jeudi 22 août 2013

Du bûcher des sorcières à la lobotomie - Mary Daly

Détruire la victime : du bûcher des sorcières à la lobotomie
Beyond God the Father - Mary Daly (suite)

"Les femmes en tant que caste, donc, sont "Eve", soumises par un ensemble de lois, coutumes et arrangements sociaux, qui imposent un insidieux double standard. Toutefois, étant donné l'identification ambiguë des hommes avec "leurs" femmes en état d'impuissance, le mythe du mal féminin ne peut être poussé jusqu'à sa conclusion logique qui serait la destruction totale. La société telle que nous la connaissons, craint et essaie de détruire "l'Autre". Dans le cas de l'Allemagne nazie, cette dynamique était poussée jusqu'à la "solution finale", dans un effort d'extermination complète. Dans le cas des femmes, alors que toutes sont outrageusement mutilées, le "privilège" de la destruction complète est réservé à un segment de la population des femmes à qui est imposée la pire part d'une logique entièrement consistante. Cela a notamment été le cas pour les pauvres et ignorantes femmes qui, sous le système létal prévalent, entraînées par leur condition de femmes incapables de mener une grossesse à terme, pour toutes sortes de raisons, sont mortes d'avortements clandestins barbares, en mettant les enfants au monde, ou de fragilités relatives à la grossesse.

L'exemple le plus frappant d'une destruction totale sélective d'un grand nombre de femmes, fut la torture puis la condamnation au bûcher comme sorcières par l'Eglise. Le plus important livre médiéval sur le sujet, le Malleus Maleficarum, écrit par deux prêtres dominicains (Sprenger et Krämer) au 15ème siècle proclame que ce sont "les femmes les principales à souffrir d'addiction au mal". Il n'y a rien d'autre à en attendre, car "toute sorcellerie vient du désir charnel, lequel est chez les femmes insatiable". Selon les auteurs, les hommes sont protégés de cet horrible crime, car Jésus était un homme. Au contraire de la mythique Eve, les sorcières étaient des personnes réelles condamnées par la hiérarchie de l'Eglise, menacée par leurs pouvoirs. "Pouvoir" est le mot-clé pour comprendre pourquoi certaines et pas les autres étaient sélectionnées pour cet horrible destin. Les auteurs du Malleus Maleficarum affirmaient que parmi les femmes, les sage-femmes surpassaient les autres en malignité. Comme Michelet le souligne, il y avait une raison de croire que les sage-femmes qui guérissaient étaient grandement craintes par l'Eglise, car leur pouvoir menaçait la suprématie du Clergé.

Des universitaires comme Margaret A. Murray, en examinant les archives des sorcières, remarquent que nous sommes en face des vestiges d'une religion païenne que les chrétiens étaient déterminés à éradiquer. Les universitaires estiment que le nombre des sorcières victimes des bûchers varient énormément : de 30 000 à plusieurs millions. Etant donné l'inexactitude des archives, il est impossible d'exiger la précision. Malgré les déclarations de Spranger et Krämer, il est certain qu'il y avait aussi des sorciers mâles, adhérents eux aussi à la vieille religion païenne. Il est cependant clair que les femmes étaient les cibles spéciales de la haine de l'Eglise. La frénésie du combat contre la sorcellerie commence à gagner en intensité au 16ème siècle et elle s'épuise au tout début du 18ème siècle. Nous savons également que la méthodologie de la chasse aux sorcières avait un principe de base (quoique jamais admis en ces termes) : l'accusée ne pouvait pas gagner. Un test consistait à jeter dans l'eau l'accusée ligotée, car une sorcière ayant renié son baptême serait repoussée par l'eau, elle flotterait et ne coulerait pas. Si elle était innocente, elle coulerait. A l'évidence, le "test" était arrangé d'une manière ou d'une autre.

[...] Le rôle de sorcières était attribué à des déviants sociaux dont le pouvoir était craint. Toutes les femmes sont des déviantes de la norme mâle de l'humanité (un point souligné par la théorie de "l'homme illégitime" d'Aristote et Thomas d'Aquin, le dogme de "l'envie du pénis" des freudiens, et d'autres théories psychologiques telles que "l'espace intérieur" d'Erikson et "l'anima" de Jung). Cependant, celles désignées comme sorcières étaient fréquemment caractérisées par le fait qu'elles avaient ou étaient suspectées d'avoir un pouvoir provenant d'une sorte de savoir particulier, comme dans le cas des "sages' femmes qui connaissaient le pouvoir curatif des herbes, et auprès de qui les gens venaient chercher conseils et aide. Définies comme le mal, elles devinrent les boucs émissaires de la société, et ce faisant, la morale dominante en fut renforcée. L'Inquisiteur fonctionnait comme le protecteur de la société contre la déviance -contre les comportements déviants menaçants, car puissants.

(Photo de Frances Farmer - 1913-1970 - Comédienne américaine détruite par des traitements psychiatriques)

Dans les temps modernes, l'idéologie psychiatrique a largement remplacé la théologie comme gardienne des valeurs de la société. Clairement, la sémantique du "bien" et du "mal" a été remplacée partiellement par "santé" et "maladie mentale". Aujourd'hui, une femme définie comme malade, car elle veut du pouvoir sur sa propre vie, ne peut pas gagner selon les règles du jeu de l'institution psychiatrique.  Comme Szasz l'a démontré, les tortures sont plus subtiles mais le modèle est le même. Son analyse montre une analogie entre l'institution psychiatrique et l'Inquisition, analyse faite préalablement par Elizabeth Packard, une femme emprisonnée à l'asile psychiatrique au 19ème siècle pour "folie" par son mari, lequel n'était pas d'accord avec ses idées théologiques. Les femmes particulièrement, bien que pas exclusivement, sont les victimes de la barbarie psychiatrique, et spécialement de la neurochirurgie, laquelle est, de façon intéressante, contemporaine de la deuxième vague du féminisme. Cela inclut les opérations dans lesquelles les tissus cérébraux sains sont mutilés pour changer la conduite et les émotions d'une personne. La vague actuelle de neurochirurgie (texte écrit en 1971) s'adresse non seulement aux patients des hôpitaux d'état, mais à des "névrosées" fonctionnant relativement bien, particulièrement des femmes. Le 24 février 1972, l'article "Le retour de la lobotomie et de la neurochirurgie" du Docteur Breggin fut lu au Congressional Record. Discutant la large proportion de femmes lobotomisées, le Docteur Breggin explique que c'est plus socialement acceptable de lobotomiser les femmes, car la créativité, que l'opération détruit totalement est, pour la société, "une qualité sacrifiable chez les femmes". Un célèbre neurochirurgien (Freeman, "le doyen des lobotomiseurs) est cité disant que les femmes lobotomisées font de bonnes ménagères. Sur le phénomène, la Docteure Barbara Roberts, une féministe, observe que le conditionnement psycho-social n'est plus aussi efficace qu'il l'était à supprimer l'angoisse féminine : Mais toujours pleine de ressources, la société patriarcale de classes est en train de développer ce qui pourrait être la "solution finale" au "problème de la femme" (et aux problèmes causés par tous les autres groupes opprimés). Cette arme est la neurochirurgie.

Les armes que les technologies modernes développent pour le contrôle des déviants, particulièrement les femmes, sont plus subtiles que les bûchers. Elles détruisent l'esprit, la capacité de créativité, l'imagination et la rébellion, en laissant les mains et les utérus intacts pour produire les services du travail manuel et ceux de la reproduction."

Mary Daly - Beyond God the Father - 1971
Suite de Le syndrome du Bouc Emissaire et de Le pouvoir de nommer : le nommer-faux.

LIENS
Charcot et ses expériences sur l'hystérie transposées dans une fiction qui rétablit la vérité sur les "hystéries".
Frances Farmer, comédienne, lobotomisée.
Frances, la vraie histoire, film de 1982 avec Jessica Lange.
Frances, rebelle (Dieu est mort !), dans Libération
Essai : Camille Claudel, une mise au tombeau.

Plus besoin de lobotomie, cette chirurgie barbare, la pharmacopée prend le relais :
Consommateurs de psychotropes, les femmes en majorité.
Psychotropes, anxiolytiques : une étude de l'Assurance Maladie.

Illustration trouvée chez Lisa Congdon.

22 commentaires:

  1. Là ! tu t'attaques à du lourd ....
    Tu en a pour des années à en parler sans en faire le tour de ces questions là .....
    Bon , moi qui suis complétement Border Line , et plutôt tendance schizo j'ai réussie à passer au travers de la traque , mais parfois ce n'est pas passé loin de moi ....
    Au fond je n'en parle plus ... Je le pense et j'expèrimente mes chemins imaginaires ....
    Mais je te souhaite bonne chance si tu veux approfondir ces domaines là .

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    1. C'est un texte de Mary Daly, œuvre non traduite en français :)) Trop subversive sans doute... Ne nous fâchons pas ! :(((

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  2. Super article.
    "il y avait une raison de croire que les sage-femmes qui guérissaient étaient grandement craintes par l'Eglise, car leur pouvoir menaçait la suprématie du Clergé." : mais aussi : elle baptisait ! À l'origine du christianisme on leur avait donné ce droit afin que les nouveaux-nés qui mouraient au bout de quelques heures ou quelques jours aillent au paradis. C'était donc les seules femmes qui avaient encore la permission de se substituer à un prête. De plus, les hommes voulaient dorénavant contrôler les accouchements et l'obstétrique est ensuite devenue masculine. La sage-femme est devenue une simple assistante qui tient le bassin avec les instruments.

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    1. Sacré contre sacré. Assister des femmes qui mettent leurs enfants au monde, qu'est-ce qu'il peut y avoir de mieux comme boulot sacré ? Triste jalousie qui conduit à la destruction !

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  3. Il y avait aussi des sorcières qui utilisaient les plantes hallucinogènes ... ça c'est plus mon genre à moi ... Oui , les déviants sociaux , les personnes trop zarbi qui faisaient peur aux braves villageois , la très sainte église tentait de les désenvouter ...
    Mais , on n'en est pas très loin au fin fond de la brousse française .... Les gens croient au Bon Dieu de n'importe quelle religion et ils croient aussi aux diable .... ça ne change pas tellement au fond des cranes ....

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    1. Il faut sans doute trouver un ordre et une explication à un monde qui n'en a pas vraiment...

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    2. Accoucher du monde ...
      Enfanter le monde ...
      Dieu est une femme ...
      Elle enfante le monde et lui offre la liberté ...
      Le destin naturel des enfants est d'être orphelins ...
      Ainsi Dieu ne décide de rien , n'impose rien , ne dirige rien ...
      Dieu la femme enfante le monde ...
      Moi , ma religion est invisible et mon temple en est la forêt .....

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    3. Mais c'est un propos de sorcière, ça ! ;)))

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  4. Excellent article de Mary Daly. Elle cite Szasz dont j'avais conseillé le livre "Fabriquer la folie" dans les commentaires de l'article "Les putains du diable". La psychiatrie détruit aussi sûrement les insoumis et plus encore les INSOUMISES que ne le faisait l'inquisition, avec des méthodes tout aussi barbares. Le psychiatre Jules Masserman écrivait dans "The practice of dynamic psychiatry" que «Le Malleus Maleficarum est un manuel médiéval de psychiatrie clinique». Tout est dit ! D'ailleurs la théorie communément répandue aujourd'hui chez les psychiatres est que les sorcières étaient des malades mentales, idée développée successivement par Weyer, Esquirol et surtout Zilboorg qui a vulgarisé et répandu cette théorie.

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    1. Szasz est un psychiatre critique des fondations morales et scientifiques de la psychiatrie, si j'ai bien compris sa fiche Wikipedia. Bon, si les sorcières étaient les malades mentales d'hier selon les psys d'aujourd'hui, effectivement, on peut craindre leur pouvoir de nuisance. Mary Daly a raison, les patriarcaux ont besoin de créer "l'Autre" pour imposer leur idéologie délétère. J'espère bien qu'il y a encore des sorcières, c a d des femmes qui ont le courage et la lucidité de s'opposer à tous ces obsédés de la norme sociale, LEUR norme.

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    2. Oui voila ! C'est une question de norme(s): Qu'est ce qu'une sorcière ? : C'est en chaque femme tout ce que le patriarcat ne veut pas que les femmes soient ...... Que doit être une femme Normale ? Pour faire simple : une femme doit être "jeune et jolie"..... Donc tout ce qui n'est pas "jeune et jolie" en chaque femme relève de la sorcellerie et doit être soit éliminé soit normalisé ..... Bon , la sorcière c'est le côté obscure de LA FEMME .... Le côté lumineux en est "jeune et jolie" .... Alors bien sûr entre ces deux pôles on peut imaginer une infinité de représentations des femmes qui vont combiner du lumineux "jeune et jolie" et de l'obscur , mais pour résumer au maximum la sorcière est , pour le patriarcat , le côté obscur du féminin , et très concrètement dans la sexualité féminine le côté qui terrifie les hommes relève de la sorcellerie .... Le bon côté de la sexualité féminine est "jeune et jolie"..... Alors bien sûr il y a LA MERE : La Bonne Mère qui est "jeune et jolie" comme la vierge Marie ou une gentille grand-maman qui fait des confitures et qui a un chaudron "beau et gentil" ..... La mère sorcière a un chaudron maléfique et terrifiant ....
      Parce qu'au bout du conte (ou du compte) c'est une question de cuisine des représentations archaïques dans l'inconscient collectif : LA FEMME est un chaudron qui doit être "jeune et jolie" pour y cuisiner de beaux enfants à partir de la semence de L'HOMME parce que LA FEMME vient de la côte (ou côtelette) de L'HOMME cuisinée par PAPA DIEU , grand chef dans la cuisine cosmique . Le destin de LA FEMME est d'être un bon chaudron pour le sexe de L'HOMME qui y met les bons ingrédients et la femme fait la cuisine , mais ça tourne mal et le côté obscur , le côté infâme de la femme , revient et la cuisine devient mauvaise et la sorcière apparait tout au fond de la saucière ...... Et la sauce ne prend pas , et la saucière devient un terrifiant chaudron de sorcière dans lequel la sorcière cuisine des trucs horribles contraire à la loi Divine , genre crapeaux halllucinogéneux , chats noirs , herbes maléfiques , chauves souris , serpents , et tout ça ..... Parce que la sorcière contrôle le feu . Elle connait aussi le feu . Elle a volé la connaissance du feu aux hommes (qui eux l'avaient volé aux dieux) Et alors , par cette connaissance du feu volé aux hommes ,la femme leur vole leur pouvoir divin , mais elle ne sait pas quoi en faire de bien parce qu'elle est mineure et "jeune et jolie" , alors fatalement elle devient une sorcière ...... Donc il ne faut jamais rien confié d'important aux femmes sinon elles deviennent des sorcières ......

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    3. les féministes sont des sorcières ;)

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    4. Oui, puisqu'elles sont aussi "l'Autre", désignées par les dominants au pouvoir partout :))

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  5. Pour moi être une sorcière c'est mon alchimie interieure . Voila en quelques mots comment je me vis sorcière , par mon alchimie interieure ..... Donc ainsi je n'ai plus besoin d'aucune chimie pour me guider en mes voyages , ainsi les drogues ne me sont plus d'aucune utilité .... Je suis devenue ma propre substance hallucinogène ... Je porte en moi même mon feu et mon chaudron magique pour ma cuisine imaginaire ...... Mon alchimie de rêves .....

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  6. A.LeBras Chopard montre dans son bouquin 'les putains du diable' que la chasse aux sorcières était avant tout une mise au pas des femmes, une soumission des sujettes que les femmes n'étaient pas encore assez.Et non pas l'éradication d'un paganisme etc, qui étaient des prétextes.
    De fait, une fois cette chasse terminée,l'état et sa raison ont eu les coudes bien plus franches.

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    1. Je crois que c'est ce que dit aussi Mary Daly : la création de l'Autre comme ennemi pour le soumettre et le détruire. Les sorcières sont un prétexte. A Le Bras-Chopard analyse l'histoire des sorcières françaises et propose la thèse de la création de l'état-léviathan français sur les cendres des bûchers. Je ne crois pas que ces deux théories rentrent en contradiction l'une avec l'autre. Le Christianisme a éradiqué le paganisme partout, soit en massacrant, en convertissant par la torture et l'épée, et en brûlant les hérétiques, il y a donc volonté de supplanter des croyances anciennes, réelles ou supposées, qui entraient en conflit avec sa doctrine impérialiste. Même remarque pour l'Islam qui a toutefois toléré le culte de la Kaaba et de sa pierre noire, qui sont antérieurs à l'Islam, c'est évident. L'exception qui confirme la règle. Quand ces systèmes n'arrivent pas à éradiquer, ils assimilent, les chrétiens l'ont fait aussi.
      http://atheisme.free.fr/Contributions/Islam_paganisme.htm
      Lien vers Les putains du diable sur ce blog :
      http://hypathie.blogspot.fr/2011/02/les-putains-du-diable.html

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    2. Deuxième précision : Mary Daly est une féministe (et lesbienne) radicale. Pas Le Bars-Chopard. Daly parle donc de prétexte pour une "solution finale" des femmes. On peut être ou non d'accord avec elle, les femmes sont indispensables aux hommes pour 80 % des corvées gratuites de la planète y inclus leur reproduction. Mais au moins, les massacres font régner la terreur, et font taire les récalcitrantes, laissant "les mains et les utérus à disposition". Tout bénef. Il me semble que c'est la pensée de MDaly.

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  7. "Je ne crois pas que ces deux théories rentrent en contradiction l'une avec l'autre"
    Moi non plus:-)
    Que le christianisme ait éradiqué ou assimilé, on est bien d'accord aussi; en ce qui concerne les sorcières elles étaient femmes avant d'avoir des croyances - et comme telles plus susceptibles de passer pacte avec un diable bien commode.

    Daly et LeBras Chopard se complètent :-)

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  8. http://psychiatrie.histoire.free.fr/traitmt/varia/trans/trans.htm
    Je t'indique ce lien ici , très loin dans ton blog ......
    Publie le ou non , selon ce que tu en penseras ......
    Voilà ! cela fait longtemps que je voulais t'en parler de ma féminité à moi .... Mais je n'y arrivais pas ........
    Trop peur de n'être pas comprise une fois de plus , mais bon , finalement je crois que tu es bien placée pour me comprendre (sans penser que je t'ai menti ) (parce qu'au fond je ne t'ai menti que sur mon apparence et tu ne connais pas mon apparence . Je ne t'ai pas menti sur mon âme qui est Femme ) Et puis toute cette souffrance depuis tant d'années .......
    Depuis mon enfance la plus précoce .... Et ce qui est interessant c'est que j'ai veccu aussi les brimades imposées aux femmes et les vexations et les insultes et les menaces de viols et ces souffrances là ......
    Bon , en fait j'en parle mal et cela aussi m'incitais au silence ........ Voilà ! tu vois , je suis non seulement une sorcière mais en plus un monstre ........
    Bon , voilà comme une preuve de confiance de moi vers toi .........

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    1. Le mot "monstre" a été inventé, soit pour ostraciser ceux qui ne sont pas comme tout le monde, soit pour excuser, en rejetant certains humains qui se sont très mal comportés hors de l'espèce humaine -Dutroux ou Emile Louis, par ex, alors qu'ils en font bel et bien partie. Le mot "monstre" est éminemment suspect. Je n'y adhère jamais et ne l'emploie pas :))

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    2. Oui , j'ai utilisé le mot "monstre" à dessein pour signifier à quel point j'ai interiorisé la violence sociale et à quel point je l'ai retournée contre moi même par necessité de survie et aussi à cause des dressages et conditionnements psychiques ........
      Un autre point (mais c'est aussi la même quéstion) m'apparait par rapport à la quéstion des lobotomies : Il existe d'autres formes de lobotomies : Lobotomies sociales , psychiques , affectives ....... Mais la chirurgie esthetique (ou réparatrice (?) dans le cas des personnes transexuelles) n'est elle pas la continuation des lobotomies ? .... En ce sens où elle vient prendre le relai des lobotomies pour assigner aux individus une apparence non plus psychique mais morphologique conforme aux normes sociales ....... On vient par la chirurgie occulter les questions , les blessures , les gouffres des êtres afin qu'ils ne dérangent plus l'ordre établi ....... Et n'est ce pas là une emprise de la machine sur les corps ? ..... personnellement je n'ai pas eu recours à la chirurgie (je ne l'aurai pas pu) et en fait aujourd'hui je preferre porter en moi ma déchirure , cet abîme en lequel je me perd mais je me trouve aussi tout au fond car ma féminité est en enfer fatalement .......
      Et je refuse aussi cette polarité : masculin féminin à laquelle correspond la polarité "toute puissance du male" et "impuissance du féminin" ... polarité du "sadisme male" et du "masochisme féminin" .... car me faire opérer me semble être une accéptation de ces polarités Là .....
      Alors je me vis intérieurement femme par ma blessure , par mon abîme , par mon gouffre ........ Alors je me vis Sorcière ......
      Merci à toi de refuser de me voir comme un monstre ......
      Stéphanie .......

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  9. D'où proviennent les effets comiques , grotesques , monstrueux qui suscitent le rire , l'ironie , le mépris , l'inquiétude , la peur , l'horreur ? .......
    Ils proviennent d'une distorsion dans les expressions , les représentations et donc les perceptions du réel ....
    Et cela est le cas pour les personnes transexuelles qui vont susciter ces distorsions chez les braves gens bien normaux ..... Et , fatalement les personnes transexuelles suscitent le rejet sous une forme ou une autre ...... Et cela n'est pas prêt de changer tant cela remet en question les archétypes , les représentations inscrites dans l'inconscient collectif ......
    Bon , bien sûr en ce qui concernent les personnes célébres des milieux artistiques et médiatiques il y a une certaine tolérance .... On accépte , mais on peut aussi crier au scandale ...... Mais cela n'a aucun rapport avec la réalité quotidienne des personnes transexuelles , tu t'en doutes bien ..... C'est de la fausse tolérance ..... Et le patriarka tolére bien les prostituées et les utilise .... Pareillement il tolére les transexuelles celebres et médiatiques parce que ça fait parti du cirque social , ça distrait la populace ...... Mais rien de plus ..... et pour les personnes transexuelles comme pour les personnes homosexuelles il est plus prudent de se cacher pour survivre ........ Surtout ne pas distordre le NORMAL TOUT PUISSANT !

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