jeudi 27 décembre 2012

Pourquoi ne parlerions nous pas de violence et de masculinité ?


"Considérez que votre carte de virilité est renouvelée"
Affiche publicitaire pour le fusil automatique utilisé par Adam Lanza dans la tuerie de Sandy Hook, Newtown, Connecticut, décembre 2012.

« La culture des armes aux États-Unis est on ne peut plus étroitement liée à la masculinité, mais cela demeure non dit »
« Qu’est-ce qu’un sociopathe ? C’est une personne qui manque d’empathie »
« La sociopathie est la manifestation extrême de la façon dont notre société socialise les garçons".
Jackson Katz Sociologue
Citations extraites de "Et les hommes, eux ? Propos sur la masculinité et les tueries de masse" de Megan Murphy

Vous avez vu et entendu, rapportés jusqu'à la nausée, dans vos medias habituels les reportages sur la tuerie de l'école maternelle Sandy Hook de Newtown, Connecticut, ce mois de décembre. Vous avez peut être été frappée comme moi devant l'abondance des commentaires, alors que pas un seul n'évoque le sexe du tueur, comme d'habitude, comme toujours. Et pourtant ! Selon cet article documenté, sur 62 mass shootings aux USA pendant les 30 dernières années, un seul est commis par une femme. Je crois donc qu'il faut aborder le sujet, comme l'a fait Soraya Chemaly, dans cet article paru le 17 décembre sur MS Magazine : Why won't we talk about violence and masculinity in America ? La traduction est de Martin Dufresne.

"Alors que j’écoutais avec le reste du monde se déployer l’horreur de ce qui est arrivé à l’école primaire Sandy Hook, j’ai été frappée par l’absence persistante de commentaires et d’analyses sur le fait que les tueurs de masse sont presque tous des hommes et des blancs en colère. Que faudra-t-il pour que nous amorcions enfin un dialogue généralisé, ouvert et public à propos du genre et de la violence dans notre pays? À propos de la masculinité et de l’identité? Ces sujets font partie des «questions difficiles» que nous avons tendance à ignorer. Au lieu de cela, à la radio et à la télévision, j’ai entendu des commentateurs expliquer encore et encore à quel point un tel scénario était rare, comment Newtown n’avait pas de «problème de criminalité», quel était le profil psychologique des tueurs de masse, et comment les policiers étaient encore à la recherche d’un motif. En somme, les gens se demandaient encore : 
«Pourquoi cette tragédie-là ?»

Ce n’est pas la bonne question. Les meurtriers de masse sont un symptôme extrême d’un problème courant, quotidien. Oui, le risque d’être terrorisé-e par un meurtrier de masse isolé est mince, c’est vrai. Mais des personnes ordinaires vivent dans la peur et la terreur à domicile. Il n’y a malheureusement rien d’exceptionnel à ce que des hommes armés tuent des gens tous les jours dans notre pays. Dans le cas des meurtres de masse, le symptôme extrême de cette catastrophe, la question devient : «Pourquoi est-ce qu’un nouveau jeune homme blanc en colère a agi de cette façon et tué ces personnes ?»

Cette tragédie est arrivée et continuera à se produire parce que trop d’armes sont facilement disponibles dans une culture optimisée pour leur utilisation tragique, le plus souvent par des garçons instables, élevés à se définir comme des hommes par le biais de la violence, et à qui on enseigne dès leur naissance à être en contrôle. Des hommes à qui la culture confère des droits acquis et des attentes de pouvoir et de privilèges. Des attentes qui, faute d’être satisfaites, et lorsqu'elles sont vécues en même temps qu’une maladie, une perte, une dépression ou plus, explosent quotidiennement en des tragédies innombrables. Déstigmatiser la maladie mentale et réglementer la possession d’armes à feu sera d’une certaine aide, bien sûr, mais cela restera insuffisant sans l’inclusion de cette dimension du problème. Dans le cas d’Adam Lanza, oui, il avait un problème de santé mentale et il y a eu accès à des armes. Mais, à l'inverse d'autres ayant cette maladie et cet accès, il a vécu le contexte culturel d'une manière qui l'a fait passer à l’acte violent.

Les pistolets de la mère de Lanza, tous dûment autorisés, faisaient partie des 270 millions d’armes à feu qu'on trouve aux États-Unis aujourd’hui. Lanza s’était vu refuser une arme à feu dans un magasin local d’armes plus tôt dans la semaine parce qu’il refusait d’attendre les deux semaines réglementaires. Notre pays si exceptionnel se classe au premier rang mondial en termes de nombre d’armes à feu par habitant, avec un ratio de 88 armes/100 personnes, loin avant le deuxième sur la liste, la Serbie, dont le ratio est 58,2/100. Il existe des pays armés de façon similaire, mais pas aussi violents. Comme Ezra Klein l’a fait remarquer dans le Washington Post vendredi, «La Suisse et Israël ont des taux d’homicides relativement faibles, en dépit de taux de possession d’arme à feu à domicile comparables à ceux des États-Unis". Sur les 25 pires meurtres de masse des 50 dernières années, 15 ont eu lieu aux Etats-Unis. C’est mentir que d’affirmer que ces événements sont rares.

Vendredi dernier, après avoir tué sa mère (ce qui est, après tout, de la violence familiale), le tireur est entré dans ce lieu sûr qu’est une école, et il a abattu 20 garçons et filles et six femmes. Pas besoin d’un doctorat en psychologie pour s’interroger sur la signification des gestes d’un homme qui tue sa mère, puis entre dans une école, où les femmes dominent les fonctions de contrôle et de care, et tue des petits enfants avant qu’ils et elles ne grandissent. C’est un acte incommensurable. Je ne veux pas manquer de respect ou de sympathie en rappelant qu’au cours des prochaines 24 heures, au moins trois femmes aux États-Unis vont mourir aux mains d’hommes violents. Selon le Children’s Defense Fund, au cours des mêmes 24 heures, huit enfants mourront chez nous des suites de blessures par balle. Le journaliste Bill Weird du réseau ABC News commente : «Dans les 23 pays les plus riches au monde, 80 pour cent de tous les décès par armes à feu se produisent aux États-Unis et 87 pour cent de tous les enfants tués par armes à feu sont des enfants américains.» Ce taux est 42,7 fois plus élevé que celui de tous les autres pays réunis.

Lanza était un homme parmi d’autres. Même si davantage d’hommes meurent par balle que les femmes, les décès par armes à feu sont en très grande majorité des crimes perpétrés par des hommes, que les victimes soient de sexe masculin ou féminin. Et je sais que, même si cette année marque le 23e anniversaire du massacre de l’École polytechnique de Montréal et le sixième anniversaire de celui perpétré contre les fillettes d’une école de la communauté Amish, la plupart des tueurs de masse n'ont pas le projet de tuer en fonction du sexe. Mais, comme pour les homicides simples, la possession d’armes à feu et les meurtres qu’ils commettent ont un caractère sexué. Un sondage Gallup mené en 2011 a révélé que 46 pour cent des hommes américains possédaient une ou des armes à feu (en regard de 23 pour cent des femmes). Et, comme nous l’avons appris le mois dernier quand Kassandra Perkins a été abattue par Jovan Belcher, 91 pour cent des meurtres familiaux sont commis par des hommes et 88 pour cent de ces meurtres impliquent des armes à feu. En moins de 10 jours, le nombre de femmes et d’enfants ainsi tués dépassera le nombre de personnes – les enfants, les femmes et Lanza lui-même – sacrifiés vendredi dernier. La culture qui crée un si grand nombre de meurtres non planifiés, familiaux, facilités par la possession d'armes à feu – partie des 15 000 homicides par an qui ne font qu’une victime – est celle qui produit des tueurs de masse comme Lanza.

La revue Mother Jones a dû mettre à jour son article «Guide to Mass Shootings in America », qui avait documenté, plus tôt cette année, les 62 cas de fusillades impliquant des armes à feu aux États-Unis depuis 1982. Onze de ces attentats se sont produits dans des écoles. Des jeunes hommes blancs sont très majoritairement les auteurs de ces fusillades. Parmi les principaux meurtriers de masse du siècle dernier, pas un des tireurs n’était une femme. Les garçons et les hommes blancs n’ont aucune prédisposition biologique ou génétique à devenir meurtriers de masse ou conjoints agresseurs, mais la violence fait partie de la façon dont est définie la masculinité aux États-Unis. Et les armes font partie de cette violence.

La publicité du fusil dont s’est servi le tireur de l’école Sandy Hook utilise comme slogan la phrase « Considérez votre carte d’identité masculine comme renouvelée. » Les jeunes hommes blancs possèdent des droits acquis et des privilèges qui, combinés à la déception, la maladie, la perte, et une glorification de la violence aussi courante que décapante pour l’âme, peuvent conduire à une telle tragédie. Le seul endroit où j’ai entendu cette connexion abordée dans les médias le week-end dernier était à l’émission du réseau MSNBC «Up with Chris Hayes», quand David Sirota, du site Web Salon, a fait remarquer que les hommes blancs sont vraiment le seul groupe en Amérique du Nord pour qui «il n’est pas permis de faire de profilage ethnique». Comme les mâles de race blanche sont représentés de façon disproportionnée dans les médias et parmi nos responsables politiques, il faut que plus d’hommes blancs comme Sirota et Hayes prennent la parole et parlent de cela : de la façon dont une peau blanche et la masculinité sont non seulement nos normes incontestées, mais sont aussi imbues d’innocence et d’autorité implicites qui les rendent presque impossible à critiquer face à un pattern (modèle) d’événements aussi horribles que celui de Sandy Hook.

En 2010, dans un article intitulé «Suicide by Mass Murder», Rachel Kalish et Michael Kimmel ont donné un nom à ce phénomène: l’«aggrieved entitlement» (droit acquis lésé). Dans leur article, ils décrivent une «culture de masculinité hégémonique aux États-Unis», qui crée un «sentiment de droit acquis lésé, propice à la violence ». Pour les jeunes hommes, et surtout les hommes blancs, la colère et la violence sont des privilèges auxquels les autres personnes ne peuvent prétendre, et dont l’exercice hors de cette caste, est clairement puni. Quant à notre système carcéral industrialisé, il déborde d’un nombre disproportionné de jeunes hommes noirs. Alors que les hommes qui tuent une partenaire intime écopent en moyenne de peines de deux à six ans, les femmes qui tuent leur conjoint sont condamnées, en moyenne, à 15 ans de prison. Le privilège de se mettre en colère et d’user de violence n’est pas également distribué. Pas plus que le fait d’admettre que les hommes souffrent de maladie mentale, un domaine que nous dépeignons comme presque exclusivement réservé aux filles et aux femmes.

Ce n’est pas raciste ou sexiste de suggérer que les hommes blancs sont aux prises avec une perte de pouvoir dans notre pays. Je ne diabolise aucunement les hommes blancs ; beaucoup, sinon la plupart d’entre eux n’ont probablement pas le sentiment d’être puissant et en contrôle. Mais le fait est que, dans notre pays, les hommes blancs ont longtemps dominé la sphère publique et la sphère privée. Ils continuent de dominer le gouvernement et les médias alors même que la nature de la famille et de la vie privée a évolué. Personne n’aime perdre du pouvoir; c’est un processus incommodant, pénible, effrayant et déroutant.

Mais il est important de distribuer le pouvoir de façon équitable. C’est un changement que nous pouvons chercher à comprendre, à discuter ouvertement et à faciliter. Ou, nous pouvons fermer les yeux et exacerber les préjudices liés à l’inégalité.

Cette violence constitue une crise de santé publique. D’autres pays saisissent l’importance vitale pour la société de comprendre les constructions de genre, mais le nôtre y résiste d’une façon mortifère pour l’esprit. Pourtant nous avons vraiment, vraiment besoin de le faire si nous voulons comprendre comment enrayer cette hémorragie de vies humaines. Prétendre que les pressions culturelles et les droits acquis hyper-genrés qui contribuent à faire des garçons de «vrais hommes» ne jouent pas un rôle crucial dans ces tueries de masse, et dans les meurtres commis quotidiennement chez nous, constitue notre véritable crime national." Soraya Chemaly "Why won't we talk about violence and masculinity in America ?"

Les armes ne sont pas aussi répandues en France qu'aux USA, et pour l'instant, il ne peut pas y avoir de tueries de masse d'une telle ampleur. Mais en France aussi, ce sont des hommes qui détiennent les armes à feu et ce sont surtout les femmes qui succombent sous la violence de leur conjoint, souvent abattues par ces armes ; il y a aussi de fréquents accidents dans ce club très masculin qu'est la chasse ! La virilité, chez nous aussi, fait des victimes. 

vendredi 21 décembre 2012

Homme de guerre : pléonasme ?

En marchant dans les rues de ma ville, il m'arrive de lever le nez sur les plaques de rues, histoire de voir quelles célébrités on y trouve. Comme je suis dans une ville où ça bétonne à mort (logements sociaux, immeubles de standing, hôtels de luxe, immeubles administratifs...), mais où un début de prise de conscience sur l'étalage urbain commence à se faire jour, on remplit les "dents creuses", ces trous urbains entre les maisons ; les pavillons de l'après-guerre avec jardin, dont les habitants partent en maison de retraite ou décèdent, sont démolis et remplacés par des immeubles de quelques étages, à parking bétonné derrière, ce qui fait que le jardin disparaît et la biodiversité qui va avec : hérissons, herbe, fleurs, insectes, escargots, fourmilières...
Les friches industrielles sont dépolluées et on les re-bétonne, ce qui donne de nouveaux quartiers flambants neufs (pas pour longtemps, ça vieillit mal) ! Il faut donc trouver des noms aux nouvelles rues, allées, places. Pas question de tomber dans la facilité comme dans les bourgades des siècles passés : Place du marché, de la Mairie ou encore de la Poste qui étaient et sont les occurrences les plus nombreuses, ne sont plus de mise. Pas plus que les rues des Mésanges, Peupliers, Platanes..., qui sentent à plein nez leur urbanisation ratée et pathogène des années 60 et 70 du siècle dernier ! Enfin, on en a tous soupé des généraux d'empire, des illustres zomes politiques de la 4ème République et des scientifiques, tous mâles, du XIXème siècle. Il faut donc se creuser la nénette, trouver du héros local, secouer les archives et les archivistes, soulever la poussière des armoires et racler les fonds de tiroirs. Eurêka : on trouve Geoffroy de Pontblanc. HOMME DE GUERRE de son état, statut pour la postérité.
 


De cet obscur du 14ème siècle, on n'a trouvé que la date de sa mort et un exploit : il a tué plusieurs anglais dans une rue étroite. Il faut bien cela pour l'édification des générations futures : un chevalier qui tue des anglais avant d'être mis en pièces à son tour. Le promotion du pacifisme ne passe pas par les mecs. Au fait, une FEMME DE PAIX, c'est introuvable dans l'histoire régionale ? Dans le bruit et la fureur de l'histoire et des exploits guerriers masculins, que valent les Jeanne de Lalaing, Jeanne de Laval et Comtesse de Penthièvre, l'une sauvant un mari de la prison, la seconde, femme de goût promouvant les artistes, ou la troisième sauvant son duché des convoitises françaises ! Ah oui, mais ce sont des femmes, et selon une tradition délétère, elles sont effacées de l'Histoire avec de grosses gommes viriles. Pas question de montrer aux fillettes des modèles valorisants : des femmes de tête, de cœur et de pouvoir ! Le destin des femmes est de rester à la ferme pendant que les gars guerroient, chacun son métier, les vaches seront bien gardées. Et faire la guerre, dans leur mythologie, est plus valorisant que d'entretenir la ferme en bon état de marche en attendant leur retour. Donc, dans les noms de rues, on trouve des Geoffroy de Pontblanc, le couteau entre les dents !

Lors de mes recherches, je suis quand même tombée sur une ville de France dont les noms de rues sont tous des noms de femmes : il s'agit de la Ville aux Dames, près de Tours, département d'Indre et Loire. Ses habitants s'appellent des Gynépolitains et des Gynépolitaines. Vivent les Tourangeaux !  5000 habitants, 75 avenues, rues, allées, qui portent presque toutes des noms de femmes, de même que tous les édifices municipaux, depuis 1974, où ces femmes illustres ont donné leurs noms aux lieux-dit, sur décision majoritaire du Conseil Municipal. Un exemple mal connu et à suivre.

Article à lire sur Archives du Féminisme.


samedi 15 décembre 2012

Prostitution - Appel de Bruxelles

Texte issu du Colloque "10 ans de politiques sur la prostitution - Résultats des options suédoises et néerlandaises et perspectives", organisé par le Lobby Européen des Femmes avec le soutien d'Euro-députées : il a aussi le mérite de rappeler dans ses considérants que la France ratifie et signe des traités supra-nationaux qui ont force de loi sur son territoire.

Texte de l'Appel de Bruxelles

Considérant que :

La prostitution est une violence
 -   Une grande majorité des personnes prostituées a subi des violences, souvent sexuelles, avant d’entrer dans la prostitution.
 -   Une grande majorité des personnes prostituées subit des violences de toutes sortes dans le cadre de la prostitution (agressions physiques, verbales, sexuelles, psychologiques, etc.).
-    La répétition d’actes sexuels non désirés, car imposés par l’argent, les inégalités et la précarité, constitue en soi une violence sexuelle.

La prostitution est une exploitation des inégalités
-    La prostitution s’inscrit dans la longue tradition patriarcale de mise à disposition du corps des femmes au profit des hommes (droit de cuissage, viol, ‘devoir conjugal’...).
 -   La prostitution exploite toutes les formes d’inégalités : des hommes sur les femmes, des riches sur les pauvres, du Nord sur le Sud, des groupes majoritaires sur les minorités.
 -  En majorité, les personnes prostituées au sein de l’Union européenne sont issues de pays-tiers plus pauvres. Lorsqu’elles sont issues d’Etats membres de l’UE, on constate une surreprésentation des minorités ethniques.

La prostitution est une atteinte à la dignité de la personne
 -  En plaçant le corps humain et la sexualité dans le champ du marché, la prostitution renforce l’objectification de toutes les femmes et de leur corps, et porte directement atteinte à l’intégrité physique et morale des personnes prostituées.
  -  La prostitution renforce la domination des hommes sur les femmes et notamment le sentiment de disponibilité et d’accessibilité du corps des femmes que l’on retrouve dans le viol, le harcèlement sexuel et les violences conjugales.
 -   La prostitution constitue un obstacle à une sexualité libre, respectueuse et égalitaire.
 -  La prostitution alimente et perpétue la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle.

La prostitution est une violation des droits humains
-   La Convention des Nations Unies du 2 décembre 1949, adoptée par son Assemblée générale et ratifiée par 17 Etats membres de l’Union européenne, affirme dès son préambule que « la prostitution et le mal qui l’accompagne, à savoir la traite des êtres humains, sont incompatibles avec la dignité et la valeur de la personne humaine ».
-    La Convention des Nations Unies de 1979 sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes demande aux Etats parties de prendre « toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions législatives, pour réprimer, sous toutes leurs formes, le trafic des femmes et l’exploitation de la prostitution des femmes ».
-    La prostitution est incompatible avec les articles 3 et 5 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui affirment que « tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sûreté de sa personne » et que « nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ».

Nous demandons aux états membres de l’union européenne d’adopter des politiques garantissant :

-    La suppression des mesures répressives à l’encontre des personnes prostituées ;
-    La condamnation de toutes les formes de proxénétisme ;
-    Le développement d’alternatives réelles et de programmes de sortie de la prostitution ;
-    L’interdiction de tout achat d’un acte sexuel ;
-   La mise en en place de politiques de prévention, d’éducation à l’égalité et à la sexualité ;
-    Le développement de politiques de prévention dans les pays d’origine des personnes prostituées.

L’union européenne et ses états membres doivent revoir totalement leur politique de lutte contre la traite des êtres humains qui n’a ni sens ni chance d’aboutir tant que l’impunité des proxénètes et des clients prostitueurs demeurera la règle.

"On dit que l'esclavage a disparu de la civilisation européenne. C'est une erreur. Il existe toujours, mais il ne pèse plus que sur la femme, et il s'appelle PROSTITUTION".
Victor Hugo - 1862

Liens :  
Pour signer :  Abolition 2012
Liste des intervenant-e-s, contacts, informations pratiques :
Mouvement du Nid.
Il y a un an, le 6 décembre 2011 : texte adopté par les députés français réaffirmant la position abolitionniste de la France en matière de prostitution
Frédéric Taddéi, lors de son émission de mardi 11/12/12 Ce soir ou jamais a donné une tribune libre au proxénète (activité criminelle !) "Dodo la saumure" poursuivi par la justice française - Thalia Breton, porte parole d'Osez Le Féminisme lui répond.

samedi 8 décembre 2012

Escroquerie : la place des femmes dans la science

Ce petit film trouvé sur un lien électronique du journal le Monde démontre, s'il fallait encore le démontrer, que les fameuses études "in vivo", faites sur des animaux de laboratoire, comme si des animaux vivaient naturellement en laboratoire -déjà ça sonne comme une escroquerie-, études incluses obligatoirement dans les protocoles de recherche pour obtenir la fameuse AMM (autorisation de mise sur le marché), viatique de toute spécialité pharmaceutique, ces études donc, sont biaisées de tous côtés, surtout du côté des femmes ! On se demande où est la rigueur scientifique dans tout cela. Cela ressemble surtout à de la maltraitance caractérisée, aux animaux et... aux femmes ! Jugez-en :



Dans le film, on nous parle de "biais masculins inconscients" !
Tu parles ! Comme pour tout le reste, femmes effacées de l'économie (travaux domestiques des femmes non compté dans les PIB), de l'Histoire, des arts et des sciences, il s'agit d'un programme politique androcentré, de la défense des intérêts catégoriels étroits des mâles pour garder le contrôle, le pouvoir..., et la santé. Si les femmes ne prennent pas en main leurs propres intérêts en investissant tous les champs, scientifique, politique, économique, artistique aussi, nos intérêts ne seront jamais défendus. C'est aussi clair que cela. La dévolution ne marche pas. Aussi, refusons-la et défendons nous mêmes nos intérêts, qui valent largement les leurs ! Il est temps de dénoncer un faux universalisme achetant illusoirement la paix, alors que la guerre continue.

NB - Les études sur rats, souris, beagles, singes rhésus, etc... sont parfaitement remplaçables par des essais sur cultures de cellules in vitro, et par des modèles mathématiques, solutions logicielles pour ces recherches. Les gens (hommes ET femmes) ne sont pas 70 KG de rats ! N'en déplaise aux mecs qui en sont quand même à s'identifier à des rats mâles ! 

jeudi 6 décembre 2012

Tout est calme sur la ZAD de Notre Dame des Landes


Malgré une grosse frayeur lors du jugement du référé du Préfet de Loire-Atlantique cette semaine demandant la destruction des nouvelles cabanes construites par les opposants, le Tribunal de Saint-Nazaire rendra son jugement le 11 décembre. Un petit répit bon à prendre !

En attendant, les constructions continuent, des collectifs de soutien aux opposants s'organisent un peu partout. Il y en a sûrement un près de chez vous, ou alors, vous pouvez en créer un !

La créativité bat son plein ! Un détournement très très malpoli :


Une sélection de liens : 
Infos pratiques de la ZAD (Zone à Défendre)
Appel des Chats Teigneux (lieu dit La Chataigne, le "kyste" selon Manuel Valls)
Un carnet de croquis sur Flickr
L'ambiguïté insaisissable de notre futur se joue à NDDL ? 
Essais d'armes "non léthales" sur les manifestants

Discussions sur le sexisme, l'homophobie et autres rapports de domination sur la ZAD 
 
Des légumes, pas du bitume. Des moutons, pas des avions !

Les illustrations viennent toutes du blog Zone à Défendre - Tritons crété-e-s contre béton armé.

samedi 1 décembre 2012

C'est la guerre ! Contre les femmes, contre la Terre, contre les autres espèces

Après d'âpres négociations entre avocats, Nafissatou Diallo aurait obtenu 6 millions de dollars de compensations financières pour se taire, pour ne plus jamais parler de viol ni d'agression sexuelle, avec un contrat dûment signé par les parties, contrat qui scelle ses lèvres à jamais. On la fait taire contre une grosse somme d'argent. Quel innocent, même riche, accepterait de payer un tel montant de dollars, sans doute en l'empruntant à une banque ? En France on nie la parole des victimes, aux USA, on l'ensevelit sous des compensations financières : négation du crime dans les deux cas. War on women, guerre aux femmes, objet de mon billet précédent.

A Notre-Dame Des Landes, c'est la guerre contre des militants paysans et des alternatifs qui veulent vivre sur un  bout de terre préservée depuis 40 ans, qui luttent contre l'artificialisation de bocages et de zones humides remarquables avec leur faune et leur flore, leurs paysages, en voie de disparition partout. Leur lutte est celle de refusants d'un monde dont nous ne voulons plus, basé sur la compétition entre métropoles, entre régions, sur des infrastructures dont on peut douter de la pertinence et qui serviront à quelques privilégiés ultra-mobiles (peut-être les perdants de demain ?), sur des valeurs de croissance sans limite dans un monde fini et tout petit ; leur lutte est suivie par une partie de l'opinion qui devine intuitivement que ce sont toujours les  mêmes les perdants de cette course infernale au progrès sans foi ni loi, voulue par l'hybris masculine de sempiternels politiciens professionnels. Ils se battent aussi pour  la terre avec deux slogans : La terre aux paysans, Des légumes, pas du bitume !  Mais au fait qu'est ce que la terre, d'où vient le sol ? De l'érosion des roches depuis des millions d'années sous l'action des éléments, comme expliqué dans ce court film : nous en vivons et nous la faisons disparaître sous de tonnes de béton et de bitume :


Let's Talk About Soil - French from IASS Vimeo Channel on Vimeo.
(Vimeo ne permettant pas toujours l'affichage de ses videos très longtemps, si celle-ci n'apparaissait plus, merci de cliquer sur le lien ci-dessus. Avec mes excuses).

Liens : Let's talk about soil !
Global soil week - Berlin Novembre 2012


Ce dessin provient de Biz Yod Blog : Formes à Notre-Dame des Landes, un superbe article abondamment illustré par les créations des opposants.

A Fukushima, c'est la guerre. Ces extraits sont tirés du récit de Michaël Ferrier "Fukushima, récit d'un désastre", superbe objet littéraire, paru chez Galllimard. Lisez-le !

Après la catastrophe : "Avec le nucléaire, sachez-le, c'est la seule règle : il faut aller aussi loin et aussi vite que l'on peut". P 166

"Ils nous ont dit qu'il n'y aurait jamais d'accident, absolument. Ils nous l'ont dit tout le temps, ils nous l'ont dit dans toutes les langues" Un autre fermier vient nous rejoindre. Celui-ci a quarante vaches et les appelle sa "famille". On lui demande de les tuer et de détruire lui aussi toute sa production de légumes. Il est très en colère, il nous donne les chiffres : 700 animaux de compagnie, 130 000 cochons, 680 000 poulets... Toutes ces centaines de milliers de bêtes dans la zone interdite meurent de faim et de soif. L'agonie dure des heures, la nuit on les entend mugir à des kilomètres".
P 170

"C'est la guerre. Les familles des troupes d'autodéfense japonaises qui meurent à Fukushima peuvent recevoir 90 millions de yens : ce sont les montants qui sont attribués aux soldats envoyés en Irak ou à ceux qui patrouillent au large de la Somalie dans les zones infestées de pirates. On parle des "opérations" -terme à la fois chirurgical et militaire- et de la nécessaire "reconquête" de ces réacteurs, qui se fera au terme d'une "guerre de tranchées"... On utilise des drones et des robots, dont la plupart ont été testés dans les zones de conflits internationaux, en Irak et en Afghanistan notamment. D'autres ont été conçus pour détecter et désamorcer des bombes, ou pour rechercher des corps dans les débris du World Trade center après les attentats du 11 septembre. Caméras vision de nuit, systèmes d'imagerie thermale et détecteurs de radiations : c'est du sérieux". P 214

"Le plus frappant, pour qui observe l'arsenal de moyens déployés, par l'industrie nucléaire au moment de Fukushima (ce moment désormais appelé à durer très longtemps), c'est l'extraordinaire contraste entre le discours officiel de ses promoteurs et la réalité que l'on peut constater empiriquement sur le terrain. Le nucléaire joue toujours sur l'image d'une industrie de pointe, portée par une technologie de haut niveau. C'est le fleuron du progrès scientifique, la fine fleur de la virtuosité technique. Dans la réalité, c'est tout le contraire : infrastructures vieillissantes, mentalité moyenâgeuse. La centrale s'effiloche : le prétendu sommet de la technologie humaine se révèle une vulgaire affaire de plomberie.Sur place, sur les photos que l'opérateur lâche au compte-gouttes, des tas de câbles et de raccords, de tuyaux éventrés, marabouts, bouts de ficelle. Partout on installe des plaques de plomb et d'acier. Quelle technicité ! 
Quelle maîtrise ! On est obligé de recourir à de la résine, de la sciure de bois et du papier de journal déchiqueté pour colmater les fuites. A la brouette et au râteau pour déblayer les décombres. Pour nous sauver, rien de tel qu'un couvercle, une bâche, une tente... ou comme à Tchernobyl, un sacophage. Qu'on recouvre tout ça et qu'on n'en parle plus... Sous ses grands airs, la camelote navrante du nucléaire". P220

En Afrique du Sud, c'est la guerre contre les rhinocéros, où des braconniers tuent les mères rhinocéros sous les yeux de leurs petits pour leur scier leur corne, juste parce que les chinois, en tous cas le mâle chinois, se lamente urbi et orbi d'avoir une petite bite : même que le broyat de corne de rhinocéros serait royal contre cet inconvénient majeur ! Mais, les chinois, vous n'êtes pas les seuls : chez moi en ce moment j'ai trois nacelles élévatrices qui s'érigent en pétaradant un tonnerre de Dieu toute la journée quand les mecs qui les actionnent en manipulent le bien-nommé joystick ! J'ai entendu également à la radio cette semaine une Patricia, rare grutière du BTP, se plaindre d'avoir été persécutée par un collègue parce qu'il conduisait une plus petite grue que la sienne ! Tous ces engins sont des substituts, des avatars sublimés, des objets de consolation. Aussi du calme les chinois, ce n'est pas une caractéristique chinoise, mais une caractéristique de la moitié de l'espèce humaine. D'ailleurs au rythme où il fait disparaître les rhinocéros, je gage que le mâle chinois va rester immémorialement comme la plus petite bite du vivant animal. Peut-être même végétal qui sait ? La photo, qui ne va pas me réconcilier avec mes lectrices les plus sensibles, provient de cet article en anglais qui rapporte une épidémie de braconnage dans le parc Kruger entre le Zimbabwe et le Mozambique.

La question vaut d'être posée : Être en guerre contre tous comme cela, n'est-ce pas aussi être en guerre contre soi-même ?