriarcat


Amazone se préparant pour la bataille - 1860 - Par Pierre-Eugène-Emile Hebert.

Après le billet précédent sur la contrainte des femmes à la reproduction par le patriarcat, contrainte qui a fait que notre espèce soit florissante en nombre au delà de toute espérance (en espérant que cela ne nous condamne pas à la destruction, le patriarcat préférant toujours à la qualité frugale, la production en quantité industrielle, cela lui fait de la réserve pour ses guerres), cette semaine, je vous propose un texte de Ty Grace Atkinson, féministe radicale, sur le mythe des Amazones, mythe qui doit bien traduire une réalité : les femmes auraient résisté avant d'être défaites et laminées par un système destructeur, parasite, vampire, et pour tout dire, inhumain. Le texte ci-dessous termine une conférence de mars 1970 donnée à l'Université de Rhode Island.

" J'en suis venue à connaître plus ou moins en détail la légende des Amazones lors de mes efforts pour trouver un précédent aux théories de Valerie Solanas. C'était à l'époque de son arrestation. L'argument le plus solide pour prouver la folie de Mademoiselle Solanas était que les femmes ne peuvent pas se séparer des hommes. Je me suis alors souvenue qu'un groupe de femmes avait déjà dans le passé formulé une sorte de nationalisme féminin. 
J'ai cherché à remonter le cours de cette histoire. Nombreuses étaient les variantes, nombreuses les localisations géographiques de ces groupes féminins, mais toutes avaient des éléments communs. 
Une des légendes les plus persistantes de toute la mythologie grecque est celle des Amazones. Un groupe de femmes vivait sans hommes en Phrygie. Ces femmes vivaient de l'agriculture et ne sortaient de leur pacifisme que pour défendre leur terre. Elles pratiquaient le culte de la déesse Athéna, déesse de la connaissance, de l'industrie et de la guerre. On disait qu'Athéna elle aussi avait été jadis une Amazone.
A la même époque, Thésée cherchait à réaliser l'unification nationale des cités de la Grèce continentale. Il avait déjà conquis tous les autres état, les ajoutant ainsi à son butin. Thésée et son peuple vénéraient le dieu Dionysos, dieu du vin et de l'intempérance.
Les Amazones étaient le dernier bastion opposé à la nation grecque. Thésée et ses guerriers envahirent la Phrygie et enlevèrent la reine Antiope. Les historiens racontent que pour soumettre et asservir Antiope, Thésée l'épousa de force. Tous les historiens concordent sur le fait que les Amazones considéraient le mariage, et non l'acte sexuel, comme la plus grande violation. 
Les Amazones firent leurs préparatifs de guerre contre les Grecs. Jusqu'alors, toutes leurs guerres avaient été défensives et faites sur leur territoire ; elles connaissaient mal l'art de la navigation, et arrivèrent en Grèce continentale affaiblies par le voyage. 
Les Amazones assiégèrent Athènes pendant des mois. Antiope, corrompue par l'esclavage, lutta aux côtés de son mari et de son fils. Accidentellement, une flèche tirée par les Amazones tua Antiope aux côtés de son époux. 
Les Amazones battirent en retraite. Mais les Grecs commémorèrent cette bataille dans la poésie, la sculpture, l'architecture, en somme dans toute leur culture. Certains historiens certifient la réalité historique des Amazones. Je ne peux me prononcer à ce sujet, mais il me semble raisonnable de penser que la légende traduit une résistance historique des femmes à l'oppression des hommes. Cette légende pourrait aussi trahir une sorte d'ambivalence ou culpabilité des hommes envers l'oppression qu'ils exercent sur les femmes. 
En tous cas, cette légende hante toutes les mémoires, et l'on peut dire qu'elle contient plus d'une leçon. " Ty Grace Atkinson

* Valerie Solanas rédigea The S.C.U.M. Manifesto, la déclaration féministe la plus importante qu'on ait écrite jusqu'à présent en langue anglaise. Solanas blessa avec une arme à feu l'artiste pop Andy Warhol et fut arrêtée au mois de juin 1968 pour cela. 

Dans Odyssée d'une amazone - Des femmes édition - Recueil des textes et discours féministes radicaux prononcés par Ty Grace Atkinson entre 1967 et 1972.

Les hommes ont tenté de récupérer en le corrompant le mythe des Amazones dans différents essais pour se l'approprier et le détruire : notamment avec les "amazones du Dahomey", ces femmes guerrières qui donnèrent du fil à retordre à Lyautey, colonisateur de l'Afrique pour le compte de la France (c'étaient plus des groupes armés féminins palliatifs du manque de recrues hommes, ce qui ne diminue pas leur courage évidemment), et le commando d' "amazones" de feu Mouammar Khadafi, ci-devant dictateur lybien, et agresseur sexuel notoire qui a mal fini. Ces deux cas n'ont rien a voir avec une quelconque résistance des femmes au pouvoir masculin.