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jeudi 14 juillet 2022

Réfutation de quelques arguments carnistes

Un mastodonaute ayant fait part de son incapacité partielle à réfuter les (faux) arguments des carnistes recensés sur le bingo ci-dessous, je propose quelques-uns des miens. En espérant éclaircir le débat. S'il y a encore débat d'ailleurs, à 8 milliards d'habitants vivant sur la bête prévus pour le 15 novembre prochain, il vaudrait mieux qu'il n'y en ait plus. Je vais employer dans ce billet le substantif végétarien pour faire simple, on est tous des végétariens de toute façon, et pour éviter de compartimenter le petit club en sous-ghettos. Si en tout nous sommes 5 % en tout en France, c'est le bout du monde. 


Les trois meilleurs, degré zéro de la discussion :"J'aime trop la viande, j'aime pas les légumes, "j'aime pas les animaux de toute façon". Les végétariens (terme générique on est tous des végétariens) n'ont jamais dit qu'ils n'aimaient pas la viande, ils disent qu'illes n'en mangent pas. Ce n'est pas la même chose, le premier argument relève du conditionnement social, et du goût, de la préférence, forgés dans l'enfance, le second argument suppose une réflexion et une prise de distance avec ce conditionnement, il est politique et moral. Aussi merci de ne pas dépolitiser notre message. Plein de végétariens n'aiment pas les légumes, mais ce n'est pas le sujet ; les végétariens ne sont pas condamnés aux légumes, ils peuvent manger autre chose, des céréales et des légumineuses transformées par exemple. Enfin tous les végétariens ne sont pas idolâtres des animaux et plein n'en ont pas chez eux, en revanche, les végétariens savent que l'égoïsme et le suprémacisme humains sont surtout de commodes excuses pour ne rien amender de comportements construits socialement, acceptés, et applicables sans discussion. 

"C'est grâce à la viande que l'humain est aussi intelligent" ! Tout d'abord poser comme postulat que l'humain est intelligent c'est prendre un vrai risque, car certains doutent carrément. En premier lieu, il faudrait réussir à définir l'intelligence. En revanche, si on parle de langage articulé qui permet d'exprimer des concepts et des idées, c'est la station debout qui a permis la descente du larynx dans la position où il est chez nous, ce qui permet notre langage. Les animaux eux s'expriment autrement ; la station debout a en outre permis de libérer les mains pour construire des outils élaborés. Mais je l'écris avec humilité, je ne sais pas bien me servir de mes dix doigts pourvus d'outils d'une part, les animaux utilisent aussi des outils, et pour quelques-uns, des métas-outils (ça calme), en second lieu. La consommation de viande n'a rien à y voir. 

"On ne va quand même pas s'empêcher de vivre". Non bien sûr, on va juste ôter la vie à d'autres êtres et les empêcher de vivre. A rapprocher d' "il y a les animaux domestiques et les animaux d'élevage", l'argument spéciste typique, hiérarchiser les animaux en fonction de l'exploitation à laquelle nous les soumettons. Les animaux tiennent à leur vie, tous, elle a du prix pour eux, ils se défendent contre la violence, ils luttent contre la domestication qu'on veut leur imposer. Ils fuient, ils se font la malle sans arrêt, ils tiennent à leur liberté, tous leurs actes le démontrent. 

"J'ai pas envie d'être carencé". Dommage pour les carnistes, mais ça se saurait si les végétariens et véganes se ramassaient par pleines ambulances, effondrés dans les rues. Nous ne sommes pas carencés et nous sommes en aussi bonne santé qu'eux. L'argument que le végétarisme est un truc de bobos est scandaleux : les légumes et légumineuses sont bien moins chers que la charcuterie, les fromages AOP ou la viande d'animaux élevés à l'herbe que se vantent de manger les bobos carnistes qui prétendent acheter "directement chez le producteur" où "les animaux sont forcément bien traités". Les pauvres eux, mangent de la viande d'animaux élevés en silos. Non, les bobos ne sont pas de notre côté. 

Bis, ter, repetita placent. On n'arrête pas de l'écrire, le soja destiné à la consommation humaine ne provient pas d'Amazonie, puisqu'il est interdit par l'Europe de proposer des OGM pour la consommation directement humaine. Le soja d'Amazonie, du Brésil, d'Argentine, est importé pour nourrir les vaches laitières d'Ille-et-Vilaine (plus d'un million sur le département) pour la consommation de lait et de fromages. Ce sont donc les consommateurs de ces aliments qui déforestent l'Amazonie. Le soja qui nous fournit notre tofu pousse dans le sud de la France généralement, et il est non transgénique. Donc, en en mangeant nous soutenons les agriculteurs locaux plus sûrement que les carnistes. Et ce n'est pas triste, et non, nous ne mangeons pas de cailloux. En outre, même si l'humanité entière renonçait aux produits laitiers et à la viande pour se mettre au tofu, nous n'atteindrions jamais les volumes mangés par les bêtes parce qu'elles se fabriquent des onglons, des cornes, des poils, de la peau et des viscères que nous ne mangeons pas, mais qui leur sont indispensables à elles : les bêtes ont donc un très mauvais rendement, le rapport est de un à 5 ou 7. Il faut minimum 5 protéines végétales pour fabriquer une protéine animale. Platon le déplorait déjà dans La République. Le soja ne crie pas quand on le moissonne, les carottes ne gigotent pas quand on les tronçonne, au contraire des animaux qu'on égorge. Le végétarisme est vieux comme l'espèce humaine, depuis que nous sommes sur nos pattes de derrière, il y a eu des cueilleurs qui refusaient le meurtre animal pour se nourrir. Ce n'est jamais allé de soi de tuer un animal pour manger, l'espèce humaine a certainement mangé pas mal de cadavres laissés par les autres animaux. comme font les charognards. Et quand on vous traite d'extrémiste, répondez que Pythagore était végétarien, c'est même son nom qui a qualifié les végétariens jusqu'au milieu du XIXè siècle. La tradition mathématicienne continue d'ailleurs à fournir des végétariens dans nos sociétés modernes. Pour ceux qui font du sport et "ont besoin de protéines", il y a des protéines d'excellente qualité dans le règne végétal : Nick Kyrgios, tennisman, vice champion de Wimbledon 2022 explique sur ce lien pourquoi il est végétalien ; il a été battu lors de ce même tournoi par un autre végétalien, Novak Djokovic. 

#Euxcpaspareil

La semaine dernière, à l'occasion de la fête de l'Aïd tombant le 9 juillet, le journaliste Hugo Clément a pris courageusement position dans un tweet contre la pratique dérogatoire des abattages rituels halal et casher qui autorise toutes sortes d'abus : abattages clandestins par exemple, formellement interdits par la loi pour des raisons sanitaires. En rendant hommage à la Fondation Brigitte Bardot qui, avec d'autres associations fait des investigations, repère les marchés clandestins, et avec l'aide de la gendarmerie saisit les moutons promis à un égorgement insalubre et sordide, et qui les place dans ses ou des sanctuaires. Immédiatement, les Torquemada et les Bernard Gui de l'extrême gauche commencent à entasser le bois dont on fait les bûchers, en pleine canicule d'ailleurs, pendant que neuf cents pompiers du Tarn luttaient courageusement contre un méga feu, vraiment ce n'était pas malin. Il s'est même plaint de menaces de mort sur Twitter. Accusations de racisme, amalgame entre Brigitte Bardot qui a déjà été condamnée à juste titre pour propos racistes, et la fondation portant son nom qui défend les animaux sans failles. La FBB n'est d'ailleurs pas la seule association à demander la fin de cette exception cultu(r)elle dans un pays qui s'enorgueillit de sa loi de 1905. Avec mes petits bras, j'ai soutenu Hugo Clément, du coup quelques twittas ont eu des vapeurs et en ont profité pour se désabonner en se bouchant le nez. Certaines d'ailleurs, revenant aussitôt après lire par dessus mon épaule; Mais j'en ai vu d'autres. 

Ce n'est pas nouveau : l'extrême gauche nous a habituées à hiérarchiser les causes en mettant en haut de son agenda les hommes de la classe ouvrière. Les féministes des années 70 en savaient quelque chose, quand les militantes étaient renvoyées brutalement à leur ménage au motif que la défense de la classe ouvrière était la priorité, passant au-dessus de leurs histoires de bonnes femmes ; le reste suivrait forcément ! Remarque conclue généralement par "au fait, tu as terminé le ronéotage des tracts pour la prochaine manif ?".  Aujourd'hui, fidèles à eux-mêmes et inchangés, ils se sont trouvé d'autres damnés de la terre fantasmés : "les musulmans" essentialisés dans un magma indifférencié, qui ne seraient pas arrivés aux mêmes prises de conscience que "nous" ? "Eux" et "nous"? Pas conscientisés de la même manière à la cause animale. Alors qu'ils sont nés en France, ont fréquenté l'école, ont des téléphones portables et le même Internet que "nous", et qu'ils ne se déplacent pas à dos de chameau ! Descendants des victimes de la colonisation, on ne pourrait décemment pas leur demander d'obéir aux mêmes lois, qu'ils ne comprendraient pas ? Mais ce sont précisément des racistes qui utilisent ce genre d'arguments essentialistes. Quelques véganes dans le lot, véganes aux blanches mains parce qu'ils / elles ne mangent pas de viande et se disent radicales (tant qu'on n'a pas supprimé les abattoirs il faut bien que quelques-unes s'y collent au sort des animaux dans ces endroits-là aussi) ajoutent que les souffrances des animaux, ce n'est pas trop leur problème. Le problème c'est que quand on perd de vue la loi et qu'on relativise son application, on peut aborder le pire : j'ai lu un tweet d'une conversation faisant l'amalgame entre tuer des animaux et "tuer" des foetus. Dérapage complet. Je ne vois pas le rapport. Aussi méfiance les véganes, des malins de tous bords instrumentalisent la cause animale pour pousser leurs agendas et leurs programmes obscurantistes, voyez ce qu'il s'est passé aux Etats-Unis. Soyez vigilantes et achetez-vous un manuel de droit. Les personnes morales ne sont pas confondables avec les humains qui les ont fondées, et le droit français emploie un vocabulaire et des définitions précises, il ne confond pas un enfant né avec un embryon. 

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