mardi 29 octobre 2013

Processions

"Regardons cette procession. Nous y traînons loin à la queue. La voici, défilant devant nous, cette procession des fils d'hommes cultivés, accédant à ces chaires, gravissant ces marches, entrant et sortant par ces portes, prêchant, enseignant, faisant la justice, pratiquant la médecine, gagnant de l'argent". Trois Guinées - Virginia Woolf.

En parcourant Gyn/Ecology de Mary Daly, je tombe sur une page évoquant les "processions masculines", qui cite Virginia Woolf. Mary Daly dit : Père, Fils et Compagnie : le Fils procède du Père, le Saint-Esprit procède du Fils. Procession d'hommes s'engendrant entre eux, la fameuse maternité masculine évoquée dans un précédent billet. Le rêve des hommes : se reproduire entre eux, reproduire le même, l'entre-soi masculin, une procession d'hommes s'engendrant les uns les autres. Je me précipite sur mon édition Penguin de Three Guineas, illustrée très sobrement par 3 ou 4 images en noir et blanc, dont une absolument terrifiante d'un évêque mitré, crosse d'argent sculpté en mains, habit sacerdotaux, majestueux et sévère en diable. Dans le genre de celle-ci



"Il y a, cependant, (écrit Virginia Woolf) plus étrange encore que ces vêtements : les cérémonies au cours desquelles vous les portez . Et vous vous agenouillez par-ci, vous vous saluez par là ; ici vous suivez une procession derrière un homme qui porte un tisonnier d'argent ; là, vous trônez sur une chaise sculptée ; ici vous semblez rendre hommage à un morceau de bois peint , là vous vous prosternez devant des tables recouvertes de riches tapisseries. Et quel que soit le sens de ces cérémonies, vous les accomplissez  toujours ensemble, toujours en cadence, toujours revêtus de l'uniforme correspondant à l'homme et à l'occasion". C'est toujours dans Trois Guinées. (Les caractères gras sont de moi). Pour une dépressive vraiment, il faut reconnaître qu'elle est drôle ! D'autant que page 54 (Ed des Femmes) elle s'étonne qu'on attribue aux femmes le goût de la parure et des fanfreluches, des rubans, des dentelles et des velours, des barrettes et des coiffures, des bicornes, des pompons et des perruques. A côté d'eux, nous sommes sobres : " Vos vêtements, en premier lieu, nous laissent pantoises. Quelle abondance quelle splendeur, comme ils sont richement ornés... ! Vous voici vêtus de violet, un crucifix serti de pierres oscille sur votre poitrine ; vous voilà les épaules recouvertes de dentelles ; on vous trouve maintenant emmitouflés d'hermine ; ou bien bardés de nombreuses chaînes soudées par des pierres précieuses. [...] Des rubans multicolores -bleus, pourpres, écarlates- barrent vos épaules".

Du coup, j'ai décidé d'aller voir sur Google si on trouve des images de processions et d'en faire un tableau Pinterest. Très encouragée et inspirée par Virginia Woolf. Quelques extraits de ce j'ai trouvé :

Un conseil épiscopal !


Un synode !


Des cardinaux au Vatican ! Constat : les hommes en guise de reproduction ont inventé le clonage !

Vous voulez des bonzes ?


 Des orthodoxes ?


Des académiciens ?



Des shiites devant le tombeau de Khomeini  ?


Polytechnique (avec des femmes devant, tolérées dans un
rituel masculin) ?


La Confrérie des Goûte-boudin -avec quelques soeurs tolérées aussi dans le rituel, recrutées même, car les conFRERIES de vieux croûtons ne faisant plus recette, on cherche  désespérément de nouveaux membres !


La quiche lorraine n'est pas en reste (la flamiche belge, pardon) :

Si vous avez des étoiles qui dansent devant les yeux et mélangez les couleurs, c'est normal je vous rassure, le clone fait cet effet. On a l'impression de voir double, triple, quadruple, quintuple. Les femmes produisent du différent, de la biodiversité, les mecs reproduisent du même.

Éloignez les enfants, là, ça devient craignos, carrément : procession de la semaine sainte à Valence, Espagne :



Transport poids lourd, une procession au Guatemala : 

A un  moment quand même, je me suis demandé si je ne trouverais pas des femmes en cornette, genre Clarisses ou Carmélites en rang d'oignon, marchant en cadence, mais précédées d'une mitre et d'une crosse mâle montrant le chemin à ses ouailles ? Bin non, pas vraiment, j'ai cherché et pas trouvé. On voit bien quelques femmes sur le bas-côté (voir ci-dessus), suivant la marche, faisant semblant comme ICI en arrière-plan, ou ICI  en costume folklorique, mais franchement, ce n'est pas convainquant ! Non, le pas de l'oie, les oriflammes, les défilés, les parades, le sabre allié du goupillon, les alignement de gardes royaux, les Saint-Patrick's Day et leurs pompiers (au sens propre) ce n'est pas pour nous !
Si vous voulez voir d'autres images de processions masculines, j'ai commencé une collec : c'est par ICI sur mon Pinterest. Promis, je vais continuer, je m'amuse vraiment trop.

Liens : Trois Guinées - Virginia Woolf - Editions des Femmes. Ou ici au Matricule des anges. Un livre à lire absolument !


mardi 22 octobre 2013

Les poules préfèrent les cages - Soumettre le vivant aux conditions de l'industrie


Sous-titre : Bien-être industriel et dictature technologique par Armand Farrachi - Réédition 2012 chez Yves Michel Editeur (précédente édition en 2000 chez Albin Michel).

Une étude menée par l'INRA* en 1994 démontre que les poules préfèreraient les cages : elles se contentent de s'y arracher les plumes alors qu'en troupeaux dans un espace plus grand, elles deviennent cannibales ! Il va de soi que cette étude, menée par des ingénieurs, ne tient pas compte du fait que la poule a des ailes pour voler, des pattes pour courir et fuir, des griffes pour gratter le sol. Il est incontestable que la batterie de cage évite à la poule la rencontre avec ses prédateurs naturels : les renards ! Comme un incarcéré à la prison de Clairvaux y risque moins l'accident de voiture que sur l'Autoroute du Soleil. Ou un noir au fond de la cale d'un négrier qui l'emporte loin de l'Afrique s'évite d'être victime du cannibalisme de ses congénères ! Si. L'argument a été utilisé pour justifier cette "industrie" aussi. Et pan dans les gencives des défenseurs des animaux et leurs "outrances" ! Soumettre le vivant aux conditions de l'industrie, à un environnement appauvri : au fait, qu'en est-il de la volaille humaine ?

"Chaque fois qu'une forêt est rasée, qu'une rivière est canalisée, que les animaux sauvages sont chassés ou abattus, que les prairies sont stérilisées, viabilisées, loties, un cadre artificiel, arbitraire et autoritaire est substitué à la libre nature. A mesure qu'on nous prive d'arbres, de sources et d'oiseaux, on nous pousse vers des parkings, des routes, des compteurs, des péages, des "cités", des "espaces verts", des "espaces de liberté", des bacs à sable et des programmes télévisés. Tout ce qui nous a été ôté de nature nous a été rendus en contraintes. Nous ne sommes plus amenés à nous situer dans le cycle des saisons, dans la succession des horizons ou dans la chaîne des générations, mais renvoyés à notre individualité, au chacun chez soi, à des espaces restreints, à l'immédiat et au court terme. "

Hors la cage point de salut, selon les ingénieurs de la civilisation concentrationnaire : "l'idéal éthico-industriel consiste en une suspension du sens moral et critique, en un atrophie de la sensibilité, en une méconnaissance de réel." Les animaux les plus calmes et les plus apathiques sont sélectionnés pour la vie en cages, les cailles pour être adaptables aux tiroirs (les cailles sont élevées dans des cages très petites), et les humains en fonction de la prédisposition à certains risques de santé, selon une demande du MEDEF et de la CGC** auprès du Comité consultatif National d’Éthique, en 1997. Le tout pour le plus grand bien des salariés, évidemment.

"La vérité, c'est le mensonge". Big Brother

Science sans âme, concepts tronqués, décervelage, circulation de marchandises inutiles, mensonges : 
" Toute production qui s'abstient de quantifier le coût de ce qu'elle a d'abord détruit pour exhiber ses profits, de ce qu'il faudra ensuite payer pour en contrer les effets, toute cette comptabilité truquée relève de la fraude, [...] de la dissimulation et donc du mensonge".

Partout la mort est au travail
"Il s'accomplit sous nos yeux un lent crime silencieux contre l'humanité, contre la vie même. Qui a pu oublier ces images  dantesques de vaches hagardes et titubantes, rendues folles pour avoir été forcées d'avaler des carcasses moulues, puis abattues par troupeaux entiers, avant que les pelleteuses des équarrisseurs traçant leur voie dans les charniers ne jettent leurs dépouilles au feu d'un enfer industriel et cela, qu'on ne l'oublie pas, pour "l'assainissement du marché" ? Qui ne reste assourdi de leurs mugissements, aveuglé par ces flammes, aveuglé par cette marée de graisse fondue ?"
Je rajouterai personnellement aussi les sanglots de l'éleveur, au bout de son champ, vide de ses vaches saines mais envoyées à l'équarrissage par "précaution".

Il y a trop d'éléphants
Déclaration des "spécialistes" le prouvant par des études sur un espace restreint, enrôlés pour l'artificialisation de la terre :

"Les états d'Afrique australe s'évertuent à communiquer qu'il y a trop d'éléphants dans leur milieu, comme le Japon qu'il y a trop de baleines dans les océans, le Canada trop de phoques sur la banquise, l'Australie trop de kangourous dans le bush, la France trop d'animaux dans les campagnes puisque les pêcheurs jugent qu'il y a trop de cormorans et de hérons, les bergers trop de loups, les chasseurs trop de renards, les forestiers trop de chevreuils, comme le Brésil qu'il y a trop d'arbres en Amazonie, la Chine trop de marais, mais aussi la Serbie trop d'Albanais, trop de Bosniaques ou trop de Croates, les Hutus trop de Tutsis et les Tutsis trop de Hutus, comme les américains ont jugé qu'il y avait trop d'Indiens, trop de bisons, ou les nazis trop de Juifs, comme pour abréger cette pénible litanie, les artisans de la mort jugent qu'il y a trop de vie sur la Terre."


Génocide humain et génocide animal : "Les nazis n'[...]ont pas inventé l'holocauste mais simplement sa forme industrielle et systématique, copiée sur les abattoirs de Chicago. [...] L'horizon instrumentaliste de la raison s'ouvre sur une société rationnellement totalitaire."

Le livre a été publié en 2000, avec les données de l'époque. Lors de sa réédition en 2012, Armand Farrachi a écrit un post-scriptum :
Le canard est glouton :

"Depuis le jour de 1994 où l'on a enfin compris que les poules préféraient les cages, la science nous a encore appris , par exemple, que les canards préfèrent le gavage, les taureaux la corrida, et bientôt, je présume, les cerfs la chasse à courre !

Il se trouve que c'est la filière du foie gras, le CIFOG qui est commanditaire et financeuse de ces "études", un lobby menacé dans ses intérêts par la législation européenne plus douce envers les animaux depuis la déclaration du Traité d'Amsterdam de 1997, reconnaissant la sentience animale. Et puis, disent-ils pour justifier leur mâle-traitance, le canard est glouton : il se jetterait sur la nourriture en vue de préparer une migration vers les côtes africaines, prévoyant qu'il ne va pas trouver de restaurant en cours de voyage ! On se demande alors pourquoi il faut l'enfermer dans une cage épinette tellement étroite qu'il ne peut remuer, et passer dans les travées avec une gaveuse ! S'il était si glouton, il suffirait de lui présenter un gros tas de nourriture et de le laisser faire.

Momification patriarcale / patrimoniale
Comme la tarte Tatin ou la dentelle en point d'Alençon, la corrida et le foie gras du Gers bientôt inscrits au PATRImoine (!) mondial de l'UNESCO ? La torture animale au patrimoine de l'Humanité ! C'est bien une idée patriarcale, ça :
" Pourquoi s'arrêter aux frontières et ne pas inscrire au patrimoine immatériel mais néanmoins sanglant de l'humanité la lapidation des femmes adultères comme en Iran ou l'excision des petites filles comme en Afrique ? "

Liens : d'autres critiques et citations du livre de Farrachi : chez Biosphère, Clinamen, Terraeco. J'ai trouvé l'image des chasseurs et leur trophée sur ce site de chasse canadien.

Un dernier extrait du livre lu par Elizabeth de Fontenay, philosophe :



120 pages superbement écrites, je recommande la lecture de ce livre-pamphlet écologiste. Il m'a coûté 8 euros chez ma libraire, mais il est sûrement trouvable dans une bibliothèque municipale un peu conséquente. Farrachi reprend le terme de biocide qui a été inventé par une femme, Rachel Carson, auteure de Printemps silencieux. Hélas pour eux, les animaux sont nos laboratoires : la fécondation in vitro, les bébés-médicaments et la GPA ont été testées sur eux, le clonage est en cours, la gestation artificielle et le puçage RFID aussi (les chiens et les moutons des alpages le sont déjà), les combinaisons inter-espèces de gènes (chèvre-araignée, lapin-méduse pour obtenir un pelage fluorescent) sont également en test. Science sans conscience n'est que ruine de l'âme. La science et la technique ont partie liée, ce qui est possible est rapidement utilisé, la technostructure vous l'impose sous peine d'être exclu. Ce livre nous rappelle que les démocraties sont fragiles.

*INRA : Institut National de Recherche Agronomique.
** CGC : Syndicat Confédération Générale des Cadres.

jeudi 17 octobre 2013

Opération émouvante à Nantes

10H30, ce mardi, Place du Commerce à Nantes, une quarantaine de militants déterminés de la cause animale, se préparent pour un happening "Lapins".


Nous sommes dans la région (principalement Vendée et Maine et Loire) où est concentrée plus de 50 % de la production nationale de lapins à viande. La filière cunilicole a choisi le modèle industriel 100 % cages - VIDEO-. La vie des animaux est un calvaire : entassés dans des cages de la naissance à la mort, ils ne verront pas la lumière naturelle, ni un seul brin d'herbe durant leur courte vie concentrationnaire.

Peu de gens circulent Place du Commerce à cette heure-là, mais quelques personnes intriguées nous abordent pour nous demander ce que nous préparons. Nous leur expliquons et leur laissons un flyer. Toutes resteront jusqu'au bout.


Pendant le happening statique qui dure 30 minutes, Brigitte et Bérénice de L214 lisent un texte (ici) sur la vie de ces lapins, morts de la violence de l'élevage.

"Les animaux sont des êtres sensibles" - Traité d'Amsterdam - 1997














La presse et les médias ont été évidemment avertis de notre action : nous aurons France 3 Pays de Loire qui nous a pressés pour avoir ses images prêtes pour son 12-13 du jour, (ici leur compte rendu à partir de 3' 57" en début de journal) Sélectionner la vidéo du 15/10.
Presse Océan est là également (voir article ICI), ainsi que l'agence de photos SIPA, TéléNantes, et 20 minutes.

 Lien : L214 : ses campagnes.

dimanche 13 octobre 2013

Wickedary : Dictionnaire à malices - 1

Mary Daly publie en 1987 un  Websters' First Intergalactic Wickedary of the English Language ou Premier malicieux* Dictionnaire Intergalactique de la langue anglaise.
Elles sont deux conjurées : Mary Daly, philosophe, auteure, professeure d'université, liguée avec une autre conspirationniste, Jane Caputi. En plus d'être méchant*, c'est absolument hilarant ! Évidemment, c'est truffé de jeux de mots en anglais, quelques-uns totalement intraduisibles, mais pour les définitions traduisibles, je vais me faire le plaisir (plaisir partagé, j'espère !) d'en publier quelques-unes de temps en temps. Déconseillé à celles et ceux qui n'ont pas le sens de la dérision si jamais il en passait par ici, mais j'en doute ! En voici une première livraison. A tout saigneur, tout honneur :
 
Patriarcat  n 1 Société manufacturée et contrôlée par les mâles : terre des Pères ; société dans laquelle toute institution légitime est entièrement dans les mains des hommes et de quelques femmes acolytes soigneusement sélectionnées ; société caractérisée par l'oppression, la répression, la dépression, le narcissisme, la cruauté, le racisme, le classisme, l'âgisme, l'objectification, le sado-masochisme, la nécrophilie, société sans joie régulée par Dieu Père, Fils et Compagnie ; société fixée sur la prolifération, la propagation, la procréation et inclinée à la destruction de toute Vie. 2 : la religion prévalente sur la planète entière, dont le message essentiel est la nécrophilie.

Androlâtrie  n : Culte du mâle, dogme et commandement fondamentaux de toutes les religions patriarcales. Exemple : "Cent femmes ne valent pas un seul testicule ". - Proverbe confucianiste.

Fraternité : Substitut transitoire et creux pour Amitié ; condition dépendant de l'urgence, de la violence et de l'existence de L'Ennemi ; les mâles fusionnant dans une extase commune de la perte ; liens de ceux qui malfonctionnent, mâle-fonctionnent comme les cellules dans un organisme militaire : camaraderie nécrophilique ; exemple de commentaire ridicule : "La femme est inapte à la dernière fusion. Aussi, la prochaine étape est-elle la fusion de l'homme pour l'amour de l'homme. Et c'est à l'approche de la mort, elle s'engloutit dans la mort ". D. H. Lawrence.

Paradis, patriarcal : [dérivé du Grec paradeisos, enclos... proche de l'Iranien pairi  autour + daësa mur] : l'après-vie perpétuelle du Patriarcat, l'Etat de Mort-Vivant ; le parc d'a-musement dont les habitants sont perpétuellement enfermés à double tour dans les parkings du passé ; arène ; terrain de jeux des playboys, avant-scène. Exemple de commentaire intelligent : "Pouvez-vous imaginer être enfermée là-haut avec Adam pour toujours ? Je me suis enfuie tant qu'il était encore temps ! " Lillith in Never a Rib.

Maternité mâle 1 :  Renversement fondamental caractéristique des mythes patriarcaux, ie, dieu le père créant le monde, Adam donnant naissance à Eve, Zeus mettant au monde Athéna. 2 : tentatives masculines de posséder les pouvoirs créatifs des femmes, résultant en de folles et destructrices simulations de maternité -exemplifiées par les activités des obstétriciens et des gynécologues. 3 : tentatives mâles de se générer eux-mêmes par des technologies reproductives nécrophiliques, qui réduisent les femmes à la condition d'incubateurs / vaisseaux, et qui sont de façon inhérente dirigées vers l'annihilation des femmes.

Boucher n : Celui qui tue de façon brutale, sanglante et sans 
pitié ; un opérateur sanglant, spécialement celui dont les "succès" reçoivent reconnaissance professionnelle et prestige. Exemples a : Egaz Moniz, neurologiste portugais qui a inventé une opération chirurgicale appelée lobotomie pour laquelle il fut récompensé par un Prix Nobel de Médecine en 1949 ; b : Walter Freeman, psycho-chirurgien américain nommé le "doyen des lobotomistes" qui a popularisé l'opération. Freeman est bien connu des féministes pour avoir dit que les femmes lobotomisées font de bonnes ménagères.

Clonage n : domaine des clones : le monde de la mode, de la production de masse, de la reproduction mécanique, des tests et textes standardisés ; des  chaînes de restaurants et de boutiques, et les processions incessantes et uniformes des mâle-traitants.

Lécheur de bottes : flatteur servile ; qui se prosterne devant l'Autorité ; déterminé à réussir, suivant la route habituelle du succès selon la mâle-traitance. Exemple de commentaire ridicule : "Le Pape Jean-Paul II a nommé sept évêques aujourd'hui ... Environ 10 000 personnes ont assisté à la prosternation des sept candidats sur le sol de la Basilique Saint-Pierre de Rome devant Jean-Paul II " - New-york Times - 7 janvier 1986.

Pour mes lectrices bilingues, je rajoute une courte définition en anglais pour leur donner un aperçu des jeux de mots de Mary Daly :

Bored, chairman of the : any bore-ocratically appointed bore who occupies a chair -a position which enables him to bore others all the more.

* Wicked : méchant mais aussi malicieux, à malices. Racine : mal. Les femmes sont le mal, l'Autre pour le Patriarcat. Wicked : même racine anglo-saxonne que Wit (intelligence, astuce, sagesse, bon sens...), d'où viennent witch (sorcière), Wiccen, Wicca, un mouvement animiste créé au XXème siècle.

Tous mes articles sur Mary Daly, philosophe féministe et lesbienne radicale.
(A suivre - To be continued).
Illustration de Sudie Rakusin dont les beaux dessins à l'encre de Chine illustrent le Dictionnaire.

mardi 8 octobre 2013

Violencia machista, violencia fascista !

Pendant que Bertrand Cantat fait la promo de son dernier album et que les medias lui réservent leur meilleur accueil, on peut écouter autre chose. Par exemple ce texte mis en musique et interprété par le groupe espagnol SKA-P qui fera moins de tapage en France. Je l'ai trouvé sur le dernier billet d'Isabel Alonso remerciant Catherine Ceylac pour sa déclaration faite à propos de Cantat dans "Thé ou café" du 5 octobre.



Il n'y a pas de fatalité : la violence machiste peut être combattue et les femmes peuvent refuser la victimisation et briser leurs chaînes ! Ça fait du bien à entendre. Je cite :

« Mientras la ley no te quiera escuchar y siga dormido ese juez Mientras el mundo no quiera cambiar, autodefensa mujer, autodefensa mujer, DEFIÉNDETE, DEFIÉNDETE…  Enséñale tus dientes mujer. »

"Tant que la loi ne t’écoutera pas, Tant que le juge fermera les yeux, Tant que le monde refusera de changer, Autodéfense, Les filles, Autodéfense, Défendez-vous, Défendez-vous, Montrez leur les dents, Les filles…"

Ressources : Violences conjugales. Sans oublier, le cas échéant, le commissariat de police ou la gendarmerie les plus proches de votre domicile...

mercredi 2 octobre 2013

Petite revue de presse et de web : expansionnisme, prostitution, santé

"Partons crever sur Mars" dans le numéro 1109 de Charlie hebdo : interview de Carlo Rovelli, "pointure" en physique théorique. Il est candidat au projet Mars One qui récolte des fonds pour envoyer en 2023 une mission d'exploration sur Mars. Sans perspective de retour. Il nous ressert évidemment le vieux refrain de la tabula rasa, le nouveau départ sur une terre vierge, un "monde nouveau" sans marchandises, sans riches ni pauvres, sans hiérarchies, sans envie et sans haine. Il est d'autre part "pessimiste sur l'avenir de la planète : la Terre ne va pas très bien ces temps-ci", faisant la classique confusion anthropomorphique (bitocentrée) entre la Terre (qui s'en fout) et les humains qui sont dessus : "nous avons besoin d'une autre planète", s'exclame-t-il. Bref, rien que du connu, la colonisation d'autres terres inhérente à l'expansionnisme patriarcal sans frein, avec la fable d'un monde nouveau que nous promettent les vieux pères depuis toujours. Une fois qu'on a bien salopé un endroit, on va en salir un autre, en emportant avec soi ses illusions et ses mauvais penchants. Carlo Rovelli a une femme "qu'il aime et ce serait une preuve d'amour de sa part que d'accepter ses rêves". Ça marche toujours dans le même sens l'abnégation on dirait, le monde nouveau est mal barré. Bon, comme c'est un voyage one way ticket, on ne le reverra plus s'il arrive à partir, c'est déjà une vraie consolation.

Le débat sur la pénalisation des clients de prostituées, c'est parti ! Il est clivant et brouille les lignes de partage habituelles, ainsi ce tweet d'Ester Benbassa, élue sénatrice EELV qui est contre : elle partage l' article d'une philosophe "Madame Vallaud-Belkacem commence à m'excéder !" (Tous les liens du tweet sont cliquables).

Ah, le client, cet éternel absent, cet invisible, cet irresponsable, ce trou noir de l'industrie de la prostitution ! Les prostituées, elles, ont en parle : elles sont le mal, mais le tout à l'égout nécessaire à la bonne santé d'une société, le système de vidange impératif au bon fonctionnement social, selon Augustin, père (paire) de l'Eglise, mais celui qui va y vidanger ses trop-pleins n'est pas mentionné. Les prostituées sont l'Autre, cet ennemi nécessaire au Patriarcat pour garder le contrôle de leurs "honnêtes" femmes en stigmatisant le mal utile, celles qui doivent se sacrifier pour qu'il puisse garder les "honnêtes" femmes sous sa coupe. D'ailleurs, lors de ces micro-trottoirs dont la télé raffole, où on demande à Monsieur/ Madame Tout le monde, qui n'ont pas le plus petit élément de connaissance du dossier, les prostituées éviteraient par leur commerce aux honnêtes femmes d'avoir à subir des viols ! Idée fausse, mais très répandue.

A l'inverse, il y a le romantisme de la prostitution : la littérature, la poésie et le cinéma en regorgent, voir toute la filmographie de Buñuel, par exemple. Les "filles de joies" et leurs "poly-amoureux", quel lyrisme ! On ne va tout de même pas jeter toutes ces belles pages/images au panier. Les mecs sont perdus en Europe, les femmes n'y sont plus dragables ni soumises, allons chercher en Thaïlande ce plaisir de soumettre : Plateforme de Houellebecq, roman sur le tourisme sexuel. On a réussi à imposer des lois internationales pour éviter la prostitution des enfants ? Restons-en là : tout ce qui se passe entre adultes consentants est licite, disent les défenseur-e-s des clients, libéraux assumés.

Ces féministes réformistes libérales qui défendent le client, protégées par "leurs huit années après le bac" (c'est dans l'article) n'ont, elles, pas à faire de choix entre passer au chaud des poulets congelés à la caisse d'un supermarché, ou tailler trois pipes dans le froid, derrière le même supermarché, mais c'est plus vite fait et ça rapporterait plus gros ! En plus, tu es libérale et tu peux "concilier" vie de famille et travail, leur bataille emblématique ! Tu parles d'un choix ! On voit bien qu'elles n'ont jamais senti passer ce courant d'air froid du bout du rouleau quand on arrive à la fin de son allocation chômage et qu'à bout de ressources, on sent qu'il suffirait d'un rien pour basculer dans la rue et les expédients de survie qui vont avec ! On sait que les femmes sont pauvres partout, pauvreté voulue, organisée, maintenue, mais l'auteure de l'article ne se pose même pas la question des raisons de ce choix politique historique universel de la pauvreté des femmes. Être pauvre, il me semble, ça limite tout de même la liberté ! Alors oui, cent fois oui, il est temps de parler du client et de le responsabiliser.

L'infarctus moins bien détecté chez les femmes selon cet article du Devoir : les symptômes des femmes sont moins francs et moins douloureux que ceux des hommes. Du coup le diagnostic d'infarctus chez les femmes n'est pas posé. Or il est important d'intervenir rapidement pour éviter la nécrose du muscle cardiaque. Bien que la cause scientifique de cette différence ne soit pas établie, un article de Djezebel (en anglais) donne un début de réponse "Les femmes meurent parce que les docteurs pensent qu'elles ont l'air en bonne santé" ! Vous avez bien lu. En fonction de votre apparence, les médecins vous jugent : et de donner l'exemple de sa sœur maigrichonne qui se nourrit exclusivement de nuggets industriels vegan (elles sont toutes deux véganes) surchargés en graisse et le sien, celui d'une femme un peu en chair, donc réputée "grosse", quoique se nourrissant de façon plus variée, aspect qui provoque des batteries d'examens pour cause d'obésité ! Toujours ce jugement moral sur l'apparence des femmes ! Un conseil : si vous allez chez le médecin, évitez de vous pomponner, allez-y un peu comme les mecs, en geignant et sans vous être brossé les dents, hâve, dépenaillée, et d'apparence mal entretenue, vous aurez plus de chance qu'on s'intéresse à votre état de santé ! C'est un peu comme chez le percepteur : il vaut mieux y aller sapée en sacs à patates pour demander un délai pour le paiement de vos impôts, question de crédibilité. Et si vous trouvez qu'on ne vous prend décidément pas au sérieux alors que vous êtes vraiment inquiète, prétendez être végétarienne ou encore mieux végane (c'est mieux de l'être vraiment quand même !) : normalement vous mettrez le branle-bas de combat dans le cabinet par votre refus de la nécrophagie imposée par la société, provoquant des batteries d'examens complémentaires. Je parle d'expérience !