vendredi 15 janvier 2016

Relativisme culturel ou fermeté sur les principes ?

Il aura fallu 8 jours à la presse et au personnel politique allemand pour reconnaître qu'une vague peut-être préparée d'agressions sexuelles a déferlé sur les lieux festifs de la Saint-Sylvestre à Cologne et d'autres villes d'Allemagne et d'Autriche. La maire de Cologne a tenu des propos indignes, donnant des conseils de comportement et de tenue aux femmes dans les lieux publics : l'habituelle stance patriarcale, dire aux femmes de ne pas provoquer au lieu de dire aux hommes de ne pas agresser. Depuis, les langues se délient et les plaintes affluent, quelques agresseurs ont été arrêtés. La Suède vient de reconnaître qu'un festival de musique a subi le même phénomène en 2014 et en 2015 ! La chose avait été mise sous le tapis et tenue sous silence jusqu'à aujourd'hui. En France, après une "période de sidération" (ai-je entendu une femme politique dire), suivie de quelques jours d'expression d'indignation qu'on ose accuser les "migrants" ou "réfugiés" selon le positionnement de chacun à leur endroit, les associations féministes se sont enfin insurgées que les femmes soient instrumentalisées par les partis politiques de tous bords. Le basculement était visible sur Twitter le 11 janvier.

Pourquoi ce silence et cette sidération ? Parce que les victimes et témoins ont dit que les agresseurs étaient des immigrants : maghrébins, et moyen-orientaux. Les arrestations semblent confirmer le fait. Mais le sujet c'est le trouble à l'ordre public et la sécurité des personnes, dont les femmes ! Le harcèlement, les insultes, les agressions, de la plus bénigne à la plus grave -attouchements et viols- sont le lot des femmes partout dans l'espace public (20 %) et dans l'espace privé ( 80 %). Les mauvaises habitudes consistant à victimiser les coupables et à culpabiliser les femmes ont toujours cours. D'où les bons conseils de la Maire de Cologne.

Le mal , c'est le mâle. La frustration et la rage sont consubstantielles du masculin, ontologiquement constitutives de la virilité. Beau bétonner des terres cultivables pour leur construire des street parks, des stades de foot, d'énormes structures olympiques, de gigantesques stadiums en expropriant des paysans, structures payés par toustes les contribuables et fréquentées à 80 % par les hommes, des ressources astronomiques qui pourraient être utilisées ailleurs et autrement, à meilleur profit, sont détournées en salaires et compétitions sportives qui emmerdent tout le monde (l'Euro 2016 à venir où papa va s'acheter une grosse télé avec l'argent du ménage ou s'organiser un voyage de tourisme sexuel dont les femmes et fillettes feront les frais), tout ceci en pure perte, alors qu'on nous les vend justement comme une garantie de calmer leur rage et leur frustration ! Résultat ? Le hooliganisme sévit, ils se tapent sur la tronche dans les vestiaires et sur les pelouses entre équipes adverses, il cognent sur les arbitres. Rien n'y fait, leur parasitisme sur des ressources forcément limitées est avéré, indéniable, sans contrepartie.

Les sociétés patriarcales en font des petits princes héritiers ayant-droit : accès à un poste bien payé, à vie, accès à une carrière politique, accès aux femmes pour la tenue de leur intérieur et pour le sexe, sans se fouler ni séduire au besoin, etc... Et gare si les promesses ne sont pas tenues ! Les méfaits commencent : vols de mobylettes, trafic de drogue et enfin, dans les cas extrêmes, ils partent faire le djihad en Syrie. Il faut les comprendre aussi, nous rabâchent certain.es, la/leur vie est une succession de désillusions. Mais pour les femmes aussi ! C'est même pire -se retrouver le lendemain de l'union avec le "Prince Charmant" transformée en ménagère pour pas un rond, confinée à la cuisine, franchement il y a mieux comme destin- mais les femmes ne retournent leur frustrations que contre elles-mêmes, pas contre la société, elles ne se sentent jamais légitimes ! Pire : aux femmes de servir de pansement, béquille, assistante sociale et infirmière, oreiller et punching-ball aux hommes ! Ils sont frustrés ? Ils cognent. Mais silence, non-dit, bœuf sur la langue : on ne s'attaque pas à la Confrérie qui tient fermement tous les leviers de pouvoir partout, police et justice incluses. Et quand ils sont des damnés de la terre, des réfugiés fuyant la guerre et la famine ?


Djemila Benhabib sur le relativisme culturel : La gauche communautariste a assassiné Charlie Hebdo

Le différentialisme culturel est une plaie. Un racisme "light" insupportable. Il installe un double standard : il y aurait les éclairés par les Lumières (nous), et les péquenots arriérés (les autres), qui n'auraient forcément pas accès aux valeurs universelles, d'ailleurs ils n'y comprendraient rien. N'essayez même pas de leur expliquer le concept de laïcité, c'est trop français, même les étatsuniens ni pigent rien, alors que leur Constitution est directement inspirée d'Alexis de Tocqueville, penseur politique français, et qu'ils ont une culture démocratique de deux siècles en commun avec nous, c'est dire. Le ventre mou des démocraties consensuelles est la deuxième plaie, meilleure traduction par "pas d'amalgame" ! Mettre les faits sous le tapis en prétendant qu'ils n'ont pas eu lieu est une double faute : les victimes subissent un déni de justice et les pertes politiques, quand la vérité éclate, sont considérables. Les femmes (spoliées de la justice) sont ensuite instrumentalisées par les partis d'extrême-droite, justement ce qu'on avait paraît-il voulu éviter en camouflant les faits. C'est un cercle infernal toxique.

Il n'y a pas à faire d'angélisme : une politique d'intégration ça se définit et s'applique sans défaillance. Compte tenu des inévitables différences culturelles, nous devons rappeler fermement nos principes -en les appliquant aussi chez nous, c'est plus convainquant : les femmes s'appartiennent à elles-mêmes pas aux hommes, elles sont égales des hommes, indisponibles, sauf si elles disent oui. Libres de leurs choix, elles disposent d'elles-mêmes, elles s'habillent comme elles veulent, elles circulent où elles veulent, à l'heure qui leur convient, jour et nuit ! C'est non négociable. Tout contrevenant est fermement puni. Et c'est vrai pour tous les mâles, y compris nos nationaux, qui n'en sont pas toujours convaincus non plus.

Et n'oublions pas les réfugiés politiques à qui nous donnons l'asile : les Taslima Nasreen, Ayan Irsi Ali, Whalid Al Husseini, Chahdortt Djavann.., qu'on héberge quand ils arrivent, dans des quartiers où, stupéfaits, ils voient les mêmes fanatiques que ceux qu'ils ont fui chez eux et qui les menacent directement. Les accueillir, c'est bien, mais c'est mieux en leur assurant la sécurité et la fermeté sur nos valeurs républicaines et démocratiques qu'ils défendent quelquefois avec plus de conviction que nous, le comble.

Liens : L'Allemagne et son éléphant invisible au milieu de la pièce : le lourd signal de la légalisation de la prostitution -Par Rebecca Mott.
Pétition demandant la démission de Jean-Louis Bianco de la Présidence de l'Observatoire de la Laïcité que j'ai signée. Lisez bien le texte.
Place Tahrir en Europe - De l'européocentrisme comme cache-sexe et de l'art de la prestidigitation en politique - Secularism Is a Women's Issue.
Cologne : non au silence et au déni des crimes misogynes - SIAWI

10 commentaires:

  1. Face à la violence des hommes, et au fait que la condition des femmes n'évoluent dans le bon sens que très lentement et surtout que sa place est remise en cause au moindre pet de travers des hommes je suis très inquiète. Le féminisme est toujours honteux, et passe toujours au second plan par rapport au racisme. Pour satisfaire la violence d'un groupe d'homme, femmes écrasez vous !
    Dernièrement, lors d'une réunion d'un réseau féminin de mon entreprise, une femme a commencé par "je ne suis pas féministe mais...", c'est toujours honteux d'être féministe, je lui ai lu la définition du Larousse qui est très soft. On m'oppose toujours les féministes extrémistes, mais à ma connaissance même elles ne tuent pas les petits garçons et les hommes à tour de bras, elles n'oppriment pas les hommes comme le font les machistes de tous les pays.
    J'aime que tu appelles un chat un chat dans ton article. Ce n'est pas être raciste que dire les faits : des immigrés ont à Cologne de façon délibérée agressé des femmes et uniquement des femmes. ce ne sont pas les femmes qui sont fautives mais ces hommes là et ce sont eux qu'ils faut punir.

    Elisa

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    1. Merci de ton soutien ;)) Effectivement, alors que le féminisme devrait être fièrement porté, comme tout mouvement social et politique d'émancipation il est stigmatisé et les femmes qui osent s'en recommander sont méprisées et vilipendées. Tout serait déjà gagné alors on entend "qu'est-ce qu'elles veulent de plus ?" par les agents du patriarcat.
      Deux liens sur la crytomnésie sociale concernant le féminisme et les féministes :
      http://www.womenology.fr/reflexions/le-tabou-du-feminisme/
      et
      http://www.lip.univ-savoie.fr/index.php?option=page&nom=VERNET&ID=21
      pour en finir avec le début de phrase "je ne suis pas féministe, mais..." et en faire "je suis féministe et fière parce que nous avons remporté des victoires et que nous allons en remporter d'autres car le combat n'est pas terminé."

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  2. Le féminisme tel que je l'entends, est de proclamer que la femme est l'égal de l'homme en droits et en liberté. Mon regard sur l'homme est le même qu'il soit femme ou homme, je ne fais aucune distinction. D'après moi, je ne suis pas un expert en la matière, je vous livre mes pensées telles quelles, le féminisme est noyauté par des idéologies foutraques comme le genre, par des interprétations biaisées de l'égalité (recherche absolue d'égalité physique, négation de certaines réalités biologiques : on s'éloigne du débat, lutter pour ses droits ne signifie pas araser les différences entres les individus. Fausse route). Mais aussi et SURTOUT le féminisme est noyauté par le politique. Il faudrait que chaque mouvement féministe inscrive dans sa charte que le politique n'a rien à y faire.
    Un peu comme l'écologie d'ailleurs, mais c'est un autre débat.

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    1. L'égalité est un concept de droit qui n'a rien à voir avec une quelconque égalité physique. A ne pas confondre non plus avec équité qui signifie justice. Le droit est une construction sociale imposée par les peuples après de longs combats, rien avoir avec le biologique. Il n'a JAMAIS proposé de supprimer les différences entre les individu.es. Le féminisme est un mouvement social et politique revendiquant l'égalité et des opportunités égales pour les femmes : il a bien sûr tout à voir avec la politique (organisation de la Cité -Polis en grec) à ne pas confondre avec les politicailleries des politiciens et leurs petites batailles d'égo, selon le modèle masculin toujours en vigueur. L'écologie est évidemment une question politique puisqu'elle débat aussi de la façon de vivre sur notre planète aux ressources limitées. Merci de votre passage et de votre commentaire.

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    2. Voilà, l'égalité n'est pas l'identité, comme s'imaginent plein de gens qui ne connaissent pas assez les féminismes, dont le râleur de plus, ci-haut.

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    3. Je ne suis pas sûre qu'ils soient aussi ignares qu'ils le prétendent ! Il y a quelques chances que ce soit aussi fait exprès.

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  3. Cette espèce de fausse gauche se sert de l'antiracisme comme un instrument pour nier le sexisme et la misogynie ... Mais la misogynie c'est un racisme universel ... Ce n'est pas une question de culture .... La misogynie est une arme politique ... Le féminisme ne peut être que politique ...... Les politiciens au pouvoir , la classe dominante jette les femmes en pâture à la populace masculine pour la consoler de sa soumission , genre : "Oui , vous êtes soumis et dominés mais vous avez le droit et le pouvoir de dominer les femmes".........

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  4. Il fut un temps où le partit communiste Français était absolument misogyne .... Il était opposé au vote des femmes (car , disait-il , les femmes votaient comme leur curé ...)Il etait opposé à la contraception (car cela etait un arme du capital pour réduire le nobre des enfants du prolétariat ....)Et , le féminisme dérange tout autant la gauche que la droite car tous ces politiciens n'y voient que les revendication du catégorie mineure ..... Les femmes , on appelle toujours cela une minorité ....

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    1. Les femmes ne sont pas à proprement parler une minorité : elles représentent 50 % de la population ; en revanche, dans plein d'endroits elles sont minoritaires : partis politiques, hiérarchies entreprises, religieuses, parlement, sénat : tous les endroits où les hommes se gardent jalousement le pouvoir !
      Ce sont les radicaux socialistes qui truffaient le parlement en 1945 qui étaient hostiles au vote des femmes car elles étaient influençables par le curé selon eux, d'où le passage en force par décret de De Gaulle pour leur donner le droit de vote. Les ennemis des femmes sont partout.

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    2. J'utilisais le mot "minorité" dans un sens ironique ... Car c'est un mot assez sournois finalement ...

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